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9°. Donner, soit par d'autres voies que la bouche, soit appliquer à l'extérieur, autant qu'on le peut, les remèdes les plus insupportables à recevoir par les voies internes;

10°. Faire attention si la forme, la couleur, la qualité, l'odeur, la saveur d'un médicament, qui conviennent à un tel malade, ne déplaisent pas à tel autre. Cette attention est surtout indispensable pour les femmes et les enfans, à cause des idiosyncrasies et des aversions particulières aux individus délicats.

Il n'est point nécessaire de rechercher ici les autres manières de traiter les malades avec plus d'agré ment qu'on ne le fait ordinairement. Un seul passage dè l'illustre Sydenham nous suffira pour montrer combien il est avantageux d'accorder quelque chose à l'instinct et au goût dans les maladies, et de flatter ainsi la nature.

« Le rafraîchissement, dit-il, par lequel un ma>> lade se sent récréé à l'air libre, en sortant de des>> sous d'épaisses couvertures de lit, lui paraît déli» cieux ; et toutes les fois que cela m'a paru con>> venable à permettre, les malades m'en ont rendu >> grâces avec reconnaissance, comme s'ils en eussent >> reçu une nouvelle vie. De là m'est venu en pensée » combien cette prétendue raison médicale abuse >> plus souvent que le sentiment naturel de nous>> mêmes, et combien, dans la cure des maladies, >> il est plus important d'accorder aux appétits et >> aux désirs des malades une heureuse satisfaction » (en évitant toutefois les extrêmes et ce qui com8

ARCH, DES DÉCOUV. DE 1815

» promettrait la vie de l'individu), que de suivre si » sévèrement les règles douteuses et fallacieuses de » l'art » (1).

Le vrai médecin ne doit pas être faible, sans doute, et accéder à toutes les mignardises du malade; mais il doit toujours être doux, sensible, compatissant; il doit contrarier le moins qu'il se peut les goûts et les désirs naturels du malheureux souffrant. Il est aussi de l'avantage de tout pharmacien de seconder ces desseins par son habileté et son expérience dans ce qui le concerne. (Journal de Pharmacie. Juillet 1815.)

Expériences faites sur le sang, par M. John DAVY.

Voici les principaux résultats de ces expériences : 1°. Le sang artériel et le sang veineux ont à peu près la même capacité pour le calorique; la légère différence qui, sous ce rapport, existe quelquefois entre ces deux espèces de sang, paraît dépendre de la proportion d'eau plus grande que contient le sang veineux;

2°. La température du ventricule gauche et du sang tiré de la carotide, est plus élevée d'un ou deux degrés que celle du ventricule droit et du sang tiré de la veine jugulaire;

5°. La température des diverses parties du corps

(1) Dissertatio epistolica de passione hysterica. SYDENн opera omnia, page 456.

est d'autant plus basse, qu'elles sont plus éloignées du cœur ;

4°. Aucune chaleur apparente n'est produite dans la coagulation du sang ;

5°. Le sang artériel se concrète plus tôt que le sang veineux;

6°. Le sang qui sort en dernier lieu d'une veine ouverte depuis quelque temps se concrète plus tôt que celui qui en est sorti auparavant, et sa pesanteur spécifique est moindre ;

7°. La densité du sang veineux est un peu plus grande que celle du sang artériel; il en est de même pour la densité respective du sérum de ces deux espèces de sang;

8°. Le sang de la femme est un peu plus léger que celui de l'homme;

9°. Peut-être la densité du sang augmente-t-elle dans les maladies inflammatoires;

10°. La densité des particules rouges du sang est à peu près à la densité de l'eau comme 1130 à 1000.

'Ces résultats sont déduits d'un grand nombre d'expériences faites sur l'homme et les animaux. (Extrait du Bulletin philomatique. Janvier 1815.)

Nouvelles expériences sur les poisons, par M. le

docteur BRODIE.

M. Brodie avait déjà présenté, en 1811, à la Société royale de Londres, quelques expériences sur l'effet des poisons. Il revient sur ce sujet :

1o. Pour appuyer, par quelques nouvelles observa

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tions sur l'action des poisous les plus puissans du règne végétal, ses premières conclusions concernant le rappel à la vie des animaux dont la mort apparente était exclusivement produite par leur action sur le système

nerveux;

2°. Pour déterminer les effets des poisons du règne animal, qui different, en quelques circonstances, de ceux produits par les premiers.

Les substances qu'il a examinées dans son nouveau mémoire, sont: 1°. le woorara, espèce de liane que Bancroft a fait connaître dans sa description de la Guyane; 2°. l'arsenic; 3°. le tartre émétique; et 4°. le sublimé corrosif.

Il tire de ses observations les conclusions suivantes! 1°. L'arsenic, le tartre émétique et le muriate de baryte ne produisent leurs effets délétères que quand ils ont passé dans la circulation.

2o. Tous ces poisons produisent des désordres dans les fonctions du cerveau, du cœur et du canal alimentaire: mais ils n'affectent pas ces organes au même degré.

3°. L'arsenic a une action plus marquée sur le canal alimentaire que le tartre émétique et le muriate de baryte. Le cœur est plus affecté par l'arsenic que par le tartre émétique, et plus par ce dernier que par le muriate de baryte.

4°. Le sublimé corrosif, pris intérieurement à grande dose, cause la mort par son action chimique sur la membrane muqueuse de l'estomac, dont il détruit le tissu; les organes les plus essentiels à la vie étant

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affectée en raison de leur sympathie avec l'estomac. Si l'on compare l'action des poisons minéraux et végétaux, on remarque qu'en général les effets des premiers sont moins simples que ceux des derniers; et que, quand un animal a reçu une fois l'impression d'un poison du règne minéral, il y a beaucoup moins d'espérance de le sauver que lorsqu'elle a été produite par un poison végétal. (Extrait d'un Mémoire inséré dans les Transactions philosophiques, volume de 1812.)

Effets salutaires de l'alcornoque dans la phthisie pulmonaire, par M. SANSON, pharmacien à Calais.

Dans une lettre adressée par M. Sansonà M. Cadet, il assure que ce produit de l'Amérique espagnole a été emploié à la Martinique avec un succès marqué dans la phthisie pulmonaire, surtout dans les tubercules. L'action de ce médicament est très-forte, très-active; il paraît produire un grand excitement général, d'où résulte, quand on est assez fort pour le supporter, un soulagement marqué, puis la guérison.

Il paraît qu'un jeune homme de la Martinique, atteint de tubercules aux poumons, sur le bruit de la grande vertu de l'alcornoque, a voulu en faire usage, et en a été parfaitement guéri.

L'alcornoque se trouve dans le commerce, en plus ou moins grosses buches d'un ou deux kilogrammes, comme le sassafras; son bois et son écorce sont ein

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