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soldats. Pyrrhus, les autres successeurs d'Alexandre, même les Carthaginois, ont des Gaulois comme auxiliaires dans leurs armées.

Vers 225 avant J.-C., les Gaulois envahissent de nouveau l'Italie centrale et marchent sur Rome, où leurs premiers succès répandent la terreur mais une grande défaite les oblige à la retraite et livre la Gaule Cisalpine aux Romains, qui l'envahissent et la conquièrent.

Néanmoins les Gaulois se révoltent bientôt, à l'approche d'Annibal arrivant d'Espagne pour attaquer Rome : ils com battentavec lui et contribuent beaucoup à ses victoires; mais ils succombent définitivement avec les Carthaginois, luttent encore pendant trente ans dans la Gaule Cisalpine, etfinissent par aller (cent douze petites tribus) s'établir sur le Danube.

Bientôt les Romains conquièrent la Galathie ou la GalloGrèce en Asie.

Puis, alliés avec les habitants de Marseille, et appelés par eux contre les Gaulois, ils entrent dans la Gaule Transalpine et fondent la ville d'Aix.

Puis, alliés d'une tribu Gauloise, les Eduens ou Autunnois, et appelés par eux contre une autre tribu, les Avernes ou Auvergnats, ils battent ceux-ci, qu'effraient les éléphants de l'armée Romaine.

Puis, ils subjuguent, 120 ans avant J.-C., les Allobroges ou les Savoyards et les Dauphinois.

Puis, ils fondent Narbonne qui devient une Rome Gauloise, avec un Capitole, un Sénat, des Thermes ou Bains, et un Amphithéâtre.

Puis, enfin, ils conquièrent toute la Gaule, 49 ans avant J.-C., après avoir d'abord arrêté une terrible invasion des Cimbres.

Cesterribles Cimbres et Teutons, ou Celtes Kimry, arrivent de l'Asie vers 105 ans avant J.-C., au nombre de trois cent mille, avec leurs femmes et leurs enfants sur des chariots; battent les Romains en Illyrie; pénètrent en Norique ou Ba

vière, en Helvétie, en Gaule et jusqu'en Espagne; brûlent et détruisent tout; tuent cent vingt mille Romains dans une seule bataille; répandent une telle terreur que partout on s'enferme dans les villes au risque d'y souffrir la famine et d'être réduit à manger de la chair humaine; et se séparent ensuite pour entrer en Italie, les Cimbres par le Tyrol et les Teutons par le Piémont.

Mais Marius tue d'abord cent mille Teutons entre Arles et Aix, écrase ensuite les Cimbres à Verceil en Italie, et sauve ainsi Rome, dont on l'appelle le second fondateur.,

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SECT. 2. Demi-civilisation et mœurs des Gaulois.

Les Gaulois cultivent la terre, travaillent quelques métaux, fabriquent des armes simples et grossières (de longues épées minces) et quelques étoffes, et construisent quelques villes et de larges villages; on dit même que Butuit, roi des Avernes, a une cour, un char en argent, la pourpre, des ambassadeurs et des chiens de chasse: mais ils n'ont encore qu'une demi-civilisation et des mœurs presque barbares.

Les historiens s'accordent à dépeindre les Gaulois comme des hommes sociables, curieux et parleurs; généreux et hospitaliers; confiants et présomptueux; guerriers et aventureux; braves, intrépides, audacieux et téméraires; croyant à la fatalité en affrontant l'ennemi à armes inégales; sûrs de trouver le bonheur en périssant dans les combats, et mettant l'honneur à ne jamais reculer; méprisant la vie; toujours armés et toujours prêts à se battre en duel; se suicidant volontiers pour montrer leur bravoure; méprisant letravail, qu'ils abandonnent aux esclaves et aux femmes; aimant beaucoup les étoffes de couleurs éclatantes; enfin passionnés pour la liberté. Comme tous les autres Peuples, ils sont féroces à la guerre, crédules et superstitieux.

Leurs Prêtres s'appellent Druides et leur Religion Druidisme. C'est une espèce de Paganisme qui admet un Dieu su

prême nommé Esus, un grand nombre d'autres Dieux, l'adoration du Feu, l'immortalité de l'âme, la métempsycose, un paradis et un enfer. Les dévôts remettent à un mort des lettres pour d'autres morts qu'il va rejoindre, ou prêtent leur argent pour ne leur être rendu que dans l'autre vie.

Les Druides n'ont pas de temples, mais des bois sacrés, dans lesquels ils élèvent un autel au pied d'un chêne.

Ils immolent des victimes humaines et règnent sur les esprits par la terreur.

Les Druidesses sont des espèces de Prophétesses retirées dans des îles ou des lieux sauvages, où l'on va les consulter comme des oracles.

Comme les autres Prêtres anciens, les Druides ont seuls quelques lumières et sont tout, législateurs, médecins, ma giciens, astronomes, sorciers ou devins : c'est une véritable Theocratie.

Leur médecine n'est que de la magie ou de la superstition: par exemple, ils disent que telle plante préserve les bestiaux de certaines maladies, mais à condition qu'on la cueillera à jeun, de la main gauche, sans la regarder, etc., etc.

Le Gui est un remède universel, envoyé par un Dieu : on le cueille solennellement dans une fête religieuse avec beaucoup de minutieuses cérémonies.

Les Druides sont électifs et ne sont admis dans le Corps des Prêtres qu'après des examens et des épreuves: ils ont aussi leurs mystères et leurs initiations.

Ils ont sous leurs ordres les Ovates ou sacrificateurs, et les Bardes ou chantres, orateurs et poètes, qui accompagnent les guerriers pour les exciter au combat.

Chaque année, tous les Druides se réunissent en assemblée générale, élisent une espèce de Pape annuel, font des lois religieuses, et rendent au peuple des jugements. C'est une grande solennité.

Les Gaulois sont divisés en trois ordres ou classes: les Druides, les Chevaliers ou les guerriers, et le Peuple.

Les deux premiers ordres forment des aristocraties privi légiées. Les cultivateurs sont serfs ou esclaves.

Le mariage est en usage.-Le mari a droit de vie et de mort sur sa femme, et le père sur ses enfants.

Tous les enfants partagent également sans distinction d'aînés et de cadets, de légitimes et de bâtards..

Quelques Tribus néanmoins ont la polygamie; d'autres ont même la communauté des femmes.

Et généralement les femmes sont traitées en esclaves.

Les Tribus des montagnes, qui sont probablement les plus anciens habitants refoulés par les nouveaux venus, sont généralement gouvernées par des Clans ou Rois héréditaires, dont l'autorité est très-limitée.

Les Tribus des plaines et des villes sont généralement de petites Républiques, dont les chefs sont électifs.

Les unes et les autres ont des Assemblées générales. Presque toutes les Tribus sont séparées et indépendantes. Beaucoup forment entre elles des alliances, des ligues et des confédérations: mais la Gaule n'a point de gouvernement national ou central.

Vers le temps de la conquête, toutes les Tribus Gauloises semblent former deux grands Partis ou deux grandes Confédérations, celle des chefs héréditaires, à la tête de laquelle sont les Avernes ou Auvergnats, et les Séquanes en Franche-Comté, et celle des chefs électifs ou des Druides, à la tête de laquelle sont les Eduens en Bourgogne.

Ce morcellement de la Gaule, cette indépendance d'un grand nombre de petits Peuples guerriers, ce défaut de Gouvernement central, ces ligues et ces confédérations, exposentles Gaulois à des divisions et à des guerres continuelles.

A l'approche de la conquête, les Eduens, chefs de la confédération élective ou Républicaine, veulent opprimer les Séquanes, chefs, avec les Avernes, de la confédération héréditaire ou royale.

Et ces divisions vont amener les Romains et la conquête.

CHAP. II. CONQUÈTE PAR LES ROMAINS.

SECT. 1". — Expéditions de César.'

vers l'an 58 avant J.-C., les Séquanes, opprimés par les Eduens, appellent les Suèves leurs voisins, en Germanie. Mais les Suèves, amenés par leur roi Arioviste, oppriment à leur tour les Eduens; et les Eduens opprimés appellent à leur secours d'autres étrangers.

Deux frères qui se partagent l'influence chez eux, Dumorix et Divitiac, vont implorer, le premier les Helvétiens qui consentent, le second les Romains qui préfèrent l'alliance d'Arioviste, dont ils reçoivent en même temps un ambassadeur.

Voilà donc les Romains appeles à la fois par les Eduens contre les Suèves et les Séquanes, et par les Suèves et les Séquanes contre les Eduens, c'est-à-dire par deux Tribus Gauloises séparément l'une contre l'autre.

Les Helvétiens brûlent leurs douze villes et leurs quatre cents villages, et partent tous, au nombre de trois cent soixante-dix mille, pour combattre les Suèves et les Séquanes, délivrer les Eduens, et s'établir en Gaule.

Mais César, envoyé avec une armée Romaine, allié des Suèves et des Séquanes, les écrase au passage ou les désarme, et les force à rentrer dans leur pays.

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Puis César, subitement allié des Eduens, et guidé par leur Druide Divitiac, attaque ses premiers alliés, les Suèves, au nombre de cent mille hommes, et les extermine près de Be

sançon.

Cependant les Belges, effrayés de la victoire, de l'ambition et de l'approche des Romains, organisent une conféderation contre eux.

Mais les Druides voisins, qui les redoutent plus que les Romains, appellent César et provoquent la défection de plusieurs confédérés; et César, toujours guidé par son Druide Eduen à travers les forêts, les fleuves et les marais, exter

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