vroient l'être, on l'avoue : mais "* ils font tous Miniftres de JESUS- " CHRIST, & fa parole dans les Ec- " clefiaftiques pecheurs ne perd pas plus fa force, que le rayon du foleil perd fa" lumiere quand il tombe fur la boüe: " c'est à eux feuls, ainfi qu'aux Levites, " à porter l'Arche, à fervir dans le Tabernacle, à conferver le pain des An- " ges qui nous vient du Ciel : Ces veri- " tez font les paroles de la vie éternelle, " que vous devez croire fi vous voulez " être à JESUS-CHRIST.

Rien ne fe poffede moins qu'une ame vaine & ambitieufe, qui trouve tout à coup la confufion où elle efperoit trouver la gloire. Les Albigeois s'emporterent, & parce qu'ils attribuoient principalement leur condamnation à l'Evefque d'Alby, un bruit confus s'éleva de tous les lieux de l'Affemblée où ils étoient répandus.. Le faint Evefque fut traité d'heretique, de loup raviffant, d'hypocrite, d'ennemi de Dieu, d'homme incapa→ ble de juger fainement des chofes, & à qui perfonne ne devoit rendre compte de fa foy. Gerard, que le plaifir de voir triompher la verité mettoir dans une fituation bien differente,

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répondit avec une moderation & une force digne de fon rang, que l'erreur avoit été juridiquement condamnée; qu'il étoit preft de foûtenir la Sentence rendue à quelque Tribunal que Albigeois vouluflent en apeler.!

les

Les partifans de l'herefie tâchoient encore de trouver des protecteurs dans l'Affemblée : mais ne voyans sur tous les vifages que de l'indignation contre leur conduite, & du refpe&t pour le jugement qu'on venoit de porter, ils ne purent foûtenir l'indignation generale des Affiftans, comme ils avoient foûtenu celle des Prelats, ils demanderent audience, puis fe tournant vers le peuple: Ecoutez, Meffieurs dirent-ils la foy dont nous allons faire profeffion, à caufe de l'attachement que nous avons pour vous Ce n'est point par la confideration que vous faites de l'Affemblée, interrompit un des Evefques, c'est à cause de la Joumiffion que vous devez à Dieu & à L'Eglife qu'il faut profeffer la foy. Les Albigeois, fans rien répondre au Prelat, firent une retractation des opinions qu'on venoit de cenfurer. L'Evefque de Lodeve demanda qu'ils apuyaffent leur retractation d'un fer

ment, mais ils le refuferent; car, di→ foient-ils, l'Evangile aprend qu'il faut fe contenter du oni ou du non, 8: que le furplus vient du mal.

L'Archevefque de Narbonne & l'Evefque de Nifmes n'eurent pas plus de peine à réfuter cette derniere erreur qu'il en avoient eu à combattre les autres. Olivier ne put foûtenir leurs raisonnemens, & la feconde victoire fut plus éclatante que la premiere, parce qu'elle acheva de con-fondre les Heretiques. L'Evefque de Lodeve prononça au nom des Juges en faveur du ferment qu'on doit faire: pour attefter fa foi. Il reprit même les paffages les plus décififs dont les Catholiques s'étoient fervi dans la difpute. Celui de l'Apocalypfe, c. 10. où l'Ange leve la main au Ciel, & jure par le Dieu de tous les fiecles: Celui de l'Epître aux Hebreux, c. 6. . où il eft dit que Dieu jure par luimême : Celui de la premiere à Timo thée, c. 5. où S. Paul prend Dieu à témoin. Pour une plus ample fatisfaction de l'Affemblée, le même Prelas ajoûta, que quand l'Evangile ordonne qu'on fe contente de dire on ou non, il veut feulement nous mar◄

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quer, que fans neceffité & hors d'une occafion importante, on ne doit pas employer les fermens, & prendre à témoin le Souverain du Monde.

Le fecond affront que les Albigeois recevoient leur fit perdre le refpect qu'ils devoient aux Affiftans, comme le premier leur avoit fait perdre la foumiffion qu'ils devoient aux Evef ques: ils ne voulurent jamais reconnoître qu'on pouvoit jurer, & ils protefterent qu'ils n'étoient venus à la Conference qu'après avoir tiré parole de l'Evefque d'Alby qu'on ne leur demanderoit nul ferment. Gerard protefta le contraire, & defefperant de rien gagner fur des efprits qui ne voyoient rien de plus honteux que de reconnoître la verité qu'ils avoient combattuë, il ratifia ce que l'Evefque avoit dit de fa part, & if défendit à la Nobleffe de Lombez de proteger plus long-tems des rebelles condamnez dans un jugement canonique.

Guillaume Trincavel Vicomte de Guil Beziers, Comte de Carcaffone, d'AlLaume by & de Caftres, dont la prefence de avoit extrêmement contribué à l'heureux fuccés de la Conference ne manqua ni de zéle ni de fermeté

Neub.

pour

en faire executer les decrets. Le tems feul lui manqua pour acomplir de fi loüables defirs. Il étoit né malheureux; & la mauvaise fortune qui l'avoit acompagné dans les guerres qu'il eut contre Raymond Comte de Touloufe, & dans lesquelles il perdit plus de cinquante Châteaux, le fuivit jus qu'à la mort. On diroit que la Providence qui doit récompenfer d'une heureuse éternité les bons Princes,. prend quelquefois plaifir à leur ména ger les difgraces qui leur font une oc→ cafion de merite. Trincavel voulant foûtenir un de fes neveux, qui faifoit la guerre à fes voisins, commanda l'élite des Bourgeois de Beziers & de Carcaffone; & dans la marche un jeune Bourgeois de Beziers, ou trop leger ou trop infolent, enleva au valet d'un Gentilhomme un cheval de main, & le chargea de fes Armes. Les Seigneurs de l'Armée prirent incontinent parti pour le Gentilhomme à qui l'on avoit fait infulte, & menacerent de fe retirer fi on ne lui faifoit fatisfaction. Un autre Prince que Trincavel auroit puni le jeune Bourgeois, fans que l'affaire cut eu de fâcheufes fuites: mais les moindres ac

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