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que divers cristaux impriment à la lumière en la polarisant. Il avait exprimé cette opposition par les termes de polarisation quartzeuse et de polarisation bérillée, d'après les noms des substances qui la lui avaient offerte d'abord. Actuellement il trouve que tous les cristaux doués de la polarisation quartzeuse sont attractifs, et tous ceux qui exercent la polarisation bérillée sont répulsifs. Le spath d'Islande se trouve dans ce dernier cas.

Ces résultats prouvent qu'il existe dans l'action des cristaux sur la lumière la même opposition de forces que l'on a déjà reconnue dans plusieurs autres actions naturelles, comme les deux magnétismes et les deux électricités. C'est à quoi conduisent également les autres observations que l'auteur a déjà publiées sur les oscillations et les rotations des particules lumineuses. (Méme bulletin,méme cahier.)

Sur la cause de la coloration des corps, par

LE MÊME.

M. Biot pense, d'après une expérience de M. Thenard, sur le phosphore, que les couleurs constantes des corps dépendent uniquement du mode d'agrégation de leurs particules. Voici cette expérience.

M. Thenard, ayant distillé avec soin du phosphore à sept à huit reprises, dans la vue de l'obtenir extrêmement pur, trouva qu'il avait acquis, après ces opérations, une propriété nouvelle et inattendue. Si on le fondait dans de l'eau chaude, il devenait transparent et d'un blanc jaunâtre, comme à l'ordinaire ;

le laissait-on réfroidir lentement, il se solidifiait en conservant cette couleur, et restait à demi-transparent; mais si, dans le temps qu'il était fondu, on le jetait dans de l'eau froide, en l'agitant avec un tube de verre pour lui imprimer un refroidissement brusque, il devenait subitement opaque et absolument noir. Cependant il n'avait point changé de nature, car, en le faisant fondre de nouveau, il reprenait sa couleur jaune et sa transparence, et les gardait en se solidifiant, si on le laissait refroidir avec lenteur; de sorte que le même morceau solide de phosphore pouvait, à volonté, être rendu successivement jaune ou noir, transparent ou opaque.

Cette observation remarquable montre bien évidemment que la transparence ou l'opacité, la coloration ou la privation de toute couleur ne sont que des modifications résultantes de l'arrangement et des dimensions des groupes matériels dont les corps se composent.

MM. Biot et Clément, en répétant cette expérience avec une certaine quantité de phosphore que M. Thenard leur avait donné, eurent occasion d'observer un phénomène qui rend cette transition d'état encore plus frappante. Ayant jeté leur phosphore fondu dans de l'eau froide, un certain nombre de petits globules, dix ou douze peut-être, restèrent disséminés de divers côtés, sans perdre leur liquidité, ni leur transparence. Il paraît que, soit par le peu de froideur de l'eau, soit par toute autre cause, leurs molécules s'arrangeaient peu à peu comme par l'effet

d'un refroidissement lent; mais si l'on touchait un seulement d'entre eux avec l'extrémité d'un tube de verre, ce léger mouvement, ou peut-être le seul effet d'attraction de la matière solide du verre, détermiminait aussitôt la solidification du globule, et il devenait absolument noir.

Cette épreuve, répétée successivement sur tous, fut toujours suivie du même succès. Le plus léger ébranlement suffisait donc alors pour déterminer les particules à s'arranger de l'une ou de l'autre manière. C'est ainsi que, lorsque l'eau a été abaissée de quelques degrés au-dessous du point de la glace fondante, sans cesser d'être liquide, l'injection du plus petit cristal de glace, ou peut-être même d'un petit corps solide quelconque qui peut être mouillé par l'eau encore liquide, y détermine à l'instant la congélation.

Une expérience du docteur Brewster paraît confirmer l'influence que l'arrangement des parties matérielles peut avoir en une infinité de circonstances sur la coloration.

Les couleurs vives et brillantes de la nacre de perle paraissent être propres à cette substance autant que celles de tout autre corps naturel ; cependant elles résultent uniquement de la constitution de sa surface et des petites rides imperceptibles qui la sillonnent, sans aucun rapport avec la nature de ces particules; car si l'on prend l'empreinte de la nacre, comme celle d'un cachet sur de la cire noire bien fine, sur de l'alliage de Darcet en fusion, ou enfin sur toute autre substance susceptible de se mouler dans

ses ondulations, les surfaces de ces substances acquièrent la même faculté que celle de la nacre, et font voir les mêmes couleurs. (Bulletin philomatique. Septembre 1815.)

Sur la dépolarisation de la lumière par diverses substances minérales, végétales et animales, et sur l'effet de la pression sur les matières animales transparentes; par le docteur BREWSTER,

Dans un mémoire lu à la Société royale de Londres le 8 décembre 1814, le docteur Brewster donne une longue liste des matières animales, végétales et minérales, qui ont la propriété de dépolariser la lumière, comme aussi un catalogue de celles qui n'ont pas cette faculté. Il donne ensuite sa théorie de la dépolarisation.

On peut diviser en sept classes les substances capables de dépolariser la lumière.

1o. Celles qui ont un axe neutre, et qui produisent une double image. A l'égard de ces corps, la théorie est évidente.

2o. Celles qui ont un axe neutre, et qui ne produisent qu'une image; tels sont les cheveux. L'auteur suppose que, dans ces corps, il se produit bien réellement deux images, mais qu'elles sont coïncidentes.

3o. Les substances qui n'ont pas d'axe dépolarisant, mais dépolarisent la lumière dans toutes les directions; telles que la gomme arabique. L'auteur les conçoit comme composées de couches superposées, et dont chacune a un axe dépolarisant. Mais comme

ces axes sont placés dans toutes les directions, le corps composé de ces molécules a la propriété de dépolariser en tout sens.

4°. Les substances qui se rapprochent d'un axe neutre, telles que la peau de batteur d'or.

5°. Celles qui se rapprochent d'un axe dépolari

sant.

6o. Celles qui font à peu près disparaître la lumière à chaque demi-quart de révolution, comme l'huile de mace.

7°. Celles qui la font disparaître tout-à-fait à chaque demi-quart; telles que le spath calcaire, lorsque la lumière traverse son petit axe.

Dans un autre mémoire, le docteur Brewster a examiné l'effet de la pression sur les matières animales transparentes, pour leur faire polariser la lumière.

Il a fait ses premières expériences avec une lame de gelée de pieds de veau. La pression ne produisit d'abord aucun effet; mais à mesure que la gelée devint de plus en plus ferme, elle dépolarisa la lumière, premièrement dans les bords, ensuite dans toute sa surface.

Il obtint le même résultat avec une lame de colle de poisson. Lorsqu'on soumettait ces lames à la pression, elles dépolarisaient la lumière d'abord, et montraient ces couleurs complémentaires qui sont particulières aux corps cristallisés.

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