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remplissent parfaitement leur objet, avec l'économie exigée par le programme de la Société d'Encouragement.

Des échantillons des produits de chaque machine ont été mis sous les yeux du Conseil d'administration de la Société ; ils ont servi à faire connaître la marche des opérations, et à donner la preuve que l'auteur s'est ménagé les moyens de donner au fil la plus grande égalité, et le degré de finesse qu'on désire obtenir, suivant la qualité de la laine.

La description de ces machines ne pourrait être complètement entendue sans le secours des dessins. Les commissaires observent seulement que ce système leur a paru très-bien ordonné, et les machines parfaitement exécutées.

La laine, peignée par les procédés ordinaires, est d'abord distribuée en gros rubans, qui, après plusieurs étirages successifs, sont réduits au degré de finesse convenable pour être filés enfin sur des machines continues.

Les commissaires ont proposé à la Société de décerner à M. Dobo le prix de 2000 fr., promis à l'auteur du meilleur système de machines propres à filer la laine peignée. Cette proposition a été adoptée. ( Méme Bulletin, même cahier.)

Machine à filer les laines peignées pour des tissus très-fins, par M. CHAUVELOT, fileur de coton à Dijon.

M. Chauvelot avait adressé en 1811, à l'Académie

des sciences et belles-lettres et arts de Dijon, des échantillons de bourre de soie filée sur la même machine qu'il avait montée pour la filature du lin, et qu'il espérait filer aussi, par le même moyen, des laines peignées pour des tissus très-fins.

Il résulte d'un rapport fait à l'Académie, en date du 13 août 1814, que l'auteur est parvenu à rendre ses machines propres à filer le cachemire et les laines qui ont éprouvé la préparation du peignage.

Ces machines sont au nombre de trois; deux servent à préparer les substances qui doivent être transformées en fil, et la troisième est destinée à fabriquer le fil lui-même.

Des deux premières, il en est une qui paraît entièrement neuve; quant aux deux autres, elles ne diffèrent des machines connues que par une modification heureuse, qui leur donne un avantage qui ne paraît pas susceptible d'être contesté.

Les commissaires de l'Académie ont vu exécuter sous leurs yeux toutes les opérations nécessaires à la filature des cachemires. Le degré de finesse du fil est tel, qu'une livre de cachemire produit 30,000 aunes de fil environ. Il en est de même de la laine peignée et du lin.

Les commissaires de l'Académie pensent que M. Chauvelot a perfectionné la filature du lin et des déchets de soie, et qu'il a créé celle du cachemire et des laines qui ont subi la préparation du peignage. (Bulletin de la Société d'Encouragement. Août 1814.)

18°. LANTERNES.

Emploi du mica soutenu par un tissu de fil de fer étamé, pour la fabrication des lanternes de vaisseaux, par M. ROCHON.

M. Rochon a eu l'idée de remplacer les feuilles de corne, dans les lanternes des vaisseaux, par un tissu de fils de fer à larges mailles, qu'une légère couche de colle de poisson transparente recouvrait. Cette corne artificielle rendit dans le temps de grands services à la marine.

S'étant par la suite procuré plusieurs pièces de mica foliacé, d'une transparence parfaite, il essaya de l'emploier pour l'éclairage, de préférence à la colle de poisson et au vernis copal. Ce minerai se trouve en abondance dans l'Amérique septentrionale, et en Sibérie.

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La préparation de ce minerai pour l'éclairage consiste à le lever en lames plus ou moins épaisses au moyen d'un couteau à double tranchant. D'après Gmelin, les Sibériens se servent de ces lames, tant pour leurs fenêtres que pour leurs lanternes; la marine russe en fait une grande consommation, et tous les vîtrages des vaisseaux sont de cette substance, qui, indépendamment de sa grande transparence, résiste aux commotions de la plus forte artillerie. On assure que les Américains se servent de mica foliacé pour les mêmes usages que les Russes. Ils emploient aussi des masses de verre demi-sphériques pour réfléchir

les rayons lumineux dans les endroits des vaisseaux où le vent ne permet pas de conserver les lanternes,

Les feuilles de ce minerai incombustible ont jusqu'à deux aunes carrées de surface. M. Vauquelin y a trouvé dix parties de silice sur sept d'alumine, et les limites de sa pesanteur spécifique sont, selon M. Brisson, entre 265 et 293.

Quoiqu'on puisse se procurer des carreaux de mica assez épais et assez transparens pour résister aux chocs les plus violens, le besoin d'économiser une substance aussi rare, et de lui donner le plus haut degré de transparence, détermina M. Rochon à l'enfermer entre deux tissus à larges mailles de fil de fer étamé. Les fils de ces mailles, fabriqués au métier de tisserand, n'interceptent pas la centième partie de la lumière.

Par ce procédé, il est parvenu à faire des carreaux d'une grandeur illimitée, avec des lames d'inégales grandeurs. La gomme arabique a servi à les lier les uns aux autres; et, avec du fil de cuivre très-fin et bien recuit, quelques points de couture faits avec une aiguille fine, ont achevé de les consolider dans les châssis qui les renferment.

On voit donc combien l'usage de cette substance peut devenir utile à l'éclairage; mais il ne paraît pas que la marine française l'ait encore adopté.

Quant à son application aux usages domestiques, le Comité des arts et manufactures a pensé que sa cherté s'y opposait. Nos lanternes ordinaires ne laissent rien à désirer; les verres ou les feuilles de corne

qui les garnissent sont à un prix modique, et des produits de notre industrie, tandis que le mica est une substance rare qu'il faudrait se procurer de l'étranger. D'ailleurs, ces feuilles venant à perdre leur transparence par l'usage, la poussière, la fumée et le suif, il faudrait souvent démonter tout l'assemblage du tissu métallique qui les garantit des chocs, pour les nettoyer, et même en remonter de nouvelles. (Bulletin de la Société d'Encouragement. Septembre 1814.)

19°. LESSIVE.

Cuvier à couler la lessive emploié en Angleterre.

La méthode ordinaire de couler la lessive consiste à arranger le linge par lits dans le cuvier, placer la cendre enveloppée dans une forte toile au-dessus du linge, et répandre de l'eau bouillante sur cette cendre. On établit au fond du cuvier une claire-voie qui permet à l'eau qui a filtré à travers le linge de se réunir dans le fond du cuvier, et un tuyau adapté à ce fond la conduit dans la chaudière, où elle est prise de nouveau et portée sur le linge à fur et mesure de sa filtration.

La nouvelle disposition réunit plusieurs avantages que la méthode ordinaire n'offre pas. Le cuvier est placé sur la chaudière dans un bord relevé que l'on garnit tout autour de manière à empêcher la sortie de la vapeur. Au milieu du cuvier est placé un tube d'ascension, surmonté d'un cône creux, soutenu par

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