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contenter du tarif de 1691. Les fortifications de Dunkerque, tant sur terre que sur mer, seraient démolies, mais, en retour, Lille et Tournay' nous seraient rendues. - Le Roi trouverait bon qu'on ajoutȧt le Milanais aux États du duc de Savoie, et qu'il fût reconnu en qualité de roi de Lombardie; mais il devrait rendre Exilles, et Fenestrelles.

Sa Majesté ne faisait aucune difficulté à ce que les titres de Roi et d'Electeur, conférés au margrave de Brandebourg et au duc de Brunswick-Lunebourg, reçussent la sanction des traités à intervenir. Le fort de Kehl serait restitué à l'Empire; les fortifications de Strasbourg et celles qui avaient été construites sur le Rhin en face de Huningue, seraient rasées. L'Empereur pourrait reprendre possession de Brisach sous la condition expresse qu'il rétablirait dans leurs États et dignités les deux Électeurs et que la France recouvrerait Landau. — Tel fut, en résumé, le sens du mémoire que Torcy remit à l'abbé Gautier en lui donnant, de la part du Roi, une gratification de 6,000 livres. Par le fait, Louis XIV comptait uniquement, pour l'heureuse conclusion des traités, sur l'intervention prépondérante du gouvernement de la reine Anne. Lorsque ses plénipotentiaires partirent pour la Hollande, il leur recommanda de faire en sorte, si cela leur était possible, dans le cours de la négociation, que les Anglais devinssent insensiblement médiateurs, et qu'ils en fissent les fonctions sans en avoir le titre.

1 Louis XIV fit connaître très-confidentiellement à la Reine qu'il se contenterait au besoin de Lille, s'il fallait sacrifier Tournay pour ne pas retarder la pacification.

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Renonciation

Objections du Roi et réplique

de Saint-John. Alternative laissée à Philippe V. l'Espagne à la France. Dunkerque remise en gage. militaire des Anglais.

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Ce fut seulement le 29 janvier 1712 que les conférences s'ouvrirent à Utrecht. Les États-Généraux avaient accepté le lieu et la date sur lesquels les gouvernements de France et d'Angleterre étaient tombés d'accord. Mais, en différant, dans l'espoir de parvenir, par ses audacieuses intrigues, à troubler leur bonne harmonie, la remise des passe-ports destinés à nos plénipotentiaires, Buys avait retardé la réunion du congrès. Partis de Versailles le 19 janvier, le maréchal d'Huxelles, l'abbé de Polignac et Ménager furent accueillis sur leur passage, par les autorités hollandaises, avec la plus respectueuse déférence. Dans toutes les villes qu'ils traversèrent, les échevins se portèrent à leur rencontre, et ils furent salués par des salves d'artillerie. Ces témoignages affectés étaient de bon augure. Évidemment Leurs Hautes Puissances désiraient effacer, autant que cela leur était possible, les souvenirs douloureux de Gertruydenberg et voulaient partager avec l'Angleterre l'honneur de la réconciliation, afin d'avoir part au profit. L'attitude des fonctionnaires impériaux fut toute différente. A

contenter du tarif de 1691. Les fortifications de Dunkerque, tant sur terre que sur mer, seraient démolies, mais, en retour, Lille et Tournay' nous seraient rendues. — Le Roi trouverait bon qu'on ajoutat le Milanais aux États du duc de Savoie, et qu'il fût reconnu en qualité de roi de Lombardie; mais il devrait rendre Erilles, et Fenestrelles.

Sa Majesté ne faisait aucune difficulté à ce que les titres de Roi et d'Électeur, conférés au margrave de Brandebourg et au duc de Brunswick-Lunebourg, reçussent la sanction des traités à intervenir. — Le fort de Kehl serait restitué à l'Empire; les fortifications de Strasbourg et celles qui avaient été construites sur le Rhin en face de Huningue, seraient rasées. L'Empereur pourrait reprendre possession de Brisach sous la condition expresse qu'il rétablirait dans leurs États et dignités les deux Électeurs et que la France recouvrerait Landau. — Tel fut, en résumé, le sens du mémoire que Torcy remit à l'abbé Gautier en lui donnant, de la part du Roi, une gratification de 6,000 livres. Par le fait, Louis XIV comptait uniquement, pour l'heureuse conclusion des traités, sur l'intervention prépondérante du gouvernement de la reine Anne. Lorsque ses plénipotentiaires partirent pour la Hollande, il leur recommanda de faire en sorte, si cela leur était possible, dans le cours de la négociation, que les Anglais devinssent insensiblement médiateurs, et qu'ils en fissent les fonctions sans en avoir le titre.

1 Louis XIV fit connaître très-confidentiellement à la Reine qu'il se contenterait au besoin de Lille, s'il fallait sacrifier Tournay pour ne pas retarder la pacification.

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de Philippe V et des princes français. — Objections du Roi et réplique de Saint-John. Alternative laissée à Philippe V.

l'Espagne à la France.

Dunkerque remise en gage.

militaire des Anglais.

Il préfère
Neutralité

Ce fut seulement le 29 janvier 1712 que les conférences s'ouvrirent à Utrecht. Les États-Généraux avaient accepté le lieu et la date sur lesquels les gouvernements de France et d'Angleterre étaient tombés d'accord. Mais, en différant, dans l'espoir de parvenir, par ses audacieuses intrigues, à troubler leur bonne harmonie, la remise des passe-ports destinés à nos plénipotentiaires, Buys avait retardé la réunion du congrès. Partis de Versailles le 19 janvier, le maréchal d'Huxelles, l'abbé de Polignac et Ménager furent accueillis sur leur passage, par les autorités hollandaises, avec la plus respectueuse déférence. Dans toutes les villes qu'ils traversèrent, les échevins se portèrent à leur rencontre, et ils furent salués par des salves d'artillerie. Ces témoignages affectés étaient de bon augure. Évidemment Leurs Hautes Puissances désiraient effacer, autant que cela leur était possible, les souvenirs douloureux de Gertruydenberg et voulaient partager avec l'Angleterre l'honneur de la réconciliation, afin d'avoir part au profit. L'attitude des fonctionnaires impériaux fut toute différente. A

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Bruxelles, comme à Anvers, aucun hommage ne fut rendu aux représentants du Roi. « Les commandants pour l'Em<< pereur, dans l'une et l'autre de ces villes, s'excusèreut, dit Torcy, de faire tirer le canon, sous prétexte que leur <«< maître ne voulait avoir aucune part aux négociations de « la paix. » Éclatant, dès leur début, le contraste devait se maintenir pendant toute leur durée en s'accusant chaque jour davantage. A la Haye comme à Gertruydenberg, les représentants des intérêts de la Ligue n'avaient pas mis en doute, un instant, la cession de l'Espagne et des Indes à l'archiduc Charles. On disait tout bas qu'il n'en était plus question; qu'en réalité la paix était déjà faite à Paris comme à Londres, et qu'une de ses premières conditions était le maintien de Philippe V sur le trône. Une irritation profonde s'était emparée de tous les esprits à la cour de Vienne. Il est vrai que les temps étaient bien changés. Joseph Ier venait de mourir; Charles VI lui succédait. Les deux couronnes d'Autriche et d'Espagne seraient-elles réunies sur le même front? La formidable puissance de Charles-Quint allait-elle ressusciter? Cette perspective faisait trembler l'Europe.

Elle était presque tout entière représentée au congrès. A côté des plénipotentiaires de France, d'Angleterre et de Hollande Huxelles, Polignac, Ménager, Robinson, évêque de Bristol, et Strafford, ambassadeur à la Haye ', Buys et Van der Dussen', les deux députés d'Amsterdam et de Tergow, déjà bien connus du lecteur, siégaient ceux de

1 On a vu que la Reine avait nommé Prior comme troisième plénipotentiaire, mais Harley et Saint-John voulurent l'avoir sous la main en prévision des messages qu'ils pourraient avoir à lui confier.

défendre

2 Les États-Généraux avaient désigné huit autres députés pour leurs intérêts, entre autres le sieur de Randwick, qui avait le pas sur tous les autres; Goslinga, qui joua plus tard, en Espagne, un rôle important; le comte de Bechteren, dont il fallut bientôt réprimer les insolentes allures, et le comte d'Innhausen.

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