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sein ceux qui furent écoutés avec le plus de faveur: « Quand un homme s'empare despotiquement de la vo«<lonté et des mouvements de la plus ⚫ nombreuse, de la plus célèbre so«< ciété populaire, il devient insensible«ment le dominateur de l'opinion « publique; et l'opinion publique, qui « seule a le droit de régner sur un << peuple libre, a perdu son empire. On le voit, d'après cette doctrine, l'opinion publique, pour régner en souveraine, ne peut même pas se choisir un représentant; car, dans le sens où il est employé ici, le mot dominateur ne veut rien dire de plus. L'opinion publique, entendue de la sorte, devient quelque chose d'abstrait et d'impuissant comme toute abstraction; le peuple, le souverain, n'a pas le droit de penser que tel membre de l'assemblée nationale représente ses idées et a le sentiment de ses besoins mieux qu'un autre membre de cette assemblée. Telle est bien la conséquence de cette doctrine; car Barrère ajoute : « Sur << quels principes établirions-nous donc « la pondération des droits égaux ton« dés sur la loi, si nous les laissions << à la merci d'un homme, d'un tribu«nal, d'un commandant, ou d'une société, ou même des comités créés << par la Convention? Elle seule doit régir, faire les lois, la guerre, la justice et la police nationale; elle est «tout; vous, individus, vous n'êtes « rien à l'égard du peuple.

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Avec un pareil système, sur les bancs mêmes de la Convention, il n'aurait dû être permis à personne d'être plus éloquent ou plus influent que son voisin; et Barrère commettait un délit, lorsque, dans ses rapports, il se distinguait par une lucidité peu commune, et souvent par une verve encore plus rare, qui entraînait les esprits et lui valait des applaudissements. Dans un autre endroit, le rapporteur dit formellement : « Il ne faut pas dans « une république qu'un homme s'élève « au-dessus d'un autre homme. Il n'y << a de grand et d'élevé que le peuple.»> Il ne faut pas qu'un homme s'élève audessus d'un autre homme ! Mais le ta

lent, le génie, le courage! mais là probité, mais la vertu ! N'importe. Vous oubliez que, dans le peuple, il n'y a pas deux individus dont le mérite soit égal; celui-ci est plus travailleur, celui-là plus rangé, un autre plus adroit; l'un, par ses qualités et par son aptitude, serait digne d'être maître, et dirigera bientôt tout un atelier, soutenant les faibles, instruisant les ignorants, encourageant ceux qui ont de l'avenir; l'autre, par sa paresse et par ses vices, est incapable de conduire deux manoeuvres, incapable de se laisser conduire lui-même. Et c'est pour cela que le prix de la journée des uns est beaucoup plus élevé que le prix de la journée des autres, et que tous demandent que le salaire soit en proportion du travail et des services rendus. N'importe, tous font partie du souverain, donc tous sont égaux, tous ont la même valeur; voilà ce que devraient répondre les partisans de cette sorte d'égalité, s'ils étaient conséquents avec leur propre manière de

voir.

Le rapport de Barrère contenait, en outre, le récit des événements de la veille; les faits y étaient groupés avec plus d'art que d'exactitude; rien de ce qui pouvait irriter la Convention contre les vaincus n'était oublié ; mais tout ce qui pouvait être favorable, sinon à leur sort, du moins à leur mémoire, était passé sous silence. Jusqu'à l'accusation de royalisme que le rapporteur n'avait pas eu scrupule d'étaver de preuves sans consistance.

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Étrange présomption, disait-il, de «< ceux qui veulent arrêter le cours ma«< jestueux, terrible, de la révolution française, et faire reculer les desti<< nées de la première des nations! Et << avec quels moyens! avec le talisman « royal, avec des mannequins que le << despotisme a brillantés autrefois. « Peut-être vous ne le croirez pas: << sur le bureau de la maison com« mune où se tenait la séance contrerévolutionnaire, était un sceau neuf << n'ayant pour empreinte qu'une fleur « de lis; et déjà, dans la nuit, deux << individus s'étaient présentés au Tem

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ple pour en demander les habitants.» Et ailleurs: « Leurs auxiliaires étaient "toutes les espérances odieuses auxquelles s'attache un parti ambitieux << et hypocrite; leurs auxiliaires étaient « les partisans d'un pouvoir unique, << les habitués du gouvernement cor« rompu des rois, et ces faiseurs de « projets criminels que soutiennent << dans l'intérieur les ennemis de la ré«<volution. » N'était-ce pas assez de compter parmi leurs auxiliaires les partisans d'un pouvoir unique, ce qui était exact? pourquoi faire intervenir ici les ennemis de la révolution, qui, plus que tous autres, redoutaient le triomphe de Robespierre? C'est une injure gratuite, puisqu'en 1794 il suffisait de rêver quelque chose qui ressemblât à l'unité du pouvoir, pour être considéré comme un conspirateur.

Enfin ce même rapport contient, ainsi que nous l'avons déjà dit, la preuve évidente que ni la majorité du comité de salut public, ni la majorité de la Convention n'avaient eu pour objet direct l'abolition du régime de la terreur. La perte de Robespierre, tel avait été avant tout le but de la coalition. Le passage suivant ne permet pas d'en douter; il montre, en outre, qu'à la Commune on désirait mettre un terme à l'effusion du sang : « C'est là « que quelques aristocrates déguisés parlaient d'indulgence comme si « le gouvernement révolutionnaire << n'avait pas repris plus d'empire par « la révolution même dont il avait été l'objet, comme si la force du gou« vernement révolutionnaire n'était << pas centuplée depuis que le pouvoir, « remonté à sa source, avait donné << une âme plus énergique et des co« mités mieux épurés. De l'indulgence! « il n'en est que pour l'erreur invo<«<lontaire; mais les manoeuvres des « aristocrates sont des forfaits, et << leurs erreurs ne sont que des cri«mes. » Et ces paroles étaient prononcées en présence de la Convention, au nom de la majorité du comité de salut public, le lendemain du 9 thermidor! Aucun membre de l'assemblée ne monta à la tribune pour y répon

dre; il y a plus: dans ce torrent d'injures prodiguées aux vaincus, pas une réclamation ne s'éleva contre l'atroce cruauté d'Henriot, qui avait fait tomber sous le fer de la guillotine les têtes des malheureux condamnés que le peuple des faubourgs avait voulu sauver.

Barrère lut ensuite une proclamation adressée au peuple, aux départements et aux armées. Ce document, assez peu remarquable d'ailleurs, renferme une phrase qui, selon nous, caractérise avec autant de vérité que de concision la journée du 9 thermidor: « Le 31 mai, le peuple fit sa révolution; le 9 thermidor, la Convention a fait la sienne.... » Il ressort bien clairement de cet aveu naïf, que c'est la Convention et non pas le peuple qui a renversé Robespierre. C'était comme une revanche du 31 mai que la représentation nationale prenait sur le peuple. Il est vrai que la phrase se termine par ces mots, qui sont une apologie plutôt qu'un éloge: « La liberté a applaudi également à toutes les deux (aux deux révolutions). » La liberté avec tous ses excès, c'est possible, mais pas la véritable liberté; car si le peuple dépassa le but au 31 mai, la Convention ne tarda pas à le dépasser non plus au 9 thermidor; la réaction s'éleva triomphante sur les ruines du parti jacobin, et d'autres massacres, inspirés seulement par la vengeance, ne tardèrent pas à ensanglanter de nouveau le sol de la France. Il y a dans la phrase que nous venons d'analyser un pressentiment de la réaction, qui effectivement commençait déjà. A quatre heures, la Convention leva sa séance, après avoir décrété l'impression du rapport et de la proclamation au peuple français, laquelle fut envoyée par courriers extraordinaires à tous les départements et à toutes les armées de terre et de mer de la république.

Cependant Robespierre et ses amis avaient été conduits au tribunal révolutionnaire, qui, à l'exemple de la Convention, les condamna sans les entendre. Grâce à la prévoyance d'Élie Lacoste, le décret de mise hors la loi,

modifié pour la circonstance, permettait de les envoyer au supplice après une pure formalité tendant à constater leur identité. Jamais procès ne coûta moins de fatigue à FouquierTinville, et il donna l'ordre de procéder immédiatement aux préparatifs de l'exécution.

Voici comment les détails du supplice sont racontés par M. Tissot, l'autorité la plus sûre pour toutes les grandes scènes de la révolution :

<< A quatre heures et demie, les bourreaux vinrent chercher, pour les conduire à l'échafaud, Robespierre aîné, Couthon, Saint-Just, membres du comité de salut public; le cadavre de Le Bas, du comité de sûreté générale (*); Dumas, l'un des présidents du tribunal révolutionnaire; Payan, juré du même tribunal, et successeur de Chaumette à la Commune; le maire Fleuriot; Robespierre jeune et Henriot, à moitié morts; T. Lavalette, chef du bataillon de la section des Gardes-Françaises; onze membres de la Commune; Vivier, président des Jacobins; N. Gobeau, substitut provisoire de l'accusateur public.

<< Au sortir de la Conciergerie, les tombereaux funéraires des victimes de cette journée traversèrent une partie de la rue Saint-Denis, la rue de la Féronnerie, et ensuite toute la longueur de la rue Saint-Honoré, jusqu'au lieu du supplice (la place de la Révolution). Toutes les croisées de ces rues étaient garnies de femmes parées comme dans les jours de fête, assises sur des coussins de velours, ou les bras appuyés sur des balcons auxquels étaient appendus de briliantes étoffes; elles faisaient retentir les plus insultantes vociférations sur le passage des proscrits. Au lieu du cri de Vive la république ! on n'entendait que ces cris horribles: A la mort! à la mort à la guillotine! Dans quelques endroits, les battements de mains, les

(*) M. Tissot paraît dans l'erreur. Peu de jours après le 9 thermidor, des amis de Le Bas vinrent apprendre à sa veuve qu'il avait été porté dans le cimetière de SaintJean et qu'il y avait été enseveli.

transports de joie ajoutaient à l'atrocité de ces insultes de la vengeance. On arrêta Robespierre devant la maison qu'il habitait; là, des femmes ou des furies dansèrent en rond autour de la charrette.

<< Le peuple répandu dans les rues, mais non pas en foule, le peuple, que Barras et ses adjoints avaient cependant cherché à entraîner, en assurant que la Commune avait arboré les signes de l'esclavage, et remis en honneur les emblèmes de la royauté, gardait un morne silence et paraissait consterné. Cependant cette calomnie, tout absurde qu'elle était, répandue dans les faubourgs, obtint d'abord un certain crédit, et l'indignation qu'elle excita contre les prétendus coupables d'une telle apostasie, contribua beaucoup à paralyser l'ardeur du peuple, qui n'était rien moins que porté à favoriser les thermidoriens.

« Durant le fatal trajet, la tête de Robespierre était enveloppée dans un linge sanglant, de sorte qu'on n'apercevait qu'à moitié sa figure pâle et livide. Les cavaliers de l'escorte le montraient avec la pointe de leurs sabres aux personnes avides de le voir dans cet horrible état. Quand il fut arrivé à l'échafaud, les bourreaux détachèrent la bande qui soutenait sa mâchoire inférieure, et lui arrachèrent, par la plus vive douleur, le seul cri qu'il ait poussé pendant sa longue agonie. Cet homme, que ses ennemis avaient sans cesse représenté comme timide et lâche même, conserva sa fermeté jusqu'au dernier moment, et tomba sous le glaive sans avoir donné le plus léger signe d'effroi. Saint-Just, que Robespierre entraînait dans sa perte,

mourut avec sa constance tout entière. Aucun des proscrits ne montra de faiblesse. A chaque coup de hache, des applaudissements témoignaient la joie féroce des spectateurs, trop accoutumés depuis longtemps à contempler avec avidité des scènes de carnage. Maximilien Robespierre avait trentecinq ans, Saint-Just vingt-six, Robespierre jeune le même âge.

Une circonstance remarquable mé

rite d'être ajoutée à ce récit. Parmi les ennemis de Robespierre qui suivaient la charrette où il était traîné, et qui l'accablaient d'injures et d'imprécations, un membre de la Convention se signala entre tous par la fureur avec laquelle il poussait le cri de mort au tyran! Ce conventionnel, c'était... Carrier, le monstre qui avait ordonné les mariages républicains et les noyades de Nantes, le hideux proconsul dont la destitution avait été provoquée par Robespierre.

La seconde séance de la Convention, qui s'assembla de nouveau à neuf heures du soir, ne présenta rien de bien remarquable. Après avoir décrété d'accusation plusieurs citoyens compromis dans les derniers événements, l'assemblée se sépara, en faisant retentir d'applaudissements les voûtes de la salle. Toutefois, quelques paroles prononcées par Tallien ne sauraient être passées sous silence : « Ce jour, s'é«cria-t-il, est un des plus beaux pour << la liberté, la tête des conspirateurs « vient de tomber sur l'échafaud! Al« lons partager l'allégresse commune. « Le jour de la mort d'un tyran est << une fête à la fraternité! »

Ainsi finit la journée du 10 thermidor, digne complément de celle du 9. Le lendemain, soixante-dix membres de la Commune, également mis hors la loi, subirent le même sort que les vingt-trois condamnés de la veille; douze autres malheureux allèrent au supplice le jour suivant; en trois jours cent cinq victimes! Voilà comment les thermidoriens préludèrent aux massacres qui, après une courte suspension de la terreur, firent couler à flots le sang du peuple.

Avant de terminer par quelques considérations générales sur la révolution du 9 thermidor, il est nécessaire de faire connaître ici comment a été jugé par des hommes qui ne partageaient pas ses opinions, et même par plusieurs de ses ennemis personnels, ce Robespierre que l'esprit de parti a poursuivi avec un acharnement incroyable, et dont il a fait le bouc émissaire de la révolution.

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Commençons par une autorité imposante, s'il en fut. Pendant son exil de Sainte-Hélène, Napoléon a fait entendre sur Robespierre des paroles qui méritent d'être recueillies. « Les ter<< roristes et leurs doctrines, disait-il, << ont survécu à Robespierre; et si « leurs excès ne se sont pas continués, c'est qu'il leur a fallu plier devant l'opinion publique. Ils ont tout re« jeté sur Robespierre; mais celui-ci « leur répondait, avant de périr, qu'il << était étranger aux dernières exécu«tions; que, depuis six semaines, il « n'avait pas paru aux comités (*)... « Les terroristes et leurs doctrines « avaient donc survécu à Robespierre; << mais la victoire n'avait pu se rem« porter sur les jacobins et la Com«mune que par l'appel de tous les ci«toyens ; de sorte que, pour la masse

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de la bourgeoisie et du peuple, la << mort de Robespierre était la mort << du gouvernement révolutionnaire. << Toute la nation cria que la journée « avait été contre la tyrannie, et cette << croyance la fit finir (**). » Napoléon confessait qu'à l'armée de Nice (où Robespierre le jeune avait été envoyé en mission), il avait vu de longues lettres de Maximilien à son frère, blâmant les horreurs des commissaires conventionnels, qui perdaient, disait-il, la révolution par leur tyrannie et leurs atrocites. Cambacérès, qui doit être une autorité sur cette époque, observait l'empereur, a répondu à l'interpellation qu'il lui adressait un jour sur la condamnation de Robespierre, par ces paroles remarquables : « Sire, cela a été un procès jugé, mais non plaidé (***). Quelque temps avant sa

(*) Dans l'espace de cinquante-sept jours, du 11 juin (23 prairial) au 27 juillet (9 thermidor), le comité, où Robespierre avait cessé de paraitre, envoya à la mort 1,400 individus, nombre que n'avaient pas atteint les condamnations prononcées par le tribunal révolutionnaire pendant un espace de quinze mois. (Voy. Hist. parl., t. XXXIV, p. 97-) (**) Mémorial de Sainte-Hélène, t. IV, p. 269.

(***) Ibid.

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cun prix livrer aux ultrarévolutionnaires. Il recueillit pour lui-même de cette conduite, de se faire autant d'ennemis mortels que le parti des exagérés comptait de membres influents dans la Convention et dans les comités du gouvernement. Dès lors, les hommes qui partageaient avec lui la dictature, et qui avaient toujours résisté à ses avis, y résistèrent encore davantage, et ils se liguèrent pour ôter tout pouvoir à celui dont ils avaient personnellement tout à craindre (*). »

chute, ajouta Cambacérès, il prononça un discours à ce sujet (celui du 8 thermidor), plein des plus grandes beautés. On ne l'a pas laissé insérer au Moniteur, et toutes les traces nous en ont été enlevées (*). (Mémorial de Sainte-Hélène, t. II, pag. 423. » Enfin voici le jugement personnel de l'empereur : Robespierre était « incorruptible, et incapable de vo<< ter ou de causer la mort de qui « que ce fut, par inimitié person« nelle ou par désir de s'enrichir. C'é<< tait un enthousiaste; mais il croyait « agir selon la justice, et il ne laissa « pas un sou à sa mort... Il avait « plus de suite et de conception qu'on « ne pensait; et après avoir renversé « les factions effrénées qu'il avait eues « à combattre, son intention était de « revenir à l'ordre et à la modérable, établir qu'il a gouverné la France, « tion... On lui imputa tous les cri« mes commis par Hébert, Collot« d'Herbois et autres... C'étaient des « hommes plus affreux et plus sangui<< naires que lui, qui le firent périr... « Ils ont tout jeté sur lui (**). »

MM. Buchez et Roux prennent hautement la défense de Robespierre, qu'ils montrent toujours disposé à la clémence. « Au milieu de ces luttes de chaque jour, disent-ils, où il opposait à des cris de mort contre une foule d'individus dont le sort n'était d'aucun poids dans la destinée de la république, des appels de plus en plus énergiques à la morale et au dévouement; où il résistait à la proscription des nobles et des prêtres; où il ne craignit même pas une fois de fermer la bouche d'Hébert, qui réclamait le prompt supplice de madame Élisabeth, le seul succès réel qu'il remporta fut la conservation des soixante et treize girondins (***), qu'il ne voulut à au

(*) Cela n'est pas entièrement exact; les thermidoriens, craignant l'effet que produirait la publication de ce discours, n'en décrétèrent l'impression que deux mois après, le 11 fructidor.

(**) O'Meara, t. II, p. 134; Las Cases, t. I, p. 423, et t. IV, p. 269.

(***) Mis en arrestation quelques jours après le 31 mai.

Et ailleurs : « Il est impossible (**) de prouver par le moindre document, que Robespierre ait participé de fait ni d'intention aux exces des terroristes. Pur dans sa vie privée, selon le témoignage unanime de son époque, il faudrait, pour que sa vie publique fût attaqua

et alors, en effet, la responsabilité des crimes commis par ses agents pèserait avec justice sur sa mémoire. Mais c'est précisément le contraire qui a lieu. Son opinion personnelle n'a jamais été prépondérante dans la marche du gouvernement; les hommes qui partageaient avec lui la dictature se sont vantés au jour de sa chute de lui avoir toujours résisté ; lui-même venait se plaindre, en ce jour suprême, d'avoir vainement lutté pour assurer le triomphe de la morale, et demander que l'on arrachât enfin le sceptre aux fripons.» Ailleurs encore : « Personne alors ne se trompa sur les œuvres de cet homme. Des documents de la diplomatie étrangère (***) font voir que la coalition lui attribua tout le bien qui se faisait en France, et fut convaincue qu'il allait s'y rendre maître de toutes les mauvaises passions et de tous les éléments d'anarchie. Aussi se montra-t-elle disposée à traiter par lui avec la république française. Quant à la nation, représentée entièrement, à cette époque militante, par les jaco

(*) Histoire parlementaire de la révolution française, t. XXXVI, p. 2 et suiv. (**) Ibid., t. XXXVI, p. 8.

(***) Voy. Mémoires du prince de Hardenberg, t. II, p. 452.

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