Page images
PDF
EPUB

II. PHYSIQUE.

De l'influence de la lumière sur la terre, par M. le D'. RUHLAND.

M. Ruhland a fait agir le rayon bleu sans le con

tact de l'oxigène. A cet effet, il fit dissoudre du phosphore dans des gaz azote, hydrogène, acide carbonique et ammoniaque, et il a exposé ce gaz derrière le verre bleu et le verre rouge.

Le résultat général était que l'intérieur des cloches derrière le verre bleu se tapissait en quelques heures. d'une couche rouge, tandis que derrière le verre rouge il y avait à peine un léger dépôt blanchâtre au bout de deux ou trois jours.

Le gaz hydrogène phosphoré donna ces résultats de la manière la plus marquée, et le gaz azote phosphoré le plus faiblement, ce qui s'explique aisément, d'après la quantité plus ou moins grande de phosphore tenu en dissolution. On peut augmenter l'effet en introduisant des morceaux de phosphore sous les cloches de gaz azote; derrière le verre rouge, les parois de la cloche se tapissent à peine.

Il semble, d'après ces expériences, que l'action de la lumière sur la terre ne peut pas être envisagée comme une simple désoxidation, car elle agit aussi comme déshydrogénant, il faut la regarder comme une tendance générale à détruire la cohésion des corps, et l'on dirait même, à désunir les combinaisons de toute espèce.

Il était bien plus difficile de rendre compte de la différence entre le rayon bleu et le rayon rouge. Comme dans la plupart des expériences on remarque que le rayon rouge est sans effet, les physiciens modernes l'ont comparé à la nuit, ou bien à la privation de lumière. Le rouge est pourtant plus clair, plus luisant que le bleu, le bleu, ce qui peut faire espérer de le rendre plus efficace que le bleu, en lui présentant des corps plus sensibles. L'auteur a donc eu l'idée de lui présenter les corps organiques très-sensibles, comme l'ont fait Senebier et Tessier.

A cet effet, il a semé des graines derrière des verres rouges et bleus, dans de petits vases d'un volume égal, exposés à un endroit où ils pouvaient être frappés par le soleil du matin et du midi. La quantité d'eau pour arroser, la profondeur pour les graines enfoncées dans l'intérieur, tout était égal de côté et d'autre.

La graine de cresson germa derrière le verre bleu un jour et demi avant celle semée derrière le verre rouge, et au bout de cinq jours, les plantes derrière le verre bleu étaient plus développées du double, et plus riches en feuilles que celles derrière le verre. rouge.

Ce qui est plus remarquable, c'est que les feuilles se penchèrent dans la lumière bleue vers la lumière, en lui présentant leur surface, tandis qu'elles s'en éloignèrent à la lumière rouge, en se roulant comme si elles en souffraient. La nuit, les unes et les autres reprirent une position verticale; mais, au lever du

soleil, elles adoptèrent une direction opposée.

L'auteur a remarqué les mêmes phénomènes avec les graines de chicorée et de pavot; il n'y avait de différence qu'entre l'époque de la germination; les premières germèrent en même temps dans le bleu et le rouge. Les dernières germèrent plus tôt dans le rouge que dans le bleu ; mais l'action du rouge sur la position de la plante était tellement semblable, que les jeunes plantes de chicorée sortaient de la terre avec des cotylédons roulés sur eux-mêmes, en s'éloignant du rayon rouge, et qu'elles étaient presque couchées par terre.

Il résulte de ces expériences que le bleu et le rouge ne sont pas des opposés, comme la lumière et l'obscurité. Il conviendrait plutôt d'envisager le violet comme la partie moins développée de la lumière, dont les corps exposés à une forte lumière s'emparent. Le violet seul, par conséquent, peut agir; tandis que le rouge, plus intense, n'est supporté qu'à une lumière faible par des corps très-énergiques, et qui est réfléchie dans tout autre cas. On peut encore rappeler ici que la flamme de quelques corps combustibles, comme celle du soufre, par exemple, est bleue, et devient rouge et jaune à sa plus grande intensité. (Journal de Physique. Avril 1815 ).

Nouvelle application de la théorie des oscillations de la lumière, par M. BIOT.

L'auteur vient d'étendre ses recherches aux substances dont la double réfraction est la plus énergique,

telles que l'arragonite et la chaux carbonatée rhomboïdale. Il a trouvé de cette manière que, dans ces cristaux comme dans tous les autres, les molécules lumineuses commencent par osciller autour de leur centre de gravité jusqu'à une certaine profondeur, après quoi elles acquièrent aussi une polarisation fixe, qui range leurs axes en deux sens rectangulaires.

Pour observer ces phénomènes dans un cristal quelconque, il faut atténuer sa force polarisante, jusqu'à ce que les molécules lumineuses qui la traversent, fassent dans son intérieur moins de huit oscillations. On y parvient, soit en formant avec le cristal donné des lames suffisamment minces, soit en les inclinant sur un rayon incident polarisé, de manière à diminuer l'angle que le rayon réfracté forme avec l'axe de double réfraction; soit enfin, ce qui est plus commode, en emploiant ces deux moyens à la fois.

On parviendra encore au même but en transmettánt d'abord ce rayon incident à travers une plaque de chaux sulfatée, d'une épaisseur convenable, dont l'axe forme un angle de 45 degrés avec le plan primitif de polarisation; car, lorsqu'un rayon est ainsi préparé, pour qu'il se résolve en faisceaux colorés, il n'est plus nécessaire que la force polarisante de la seconde lame soit très-faible; il suffit qu'elle combatte et affaiblisse assez les premières impressions qu'il a reçues pour que la différence des nombres d'oscillations opérées dans les deux plaques soit moindre que de huit.

[ocr errors]

On trouve, par exemple, que la force polarisante du spath d'Islande est exprimée par 18,6, si l'on prend pour unité celles de la chaux sulfatée, ou qu'il faut une épaisseur de chaux sulfatée de 18,6 pour détruire les modifications imprimées aux rayons lumineux par une épaisseur 1 de spath d'Islande. Ce rapport sera donc aussi celui du spath d'Islande, puisque le cristal de roche agit exactement comme la chaux sulfatée. Ce rapport ne serait que de 17,7, d'après d'autres expériences de Malus. La différence est insensible; M. Biot n'ose en répondre.

Toutes les autres substances qu'il a pu soumettre à une épreuve pareille, lui ont offert la même égalité avec le rapport des forces polarisantes ; ce qui acheverait de prouver, si cela était encore nécessaire, que la théorie des oscillations de la lumière atténue ces phénomènes dans leur naissance, et les ramène à la considération des véritables forces par lesquelles ils sont produits. (Rapport des travaux de la classe des sciences mathématiques et physiques de l'Institut, pendant l'an 1814; par M. DELAMBRE.) Sur les propriétés physiques que les molécules lumineuses acquièrent en traversant les cristaux doués de la double réfraction; par M. BIOT.

L'auteur avait été conduit à conclure de ses expériences que les molécules lumineuses, en traversant les corps cristallisés, n'éprouvent pas seulement des déviations géométriques dans la position de leurs axes, mais qu'elles acquièrent encore de véritables

« PreviousContinue »