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été homme qu'en aparence; ou dumoins, que fur le Calvaire il avoit quitté fon corps pour ne le pas reprendre: Au contraire le Concile nous affure que la nature Divine subsiste en trois Perfonnes ; qu'elle a inftruit les hommes par la bouche de Moïse & des autres Prophêtes ; que le Fils de: Dieu s'eft fait veritablement homme; qu'il a fouffert fur la Croix, & qu'il eft monté au Ciel en Corps & en Ame..

Les Albigeois combattoient la Transubstantiation,, le Baptefme l'Ordre & la Penitence: Ils blafphémoient auffi contre le Mariage; jufqu'à dire que ceux qui fe marioient ne pouvoient faire leur falut: & le Con cile définit qu'il fe fait une veritable tranfubftantiation du Pain & du Vin au Corps de JESUS-CHRIST; que le feul Prêtre ordonné légitimement peut confacrer; que le Baptefme fert au falut des enfans & des adultes; que la Penitence efface les fautes commifes aprés le Baptefme, & qu'on peut gagner le Ciel dans l'état du Mariage.

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Il est étonnant aprés cela qu'il fe foit trouvé au milieu du Siecle paffé

Gregoire

un Miniftre Calvinifte, nommé Jean Cofen, affez hardi pour avancer que vie de le quatriéme Concile de Latran n'a fait aucune décifion. Je fçai que la ve- 1x rité de la Tranfubftantiation, qu'on s.Thom. voit notoirement foûtenue dans le 4 fent. Concile, embaraffe un Calvinifte dift. 17. mais diminuë-t'il le poids de la veri- 9.3. té, s'inscrivant en faux.contre un fait attefté par Gregoire IX. S Thomas 4. fent.. & S. Bonaventure, qui ont vécu dans dift. 17.. le Siecle où a été tenu ce Concile.

S.

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art. I.

S. Bon.

9.2.

Jean Cofen & les autres Proteftans arg. 3.. qui ofent attaquer des faits fi manifeftes, devroient le fouvenir que pré-tendre y donner atteinte, fans avoir des raifons auffi folides qu'elles font: nouvelles, c'eft braver le bon fens.. Non feulement le quatriéme Concile de Latran condamne, comme je viens de le dire, les erreurs des Albigeois, il en anathématife plufieurs autres. Je ne m'arrête point à le démontrer, je paffe à la grande Affaire de la Comté de Touloufe, qu'on traitoit en même tems à Rome. Guy de Montfort & l'Evefque de Toulouse y foûtenoient les interefts du Comte Simon de Montfort. Raymond Comte de: Touloufe, le Comte de Foix & l'Ar-

chevefque de Narbonne étoient leurs Parties, & fe défendoient eux-mefmes en perfonne.

Raimond reprefentoit que li fes fautes le rendoient femblable au prodigue de l'Evangile, elles ne doivent pas pour cela diminuer les bontez da Pere de Famille; que plufieurs Armées de Croifez n'ayant pû qu'à peine détruire, les Albigcois, on voyoit qu'il auroit été témeraire d'entreprendre lui feul de les détruire comme on le lui avoit commandé: qu'il n'avoit reffenti jufqu'alors qu'une feverité infléxible dans l'Eglife, & qu'il venoit implorer & demander au moins une fois fes bontez & fa clemence qu'il confentoit qu'en lui rendant fes Places, on les démantelât, & qu'on y mît des Garnifons telles qu'on voudroit, & qu'il entretiendroit à fes dépens; que fi l'on fouhaitoit quelque chofe de plus, il venoit du fond de Efpagne pour l'accepter.

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1215. Le Comte de Foix, Arnauld de Chaff Villamur, Raymond de Roquefeüil, l'Abbé de S. Uberi, le Chantre de l'Eglife.de Lyon, & les autres amis de la Maifon de Toulouse, demandoient hautement à qui l'on pouroit

perfuader que le Comte étoit heretiques. Raymond, difoient ils, s'est fait relever d'une maniere tres-humiliante de Pexcommunication qu'il avoit encouruë,

il a livré fes plus fortes Places ‘aux Legats; on l'a vû se croifer contre les Albigeois, & faire les Sieges de Beziers

de Carcaffonne; il a follicité mille Conferences pour traiter de la Paix ; on l'accufe d'avoir été peu fincere obfervateur de fa parole: mais il peut répondre que les Legats lui ont promis cent fois de lui rendre les Places qu'il leur avoit engagées, & qu'ils n'ont jamais voulu executer leur parole.

Ce que l'Archevefque de Narbonne difoit en faveur du Comte furpaffoit d'autant ce que difoient fes autres protecteurs, que l'efprit de ce Prelat étoit fuperieur à celui de ceux qui avoient parlé pour Raymond. Il reprefentoit que l'herefie étoit tellement éteinte, qu'il n'en reftoit prefquè aucun veftige, & que par confequent il n'y avoit plus rien à craindre des Princes qui l'avoient favorifée pendant qu'elle avoit été dominance ; que c'étoit affez de s'affurer de leurs Places, fans fe charger de la haine d'un Decret auffi furprenant que feroit ce

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lui qui les priveroit de leurs Etats; qu'on ne pouvoit refufer cette condefcendance aux Rois d'Angleterre & d'Arragon, dont le premier étoit beau-frere & le fecond neveu du Comte de Touloufe; que ce Comte & les autres Seigneurs du Languedoc, aimez comme ils étoient de leurs Sujets, pouvoient plus que perfonne les ramener à la Religion Catholique, s'ils prenoient à cœur les interefts de JESUS-CHRIST, & qu'il fembloit évident qu'ils vouloient les prendre de la forte qu'on fçavoit affez qu'il ne tenoit qu'au Pape d'ôter pour toujours Toulouse à Raymond, dans un tems où la France, au lieu de s'y opofer, le demandoit, & qu'il devoit faire dire à tous les fiecles qu'Innocent III. étant en état de venger la mort d'un de fes Legats d'une maniere terrible, s'étoit contenté d'une punition legere & paternelle; que quand on voudroit abfolument chaffer Raymond de Touloufe, il faudroit la laiffer à fon fils, à qui l'on ne pouvoit reprocher aucun crime, finon d'être le fils d'un Prince qui avoit fait la Guerre à l'Eglife; que le Concile ne priveroit pas ce jeune Seigneur

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