Page images
PDF
EPUB

palais l'usage de la langue franque, bien différente de la nouvelle langue française, tandis que la plupart des Seigneurs ne parlent plus que cette langue nouvelle.

C'est le parti allemand qui, quatre fois, est allé chercher des armées en Allemagne, et qui fait opérer quatre invasions et trois restaurations; mais c'est le parti Gaulois qui a dé¬ terminé l'élection d'Eudes, d'origine saxonne ou mixte, fils d'un Comte d'Anjou, et l'élection des Rois Robert et Raoul, de la même famille; c'est aussi ce parti qui va porter au trône Hugues-Capet, leur descendant...

[merged small][merged small][ocr errors]

35 Rois. 843 ans (de 787 à 1380 ), 2, 1 ca

[merged small][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small]

Tous sont les aînés de leur famille, sans partage avec leurs cadets, qui n'ont que de grands fiefs, duchés ou comtés, qu'on appellera leurs apanages, avec le titre de princes du sang, tandis que l'héritier présomptif s'appellera prince royal ou dauphin. Tous ces princes et leurs enfants formeront la famille royale.

SECT, 11o. BRANCHE CAPETIENNE,

[blocks in formation]

911

*

14 Rois. 341 ans. —

[ocr errors]

'Louis VIII.'
1226 Louis IX (Saint-). ́

-4270

Philippe III (le Hardi).

4285 Philippe IV (le Bel).

[ocr errors]
[blocks in formation]

4314

4316

Philippe V (le Long).

1180 Philippe II (Auguste).

1322

Charles IV (le Bel).

[merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors]

Comte de Paris et Duc de France, descendant des Eudes, des Robert et des Hugues-le-Grand, qui ont héroïquement défendu Paris contre les Normands, il s'attache d'abord les Seigneurs par des concessions nouvelles, et le Clergé en lui cédant plusieurs riches abbayes qu'il possède; il excite l'enthousiasme du Peuple en affectant une grande dévotion pour les reliques, en portant nu-pieds la châsse de saint Valleri, en faisant répandre le bruit que ce saint lui a promis la

couronne.

Puis il convoque les Seigneurs et les Évêques et se fait élire en 987 par cette espèce d'Assemblée nationale. Puis il se fait sacrer à Reims sans aucune opposition.

Bientôt l'héritier dit légitime, Charles, tente une invasion et une restauration; entre en effet avec une armée allemande, et s'empare de Laon et de Reims par la trahison de l'Archevêque, qui cependant a sacré son rival après lui avoir prêté serment de fidélité; mais l'envahisseur qui n'est point soutenu par la nation est traîtreusement livré par un autre Évêque, et meurt en prison; ses deux fils meurent en Allemagne et finissent ainsi la deuxième dynastie, tandis que Hugues-Capet commence la troisième...

On l'appelle usurpateur: mais qu'importe au Peuple d'avoir de stupides rois légitimes, plutôt qu'un usurpateur sorti d'une famille de héros qui ont servi la Patrie !

D'ailleurs, on ne peut pas dire qu'il soit usurpateur; car d'une part, il est élu dans une assemblée nationale, et d'autre part, l'hérédité et la légitimité ne sont pas encore une loi nationale, puisque nous voyons beaucoup de Rois déposés ou exclus et remplacés par des Rois élus.

Du reste, on assure qu'il emporte en mourant les regrets des Seigneurs et des Évêques, auxquels il a presque tout

T. I.

5

abandonné! Mais le Peuple est bien malheureux, car c'est à cette époque que s'établit complètement le Régime féodal.

Alors il n'y a plus un seul ancien habitant libre, il n'y a plus que des esclaves et des Aristocrates.

Le roi n'est presque rien et n'a presque rien. Les Grands Vassaux, Ducs, Comtes et Évêques, sont ses égaux et ses pairs, indépendants et souverains dans leurs duchés, comtés et évêchés.

Tous les Seigneurs sont également des Rois dans leurs seigneuries.

Tous ont leurs châteaux, et tous ces châteaux sont des forteresses ou des repaires de tyrans et de brigands.

La guerre est continuelle entre tous ces Roitelets; et leurs serfs sont forcés de se battre pour eux, combattant à pied tandis que leurs maîtres sont à cheval couverts de cuirasses, entourés de leurs valets qui sont leurs apprentis nobles.

La France n'est plus qu'un vaste champ de bataille, où cent mille petites armées égorgent et pillent continuellement, se logeant militairement partout, c'est-à-dire expulsant les paysans de leurs maisons pour y prendre leur place, leurs femmes et leurs provisions.

Et cet état permanent de brigandage durera trois siècles entiers! Et voilà les nobles ancêtres de nos Aristocrates!

Nous avons parlé de la croyance en la fin du monde pour l'an 1000. C'est alors surtout que cette fin qui s'approche inspire plus de terreur. On ne parle que de miracles effrayants le diable en personne s'est présenté devant le Pape à Rome; et tous les fléaux, la peste, la famine générale, des troupes de loups dévorants, et la guerre civile, semblent annoncer en effet une mort universelle.

:

La famine est horrible: on assassine sur les grandes routes et dans les rues pour manger les cadavres; on les déterre dans les cimetières; on présente aux enfants affamés un œuf ou un fruit pour les attirer à l'écart, les tuer et les manger; dans la forêt de Mâcon, un aubergiste égorge 48 voyageurs

pour en nourrir d'autres; à Tournus, on vend publiquement de la chair humaine; on mange de la terre mêlée avec de la farine; on tue même sa famille par humanité, et l'on se tue ensuite.

Et les guerres féodales continuelles ne sont pas un moindre fléau. Aussi, ceux qui ne sont pas tués et qui ne se tuent pas donnent leurs biens à l'Eglise, et se font moines ou s'enfuient en pélerinage.

Pour adoucir au moins le fléau de la guerre féodale, les Evêques réunis imagineront enfin (en 1033) de publier la Paix de Dieu mais leurs excommunications étant méprisées, ils changeront (en 1040) la Paix en simple Trève, ordonnant des jeunes et des pénitences pour rendre la guerre impossible pendant quelques jours de chaque semaine.

[merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors]

Ces trois Princes se laissent dominer par les Papes, les Evêques et les Seigneurs.

Le premier chante habituellement au lutrin: se laisse excommunier par le Pape qui veut le forcer à quitter sa femme parce qu'elle est sa cousine, la quitte en effet; brûle des hérétiques; et fait sacrer de son vivant l'un de ses fils, Henri 1, qui n'est pas l'aîné.

[ocr errors]

Le second, accorde à son frère le duché de Bourgogne; Jaisse le Pape tenir des conciles en France malgré lui, y envoyer ses Légats, s'y déclarer chef des Evêques français et supérieur au Roi. Voulant faire sacrer son fils, il assemble les Evêques, des moines et des seigneurs, et souffre que son fils soit soumis àl'élection des Légats du Pape et des Evêques.

Le troisième souffre que le Pape se déclare le Roi des Rois, pouyant les juger et les destituer.

Ayant répudié sa femme pour en prendre une autre, il souffre que le Pape l'excommunie et provoque ses sujets à l'insurrection; il se soumet à se présenter nu-pieds devant les Évêques, en hiver, pour obtenir leur absolution.

C'est pendant son règne, en 1066, que Guillaume-le-Conquérant, duc de Normandie, son vassal, conquiert l'Angleterre et y établit le Régime féodal en repoussant la suzeraineté du Pape. Mais une plaisanterie du Roi sur l'embonpoint de Guillaume fait éclater une guerre entre eux, et c'est là peut-être la première cause de l'inimitié qui séparera les Anglais et les Français, et qui produira tant de sanglantes guerres entre les deux Peuples.

C'est aussi sous ce Roi que commencent, en 1095, les Croisades.

Le Pape excite les fidèles chrétiens à aller délivrer Jérusalem et le tombeau de Jésus-Christ des mains des infidèles mahométans. L'hermite Pierre, l'un des plus fameux propagandistes que l'on pourra jamais voir, va prêcher par toute la France et par toute l'Europe, prodiguant les promesses et les menaces. Serfs et maîtres, hommes et femmes, vieillards et enfants, moines et évêques, seigneurs et princes, tous s'enrôlent, les uns pour fuir leurs tyrans ou leurs créanciers, les autres pour gagner des indulgences et le paradis, d'autres encore pour guerroyer et piller. Une armée de dévots, qu'on appelle croisés parce qu'ils portent une croix de drap rouge sur leurs habits, se mettent en marche, sans ordre, sous le commandement de l'hermite transformé en général, massacrent les Juifs en partant, pillent et dévastent tout sur leur passage, se font assommer en Hongrie, et périssent presque tous avant d'arriver à moitié chemin.

Trente mille environ, échappés aux fatigues, à la disette, aux maladies et aux coups, s'emparent cependant de Jérusalem en 1099, et proclament Roi l'un de leurs chefs.

Jérusalem sera prise, reprise, pillée et saccagée plusieurs

« PreviousContinue »