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ces sociétés, la comparaison du capital versé par les actionnaires et de la valeur des actions, d'après les cours colés au Stock-Exchange.

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Angleterre....

Écosse.
Irlande.

lle de Man.

ENSEMBLE......

liv. st. liv. st. liv. st. 52,491,481 142,316,000 52,505,220 143,419,000 53,315,840 140,322,000 9,052,000 23,815,000 9,052,000 23,648,000 9,052,000 23,771,000 7,127,325 20,134,000 7,129,853 19,753,000 7,145,528 19,858,000 66,904 200,000 66,904 200,000 66,904 200,000

68,737,710 186,465,000 68,753,977 187,020,000 69,580,272 184,151,000

La valeur cotée représentait donc, par rapport au capital effectivement versé, une prime de 171 p. o/o en octobre 1883, 172 en mai 1884 et 166 en octobre 1884.

ANGLETERRE.

L'INDUSTRIE DU SUCRE (1853-1883).

Le savant directeur des services statistiques du Board of Trade, M. Robert Giffen, a consacré à cette industrie un important rapport, qui en retrace. l'histoire depuis trente ans. Voici en quels termes l'auteur résume luimême les faits développés dans ce travail.

I. La production et la consommation du sucre ont augmenté d'une manière considérable depuis trente ans. Suivant MM. Reb et Ledeboer, qui négligent certaines contrées éloignées, telles que Inde et la Chine, la production des pays qu'ils font entrer en ligne de compte s'est élevée de 1,423,000 tonnes (1) en 18531855 à 3,564,000 tonnes en 1880-1882, et dépasse actuellement 4 millions de tonnes. L'augmentation de chaque décade, par rapport à la période précédente, ressort à 30 p. o/o; le montant de l'augmentation est, par conséquent, plus considérable aussi.

II.-L'augmentation porte sur toutes les variétés de sucre, aussi bien sur le sucre de canne que sur le sucre de betterave. Le sucre de canne de provenance anglaise passe de 261,000 tonnes en 1853-1855 à 419,000 tonnes en 1880-1882, et celui de provenance étrangère de 972,000 tonnes à 1,499,000 tonnes.

La tonne anglaise contient 20 quintaux de 112 livres, et, convertie en poids français, équivaut à 1,016 kilogr. 048 gr.

III. Le sucre de betterave, qui, en 1853-1855, entre pour 14 p. o/o environ dans le chiffre total de la production établi par MM. Rueb et Ledeboer, ressort à 46 p. 0/0 en 1880-1882, tandis que la proportion du sucre de canne s'est abaissée, pour le sucre de provenance anglaise, de 18 p. 0/0 à 12 p. o/o, et pour celui de provenance étrangère, de 68 p. 0/0 à 42 p. o/o. Depuis 1868, toutefois, la proportion du sucre de canne de provenance anglaise n'a pas diminué et s'est toujours maintenue dans les environs de 12 p. o/o, l'augmentation intervenue depuis cette époque dans la proportion du sucre de betterave ayant été réalisée exclusivement au préjudice du sucre de canne étranger. Il est bien entendu qu'il ne s'agit ici que de rapports. En chiffre absolu, toutes les variétés de sucre ont augmenté, ainsi qu'il a été dit précédemment (§ 2), mais depuis 1868, le sucre de canne de provenance anglaise s'est maintenu proportionnellement et absolument.

IV. L'accroissement, en ce qui concerne le sucre de canne de provenance anglaise, est surtout remarquable, relativement aux Indes occidentales et à la Guyane anglaise. Depuis 1877-1879, quant les premières plaintes annonçant une ruine imminente se produisirent et motivèrent l'enquête de la commission spéciale qui siégea en 1879-80, la production, d'après les indications fournies par MM. Rueb et Ledeboer, passa de 210,000 tonnes environ à 230,000 tonnes, soit une augmentation de 10 p. 0/0.

V. — Suivant un tableau spécial aux colonies anglaises et qui comprend particulièrement pour les Indes occidentales quelques possessions dont MM. Rueb et Ledeboer ne se sont pas occupés, la production annuelle de toutes les Indes occidentales et de la Guyane anglaise ressort, en 1877-1879 à 5,200,000 quintaux (1), en 1880-1882 à 5.546,000 quintaux et en 1883 à 5,892,000 quintaux, soit 260,000 tonnes, 277,000 tonnes et 295,000 tonnes.

VI.- Depuis quelques années, l'Allemagne est, parmi les pays qui produisent le sucre de betterave, la contrée qui a marché le plus rapidement; de 569,000 tonnes en 1880-81, sa fabrication passe à 840,000 tonnes en 1883-84. L'Autriche-Hongrie dont on se plaignait autrefois le plus, à raison des primes qu'elle accordait, a vu, pendant la période précitée, sa production descendre de 498,000 tonnes à 415,000 tonnes. En France, où, pendant ce temps, la production n'a pas été favorisée par des primes, celle-ci augmente et de 333,000 tonnes passe à 425,000 tonnes.

VII.-Comparée à l'importation du sucre de betterave, la proportion de l'importation du sucre de canne dans le Royaume-Uni et du sucre de canne de provenance anglaise spécialement a diminué depuis 1853-1855; mais la quantité totale de sucre de canne de provenance exclusivement étrangère a beaucoup augmenté; l'importation pour le sucre de canne brut passe de 7.779.000 quintaux ou 389.000 tonnes en 1853-1855 à 12,933,000 quintaux ou 647,000 tonnes en 1880-1882, et pour le raffiné de 52,800 quintaux à 136,000 quintaux. La quantité de sucre de canne brut importée des possessions anglaises a toutefois légèrement diminué. L'excès de production du sucre de canne dans les colonies britanniques, ou dans d'autres contrées, a été absorbé par les besoins croissants des États-Unis et du Canada, ainsi que par l'augmentation énorme de la consommation de ce pro

(1) Le quintal anglais (hundred-weight) contient 112 livres, et, converti en poids français, équivaut à 50 kilogr. 802 gr.

duit en Australie. Depuis 1849-1853, les quantités importées aux États-Unis seulement par le Brésil passent de 5,000 tonnes à 92,000 tonnes; par Cuba, de 102,000 tonnes à 492,000 tonnes; par les Indes occidentales, d'une quantité insignifiante à 78,000 tonnes, la part des Indes occidentales proprement dites étant actuellement 43,000 tonnes et celle de la Guyane anglaise 35,000 tonnes. L'augmentation des importations aux États-Unis s'est produite dans de très larges proportions depuis quelques années.

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VIII. La consommation du sucre dans le Royaume-Uni atteint maintenant le chiffre prodigieux de 1,083,000 tonnes, soit une quantité moyenne de 68 livres par tête d'habitant, et une dépense annuelle de 30 millions sterling, ou de la moitié de la dépense totale en pain du Royaume-Uni, quand le blé est coté au-dessous de 40 shillings le quarter. La consommation ne s'élevait qu'à 15 livres en 1840; cet article, autrefois de luxe, constitue maintenant une partie essentielle de l'alimentation du peuple, son importance étant considérable, même comparée à celle du blé.

IX. - L'intérêt du Royaume-Uni dépasse de beaucoup par l'importance l'intérêt particulier de ceux qui se plaignent. La valeur du sucre fabriqué dans les Indes occidentales, évaluee aux lieux de production, doit vraisemblablement s'élever à 4,500,000 livres sterling environ, tandis que le peuple du Royaume-Uni en consomme annuellement pour 30 millions sterling, et que le capital seul qui y est engagé dans le raffinage peut être estimé à 2,750,000 livres sterling. Il existe en outre dans le Royaume-Uni quantité d'industries dont l'existence dépend du bon marché du sucre.

X. Conformément aux calculs produits devant le comité spécial par les adversaires des primes à l'exportation, la réduction de prix spécialement due à l'allocation des primes a été de 1/4 de denier par livre, ce qui équivaut à 2 millions sterling 3/4 sur la consommation du sucre du Royaume-Uni. Suivant les calculs plus récents du comité des Indes occidentales, cette dépréciation à l'heure actuelle peut être estimée à 5 livres sterling par tonne, d'où pour le peuple anglais un profit de plus de 5 millions sterling par an, profit plus considérable que la valeur totale de la production du sucre des Indes occidentales, et représentant le double du capital fixe engagé, l'industrie du raffinage dans le Royaume-Uni.

XI. L'industrie sucrière ouvre au travail, dans le Royaume-Uni, de vastes débouchés dont l'importance s'accroît chaque jour. Il a été constaté par les recensements que le nombre des raffineurs avait augmenté de 2,820 en 1851 à 4,484 en 1881. De 1880 à l'époque actuelle, la quantité de sucre annuellement raffiné passe de 700,000 tonnes à plus de 800,000 tonnes, l'augmentation se produisant principalement à Londres. Il a été constaté que les confitureries et confiseries du pays emploient plus de 100,000 tonnes de sucre raffiné et occupent 12,000 per sonnes environ, et qu'en outre des suppléments de débouchés pour le travail résultent de l'emploi du sucre comme matière première dans quantités d'industries, telles que la fabrication des biscuits, des eaux minérales, la brasserie, etc.

XII. La matière première employée de préférence par quelques-unes de ces manufactures est une certaine qualité de sucre raffiné fournie par l'étranger.

90

Le quarter contient 8 bushels et, converti en mesure française, équivaut à 2 hectolitres litres 70 décilitres.

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XIII. En ce qui concerne le raffinage spécialement, les renseignements cidessus établissant l'extension des transactions pendant ces dernières années sont corroborés par les chiffres afférents aux quantités de sucre brut destinées au raffinage, lesquelles quantités se sont élevées progressivement de 320,000 tonnes en 1854-1856 à 400,000 tonnes en 1862-1864, et à 650,000 tonnes en 1877-1879, et dépassant actuellement 800,000 tonnes.

XIV.

Le raffinage du sucre dur, qui est considéré comme employant relativement plus de main-d'œuvre que le raffinage des autres sortes, a un peu augmenté pendant ces derniers temps; au lieu de 55,000 tonnes comme il y a quatre ans, Londres en raffine actuellement 60,000.

XV. L'importation du sucre raffiné dans le Royaume-Uni n'a pas augmenté depuis 1877, bien que les quantités introduites en 1883 soient plus considérables que pendant les années intermédiaires. Il s'est produit un léger accroissement en 1884 comparativement à 1883, du côté des États-Unis principalement; mais jusqu'en 1883, ces importations ne pouvaient en aucune manière éveiller des craintes, quant au développement progressif de l'industrie du raffinage dans le RoyaumeÜni. Il serait prématuré de discuter maintenant les chiffres de 1884, l'année n'étant pas terminée. Les importations faites par les États-Unis seront l'objet de plus amples investigations.

XVI. Les exportations de sucre raffiné fabriqué dans le Royaume-Uni n'ont pas diminué relativement à 1877, et, comparativement aux années intermédiaires, elles ressortent en augmentation: de 45,000 tonnes en 1879, les exportations passent à 58,000 tonnes en 1883.

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XVII. Ni la France, ni la Hollande, pays contre lesquels les plaintes se sont principalement élevées dans ces derniers temps au sujet des primes à la sortie des sucres raffinés, n'ont augmenté le chiffre de leurs exportations. Depuis 1881, toutefois, la Hollande a réalisé un petit progrès; ses exportations, qui se chiffraient par 62,000 tonnes en 1881, ressortent à 72,000 tonnes en 1883; c'est une augmentation bien minime comparée à la plus-value obtenue depuis quatre années par l'industrie du raffinage du Royaume-Uni, plus-value surpassant la quantité totale de sucre raffiné actuellement exportée par les Pays-Bas.

XVIII.

Le sucre n'a pas plus diminué de prix que d'autres articles. En comparant 1882 avec 1881, on constate que le thé a diminué davantage encore, le blé et le coton à peu près autant, la laine, le bois et le riz beaucoup plus. La grande dépréciation du sucre cette année se produit en même temps que celle du blé.

XIX. — C'est une erreur de se figurer que toute la fabrication du sucre de betterave est primée, et d'attribuer l'accroissement de la production en betterave exclusivement aux primes. Celles-ci n'étant allouées qu'à l'exportation seulement, il s'ensuit que la quantité maximum de sucre de betterave qui bénéficie des primes ne peut excéder les exportations des pays où fonctionne le système des drawbacks, c'est-à-dire en Autriche, en Allemagne et en Belgique dont les exportations réunies n'atteignent que le chiffre de 700,000 tonnes, ou 16 p.o/o environ de la production totale évaluée à 4,200,000 tonnes par MM. Rueb et Ledeboer, ou bien à 11 1/2 p. 0/0

du montant total absolu de la production, soit 6 millions de tonnes. En admettant que les primes profitent plus ou moins à tout le sucre de betterave, alors, la prime qui, calculée sur 700,000 tonnes, ressort à 3 livres sterling par tonne, ne ressortira plus qu'à 1 livre sterling, relativement à 2 millions de tonnes, montant de la production totale du sucre de betterave, et la valeur de la prime sera trop minime dans ce cas pour produire les effets qu'on suppose. Nul ne peut affirmer que si la prime était supprimée, les sources naturelles de la production ne seraient pas assez puissantes pour combler tout vide pouvant résulter du ralentissement de la fabrication primée.

XX.

De même, la quantité maximum de sucre bénéficiant d'une prime à l'exportation, après raffinage, ne s'élève qu'à 270,000 tonnes seulement, tandis que la quantité totale annuellement raffinée se monte à 3 millions de tonnes environ. Cette proportion est trop faible pour mettre en question la prédominance de l'industrie laissée à son cours naturel.

XXI.

L'augmentation intervenue pendant ces dernières années dans la production et le raffinage du sucre n'a pas porté exclusivement sur les produits qui bénéficiaient de primes; c'est le contraire qui a eu lieu. En remontant à trente ans, on trouve que, tandis que le montant de l'augmentation ressort à 2 millions de tonnes, relativement à la production totale du sucre, 700,000 tonnes seulement ont été primées, et que, même dans ce dernier cas, l'augmentation peut provenir d'autres causes. Il est intervenu, en outre, dans la production du sucre de betterave une augmentation de 756,000 tonnes qui est forcément due à d'autres causes que l'allocation des primes; en même temps le sucre de canne a augmenté de 685,000 tonnes, dont 158,000 de provenance anglaise. En ce qui concerne le raffinage, on constate aussi que, tandis que la quantité de sucre raffiné sous le régime des primes reste encore inférieure à 300,000 tonnes, l'augmentation depuis 18621864 jusqu'à aujourd'hui, dans le Royaume-Uni seulement, est de 400,000 à 820,000 tonnes, soit une plus-value de 420,000 tonnes, c'est-à-dire une quantité supérieure à celle du sucre actuellement raffiné sous le régime des primes. L'augmentation qui s'est produite dans la fabrication des États-Unis a été tout aussi considérable. L'industrie, laissée à son cours naturel, devance de beaucoup l'industrie artificielle; il n'y a pas à redouter les prix résultant d'un monopole, conséquence de l'anéantissement du commerce normal et de son remplacement par l'industrie subventionnée.

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