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despotisme militaire sous les Bonapartes de ces régions. Le seul aspect consolant qu'offre cet horizon couvert de nuages, c'est que les mouvemens révolutionnaires ayant excité chez ces peuples l'usage du sens commun que la nature a donné à tous les hommes, ils continueront à marcher vers les lumières d'une raison cultivée; qu'ils acquièrent peu à peu le sentiment de leur force, et qu'ils pourront avec le temps se former des règles de liberté et assujettir leurs chefs à les respecter.

En attendant, nous prions Dieu de tout notre cœur pour votre pays; nous lui demandons de lui accorder de la patience pendant vos malheurs, et une heureuse délivrance de toutes vos afflictions. La résolution de ne pas retourner dans votre patrie tant qu'elle sera soumise à une force étrangère, est digne de vous. Le patriotisme le plus ardent ne nous oblige pas à être témoin des maux auxquels nous ne pouvons apporter ni remède, ni soulagement; et d'ailleurs," pour ce but même, votre plume est plus efficace, quoique de loin, que votre présence. Une nation telle que la nation française ne peut pas rester long-temps dans l'état de souffrance où elle est réduite: c'est un de ces décrets du ciel qui ne seront pas effacés. C'est, en général, un vœu coupable de souhaiter la guerre et le trouble entre les nations; mais ce souhait devient pieux, lorsque c'est le seul moyen de dissoudre leurs combinaisons.

Je vous félicite de l'heureuse union de votre fille avec un pair et un patriote de France; et si votre fils réalise le projet de visiter le sanctuaire des malheureux de tous les pays, où le loup habite avec l'agneau, où le léopard repose en paix avec le chevreau, il sera salué comme le fils de Madame de ***; et comme le petit-fils de M. N***, il verra dans la réunion paisible de tant de réfugiés français, d'opinions discordantes, un exemple du bonheur dont ils au

raient pu jouir dans leur patrie, si les principes de tolérance de son grand ancêtre avaient été suivis.

Permettez-moi, Madame, de vous renouveler l'assu rance, etc., etc.

VARIÉTÉ S.

- Il vient de paraître, à Londres, un nouvel ouvrage sur Bonaparte, intitulé: Lettres du cap de Bonne-Espérance, en réponse à celles de Warden, avec des extraits d'un grand ouvrage qu'on prépare dans ce moment, pour la publication, sous les yeux de Bonaparte. Le nombre de ces lettres est à peu près le même que celui que publia Warden, chi rurgien du vaisseau le Northumberlund, sur lequel Bonaparte fut transporté à Sainte-Hélène. La seconde partie du titre pique vivement la curiosité; reste à savoir si elle réalisera les promesses. Mais la personne qui a puisé ces fragmens dans le porte-feuille de Bonaparte ne s'est pas nommée; de manière que cet ouvrage est couvert d'un voile aussi mystérieux que le fameux Manuscrit de Sainte-Hélène.

On se rappelle la sensation que produisirent les lettres de Warden à l'époque de leur publication; elle fut telle que les journaux ministériels anglais crurent devoir attaquer l'authenticité d'un grand nombre de faits importans.

Il a paru des lettres de Warden, une traduction française où l'original est étrangement défiguré.

Nous en parlerons dans le deuxième cahier, en donnant des extraits des Lettres du cap de Bonne-Espérance.

On annonce en outre, pour paraître sous peu de jours, Napoléon peint par lui-même, ou Extrait du véritable Manuscrit de Napoléon. On fera connaître cet ouvrage dans les prochains cahiers.

Il vient de paraître à Florence un petit ouvrage qui n'est que le commentaire de la thèse du docteur Amadei,

(1) Voyez page 20,

ayant pour titre : Des Droits des Peuples et des Devoirs des Kois. C'est un traité ex professo de l'art d'être bon sujet et bon prince. Un tel ouvrage peut être fort utile, et nous semble mériter les encouragemens accordés à son auteur.

-L'enseignement mutuel sort victorieux de sa lutte contre les préjugés et la routine. Dans toutes les communes, il se forme des écoles, et le zèle des particuliers se montre rival de l'influence que le Gouvernement accorde aux méthodes nouvelles. Dans la ville d'Amiens, où il y a un petit séminaire dont les élèves sont exercés aux armes, à la danse et au chant, l'enseignement mutuel avait trouvé de grands obstacles à s'établir. On assure qu'un arrêté de la municipalité avait refusé au préfet le local demandé par les particuliers pour les écoles; les enfans avaient même été insultés en se rendant en ordre et dans la plus décente tenue, à la messe du Saint-Esprit. La garde départementale avait été requise pour les sauver des insensés qui voulaient voir dans cette espérance de la patrie des élèves de Marat et de Robespierre. Le ministre de l'intérieur, instruit de ces scènes scandaleuses, en cassant l'arrêté du maire, a, dit on, ordonné qu'il serait biffé sur le registre. M. Dargent, négociant, qui vient de remplacer le vicomte Blin-Bourdon dans les fonctions de maire, s'est empressé de faire disparaître toutes les traces de la persécution suscitée aux nouvelles méthodes. – Déjà trois numéros du Moniteur royaliste ont paru sans que l'on ait découvert les auteurs de ce manifeste de troubles et de discorde. L'autorité ne sait-elle connaître que les auteurs qui signent leurs écrits? Ne sait-elle réprimer que l'excès d'un zèle ardent pour les principes constitutionnels? La lettre à M. le comte de Cazes, a valu à M. Chevalier (1) un emprisonnement de trois mois ; et ces feuilles de sinistres présages, écrites sur l'autel des furies avec un poignard sanglant, ne sont encore flétries que par l'opinion publique !

M. Aignan, membre de l'institut, l'un des jurés dans le procès des associés de l'Epingle noire, dans sa brochure de la Justice.et de la Police, examine quelques parties de l'instruction criminelle dans ses rapports avec les mœurs et la sûreté des citoyens. L'auteur s'élève d'abord fortement contre la manière de former le jury, qui, dans le fait, laisse

(1) Voyez la lettre de M. le duc de Broglie, page

52.

à l'arbitraire d'un commis la désignation des jurés : le hasard vous amène-t-il dans le bureau fatal? vous êtes bien sûr que l'honnête commis vous dira: « Ah! parbleu, puisque vous » voilà, il faut que je vous mette du jury»; cependant, lorsqu'on entend raisonner certains jurés, on frémit de penser que le dépôt de si grands intérêts soit mis entre leurs mains. « Ce péril, effrayant dans tous les procès criminels, l'est surtout dans ces accusations pour crimes ou délits politiques; les passions s'allument; alors, les amourspropres s'irritent, et souvent le plus honnête homme est moralement plus malade, plus incapable de remplir ses fonctions de jure, que s'il siégeait indisposé de corps. Dans un pays où il existe une telle cumulation de pouvoirs, incompatible avec l'essence de l'institution des jurés, il n'existe qu'un simulacre de jury, pire que l'absence du jury, et point de jury. » L'auteur propose de faire former par les électeurs le tableau des jurés, et que le préfet, en conseil de préfecture, tire au sort, à chaque assise, soixante noms, sur lesquels le président tirerait au sort, devant les juges, les trente-six, et le jour des débats, devant les prévenus, le président tirerait de nouveau les douze noms.

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L'auteur, en traitant des récusations des jurés, demande une très-grande faculté pour le prévenu, et cite à l'appui la Cour de Lyon, où le procureur général, usant de son droit a récusé tous les jurés acceptés par les accusés, ce qui a fait recevoir les douze noms restant. Dans le procès de l'EpingleNoire, on a vu cette année un juré, chef de bureau de la police, qui avait été juré l'an passé dans l'affaire de Mounier.

Le chapitre de la dénonciation légale, et du témoignage des dénonciateurs, montre les espions de la police sous leur vrai jour. Rien de plus énergique et de mieux pensé que les réflexions de l'auteur sur la violation du secret des lettres. Nous reviendrons sur cette brochure, où l'on trouve le talent d'un homme d'esprit et les sentimens d'un homme de Lien. Elle a déjà produit une grande sensation dans le public.

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Nous avions réuni des fragmeus historiques sur les ma tières ecclésiastiques, mais les ouvrages de (MM. Clavier Daunou, Dillon, Grégoire, Lanjuinais, Jubé, etc. ne laissent plus rien à dire.

D'ailleurs, si ce qui s'est passé dans une question, permet de préjuger ce qui se passera dans une autre, le grand nom bre de bons écrits contre le Concordat, ne permet plus de douter de son adoption.

LIBERTÉ DE LA PRESSE.

Réglement pour la Liberté de la Presse, à Buenos-Ayres.

La pensée n'est pas plus naturelle à l'homme, que le droit de communiquer ses idées. Voilà une de ces vérités peu nombreuses qui se sentent mieux qu'elles ne se démontrent. On ne peut rien ajouter à ce qu'on a écrit pour prouver ce droit, et les avantages qui résultent de son libre exercice.

Le gouvernement, fidèle à ses principes, veut rendre aux peuples américains, par la liberté politique de la presse, ce droit précieux de la nature, usurpé sur lui par un abus invétéré du pouvoir: persuadé que cette mesure est la seule propre à répandre les lumières, à former l'opinion publique, et à consolider l'unité des sentimens, qui est la vraie force des états, il a décrété ce qui suit:

Article 1er.« Tout homme peut publier ses idées librement et sans aucune censure préalable. Les dispositions contraires à cette liberté demeurent sans effet. >>

Art. 2. « L'abus de cette liberté est un crime. L'accusatiou en appartient aux intéressés, s'il lèse des droits particuliers; et à tous les citoyens, s'il compromet la tranquillité publique, la conservation de la religion catholique, ou la

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