Page images
PDF
EPUB

son armée est entre Modène, Ferrare et la mer. Le général Frimont se croyait en mesure d'attaquer vers le 12.

J'ai l'honneur d'adresser à Votre Majesté la déclaration contre Murat, qui m'a été officiellement communiquée par M. de Metternich.

[blocks in formation]

Le ministre d'État et des affaires étrangères de l'Empereur d'Autriche a mis sous les yeux de Sa Majesté Impériale la déclaration que MM. les plénipotentiaires de Naples lui ont fait l'honneur de lui adresser le 8 de ce mois. Il a l'ordre de leur faire la réponse suivante :

Le traité d'alliance entre l'Autriche et la Cour de Naples était à peine conclu, qu'on ne tarda pas à reconnaître, tant par l'inaction prolongée de l'armée napolitaine que par une foule de preuves matérielles tombées entre les mains des armées alliées, que dans le cours des négociations, le Roi, loin de se rallier au but commun pour lequel les puissances agissaient dans la guerre de 1813 et 1814, avait principalement calculé ses démarches sur l'issue de l'évé

nement.

L'Empereur ne resta pas moins fidèle au traité d'alliance du 11 janvier 1814. Ne voulant s'arrêter ni aux motifs qui pouvaient avoir provoqué la négociation, ni aux circonstances qui avaient amené l'accession du Roi, Sa Majesté Impériale ne régla ses déterminations que sur la nature des engagements de l'alliance. Elle ne différa pas de s'employer à établir des relations entre ses alliés et la Cour de Naples. Les raisons qui ont empêché que ces rapports ne fussent étendus à des alliances formelles sont trop connues du Cabinet de Naples pour que le soussigné croie devoir les rappeler. Plus la marche qu'a suivie le Roi, depuis le premier moment de l'alliance, s'est écartée de celle de l'Autriche, moins il est en droit d'imputer au Cabinet de Vienne les inconvénients qui ont dù résulter de cette divergence pour le Gouvernement napolitain.

L'Empereur n'a cessé de faire représenter au Roi les conséquences dans lesquelles l'entrainerait l'occupation prolongée des Marches, dans des conjonctures où une saine politique prescrirait au Roi de borner ses prétentions à la conservation de son Royaume en écartant tout projet de conquêtes; où cette même politique l'appelait à la tàche honorable d'aider les Gouvernements d'Italie à assurer le repos de la presqu'ile, au lieu d'y entretenir l'agitation des esprits, en renforçant sans cesse des armées disproportionnées aux ressources de ses États, et, plus encore, en rassemblant ces armées sur des points qui, se trouvant, par la situation géographique des possessions autrichiennes, à l'abri de toute attaque de la part des puissances opposées à la Cour de Naples, ne pouvaient dès lors être consi

dérés que comme des positions offensives contre l'Autriche et contre les autres princes de l'Italie.

Quoique dans ces entrefaites les affaires générales de l'Europe réclamassent toute l'attention de Sa Majesté Impériale, Elle ne négligea néanmoins rien pour ramener le Roi à une attitude plus conforme à ses propres intérêts. Elle ne renonça à aucun moyen de confiance et de persuasion, jusqu'à l'époque où les armements de ce prince prenant le caractère d'une agression plus directe, Elle dut enfin se décider à une démarche provoquée, au mois de février dernier, par des demandes du Cabinet napolitain, demandes qui ne décelèrent que trop les vues du Roi, sur lesquelles il ne reste plus d'incertitude depuis la manifestation qu'il en a faite en dernier lieu à la Cour de Rome, et le développement qu'il vient de leur donner.

Le soussigné reçut l'ordre de remettre, le 25 février, aux plénipotentiaires de Naples et à celui de France des déclarations qui ne pouvaient laisser de doute que l'Empereur, dans aucun cas, n'accorderait à des troupes étrangères le passage sur son territoire. La déclaration adressée à la France fut communiquée aux plénipotentiaires de Naples. Si ces déclarations simultanées présentent une différence de rédaction, la raison en est simple : la Cour de Naples était celle qui avait agité la question, c'était elle qui s'était placée dans l'attitude de l'agression.

L'Empereur a dû à la sûreté de ses États, et à ses rapports généraux avec l'Europe, de faire ces déclarations. Il doit au sentiment de sa dignité de les soutenir. Sa Majesté eût rejeté toute demande de la France d'envoyer des ar

mées en Italie; Elle eût regardé, en suite de la déclaration du 25 février, toute tentative réitérée de sa part comme une déclaration de guerre. L'Empereur a dû regarder de même la sortie des troupes napolitaines des frontières du Royaume et de leur cantonnement dans les Marches, comme une rupture de l'alliance et comme une mesure dirigée contre lui. Sa Majesté regarde aujourd'hui l'entrée de l'armée napolitaine dans les Légations et ses actes d'hostilité contre les troupes impériales, comme une déclaration positive de guerre, quels que soient les prétextes sous lesquels le Cabinet de Naples présente ces faits.

Le soussigné a, en conséquence, l'ordre de rappeler sur-le-champ de Naples la mission impériale, en même temps qu'il doit mettre des passe-ports à la disposition de la mission de Naples à Vienne.

Vienne, le 10 avril 1815,

No 2, de Gand.

LXXXIX

LE ROI AU PRINCE DE TALLEYRAND

Gand 21 avril 1815.

Mon Cousin, j'ai reçu votre numéro 49 et le 38 qui y était inclus. Peu après l'avoir expédié, vous avez dù recevoir de

nos nouvelles et n'en pas manquer depuis; mais le défaut de moyens tels que je les avais à Paris, jette nécessairement de l'inexactitude dans la correspondance.

Je suis impatient de recevoir la déclaration dont vous me parlez, et à laquelle, d'après votre lettre, j'espère que vous aurez coopéré. Le chevalier Stuart vient de me dire qu'elle avait été signée le 11. De mon côté, je m'occupe de la proclamation que je publierai en mettant le pied en France'. Je vous l'enverrai dès qu'elle sera rédigée et aura été vue, avant d'être arrêtée par le duc de Wellington et le général Pozzo di Borgo. Si les Souverains sont encore à Vienne lorsqu'elle y parviendra, j'espère que vous lui concilierez leurs suffrages. Je ne désire cependant pas qu'elle les y trouve; la célérité dans les opérations est la chose de toutes la plus nécessaire; tous les rapports de l'intérieur sont excellents, mais il ne faut pas laisser de temps à l'ennemi.

1 « J'ai l'honneur de vous envoyer plusieurs exemplaires d'un journal que nous faisons paraître, sous le titre de Journal universel; vous y reconnaîtrez la plume de M. Lally..... Sous deux jours, il paraîtra un manifeste fait par lui, qui précédera la déclaration que doit faire le Roi, au moment de son entrée sur le sol français. . . . . Il a été lu hier au Conseil du Roi, lequel Conseil se compose de M. de Blacas, de Feltre et moi, M. de Lally et Chateaubriand. Il a été lu ce matin au général Pozzo, qui en a été fort content, et qui le porte demain au duc de Wellington.

D

(De Gand. Jaucourt à Talleyrand, 23 avril 1815.)

« PreviousContinue »