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avis, en sorte qu'en grâces et en af faires, en choses courantes et en choses extraordinaires, il ne s'agissoit plus de M. le duc d'Orléans, à qui personne, pas même aucun ministre, n'osoit aller pour quoi que ce fût, sans l'aveu et la permission du cardinal, dont le bon plaisir, c'est-à-dire, l'intérêt et le caprice, étoit devenu l'unique mobile de tout le gouvernement. M. le duc le voyoit, le sentoit; c'étoit un paralytique qui ne pouvoit être remué que par le cardinal, et dans lequel, à cet égard, il n'y avoit plus de ressources (*). »

Le 20 octobre suivant, Louis XV fut solennellement sacré à Reims. Le 15 février 1723, il entra dans sa majorité, et le régent vint alors se démettre entre ses mains de l'autorité suprême. Louis XV, dans un lit de justice, confirma Dubois dans ses fonctions. Dès lors l'ambition de ce dernier ne connut plus de bornes. Il éloigna du maniement des affaires quiconque lui faisait ombrage, et s'empara de la surintendance des postes, pour connaître les secrets des familles. A sa mort on trouva des milliers de lettres qu'il n'avait point décachetées. Un jour il lui était arrivé d'en jeter au feu un amas énorme, et de s'écrier qu'il était enfin au courant. Heureusement ce honteux régime dura peu. Dubois mourut des suites de ses débauches, le 10 août 1723.

Le duc d'Orléans, après la mort du drole, prit pour lui-même la place de premier ministre; mais il ne tarda pas à le suivre au tombeau. Il succomba à une attaque d'apoplexie, le 23 décembre 1723.

Saint-Simon, qui a vécu dans l'intimité de ce prince, le juge avec sévérité: a Il perdoit, dit-il, un temps infini en famille, en amusements ou en débauches, ainsi qu'en audiences trop faciles et tropétendues... Il prolongeoit les affaires, les unes par foiblesse, les autres par le misérable désir de brouiller, et cette maxime empoisonnée qui lui échappoit quelquefois comme fa

Extrait des mémoires de Saint-Simon.

vorite, divide et impera; la plupart par une défiance générale de toutes choses et de toutes personnes. » Le soir, il s'enfermait avec ses roués pour ses orgies nocturnes. « Les premières heures de ses matinées, ajoute SaintSimon, étoient peu libres. Sa tête, offusquée encore des fumées du vin et de fa digestion des viandes du souper, n'étoit pas en état de comprendre, et les secrétaires d'État m'ont souvent dit que c'étoit un temps où il ne tenoit qu'à eux de lui faire signer tout ce qu'ils auroient voulu. »>

Le duc d'Orléans fut peu regretté. Ses vices avaient soulevé contre lui l'indignation publique; son impiété l'avait fait haïr du clergé; l'armée ne lui pardonnait pas d'avoir avili les grades par des choix indignes; le peuple enfin le regardait comme le complice ou la dupe de Law, et lui reprochait la ruine d'une multitude de familles.

II. Ministères du duc de Bourbon et du cardinal Fleuri. Guerre de Pologne et guerre pour la succession d'Autriche.

1723-1726.

Ministère du duc de Bourbon. Le cardinal Dubois et le duc d'Orléans, morts la même année, eurent pour successeur le duc de Bourbon. Ce prince, sans talent pour exercer le pouvoir, ne le dut qu'à sa naissance. Il était gouverné par un des frères Pâris, nommé du Verney, qui avait eu la principale part à la grande opération du visa qui suivit la retraite de Law, et par sa maîtresse la, marquise de Prie, jeune femme brillante, légère, d'un esprit vif et agréable.

Le principal événement de son ministère fut le renvoi de l'infante d'Espagne à son père, et le mariage du roi avec la fille de Stanislas Leczinski, roi détrôné de Pologne.

Le duc d'Orléans, régent de France, pour finir la guerre avec Philippe V, roi d'Espagne, avait marié l'infante, fille de ce prince, âgée de cinq ans, au roi de France qui en avait quinze. L'infante avait été amenée à Paris,

pour être élevée dans les mœurs françaises. Il fallait attendre au moins dix ans la naissance tant désirée d'un dauphin. Ce fut le prétexte que l'on prit pour renvoyer l'infante à son père, sans que le ministre se donnât la peine d'adoucir, par une négociation préalable, ce qu'un pareil procédé avait de dur et d'offensant. Le projet du duc de Bourbon était de faire épouser au roi de France sa sœur, qui avait été élevée au couvent de Fontevrault, sous le nom de princesse de Vermandois. A peine l'infante eutelle été reconduite en Espagne, que madame de Prie courut en poste à Fontevrault pour voir si la princesse de Vermandois pouvait lui convenir, et si l'on pouvait espérer de la gouverner aisément. La princesse était trèsbelle, mais aussi très-fière. Elle reçut la marquise avec une hauteur dédaigneuse, et lui fit sentir combien elle était indignée que son frère lui envoyât sa maîtresse pour ambassadrice. Cette entrevue la priva de la couronne. La marquise de Prie chercha une femme plus facile à gouverner.

Il y avait alors à Wissembourg en Alsace une jeune femme, belle, vertueuse, et que les revers de la fortune avaient fait tomber d'un trône dans l'indigence. C'était la fille de Stanislas Leczinski, que Charles XII avait placé sur le trône de Pologne, et qui en avait été renversé par Pierre le Grand. La marquise de Prie la vit, et la fit reine. Cest ainsi qu'une femme, modèle de vertus, de pureté et de modestie, dut le trône à une courtisane. Elle épousa Louis XV le 5 septembre 1725, et la marquise de Prie, qui espérait gouverner en son nom, lui fut attachée en qualité de dame du palais. Mais son règne fut de courte durée. Le crédit scandaleux qu'elle avait à la cour excitait contre elle l'indignation publique. Elle affecta d'abord de se moquer de ses ennemis; on raconte qu'elle ne faisait que rire des remontrances qu'elle recevait du parlement, et qu'un jour elle les fit jeter au feu, sous prétexte qu'elles sentaient le style de province. Quant

à Pâris du Verney, il avait encouru l'indignation de la noblesse et du clergé, en essayant de soumettre à l'impôt ces deux ordres privilégiés, ce qui paraissait alors le comble de l'audace. Bientôt tout le monde s'éleva contre le duc de Bourbon, qui finit par succomber.

Ce fut l'abbé Fleuri, ancien évêque de Fréjus, qui eut le bonheur de le renverser et de succéder à son pouvoir. Jusque-là il n'avait été que précepteur de Louis XV, mais il était parvenu à s'attacher son royal élève, qui avait pour lui une amitié et une confiance sans bornes. Fleuri était un vieillard de soixante et dix ans, mais sa conversation agréable et insinuante, son esprit naturel et facile, sa physionomie douce et imposante, contrastaient avec les manières froides et réservées du duc de Bourbon.

Le règne de Louis XV n'est que le règne de tous les intrigants et de toutes les intrigantes, qui parvinrent tour à tour à prendre de l'ascendant sur la royale idole devant laquelle s'inclinait encore la France, accoutumée à respecter dans Louis XIV le représentant de sa gloire et de ses intérêts. L'histoire est donc obligée de se plier à ce changement, et il ne lui est pas loisible de dédaigner ces scènes d'intérieur qui ressemblent à des révolutions de sérail, mais qui avaient pour conséquence immédiate des révolutions dans la politique de la France à l'intérieur ou à l'extérieur.

Voici comment Voltaire raconte l'avénement de l'abbé Fleuri:

« Une des mortifications du premier ministre était que, lorsqu'il travaillait avec le roi aux affaires d'État, Fleuri y assistait toujours; et que, lorsque Fleuri faisait signer au roi des ordres pour l'Église, le prince n'y était point admis. On engagea un jour le roi à venir tenir son petit conseil sur des objets de peu d'importance dans la chambre de la reine; et quand l'évêque de Fréjus voulut entrer, la porte lui fut fermée. Fleuri, incertain si le roi n'était pas du complot, prit incontinent le parti de se

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retirer au village d'Issy, entre Paris et Versailles, dans une petite maison de campagne appartenant à un séminaire. C'était là son refuge quand il était mécontent ou qu'il feignait de l'être.

Le parti du premier ministre paraît triompher pendant quelques heures, mais ce fut une seconde journée des dupes, semblable à cette journée si connue, dans laquelle le cardinal de Richelieu, chassé par Marie de Médicis et par ses ennemis, les chassa tous à son tour.

Le jeune Louis XV, accoutumé à son précepteur, aimait en lui un vieillard qui, n'ayant rien demandé jusque-là pour sa famille inconnue à la cour, n'avait d'autre intérêt que celui de son pupille. Fleuri lui plaisait par la douceur de son caractère, par les agréments de son esprit naturel et facile. Il n'y avait pas jusqu'à sa phyStonomie douce et imposante, et jusqu'au son de sa voix qui n'eût subjugué le roi. M. le duc ayant reçu de la nature des qualités contraires, inspirait au roi une secrete répugnance.

« Le monarque, qui n'avait jamais marqué de volonté, qui avait vu avec indifférence son gouverneur, le maréchal de Villeroi, exilé par le duc d'Orléans, régent; qui, ayant reçu pour femme un enfant de six ans, sans être surpris, l'avait vue partir comme un oiseau qu'on change de cage; qui avait épousé la fille de Stanislas Leczinski, sans faire attention à elle ni à son père; ce prince enfin, à qui tout paraissait égal, fut réellement affligé de la retraite de l'évêque de Fréjus. Il le redemanda vivement, non pas comme un enfant qui se dépite quand on change sa nourrice, mais comme un souverain qui commence à sentir qu'il est le maître. Il fit des reproches à la reine, qui ne répondit qu'avec des larmes. M. le duc fut obligé d'écrire lui-même à l'évêque, et de le prier au nom du roi de revenir.

« Ce petit démêlé domestique fut incontinent le sujet de tous les discours chez tous les courtisans, chez tout ce qui habitait Versailles. Il fit

plus d'impression sur les esprits que n'en firent depuis toutes les nouvelles d'une guerre funeste à la France et à l'Europe. On s'agitait, on s'interrogeait, on parlait avec égarement et avec défiance. Les uns désiraient une grande révolution, les autres la craignaient; tout était en alarmes.

Il y avait ce jour-là spectacle à la cour: on jouait Britannicus. Le roi et la reine arrivèrent une heure plus tard qu'à l'ordinaire. Tout le monde s'aperçut que la reine avait pleuré; et lorsque Narcisse prononça ces vers:

Que tardez-vous, seigneur, à la répudier? presque toute la salle tourna les yeux sur la reine pour l'observer avec une curiosité plus indiscrète que maligne. « Le lendemain, Fleuri revint. Il affecta de ne se point plaindre; et, sans paraître demander ni satisfaction ni vengeance, il se contenta d'abord d'être en secret le maître des affaires. Enfin, le 11 juin 1726, le roi ayant invité M. le duc à venir coucher à la maison de plaisance de Rambouillet, et étant parti, disait-il, pour l'attendre, le duc de Charost, capitaine des gardes, vint arrêter ce prince dans son appartement; il le mit entre les mains d'un exempt qui le conduisit à Chantilly, séjour de ses pères et son exil.

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La dissimulation de l'évêque dans cette exécution n'était pas extraordinaire, celle du roi peut l'être; mais le précepteur avait inspiré à son élève une partie de son caractère; et d'ailleurs on avait dit depuis si longtemps qui ne sait dissimuler ne sait pas régner, que ce proverbe royal, inventé pour les grandes occasions, était toujours appliqué aux petites.

« Pâris du Verney, dès ce moment, ne fut plus le maître de l'État. Le roi déclara dans un conseil extraordinaire que c'était lui qui devait l'être, et que tous les ministres iraient travailler chez l'évêque de Fréjus, c'est-à-dire, que Fleuri allait régner. Les frères Pâris furent exilés, et bientôt du Verney fut mis à la Bastille... Pour madame de Prie, elle fut envoyée au fond de la Normandie, où elle mourut

bientôt dans les convulsions du déses- sous le gouvernement timide du vieux

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Ministère de Fleuri. - Depuis l'exil du duc de Bourbon, Fleuri se trouva le maître de la France. C'était un esprit solide et prudent, préférant la réalité à l'apparence, et régnant d'une manière absolue sans vouloir paraitre posséder un tel pouvoir. « Jamais roi de France, dit Saint-Simon, non pas même Louis XIV, n'a régné d'une manière si absolue, si sûre, si éloignée de toute contradiction, et n'a embrassé si pleinement et si despotiquement toutes les différentes parties du gouvernement de l'État et de la cour, jusqu'aux plus grandes bagatelles. Le feu roi éprouva souvent des embarras par la guerre domestique de ses ministres, et quelquefois par les représentations de ses généraux d'armée et de quelques grands distingués de sa cour. Fleuri les tint tous à la même mesure, sans consultation, sans soin de représentation, sans oser hasarder nul débat entre eux. Il ne les créoit que pour recevoir et exécuter ses ordres, sans la plus légère réprimande (**). »

Fleuri, quoiqu'il gouvernât en despote et qu'il se fut fait nommer cardinal, ne prit point comme Mazarin et Richelieu le titre de premier ministre. Il voulait le pouvoir sans une vaine ostentation. Il fut simple et économe, et prouva par son exemple que « les esprits doux et conciliants sont faits pour gouverner les autres. >>

Fleuri, par son âge, son caractère et sa profession, devait être ami deta paix. Il laissa la France réparer tranquillement les pertes qu'elle avait essuyées au commencement du dix-huitième siècle; il favorisa l'agriculture, l'industrie et le commerce, sans vouloir faire aucune innovation, traitant, dit Voltaire, l'État comme un corps puissant et robuste qui se rétablit de luimême.

La France s'endormit paisiblement

(*) Voltaire, Siècle de Louis XV, ch. 111. (**) Mémoires de Saint-Simon.

prêtre. Heureusement pour elle, son ancienne rivale, l'Angleterre, éprouvait le même besoin de repos après les longues agitations qui avaient suivi sa seconde révolution. Le ministre Robert Walpole, intimement uni avec Fleuri, était d'un caractère aussi pacifique que celui du ministre français. Ces deux hommes maintinrent la paix en Europe jusqu'en 1733. Pendant ce long espace de temps, les nations furent heureuses et réparèrent leurs calamités passées. Cette paix générale ne fut troublée qu'un instant par une guerre de courte durée, et qui éclata l'année même où Fleuri devint ministre.

1726-1733.

- En

Discordes entre l'Espagne et l'Autriche terminées par la médiation de la France et de l'Angleterre. 1722, un congrès s'était ouvert à Cambrai sous la médiation de la France et de l'Angleterre, pour terminer les différends qui subsistaient encore entre l'Espagne et l'Autriche. Après le renvoi de l'infante, Philippe V, irrité, rompit aussitôt le congrès de Cambrai en rappelant ses ministres, et envoya Ripporde à Vienne pour ménager un traité de paix séparé avec l'empereur. Par le traité de Vienne, signé le 30 avril 1725, le roi d'Espagne reconnut la pragmatique sanction, par laquelle l'empereur Charles VI voulait assurer

sa succession à sa fille Marie-Thérèse. Les deux souverains, oubliant vingtcinq années de discordes sanglantes, s'unirent ensuite par le pacte le plus intime. L'empereur promettait à l'Espa gne son intervention pour l'aider à recouvrer Gibraltar et le Port-Mahon, que les Anglais avaient gardés, après s'en être emparés dans la guerre pour la succession d'Espagne. Philippe V, de son côté, accordait aux sujets de l'empereur la libre entrée de ses ports avec les franchises dont jouissaient les nations les plus favorisées. Le mystère dont les deux souverains avaient en

touré ce traité avait donné lieu aux suppositions les plus étranges. On parlait d'un mariage entre don Carlos et

Marie-Thérèse; on parlait aussi d'un projet de replacer le prétendant sur le trône d'Angleterre. Aussitôt la France, l'Angleterre, la Prusse, la Hollande, la Suède et le Danemark, formèrent une alliance contre l'Espagne et l'Autriche. On armait de toutes parts, et une guerre générale paraissait immí

nente.

En 1726, les Espagnols venaient de mettre le siége devant Gibraltar, lorsque l'intervention de Fleuri prévint un embrasement universel. Un traité, connu sous le nom de préliminaires de Paris, stipula qu'il y aurait une trêve de sept ans. Des conférences s'ouvrirent à Soissons, et Fleuri fut assez habile pour détacher l'Espagne de l'Autriche, et rompre cette alliance monstrueuse qui menaçait d'avoir des suites funestes pour la France. Les Anglais soutenaient le cardinal; et, le 9 novembre 1729, un traité de paix et d'alliance offensive fut conclu à Séville, entre la France, l'Espagne et l'Angleterre. Ces trois puissances garantissaient à don Carlos, fils de Philippe V, la succession des duchés de Parme, de Plaisance et de Toscane. L'empereur, irrité qu'on disposât sans son aveu de provinces qui relevaient de l'Empire, rappela son ministre de Madrid, rompit toute relation diplomatique avec l'Espagne, et envoya une armée dans le Milanais pour s'opposer à l'introduction des troupes espagnoles en Italie. Toutefois un second traité signé à Vienne en 1731 empêcha encore les hostilités. Philippe V reconnut la pragmatique sanction, et l'empereur consentit à ce que six mille Espagnols fussent envoyés pour tenir garnison dans les villes réservées à l'infant. En même temps, un décret du conseil aulique de Vienne déféra la tutelle de don Carlos à Jean Gaston, grand-duc de Toscane, et à la duchesse douairièrie de Parme. Ainsi se termina, après de longues négociations, une affaire qui avait failli causer une guerre générale. L'Europe semblait devoir jouir d'un repos de longue durée, quand un événement imprévu, la mort du roi de Pologne, Au

guste II, vint susciter de nouvelles discordes.

1733-1738.

Guerre de Pologne. — La Lorraine est réunie à la France. Stanislas Leczinski avait été élu roi de Pologne en 1704, par la protection de Charles XII et des armes victorieuses de la Suède. Mais après la bataille de Pultava, il avait été obligé de céder le trône à l'électeur de Saxe, Auguste II, protégé par le czar Pierre II. Ce prince mourut le 1er février 1733. Aussitôt le parti de Stanislas se releva, en opposition à celui d'Auguste III, fils du feu roi. Stanislas réunit jusqu'à soixante mille suffrages. Son élection était donc légitime autant que solennelle. Mais l'empereur Charles VI et la Russie s'opposèrent à l'élévation du beau-père de Louis XV, et sans s'inquiéter des menaces de la France qui declara qu'elle regarderait comme un motif de guerre toute violation de la liberté d'élection des Polonais, ils firent assembler une nouvelle diete, dans laquelle l'intrigue assura la supériorité à l'électeur de Saxe, Auguste III. Les troupes russes et autrichiennes', unies à celles de la Saxe, entrèrent en Pologne, dispersèrent le parti de Stanislas, et forcèrent ce prince de se réfugier à Dantzig, où il se vit bientôt assiégé.

Villars et tous les vieux généraux de Louis XIV poussaient à la guerre. Ils prétendaient qu'on ne pouvait se dispenser de soutenir les droits légitimes du beau-père de Louis XV. Fleuri résista d'abord et finit par se laisser forcer la main. Mais, craignant de donner de l'ombrage à l'Angleterre par des préparatifs maritimes trop considérables, il n'envoya au secours de Stanislas qu'une petite escadre avec quinze cents hommes de débarquement. C'était trop peu pour réussir, mais assez pour compromettre le nom de la France. L'officier qui les commandait ne voulant pas les sacrifier inutilement, vint relâcher sur les côtes du Danemark, après avoir reconnu l'impossibilité de secourir Dantzig. L'ambassadeur de France à Copenhague,

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