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face. C'est donc un objet dont Votre Majesté n'aura pas à s'occuper '.

Je désire bien vivement d'avoir des nouvelles de Votre Majesté et d'apprendre qu'Elle est arrivée dans le lieu où Elle a résolu de se rendre. J'espère qu'Elle aura emporté avec Elle toutes les lettres que j'ai eu l'honneur de lui écrire, et qu'Elle a ordonné à M. de Jaucourt de prendre avec lui tout ce qui est relatif au Congrès 2. Il y a sûrement dans mes lettres des choses faites pour déplaire aux puissances,

1

« Je suppose que M. de Blacas vous a mis au fait de sa situation pécuniaire; elle est des plus médiocres, s'il dit vrai : les diamants et quatre millions. On m'a dit, en outre, c'est ce qu'il ne dit pas,— le reste de six millions de l'extraordinaire, qui pourraient avoir été écornés pour les travaux de Versailles.,

(De Gand. Jaucourt à Talleyrand, 10 avril 1815.)

Je vous engage à prendre les ordres du Roi relativement à ses ministres dans les Cours étrangères, qui ne veulent ni ne peuvent retourner en France; il faut qu'ils aient quelques appointements. Ici, nous ne pouvons rien à cet égard, parce que nos payements ont été suspendus à la date. du 20 mars, jour de l'entrée de Buonaparte à Paris, Je me suis arrangé, pour nous autres de Vienne, avec la légation anglaise, qui fera, quand elle aura reçu la réponse de son Gouvernement, les avances pour nos dépenses journalières. (Talleyrand à Jaucourt, 19 avril 1815.)

2 Reinhart écrit à M. de Talleyrand, de Bruxelles, 28 mars 1815 :

Des papiers importants, Monseigneur, je n'en portais pas. Ce fut à minuit que M. de Jaucourt vint à l'hôtel expédier les courriers pour Vienne et signa les circulaires qui laissaient aux agents étrangers le choix ou de joindre le Roi à Lille ou de se rendre directement auprès de leur Gouver

nement......

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M. de Jaucourt, me sachant déterminé à ne point rester, écrivit à M. d'Hauterive pour le charger de la signature par intérim; mais comme j'étais le premier en ligne, il me fallait un ordre pour m'éloigner. Il me donna celui d'emporter les sceaux du Département.

Pour les papiers, aucun ministère n'en emportait. Sans ordre exprès du Roi, aucun employé ne voulait suivre. Il était plus dangereux de les emporter en route que de les cacher ou de les brûler, ce que M. Bresson a

qui aujourd'hui veulent être bien, mais qui souvent, depuis six mois, ont pu être jugées sévèrement.

Je garde avec moi deux courriers sùrs', pour communiquer avec le lieu qu'aura choisi Votre Majesté. Ils n'entreront jamais en France que par la frontière dont Votre Majesté est sûre.

Je suis, etc.

Vienne, 29 mars 1815.

prescrit de faire pour ceux qui étaient en sa garde et qui pouvaient compromettre quelqu'un..

.......

...... Je regrette néanmoins de n'avoir pas emporté les traités du 3 janvier.

Je ne connais parmi les papiers de la chancellerie aucun autre qui puisse tirer à conséquence. »

< Reinhart était destiné à nous joindre avec tant soit peu de chancellerie. Il a brisé le timbre et sera parti, je pense, le même jour que moi, c'est-àdire le lendemain du départ du Roi..... Je me suis borné à faire brûler vos lettres, et à dire que l'on brûle celles de Mariotti........... J'aurais bien fait retirer ces pièces; mais outre que j'étais bien pressé, les chefs de division étaient couchés, et je ne sais s'ils auraient été également disposés à le faire. »

(Jaucourt à Talleyrand, 27 mars 1815.)

« J'ai beaucoup de soupçons que votre courrier, que l'on m'a dit être Augustin, a été fort peu embarrassé de se rendre droit auprès de M. de Caulaincourt. » (De Gand. Jaucourt à Talleyrand, 4 avril 1815.)

No 47.

LXXXII

Vienne. 30 mars 1815.

SIRE,

Le général Pozzo va se mettre en route pour se rendre auprès de Votre Majesté. Je n'ai pas voulu le laisser partir sans le charger d'une lettre pour Elle.

Toutes les puissances sont dans le plus parfait accord sur la destruction de Buonaparte; elles la regardent comme étant d'un intérêt personnel.

L'Empereur de Russie a le meilleur langage; il fait marcher toutes ses troupes, et trouve que cette question est telle, qu'il doit y mettre son dernier homme et son dernier écu. Il marchera lui-même. J'espère que le corps diplomatique aura suivi Votre Majesté. J'attends avec une extrême impatience qu'Elle me donne de ses nouvelles.

Je suis, etc.

Vienne, 30 mars 1815.

No 48.

LXXXIII

Vienne, 3 avril 1815.

SIRE,

Lord Clancarty expédiant à Londres un courrier qui passera par la Belgique, j'en profite pour faire connaître à Votre Majesté l'état actuel des affaires.

Depuis quelques jours on a appris ici que Murat était entré dans les États du Saint-Siége, et que le Pape avait dù quitter Rome. Cet événement fait enfin ouvrir les yeux à l'Autriche, et met un terme à toutes ses hésitations. Nous sommes aujourd'hui, à très-peu de chose près, d'accord sur les arrangements de l'Italie, qui ne tarderont pas à être définitivement arrêtés. Il ne nous restera plus ensuite qu'à réunir tous les articles convenus pour en former l'acte qui terminera le Congrès; car je tiens extrêmement et plus que jamais à ce qu'il y ait un acte.

L'ambassade de Votre Majesté est ici dans la même position; elle y jouit de la même considération et y exerce la même influence que si Votre Majesté était à Paris et que si son autorité n'était méconnue sur aucun point du Royaume. Je puis donner à Votre Majesté l'assurance qu'elle conservera cette position.

Je n'ai encore reçu aucune nouvelle de Votre Majesté

depuis qu'Elle a quitté Paris ' ; j'en attends avec la plus vive impatience. J'ose lui dire qu'il est important que je sois instruit de sa marche et de ses dispositions.

Je suis, etc.

Vienne, 3 avril 1815.

P. S. Je désirerais bien que Votre Majesté me fit connaître, avec détail, quelles sont les personnes qui l'ont suivie, et celles que l'on attend. On peut se servir utilement des noms propres. L'archevêque de Reims a-t-il pu suivre Votre Majesté ?

Je ne sais rien de M. de Jaucourt. Votre Majesté permettra que ce soit sous son enveloppe que je mette sa lettre.

M. de Vincent est arrivé ce matin; le Gouvernement autrichien recevra probablement, par le secrétaire de la légation autrichienne, M. Lefébure, une lettre de Buonaparte ou du duc de Vicence; mais cette communication sera sans réponse et sans effet.

Le numéro 45 de mes lettres, qui m'est revenu, indiquera à Votre Majesté ceux qui lui manquent.

1 Dans la nuit du 19 au 20 mars 1815.

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