Page images
PDF
EPUB

des témoins à charge et à décharge étant épuisée, la cour a entendu le réquisitoire du procureur général pour soutenir l'accusation.

Messieurs les pairs, nous n'avons pas besoin de rappeler avec quels sentiments de tristesse et d'indignation on apprit que la personne du roi avait été encore une fois menacée, et que, mal gré l'exécration publique dont leurs noms étaient couverts, les Fieschi, les Alibaud, les Meunier avaient pu trouver encore de détestables émules. Les débats nous ont révélé les secrets de cette odieuse persévérance; ils nous ont montré comment, sous la funeste influence des mêmes excitations, sous l'empire des mêmes égarements, il devenait possible que, dans le désordre d'une intelligence pervertie, dans l'abjection d'une intelligence perdue par le crime et par le vice, l'assassinat du prince apparût à l'orgueil d'un misérable comme un moyen de réhabilitation et de fortune personnelles, comme le signal d'un bouleversement politique, comme la condition d'une rénovation sociale, où ceux qui lui ressemblent pourraient renaître et grandir.

C'est cependant, messieurs, au sein de cette nation prudente et éclairée, de cette civilisation savante, de ce royaume inféodé, pour ainsi dire, à la suzeraineté de la raison et du droit, que se reproduisent ces violences impies, ces agressions brutales et sanglantes, ces lâches fureurs de l'assassinat qui aspirent à dater d'un grand crime une ère politique nouvelle, une régénération complète de nos mœurs et de nos lois.

Tandis que sous l'égide de nos institutions, les esprits les plus élevés, les mieux cultivés par l'observation et par l'étude, débattent librement toutes les grandes questions que soulève la science de l'économie et conduisent le pays par une voie rapide et sûre à toutes les améliorations praticables, quelques factieux sortis d'un conciliabule ténébreux pour égorger, au milieu des loisirs d'un jour de fête, nos soldats surpris et désarmés, un homme échappé, pour le régicide, du bouge où l'a jetè la misère, fille de la paresse et du vice, exhumait avec un stupide orgueil, comme une charte nouvelle pour un peuple régénéré, ces vieilles et extravagantes utopies de communauté et de nivellement abso

lus, ces programmes de barbarie et de ruine, qui n'ont jamais failli à marquer dans l'histoire de l'humanité les jours de désordre et d'aveuglement.

Quel révoltant contraste, messieurs, et combien il doit profondément affliger tous les cœurs honnêtes, consterner tous les citoyens sincèrement dévoués à leur pays!»

M. le procureur général signale, comme une cause profonde du mal qui met la société en péril, le ton habituel et la nature de la polémique d'une partie de la presse. La constitution a voulu que la personne du roi fût inviolable et sacrée. Cependant une presse hostile foule aux pieds les maximes fondamentales de notre politique, et désigne aux coups des assassins politiques la personne du roi, à l'aide d'artifices de langage et de désignations transparentes qui la montrent à tous, excepté peut-être à la justice. Des accusations perfides et calomnieuses donnent crédit et force aux déclamations des fanatiques de bas étage. C'est cette presse hostile dont je parle, qui par ses attaques audacieuses et quotidiennes rend possible l'attentat infâme d'un Alibaud ou d'un Darmès. Puissent ces attentats réitérés être d'utiles enseignements pour ces écrivains! Qu'ils tremblent qu'une de leurs paroles exalte encore et pousse au crime, à l'assassinat, au parricide, une de ces nature ignobles et inintelligentes que l'éducation des clubs asi profondément perverties.

Après avoir établi que Darmès n'était pas un fanatique isolé, M. le procureur général se demande quels ont été ses complices.

a

« Darmès appartient à la société des communistes. Duclos est communiste. L'instruction nous a révélé que cette société se divise en deux sections. L'une de ces sections, plus ardente que l'autre, veut la réalisation immédiate de ses étranges et inapplicables théories. Duclos appartient à cette section. On saisi: chez lui une quantité considérable de munitions, et il est certain que Duclos distribuait chaque jour des cartouches dans Paris.

> Non seulement Duclos et Darmès appartiennent tous deux à la société des communistes, mais il existe une grande intimité entre ces deux hommes. Vous Vous rappelez ce livre trouvé chez

Duclos, et sur la couverture duquel on lisait Donné par Marius à son ami Duclos. Duclos et Darmes fréquentent les mêmes cabarets. Leur intimité avait pris naissance dans la conformité de leurs opinions politiques, et dans les jours qui précèdent l'attentat quelle est la personne que Darmés recherche? c'est Duclos.

Duclos était sur la place de la Concorde le 15 octobre. Il y était auprès de Darmės. Duclos a toujours soutenu le contraire. Arrêté le 19 octobre, interrogé le 20, Duclos ne peut indiquer une seule des personnes qu'il aurait conduites dans son cabriolet le 15 octobre, et de ses nombreux voisins, il n'en est pas un seul qui l'ait vu rentrer dans la journée, comme il le dit. Ce n'est que le 20 février qu'il se rappelle qu'il a conduit le témoin Truttin. Que Duclos nous explique comment sa mémoire, en défaut le 20 octobre, quelques jours après l'attentat, se réveille le 20 février. C'est que Duclos craignait la reconnaissance de Fagard, et il avait compris la nécessité de se créer un alibi. M. Truttin l'avait employé quelquefois, la veille peut-être, et il a pensé qu'en faisant appel à des souvenirs incertains, il parviendrait à persuader au témoin que c'était le 15 en effet qu'il l'avait conduit.

Quant à Considère, M. le procureur général soutient sa complicité dans l'attentat de Darmès. « C'est chez Considère que se réunissait cette fraction des communistes à laquelle appartenaient Darmés et Duclos. Or Darmės est dans l'impossibilité de prouver que de une heure à quatre heures, il ait cherché une autre personne que Considère. Dans quel but Darmės recherchait-il Considère avec tant de persis. tance au moment où il était préoccupé de l'horrible pensée de son attentat?

» Darmès en a donné une explication misérable. Il recherchait Considère, a-t-il dit, pour acquitter une dette de 25 sous. C'est pour acquitter une semblable dette que Darmès, au moment de son attentat, aurait été trouver Considére jusqu'au haut de Montmartre. Cette explication est inadmissible. Vous n'avez pas oublié le soin qu'a toujours mis Darmės à défendre Duclos et Considère..

M. le procureur général termine son

réquisitoire par une éloquente péroraison. Il soutient que Darmés n'était pas seul sur la place de la Concorde le jour de l'attentat. Darmès a été poussé au crime et assisté par des hommes sortis des clubs ténébreux, soutenu par l'esprit des factions qui, par un odieux système de calomnies, s'acharnent contre la personne du roi. Les attaques des factions seront impuissantes; la France a constitué, en 1830, une monarchie qui lui appartient. La royauté de juillet répond aux sentiments, aux besoins du pays; elle résistera aux coups des factions qui, dans l'espoir de renverser le trône, accumu lent contre la personne royale les outrages et les calomnies.

» Nous avons vu récemment un de ces

partis, s'appuyant des documents dont la source impure indiquait assez la fausseté, s'efforcer de tromper le pays en imputant au roi ce qu'il n'a point fait, ce qu'il n'a point voulu faire, en mettant en doute ses vertus et son patriotisme.

» Tant de calomnies répétées pouvaient-elles rester sans effet? Ce sont ces calomnies qui ont armé le bras d'un fanatique. Toutefois, que ceux qui oseraient encore nourrir la pensée d'un aussi horrible forfait, sachent quel mépris les attend. Qu'ils sachent bien que les libertés et la tranquillité de la France ne sont pas à la merci d'un assassin, et que la France n'acceptera jamais une politique qui serait inaugurée par un assassinat, Qu'ils sachent bien, surtout, que la justice restera toujours debout pour leur infliger la honte et le châtiment de leurs crimes,

La cour a. ensuite entendu les plaidoieries de Me Pinède, défenseur de Darmės; M Charles Ledru, défenseur de Duclos, et Me Blot-Lequesne, défenseur de Considère, ainsi que la réplique de M. le procureur général, lequel, après un résumé rapide des moyens présentés par l'accusation, déclaré maintenir les conclusions du réquisitoire en ce qui concerne Darmés et Duclos, invoque contre eux toute la rigueur de la loi. Quant à ce qui concerne Considère, il s'en rapporte à la prudence de la cour.

L'arrêt de la cour a été rendu dans la séance du 29 mai, Il est ainsi conçu :

La cour des pairs;

Vu l'arrêt du 11 de ce mois, ensemble l'acte d'accusation dressé en conséquence contre : Darmės (Ennemond-Marius), Duclos (Valentin),

Considère (Claude-François-Xavier); Oui les témoins en leurs dépositions et confrontations avec les accusés ; Oui le procureur général du roi en 80s dires et réquisitions;

Après avoir entendu Darmès et M⚫ Pinède son défenseur, Duclos et M. Charles Ledru son défenseur, Considère et Me Blot-Lequesne son défenseur ;

Et après en avoir délibéré ;
En ce qui concerne

Darmès (Ennemond-Marius): Attendu qu'il est convaincu d'avoir, le 15 octobre 1840, par l'emploi d'une arme à feu, commis un attentat contre la personne et la vie du roi ;

En ce qui concerne Considère (Clau de-François-Xavier):

Attendu qu'il ne résulte pas des débats, charges suffisantes qu'il se soit rendu coupable comme auteur ou comme complice du crime ci-dessus spécifié,

Déclare

Considère (Claude-François-Xavier), Acquitté de l'accusation portée contre lui ;

Ordonne qu'il sera mis sur-le-champ en liberté, s'il n'est retenu pour autre cause;

En ce qui concerne Duclos (Valentin) :

Attendu qu'il ne résulte pas des débats, charges suffisantes qu'il se soit rendu coupable comme auteur ou comme complice da crime ci-dessus spécifié,

Le déclare acquitté de l'accusation portée contre lui ;

Et néanmoins, attendu que de l'instruction il résulte qu'il peut y avoir lieu à poursuites contre lui, à raison de crime, délit ou contravention prévus par la loi,

Le renvoie devant qui de droit à la diligence du procureur général du roi près la cour, le mandat décerné contre lui subsistant; Déclare

Darmès (Ennemond-Marius)

Coupable d'attentat contre la personne et la vie du roi,

Crimes prévus par les art. 86, § 1o, 88 et 302 du Code Pénal, le condamne à la peine des parricides;

Ordonne qu'il sera conduit sur le lieu de l'exécution en chemise, nupieds et la tête couverte d'un voile noir, qu'il sera exposé sur l'échafaud pendant qu'un huissier fera au peuple lecture de l'arrêt de condamnation, et qu'il sera immédiatement exécuté à mort. (Art. 13 du Code pénal.)

Condamne Darmés aux frais du procès, etc., etc.

Fait et délibéré à Paris, le samedi 20 mai 1841, en la chambre du conseil.

JUIN.

1. Etats-Unis. Statistique de la po pulation. On vient de faire le recensement général de la population des Etats-Unis, et il en résulte qu'elle se compose actuellement de 47,100,572 individus, savoir: 14,459.413 blanes 371,606 noirs libres et 2,569,553 noirs esclaves.

En 1830, époque où l'on fit le dernier recensement, l'Union ne comptait que 12,856,407 habitants; de sorte que, pendant les onze dernières années, sa population s'est accrue de presque un tiers.

Les Etats qui contiennent le plus d'esclaves sont: la Virginie, qui en a 580,000; la Caroline du Sud, 270,000; la Géorgic, 265,000; le Kentucky, 200,000; le Tennessée, 175,000; le Maryland, 127,000, et le Mississipi, 80,000. L'Etat qui a le moins d'esclaves est la l'ensylvanie, où leur nombré s'élève à peine à 400.

[blocks in formation]

venue près de l'église, elle fracasse la toiture de deux maisons, enlève complétement celle d'un fenil et en refoule les fourrages dans un galetas adjacent. C'est alors que, tournoyant avec fureur, on a vu la trombe balloter les plus grands arbres arrachés ou brisés, les déchirer, en lancer les débris à des distances énormes. Continuant ensuite, au travers des champs, sa route et ses ravages, elle est allée frapper à l'un des angles d'une habitation, en a légèrement endommagé la toiture; puis, d'un bond, s'est jetée au milieu du verger et du jardin, a brisé ou déraciné les arbres fruitiers, arraché les haies, détruit en grande partie les murs. En passant dans le département de l'Ariége, elle s'est jetée dans le Salat, dont elle a fait tourbillonner les eaux à une très grande hauteur, et, remontant bientôt dans l'air, elle s'y est dissipée. Quelques personnes ont failli être saisies par le terrible phénomène. Quelques petits animaux n'ont plus été revus. On a trouvé, dans un jardin, de petits oiseaux, jetés morts, tous frappés d'une manière uniforme au bas-ventre, et portant une aussi large blessure que s'ils eussent été atteints d'un coup de feu.

10. Londres. Statistique des tribunaux de police pendant l'année 1840.

Durant l'année 1840, 70,717 individus ont été arrêtés à Londres et conduits devant les tribunaux de police. Sur ce nombre total, 23,936 ne savaient ni lire ni écrire, 37,551 savaient lire, ou lire et écrire très-imparfaitement; 8,121 savaient lire et écrire, 1,107 seulement avaient reçu une certaine education. On comptait: ouvriers, 18,105; artisans, 123; boulangers, 141; bouchers, 754; gens de loi, 29; médecias, 72; musiciens, 69; peintres, 1,111; charpentiers, 1,528; cochers, 4,319; perruquiers, 142; domestiques, 2,563; cordonniers, 1,917; serruriers, 1,144, et tailleurs, 2,043, etc...

11. Londres. Incendie du cirque Astley. Le théâtre d'Astley, à Londres, a été complétement détruit par

un

incendie. Jamais de mémoire d'homme on n'a vu destruction accomplie aussi rapidement. On ne s'est aperçu du feu que vers les quatre heures et demie du matin; une demi

heure après, tout le bâtiment était la
proie des flammes, et en moins d'une
heure on ne voyait plus qu'un monceau
de cendres. Quelques pans de murs à
peine sont restés debout. Les pompiers
disent qu'ils n'ont jamais vu un incen-
die se propager avec une pareille fu-
reur. Tous les efforts pour l'arrêter ont
été inutiles, bien que toutes les pompes
à feu cussent été rapidement amenées
sur le théâtre de l'incendie. A l'excep-
tion du frontispice du bâtiment et de
celui de la demeure de M. Ducrow
qui est en face, et dont l'intérieur a été
également détruit, il n'est pas resté
pierre sur pierre. Une femme au ser-
vice de M. Ducrow a perdu la vie. On
a trouvé son corps réduit en cendres,
à l'exception du visage, seule circon-
stance qui pourra servir à constater l'i-
dentité. Au moment où le feu a pris, il
y avait trente à quarante chevaux de
prix dans les écuries. Ce n'est qu'avec
les plus grandes difficultés qu'on est
parvenu à les sauver : trois cependant
ont été brûlés. L'un des chevaux brûlés
avait environ trente ans; on l'appelait
Bijou, et on en faisait le plus grand
cas. On était parvenu à le sortir de
l'écurie et à le conduire jusqu'au milieu
du Cirque, où il s'arrêta, et il ne fut
plus possible de le faire avancer. Il fut
bientôt atteint et dévoré par les flam-
mes. Le théâtre était entièrement as-
suré. Mais MM. Ducrow et West per-
dront la majeure partie du mobilier du
theatre. M. et Mme Ducrow, avec leurs
deux enfants, étaient au lit au moment
où l'on a donné l'alarme, et telle était
la rapidité des flammes qu'ils sont à
grand'peine parvenus à se sauver pres-
que nus. Tous les costumes du théâtre,
qui avaient coûté dix-huit années à
réunir, sont détruits. Il faudra bien du
temps pour réparer cette perte. M. Du-
crow a aussi perdu une somme consi-
dérable en billets de la banque d'An-
gleterre, bien qu'ils fussent gardés dans
un coffre de fer. La bibliothèque de
M. Ducrow et plusieurs coupes d'ar-
gent et autres cadeaux qui lui avaient
été faits à différentes époques ont aussi
été la proie des flammes. Ce qui ajoute
au malheur, c'est la perte totale qu'é-
prouvent les musiciens de leurs instru-
ments. Plusieurs maisons du voisinage
ont considérablement souffert. On sup-
pose que l'incendie a été causé par le

gaz qu'on n'aura pas bien éteint après la représentation; mais ce n'est qu'une conjecture. On ne peut encore évaluer le montant des pertes; elles peuvent s'élever peut-être à 20,000 1. st. (500,000 fr.), et peut-être à 50,0001. st. (1,250,000 fr.). Les ruines fumantes répandent encore une grande chaleur, mais on est entièrement maître du feu,

JUILLET.

18. Rio-Janeiro. Couronnement de l'empereur du Brésil. · Les fêtes du couronnement de l'empereur don Pedro ont été fort brillantes. On avait ou vert des souscriptions pour l'érection d'un obélisque et d'un arc de triomphe, et ces dépenses se sont élevées jusqu'à 30 contos de reis. Le gouvernement n'a rien négligé pour recevoir dignement les députations qui venaient pour féliciter l'empereur.

Le 16 juillet, l'empereur et les princesses sont partis du palais de SaintCristophe, précédés d'un brillant cortége et d'une immense population. Son entrée dans la capitale a été saluée par les batteries des forteresses et des bâtiments de guerre brésiliens et étrangers. Arrivée devant la chapelle impériale, S. M., accompagnée de toutes les personnes de sa cour; a été reçue par l'évêque de Rio et le clergé. Un Te Deum a été chanté, et S. M. s'est rendue à son palais en ville, où elle a été accueillie aux vives acclamations des députations des deux chambres et des différents corps de l'Etat, réunis là pour la complimenter. Les membres du corps diplomatique avaient été également invités à se rendre au palais. M. le baron Rouen, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire du roi des Français, a eu l'honneur, au nom et comme doyen du corps, de présenter, dans les termes suivants, à S. M. I. les félicitations des représentants des puissances étrangères :

Au moment où la population de Rio-Janeiro vient de saluer de ses joyeuses acclamations l'entrée solennele de votre majesté Impériale dans la capitale de zon empire, et de faire éclater les témoignages de son respect et de son attachement, les membres du corps diplomatique s'empressent aussi,

à l'occasion de ce mémorable événement, d'offrir à votre majesté impériale les vœux et les félicitations des souverains et des Etats qu'ils ont l'honneur de représenter auprès de son auguste personne.

› Ces vœux, sire, ils ne cesseront ja. mais de les former pour la prospérité et la durée de votre règne, et l'acte religieux que votre majesté est à la veille d'accomplir, en imprimant à l'autorité souverainé dont elle est déjà revêtue un caractère plus indissoluble et plus sacré, deviendra bientôt, ils doivent l'espérer, pour le Brésil et son auguste monarque, une nouvelle ga. rantie de puissance et de stabilité. »

Dans la soirée, toute la ville a été illuminée; l'empereur est resté renfermé avec sa famille dans l'intérieur du palais pour y remplir les devoirs religieux qui devaient précéder la cérémonie de son sacre. Le 18, toutes les troupes étaient sous les armes. L'empereur, revêtu du costume et du manteau du grand maître de l'ordre de Cruzeiro, et les princesses élégamment parées, sont sortis de leurs appartements, précédés des ministres et grands dignitaires portant la couronne, l'épée, le manteau et les autres insignes qui devaient figurer dans la cérémonie da sacre, et se sont rendus dans la chapelle du palais.

L'archevêque de Bahia et son clergé sont venus recevoir l'empereur à la porte de l'église et le conduire à son trône dans le chœur, où il s'est assis, ayant à sa droite le marquis de Paranagua, qui remplissait les fonctions de grand connétable.

On a aussitôt commencé le servicė divin, et cette cérémonie, qui a duré quatre heures, s'est accomplie dans le plus religieux silence, malgré une foule immense.

L'empereur, après avoir prêté serment et juré d'observer et de maintenir la constitution et l'intégralité de l'empire, s'est dirigé avec le même cortége dans une magnifique galerie construite à grands frais pour cette circonstance, et s'est assis sur son trône, revêtu du manteau impérial et la couronne sur la tête. Peu aprés, il en est descendu et s'est avancé sur un balcon qui dominait la place, tenant de la main droite son sceptre et de l'autre la main

« PreviousContinue »