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mardelle et garni de deux corps de pompe, dont l'un peut être beaucoup plus élevé que l'autre, afin de servir à différens usages. Dans ce système, l'inférieur serait celui d'irrigation pure et simple; le supérieur précipiterait l'eau de plus haut, et serait encore gusceptible de faire tourner la roue d'un moulin. Quant au corps du moulin, on peut lui donner un étage placé dans le haut de sa cage en bois. Les montans des pistons sont brisés par des étriers, afin de leur donner plus de jeu, et les corps de pompe eux-mêmes pourront être confectionnés à la hollandaise, comme les pompes des vaisseaux, en bois d'aulne ou de chêne, ou, si on le préfère, en plomb.

On a appliqué ce mécanisme aux puits salins de Nauheim (pays de Hesse). Ce petit moulin, placé sur le faîte même du toit, fournit et alimente les im→ menses bâtimens de graduation qui composent ces salines, élevant les eaux du sein de la terre à plus de cinquante pieds de haut. Il a douze ailes formées d'ais de sapin, leur direction est verticale, le vent seul met les chapes en mouvement, et ce moulin hydrau→ lique tourne jour et nuit à tous vents. Sa cage est formée par un assemblage en bois. (Une description, accompagnée d'une planche, se trouve dans la Bibliothèque physico-économique, cahier de Juia 1815.)

ARCH. DES DÉCOUV. DE 1815.

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26°. PAPIER.

Machine à fabriquer le papier, de MM. BERTE et GREVENICH.

L'invention de cette machine appartient à M. Robert, d'Essone, qui a fabriqué en l'an 7 du papier d'une longueur indéterminée. Le gouvernement, à cette époque, lui a décerné, à titre d'encouragement, une somme de 800 fr. Depuis, M. Robert paraît n'avoir donné aucune suite à cette découverte.

M. Didot, chef de la manufacture d'Essone, s'était ensuite appliqué à rectifier la première idée, et à en assurer les avantages par la perfection de la machine. Il se proposait de la mettre à exécution et d'en faire jouir la France, lorsque des circonstances l'ont forcé de passer en Angleterre, où le projet a été mis à exécution.

Cette machine réunit à l'avantage de produire du papier d'une longueur indéfinie, depuis le plus fin jusqu'au carton, celui de fournir, avec deux hommes, le travail de trente pendant le même espace de temps. A ce travail expéditif il faut encore ajouter qu'on obtient des produits plus parfaits, résultat ordinaire des moyens mécaniques qui, bien ordonnés dans leur ensemble, sont préférables à la main de l'ouvrier.

M. Chaptal a assisté, le 11 mai, à l'essai qui a été fait de ce nouveau moyen. Il a vu fabriquer sous ses yeux, et en quelques minutes, deux feuilles ou pièces de papier de 52 pieds de long sur 4 pieds de large. It

a été extrêmement satisfait de la précision des mou vemens de la machine et de sa parfaité exécution.

C'est à MM. Berte et Grevenich qu'on aura l'obligation d'avoir fait construire en France cette belle machine, et de l'avoir ainsi rapportée dans le pays où elle a pris naissance. Cette construction présentait encore des difficultés de plus d'un genre, qu'ils ont heureusement surmontées. (Moniteur du 22 mai 1815.)

Sur la refonte du papier imprimé et manuscrit.

Depuis long-temps on a fait, tant en France qu'en Allemagne, des essais pour utiliser le papier imprimé et manuscrit. Ces essais ont eu plus ou moins de suc cès; mais jusqu'ici cette opération n'a été exécutée en fabrique qu'en Angleterre.

C'est en 1800 qu'on a établi à Bermandsey, à neuf milles de Londres, une fabrique où la refonte du papier est traitée en grand. On y convertit les vieux imprimés et les manuscrits en papier de très-bonne qualité et de différentes dimensions, qu'on ne peut pas distinguer du papier ordinaire.

Le moulin à papier est mu par une machine à vapeur de la force de vingt-cinq chevaux. On y occupe 800 ouvriers, hommes, femmes et enfans; qui confectionnent chaque semaine cinq à six cents. rames de papier. La consommation annuelle est de 700 tonneaux (1 million 400,000 livres) de vieux papier.

On y trouve trois séchoirs, chacun de 200 pieds de

long, et une étuve de 80 pieds de long traversée en tous sens par des tuyaux de cuivre dans lesquels cir cule la vapeur de l'eau chaude, qui sèche le papier en toute saison. Le thermomètre de Fahrenheit y monte à 112 degrés. La grande cuve qui sert à la préparation du papier peut contenir 10,000 gallons (40,000 pintes de Paris).

Les presses qu'on y emploie se distinguent par leur force extraordinaire, et par le mécanisme ingénieux qui les fait agir. Les presses hydrauliques sont mues par des machines à vapeur..

L'eau qui alimente la fabrique est fournie par deux canaux qui communiquent avec la Tamise.

On fait un secret des procédés qu'on y emploie; mais, selon toutes les apparences, ce sont les mêmes qui ont été publiés en France en l'an II, et que nous allons rappeler succinctement.

1o. Traitement du papier manuscrit.

Pour détruire l'encre dont le papier est couvert et la colle qu'il recèle, on le met tremper dans une grande cuve remplie d'eau de rivière pure. On y ajoute peu à peu, et en remuant continuellement, 2 livres d'acide sulfurique concentré pour 100 livres de papier. Le papier y est mis feuille à feuille, le cuvier couvert, et le tout est laissé en repos jusqu'à ce que l'écriture ait entièrement disparu. Le papier est comprimé dans la liqueur au moyen d'une claie en bois qui entre exactement dans le cuvier.

L'acide sulfurique détruit promptement l'acide

gallique et le fer qui composent l'encre à écrire. Cette opération est facilitée en brassant fortement la pâte avec de grandes palettes de bois.

Ensuite on laisse écouler l'eau en ouvrant une champleure adaptée au fond du cuvier. On en ajoute une nouvelle quantité, après avoir replacé la bonde, et on brasse de nouveau, à plusieurs reprises, jusqu'à ce que la pâte ne contienne plus d'acide, et que la colle soit entièrement dissoute.

Lorsque le papier est suffisamment purifié, on le porte sur le cylindre raffineur, et on le traite à la manière ordinaire. Il a la même douceur et les mêmes

qualités que le papier neuf.

2°. Traitement du papier imprimé,

On emploie un procédé tout différent de celui que nous venons d'indiquer pour le papier manuscrit ; car ici il faut détruire l'huile et le noir de fumée qui constituent le noir d'imprimeur.

Pour cet effet, on prépare une lessive caustique de potasse, contenant au moins dix parties d'alcali sur cent de potasse.

On met le papier feuille à feuille dans un cuvier de bois, sans le tasser, et on verse dessus une quantité de lessive suffisante pour le pénétrer complètement.

Mais comme la lessive froide ne dissoudrait pas. aussi facilement le noir d'imprimeur que l'acide sulfurique dissout l'encre, il faut l'emploier chaude.

Pour cet effet, on fait communiquer, au moyen d'un tuyau, le cuvier avec une chaudière de cuivre,

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