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trouvera, comme elle, dans une neutralité honorable et forte, la garantie de «son indépendance.

Le 5 octobre, M. Vilain XIIII fut solennellement reçu à Turin par le roi de Sardaigne, et, le 17, par l'archiduchesse Marie-Louise, duchesse de Parme. La veuve de Napoléon Ier se plut à parler de la Belgique, du château de Laeken et des personnes qui étaient autrefois attachées à sa cour et sur lesquelles ses souvenirs la reportaient avec plaisir.

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Le représentant du roi Léopold se rendit ensuite à Rome, et, le 23 novembre, S. S. Grégoire XVI le reçut en audience solennelle. L'accueil du pape fut marqué par la plus touchante bienveillance et par des paroles dignes d'ètre conservées. « Je vous charge, monsieur le ministre, dit le pontife, d'exprimer au roi toute ma reconnaissance de la loyauté avec laquelle il maintient l'article de la constitution qui a rendu à l'Église son indépendance du pouvoir civil et au saint-siége ses droits sur le gouvernement de l'Église. - La religion est parfaitement libre en Belgique je reçois journellement des -lettres des évêques belges qui toutes me parlent du respect du gouvernement pour le culte catholique. Le clergé belge est un très-excellent clergé : je désire - trouver une occasion de lui manifester solennellement ma satisfaction et - l'attachement que je lui porte. Les siéges épiscopaux seront toujours remplis - par des Belges 1. "

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Le 20 décembre, M. Vilain XIIII remit à Naples, entre les mains du roi Ferdinand, les lettres dont il était porteur. Le roi, alors âgé de vingt-deux ans, montra le désir d'être aimable, quoique son entourage et ses ministres fussent les adversaires déclarés de la révolution belge. Les heureuses conséquences de ce mouvement national étaient pourtant reconnues dans une ville alors regardée, avec de justes motifs, comme un des boulevards de l'absolutisme et le rendezvous des partisans les plus fanatiques des Bourbons de la branche aînée. Ceux-ci s'agitaient beaucoup, et le moment n'était pas éloigné où la duchesse de Berry ferait une tentative désespérée en faveur de son fils, le duc de Bordeaux. Si elle eût pourtant réussi, la mère d'Henri V avait l'intention, comme elle le déclara elle-même, de marquer le commencement du règne de son fils par la réunion de la Belgique à la France 2. Les Belges devaient donc considérer comme des ennemis ceux qui complotaient à la fois le renversement de Louis-Philippe et la destruction de leur indépendance. Ils avaient, au contraire, le plus grand intérêt à voir se consolider le trône du monarque qui disait à un de ses

Toutes ces citations sont empruntées textuellement aux depèches inédites des envoyes belges.

La duchesse de Berry, prisonnière au château de Blaye, écrivait, le 7 mai 1833, à M. de Chateaubriand: Convaincue que la seule manière d'être comprise par les Français, c'est de leur parler toujours le langage de l'honneur et de leur faire envisager la gloire, j'avais eu la pensée de marquer le commencement du règne de mon fils par la réunion de la Belgique à la France. Le comte Lucchesi (son mari) fut charge par moi de faire à ce sujet les premières ouvertures au roi de Hollande et au prince d'Orange; il avait puissamment contribue à les faire bien accueillir. Je n'ai pas été assez heureuse pour terminer ce traitė, l'objet de tous mes vœux; mais je pense qu'il y a encore des chances de succes; avant de quitter la Vendée, j'avais donné à M. le maréchal de Bourmont des pouvoirs pour continuer cette affaire. Personne n'est plus capable que lui de la mener à bien, a cause de l'estime dont il jouit en Hollande. "

C'était aussi, et depuis assez longtemps, le rêve de M. de Chateaubriand. « La campagne d'Espagne, dit-il, avait rendu des soldats au drapeau blanc, et si j'avais éte maintenu au pouvoir, j'aurais reporté nos frontières aux rives du Rhin. Mémoires d'outre tombe, t. IV et V.

TOME III.

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ministres : « Les Pays-Bas ont toujours été la pierre d'achoppement de la paix en Europe; aucune des grandes puissances ne peut, sans inquiétude et jalousie, les voir aux mains d'une autre. Qu'ils soient, du consentement général, un État indépendant et neutre, cet État deviendra la clef de voûte de l'ordre européen.

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FORMATION DU MINISTÈRE DU 20 OCTOBRE 1832.

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MISE EN DEMEURE ADRESSÉE A LA FRANCE ET A L'ANGLETERRE. CONVENTION DU 22 OCTOBRE POUR DÉTERMINER LES MOYENS COERCITIFS A EMPLOYER CONTRE LA HOLLANDE. DEUXIÈME INTERVENTION FRANÇAISE. CITADELLE D'ANVERS. REMERCIMENTS VOTÉS A L'ARMÉE FRANÇAISE. DISSOLUTION DE LA CHAMBRE DES REPRÉSENTANTS.

TIONS DE LONDRES.
LONDRES DU 21 MAI 1833.

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CONVENTION DE ZONHOVEN.

L'ÉTABLISSEMENT DU CHEMIN DE FER.

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(20 octobre 1832 au 4 août 1834.)

SIÉGE DE LA SUITE DES NÉGOCIACONVENTION DE

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LOI DU ler MAI 1834 DÉCRÉTANT

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Le 20 octobre, le général Goblet réussit à renouveler le ministère virtuellement dissous depuis le 16 septembre. Le roi accepta les démissions données par MM. de Theux, Raikem et Coghen. M. Lebeau, conseiller à la cour d'appel de Liége et membre de la chambre des représentants, fut nommé ministre de la justice, et M. Ch. Rogier, gouverneur de la province d'Anvers et membre de la chambre, ministre de l'intérieur. Le roi n'avait pas fait en vain un appel au patriotisme de l'ancien membre du gouvernement provisoire et au dévouement de l'homme d'État

qui avait tant contribué à fonder la monarchie belge. L'un et l'autre, dans

la situation où se trouvait le pays, n'hésitèrent point à accepter la tâche la plus ingrate '.

Le nouveau cabinet se constitua sous les conditions les plus précises. Dès leur première réunion, les ministres s'engagèrent à proposer la reprise immediate des hostilités contre la Hollande si, au 3 novembre, la France et la Grande-Bretagne n'étaient pas sorties de l'inaction. Les motifs de cette résolution décisive, après avoir reçu l'approbation du roi, furent développés dans des instructions adressées le 21 octobre à MM. Van de Weyer et Le Hon. Ils étaient chargés de déclarer au duc de Broglie et à lord Palmerston que de deux choses l'une au 3 novembre, la citadelle d'Anvers serait évacuée ou sur le point de l'être, par suite de l'intervention armée ou du commencement d'intervention des puissances; ou bien, ce jour, l'armée belge se mettrait en mesure d'expulser l'ennemi du territoire qui était reconnu à la Belgique par le traité du 15 novembre 2.

Le gouvernement disposait alors d'une armée de plus de 100,000 hommes, et il pouvait tenir ce langage que lui dictait, avant tout, l'état intérieur du pays. Il fallait faire cesser au plus tôt l'incertitude et le malaise intolérable qui empêchaient l'affermissement de la Belgique émancipée.

Le ministère, qui promettait au pays du dévouement et de la résolution, ne demandait en retour que du calme et de la confiance. Pénétré, disait-il, des principes libéraux qui avaient servi de base à la constitution, il était également résolu à défendre les libertés civiles et religieuses consacrées par le pacte fondamental 3.

La sommation ou la mise en demeure du cabinet de Bruxelles fut notifiée le 23 octobre aux gouvernements de France et de la Grande-Bretagne. Mais, dès la veille, ceux-ci s'étaient déjà mis d'accord pour déterminer les moyens coercitifs qu'ils se proposaient d'employer. Par la convention conclue à Londres, le 22 octobre, entre le prince de Talleyrand et lord Palmerston, il fut décidé, sur l'invitation du roi des Belges ', que les deux puissances contractantes procéderaient à l'exécution du traité du 15 novembre, conformément à leurs engage

J'au

1 Dans la séance de la chambre des représentants du 24 novembre suivant, M. Lebeau s'exprimait en ces termes : « rais considéré comme une lacheté de ne pas répondre à la confiance qu'on voulait bien placer en moi, précisement parce que les difficultés étaient grandes, effrayantes, et rendaient presque impossible, j'en pourrais citer des témoins irrécusables, la composition de toute administration nouvelle. Est-ce une misérable ambition qui nous appelle ici? Il faudrait qu'elle fût bien robuste cette ambition qui, nous clouant au banc ministeriel, semble autoriser de la part de l'opposition tout ce que le sarcasme a de plus incisif. Oui, que d'autres viennent s'attacher à ce carcan, et, qu'ils soient catholiques ou libéraux, je déclare que je les soutiendrai, parce qu'il est du devoir d'un loyal mandataire du pays de fortifier un pouvoir naissant, sauf à se montrer moins indulgent plus tard...

Par un autre arrêté du 25 octobre, le portefeuille des finances fut conflè provisoirement à M. Duvivier, administrateur général des contributions.

2 Conseil des ministres. Séance du 21 octobre 1832 :

Le général Goblet donne lecture des instructions destinées à être transmises aux agents du gouvernement à Paris et à Londres; il annonce que ces instructions ont été approuvées par le roi.

Il est décidé que les conditions énoncées dans ces instructions sont invariables, qu'elles constituent un engagement pris réciproquement par les membres du conseil; que par conséquent si, au 3 novembre, la France et la Grande-Bretagne ne sont pas sorties de l'inaction, le conseil proposera au roi de reprendre immédiatement les hostilités, et que, si S. M. ne croit pouvoir adopter ce parti, les ministres résigneront leurs portefeuilles.

Il est convenu que ces instructions seront annexées au présent procès-verbal.» (Goblet, Ch. Rogier, Lebeau.)

3 Voir la circulaire adressée par le ministre de l'intérieur aux gouverneurs des provinces,

Note du ministre des affaires étrangères de Belgique du 5 octobre 1832.

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