Page images
PDF
EPUB

degrés pour en faire évaporer l'huile, et donner plus de consistance à l'enduit. On a en même-temps l'attention de ne pas chauffer trop fortement, car alors on évaporerait la cire elle-même. On peut encore imprimer les toiles destinées à recevoir la peinture de la manière suivante :

Quand la combinaison d'huile volatile et de cire est figée, elle forme une pâte molle qu'on peut étendre aisément sur la toile, le bois et le marbre. A l'aide d'un fer chaud et poli, on fait pénétrer la cire dans le corps de ces diverses matières, et on l'unit convenablement. La chaleur fait dès-lors évaporer l'huile volatile, et il ne reste qu'une couche de cire. En imprimant les toiles de cette manière, on peut en revêtir les deux surfaces, et les mettre ainsi entièrement à l'abri du contact de l'air et de l'humidité, ce qui en rendrait la durée éternelle.

S'il ne s'agit que d'appliquer une couleur sur un fond, et d'exécuter ce que les anciens appelaient peinture monochrome, il suffit de mêler la couleur dont on veut se servir avec la combinaison liquide d'huile et de cire, et de remuer jusqu'à ce que ce mélange soit figé.

On appliquera alors la pâte sur la surface du corps sur lequel on veut peindre, et on la fera pénétrer avec un fer légèrement chauffé. Quelques gouttes d'huile d'olive répandues sur la surface faciliteront l'opération du poli qu'il importe de donner à la couche de peinture. Cette légère couche d'huile sera ensuite enlevée au moyen d'une peau ou d'un linge fin. Çe 13

ARGH. DES DÉCOUν. Dk 1815,

moyen donne au tableau le poli des statues en marbre des anciens, ou du stuc de nos jours.

S'il est question de peindre en plusieurs couleurs, ce qui constitue véritablement la peinture, on peut colorer les cires et leur donner tous les tons qu'on désire; mais l'emploi devient alors plus difficile, parce que ces cires ue pouvant être appliquées qu'au pinil faudrait les maintenir dans un état de ramollissement approchant de la fluidité; ce qui suppose, ou le secours constant d'une chaleur artificielle, ou le maintien d'une température assez élevée dans l'atelier.

Cependant il serait possible, en variant les proportions d'huile, d'obtenir des pâtes colorées qui pussent être maniées et remaniées par le pinceau à la température ordinaire de l'atmosphère; seulement la dessiccation serait alors très-lente, et l'auteur pense que la cire, amenée à un état permanent de fluidité, au moyen de quelques gouttes d'alcali que l'on verse sur la cire fondue, forme un excipient préférable, en ce que la cire reste alors liquide et de couleur blanc de lait.

On peut aisément incorporer sur la palette les couleurs dans ce lait de cire. On leur donne la consistance convenable, et on les emploie au pinceau comme celles qui sont préparées à l'huile siccative.

M. Bachelier, qui a proposé l'emploi de cet excipient de la couleur il y a près de quarante ans, a composé de cette manière des tableaux qui n'ont pas sensiblement perdu sous le rapport des couleurs. · Mémes Annales, même cahier.)

TROISIÈME SECTION.

ARTS MÉCANIQUES, CHIMIQUES, ÉCONOMIQUES, etc.

1o. CAMPHRE.

Procédé hollandais pour raffiner le camphre, publié par M. FERBER.

LE

E camphre vient de l'Inde, sous forme de petites boules ou masses ordinairement chargées de beaucoup d'impuretés, et emballées dans des caisses. Les Hollandais sont aujourd'hui les seuls qui le purifient ou le raffinent.

On pourrait sublimer le camphre seul et sans aucun mélange, mais comme il est toujours mêlé de poils et de laine, de fragmens de bois et de paille, et que ces matières dégagent, pendant la sublimation, une huile empyreumatique qui colorerait le camphre en jaune, on y ajoute ordinairement de la chaux ou de la craie dans la proportion de deux onces par livre de camphre.

Après avoir opéré le mélange dans un mortier de fer ou dans un petit moulin à bras, on en met environ deux livres et demie en poids dans chaque vase

à sublimer. Ces vases sont des bouteilles de verre noir à large goulot, et de forme ronde; il y en a un nombre plus ou moins considérable, qu'on place l'une près de l'autre sur un bain de sable établi sur un fourneau approprié à cet usage. On les enfonce dans le sable à la profondeur de quelques pouces, et on les bouche légèrement avec du coton ou de l'étoupe.

Au-dessous de chaque bain de sable est un foyer et un cendrier. On le chauffe avec de la tourbe, dont on réduit en charbon, chaque matin, une quantité suffisante pour la journée, car toute l'opération se fait dans un jour.

On commence par pousser vivement le feu, pour que le camphre entre en fusion; la vapeur qui s'en dégage s'élève dans le goulot; elle retomberait en gouttes dans le vase, et occasionnerait sa rupture, si l'on n'avait rémédié à cet inconvénient en recouvrant chaque bouteille d'une calotte conique en fer-blanc, qu'on charge de sable chaud, et sous laquelle on recueille le camphre. Par ce moyen, on ne perd rien, quand même la bouteille se briserait.

Lorsque le camphre est assez liquide, et que toute son humidité est evaporée, on enlève le sable de dessus la calotte, et souvent la calotte même, mais on la remplace aussitôt par une nouvelle percée d'un trou au milieu pour pouvoir remuer avec une pointe de fer le mélange contenu dans le vase. Le camphre, en se volatilisant, s'attache aux parois de ces calottes, où il forme une masse transparente. Il faut éviter avec soin tout accès d'air extérieur.

Pendant qu'on change les calottes, et au moment où commence la sublimation, on diminue le feu. On doit le maintenir pendant toute la journée au degré convenable, et le modérer, s'il est nécessaire, au moyen de registres pratiqués dans le fourneau. De temps en temps l'ouvrier soulève les calottes et le bouchon de coton, pour pouvoir atteindre au fond du vase avec une aiguille de fer destinée à déboucher le passage du goulot, que le camphre volatilisé vient obstruer. Vers la fin de l'opération, on enlève entièrement les calottes.

On s'aperçoit que la sublimation est terminée quand le camphre commence à se fondre aux parois du vase; alors on retire la bouteille du bain de sable, on la laisse refroidir, et on la brise pour en retirer le pain de camphre, qu'on enveloppe dans du papier bleu.

Il reste encore beaucoup de camphre attaché aux fragmens de verre, et comme il y aurait trop de peine à l'enlever avec un couteau, on jette ces fragmens dans une chaudière de cuivre très-profonde, qu'on recouvre d'une calotte bombée de même métal, et qu'on place sur un fourneau. Le camphre, en se volatilisant, s'attache aux parois de cette calotte, dont on le retire aisément. (Journal de Pharmacie. Mars 1815.)

« PreviousContinue »