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versité était allée plus loin,encore: elle avait défendu de l'imprimer. Il est à remarquer que le rétablissement de la pragmatique-sanction a été plusieurs fois sollicité depuis, soit par les états-géneraux, soit par les assemblées du clergé lui-même, et que le concordat a communément été re-. gardé comme une altération des lois fondamentales de l'Eglise gallicane.

S XXXVII.

Du Concile de Trente.

:

Il y a deux choses distinctes à considérer dans les décrets du concile de Trente le dogme et la discipline. Les décisions dogmatiques n'ont point été admises et publiées en France, suivant les formes ordinaires, pas plus que les articles de réformation : C'est sous cette dénomination que les actes du concile désignent ce qui est relatif à la discipline; mais il a été constamment reconnu et proclamé que les principes de foi professés dans le royaume, étaient parfaitement les mêmes que ceux que le concile avait exprimés. Les articles de réformation, au contraire, ont toujours été tenus pour manifestement attentatoires, du moins en partie, aux libertés de l'Eglise gallicane et aux droits de la couronne.

On peut donc poser en principe que le concile de Trente n'a point été admis en France; mais il faut ajouter que les décisions que renferment les actes de ce concile, conformes à nos antiques franchises ecclésiastiques, ont été consacrées par l'usage de l'Église, et ont pu faire autorité, non pas à la vérité comme émanées du concile de Trente spécialement, mais comme exprimant des règles constantes et antérieures de l'Eglise catholique. Il ne faut pas d'autre preuve qu'on n'a jamais pu invoquer légalement dans le royaume le concile de Trente, que l'ordonnance de Blois, portée par Henri III, en 1576, et où divers articles de discipline furent extraits des actes du concile, sans que le nom même de cette assemblée fût prononcé.

En 1682, le génie et l'éloquence de Bossuet firent arrêter dans une assemblée du clergé quatre articles fameux qui consacrèrentinvariablement les antiques libertés de l'église Gallicane. S XXXVIII.

Des Calvinistes.

Le quinzième siècle est un des plus mémorables qui aient marqué jusqu'à nous les annales du monde. Des décou vertes, dont les résultats possibles ne peuvent être encore appréciés après trois âges, l'aurore d'un des grands siècles de la littérature et des beaux arts; les guerres d'Italie; l'élévation d'une puissance au rang de dominante en Europe; la réforme enfin; tels sont les traits principaux qui signalent cette époque.

L'opiniâtreté de la cour de Rome à ne point réprimer les désordres auxquels l'Eglise était en proie, et qui fournissaient depuis si long-temps un aliment aux satires des plus savans hommes de ces siècles, fut la principale cause de la réforme : c'est Bossuet qui l'a dit (1), et l'histoire est là pour justifier l'assertion de ce grand homme. Le mouvement imprimé aux esprits, dut naturellement se porter d'abord sur les abus de la puissance temporelle des papes, et sur les moyens adoptés par eux pour la soutenir. On osa discuter les uns et les autres; on osa même attaquer les doctrines de l'autorité qu'on voulait abattre. La cour pontificale n'avait pas voulu adoucir le joug; on le rompit des moines écrivirent, et quelques livres commencèrent l'embrasement de l'Europe.

François Ier avait allumé les bûchers sur la fin de son règne; Henri IV les éteignit par l'édit de Nantes, qui donna une existence aux Calvinistes dans le royaume; édit que Louis XIV révoqua plus tard, par l'influence qui avait jadis dicté les persécutions.

Ce n'est pas sans un sentiment de confusion pour l'espèce humaine qu'on parcourt nos annales pendant près d'un siècle. 4) Histoire des Variations, liv. 1.

On se demande comment une vérité aussi simple que la tolérance a pu coûter tant de sang à notre pays?

S XXXIX.
Henri IV.

Il n'y a presque que des crimes ou des calamités à remarquer dans l'histoire des troubles religieux de France. La nation entière, comme transportée d'une sorte de vertige, semble conspirer sa propre ruine; le plus absurde fanatisme se voit à côté de la plus honteuse immoralité; le peuple signale encore son pouvoir par de monstrueux excès, comme sous la première branche des Valois; les grands, non moins ambitieux que cupides, excitent ses fureurs contre la couronne, pour les tourner ensuite au profit de leur élévation; ils méditent et proposent un nouveau partage de la France en grandes vassalités, comme au temps de Hugues-Capet; le sceptre, presque toujours dirigé par des mains perfides et inhabiles, est le jouet de tous les partis et de toutes les passions; le dernier des petits-fils de François Ier tombe sous le poignard; les factions qui ont fait la Saint-Barthelemy et les barricades, appellent le joug étranger; un grande révolution doit avoir lieu..... Mais un homme luttait depuis longues années contre l'anarchie, avec l'énergie, l'habileté et la fortune qui caractérisent le génie. Il devait sauver la France, et il la sauva. Cet homme était Henri IV.

Après avoir eu la gloire de conquérir son royaume, ce grand prince eut celle de le pacifier. Ses belles qualités y contribuèrent autant aumoins que ses armes. On a pu le dire, jamais la bonté ne fut aussi habile.

Sous son gouvernement modéré, mais ferme, les grands rentrèrent dans le devoir, et perdirent entièrement de vue les projets dont ils s'étaient bercés pendant les troubles. L'échafaud sur lequel roula la tête du malheureux maréchal de Biron, leur apprit qu'il n'y avait plus en France qu'un monarque et des sujets.

Il était naturel que la nation, lasse de tant de calamités, s'occupât fort peu de droits dont la mise en question eût peut-être compromis le bonheur dont elle jouissait. Quelle liberté, en effet, eût valù le pouvoir absolu d'Henri IV ! Ce prince, de son côté, dut croire avec raison qu'il y avait encore trop d'effervescence pour rétablir les peuples dans leurs antiques et légitimes franchises. Il dut craindre, en appelant leurs députés auprès de lui, d'être entravé et non secondé dans le bien. On ne voit donc pas que, de part ni d'autre, on ait tenté, sous ce règne, de revenir aux anciens principes constitutifs de la monarchie. On aimerait à penser que la France', qui devait déjà tant à Henri IV, eût encore reçu de lui, si Ravaillac ne l'eût point frappé, quelques actes politiques propres à fixer ses institutions et à assurer son avenir.

S XL.
Conclusion.

J'arrive au terme de cette rapide esquisse. J'ai marqué l'origine et le développement, l'application, et plus souvent l'oubli des principes constitutifs composant l'ancien Droit public du royaume; le gouvernement qui doit le régir jusqu'à sa chute, est actuellement fondé. Il n'y a plus pour nous qu'un petit nombre de remarques dans l'histoire de deux siècles si intéressans sous tant d'autres rapports.

Le parlement avait porté, pendant les troubles religieux, des arrêts qui le plaçaient à côté des états-généraux; en cela, il avait dépassé ses pouvoirs; mais il ne vint dans l'esprit de personne de les contester, parce qu'ils sauvaient la monarchie. Tel est l'arrêt fameux de 1595, que la compagnie opposa avec succès aux états factieux de la ligue, pour empêcher la race espagnole de monter sur le trône.

Le parlement ne manqua pas depuis de rappeler ces actes, faits dans des temps de désordre, et d'en déduire des droits qui fixaient son existence politique. Il semble que ce fut

vers cette époque que la compagnie se fit ce système, si vigoureusement soutenu dans la suite, qu'elle n'était autre que les anciens placita ou parlamenta des monarques, et que par conséquent elle formait les véritables états-généraux de la nation. On a vu ce qu'il faut penser de cette supposition. A la mort de Henri IV, Marie de Médicis voulut que sa régence parût confirmée par l'assentiment national; mais au lieu d'assembler les états, elle demanda un arrêt au parlement, et fit tenir le lendemain un lit de justice qui ne fut que confirmatif de l'arrêt. De sorte que ce fut véritablement le parlement qui déféra la régence. C'est une grande époque; car la conduite adoptée par le gouvernement dans cette circonstance fut presque toujours imitée dans la suite. La politique des ministres fut constamment de témoigner une ombre de respect pour les anciennes formes constitutives, en respectant l'influence parlementaire; d'appeler l'intervention de ces compagnies, quand elle pouvait être utile à leurs vues; de l'éluder, quand elle les contrariait; de faire enfin que le droit de consentir ne devint jamais celui de discuter et de refuser.

Ainsi s'établit une lutte entre les rois et les corps de justice, sortis du sein de leurs palais, et dont l'opinion accroissait chaque jour la force; lutte dangereuse qui ne se termina que par la ruine des uns et des autres !

Tout ce que nous avons dit jusqu'ici, jette un jour nouveau sur l'histoire de ces deux siècles. Plusieurs actes de l'administration peuvent être appréciés maintenant d'après des règles certaines; et l'on ne peut s'empêcher de reconnaître qu'en général, dans les derniers temps, tout fut fait pour amonceler des tempêtes sur la France, et rien pour les conjurer. N'en citons, pour exemple, que l'exil des parlemens et leur dissolution par le chancelier Meaupou; acte si criminel et si inepte à-la-fois, dès qu'on n'assemblait pas surle-champ les états-généraux.

Le génie hardi et sanguinaire de Richelieu, le brillant

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