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ce qui restait alors en vie fut entraîné dans le milieu du courant. Un homme fut aperçu sur le tambour, debout entouré de flammes, et, après être resté quelques minutes dans cette situation, il tomba au milieu du brasier. On n'a pu sauver aucun papier; en conséquence, il est impossible de donner une liste complète des passagers; le capitaine pense qu'il y en avait à la chambre une quarantaine; dans l'entrepont, ils étaientau nombre d'environ cent-quarante, presque tous émigrants suisses ou allemands. La liste des personnes sauvées se monte à vingt-sept, parmi lesquelles une seule dame.

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Voilà comme on explique ce sinistre Il y avait à bord six peintres, qui emportaient avec eux six dames. jeannes remplies d'essence de térébenthine et de vernis, qui, à l'insu du capitaine, furent placées sur la plateforme des bouilleurs. Un des chauffeurs sauvé, dit qu'ayant eu l'occasion d'aller sur le pont, et voyant les dames-jeannes, il les éloigna; mais elles furent remises à leur place. Probablement les dames-jeannes prirent feu à la chaleur, et leur contenu, s'enflammant immédiatemment, communiqua instantanément l'incendie à toutes le par. lies du navire, qui, fraîchement peint, brûla comme de la poudre.

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49. France. Inauguration du che min de fer de Strasbourg à Bâle. Dès six heures du matin, M. le ministre des travaux publics, les autorités civiles et militaires, le conseil municipal et les commissaires de la fête se trouvaient réunis au débarcadère du chemin de fer, où ils ont été reçus par M. l'ingénieur Chapron et MM. les commissaires mulhousiens. Tous les employés du chemin de fer étaient en grande tenue, et les bureaux, les salles d'attente, tous les abords du débarcadère étaient décorés de drapaux, de flammes tricolores, de guirlandes de feuillages de fleurs. On s'est mis en route à six heures cinquante minutes, et sur toute la route, jusqu'à Mulhouse, les bureaux de stations et les guérites des gardiens et des pionniers étaient chargés de verdure et de fleurs, comme le débarcadére; les ouvriers eux-mêmes avaient dressé leurs outils en faisceaux et les avaient ornés de feuillages. Cette route,

déjà si pittoresque et ainsi parsemée de fleurs, toutes ces habitations pavoisées, produisaient un spectacle des plus gracieux, surtout lorsque le soleil, perçant le brouillard du matin, vint répandre sur le paysage son éclatante lumière.

Bientôt on atteignit Mulhouse; et l'aspect de ses nombreuses fabriques, la béauté du site, le développement du canal, qui longe le chemin de fer à son entrée dans la ville, la population pressée et l'air de joie répandu sur tous les visages émurent vivement les passagers. Une partie du convoi officiel est partie pour Saint-Louis, afin de ramener les autorités de Bâle. A deux heures, tout le monde a pris place au débarcadère. D'immenses estrades disposées en gradins étaient chargées de spectateurs; les fenêtres et les toits des maisons étaient garnis de monde; la garde nationale était rangée en bataille; l'artillerie couronnait les hauteurs, et les canonniers étaient rangés près de leurs pièces. En ce moment le convoi de Bâle est arrivé.

Une estrade avait été construite au milieu du débarcadère et couverte de riches tapis pour recevoir le clergé ; un autel élégant et digne y avait été placé ; il était surmonté d'un dais somptueux sous lequel l'évêque officiant devait s'asseoir. Le prélat est arrivé. La musique s'est fait entendre; les soldats ont présenté les armes, le canon a tonné, et l'air a retenti de longues acclamations. Un corps de musique a fait entendre un cantique religieux. La musique militaire lui a succédé; le corps de musique de Bâle, qui avait désiré accompagner le cortege, a aussi exécuté divers morceaux, puis le silence s'est établi, et l'évêque a prononcé une allocution qui a vivement ému l'assistance. Après cette allocution, et au bruit de la musique militaire, les locomotives qui se trouvaient placées de front ont quitté successivement leur place et exécuté plusieurs évolutions avec autant de précision que de célérité.

La cérémonie religieuse s'est ensuite accomplie; l'évêque a récité les prières du rituel, puis il a donné la bénédiction à l'assemblée, inclinée devant lui. A ce moment les locomotives, au nombre de onze, ont défilé devant l'évêque, qui a répandu sur elles l'eau lustrale et leur a donné une dernière fois la sainte be

CHRONIQUE. -- OCTOBRE.

nédiction. Quand la cérémonie religieuse fut terminée, M. André Kachlin, maire de Mulhouse, conduisit lui-même Mgr Ræss, M. le ministre des travaux publics et les principales autorités dans les salles de la Société industrielle, où MM. les membres de la commission les attendaient et où tout le cortège des personnes invitées fut admis immédiatement. Là se trouvaient exposés les produits de l'industrie alsacienne, rangés par ordre, avec un soin, un art et un goût parfaits.

A la sortie des salles de la société industrielle, on a trouvé la garde nationale rangée en bataille sur la place et le long des arcades. La revue, passée par le ministre, n'a rien laissé à désirer. Après le défilé, on a songé au banquet que l'administration de la compagnie du chemin de fer offrait à ses invités, et l'on s'est dirigé vers une vaste salle. Qu'on se figure un palais de mousseline meublé avec des fleurs, étincelant de lumière et garni d'immenses tables où se trouve réuni tout ce qui peut flatter le goût le plus délicat; les murs en mous. seline; les plafonds en mousseline; les colonnes à chapitaux corinthiens en mousseline; des nappes d'une grandeur fantastique, improvisées avec leurs dessins moirés et damassés, uniquement pour la fête! Sur les parois latérales étaient des peintures fort bien exécutées représentant les principales villes de l'Alsace, avec leurs armoiries.

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A la fin du banquet, plusieurs toasts ont été portés par M. Berger, président du conseil d'administration du chemin de fer au roi! (ce toast, développé avec chaleur, a été suivi de longues et unanimes acclamations; le canon grondé, la musique s'est fait entendre); par M. Emile Dolfus, président de la Société industrielle de Mulhouse; à M. le ministre des travaux publics! (M. le ministre a répondu par une allocution qui a été chaleureusement applaudie); par M. Schützenberger, maire de Strasbourg à M. Nicolas Koechlin! par M. Schwilgué, ingénieur en chef du département du Bas-Rhin : à MM. Chaperon et Bazaine, ingénieurs des travaux du chemin de fer! par M. Camille Burckhardt : aux invitės, aux autorités et aux fonctionnaires assistants, à Monseigneur l'évêque ! par

Ann, hist. pour 1841. App.

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M. Bærsch: à l'union des villes de l'Al sace situées sur le chemin de fer!

25. Paris. Distribution des prix à l'Académie royale des Beaux-Arts, pour le concours de peinture.— L'Académie royale des Beaux-Arts a prononcé aujourd'hui son jugement sur le concours de peinture historique, dont le sujet était la robe de Joseph présentée à Jacob. Premier grand prix : M. Auguste Lebouy, de Honfleur (Calvados), âgé de 29 ans, élève de M. P. Delaroche. Premier second grand prix : M. Charles-François Jalabert, de Nîmes (Gard), âgé de 21 ans, élève de M. Delaroche. Deuxième second grand prix M. Jules-Ambroise-François Naudin, de Paris, âgé de 21 ans, de M. Cogniet.

OCTOBRE.

élève

3. Brives. Inauguration de la statue du maréchal Brune. Il y a déjà plusieurs années que la ville de Brives projette la réhabilitation éclatante du maréchal Brune. La fortune du maréchal a été léguée à cette ville, par suint d'un fideicommis tacite, religieusement exécuté. C'est M. Majour, beau-frèrǝ du maréchal, qui avait reçu ce noble mandat, et qui à droit aussi à la recon. naissance des Brivistes.

Le mode de manifestation qui a semblé le plus digne de l'illustre guerrier est l'érection d'une statue de bronze. Cette statue a été commandée à M. Lanuo, l'un de nos premiers statuaires. Elle est arrivée depuis quel ques jours avec celle de M. Majour, exécutée par le même artiste.

Des préparatifs immenses ont été faits pour l'inauguration de la statue principale. Notre vaste et magnifique île des Guyeris a été couverte d'ouvrages élégants, d'enceintes, d'amphithéâtres, de tout ce qui peut donner de la vie, du mouvement, de l'éclat, une magique variété, à un spectacle de cette nature. Au milieu d'un cercle spacieux décrit par une construction gracieuse de planches et de boiseries diverses, s'élève le piédestal soigneusement sculpté, portant sur sa face principal une inscription qui exprime sa destination. La statue était déjà po

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sée, mais enveloppée d'une couverture en toile.

Un grand nombre d'invitations avaient été distribuées dans le départe ment et à Paris. MM. les généraux Marbot, d'Alton, M. le colonel Bourgoin, aide-de-camp de Brune; M. Dupin, procureur général près la cour de cassation, le défenseur éloquent de la mémoire du général; MM. les députés du département; M. le procureur général Dumont - Saint-Priest; M. le préfet et une foule de notabilités, ont assisté à la fête. La population de Brives, et celle d'une grande partie du département se pressaient, ardentes et compactes, autour des personnages d'élite. On avait envoyé quelques canons evec une compagnie du régiment en garnison à Clermont et à Tulle.

A midi, le cortége, composé à l'hôtel-de-ville, s'est dirigé, musique en tête, vers le lieu de l'inauguration. L'enceinte qui environne la statue a été bientôt remplie, et des discours ont été prononcés. M. le sous-préfet a le premier pris la parole, et, dans une allocution vivement sentie, il a profondément ému l'assemblée, attentive au récit des faits presque fabuleux d'héroïsme et d'honneur qui marquent la belle vie du guerrier magistrat, comme l'appelait Napoléon. D'heureux mouvements, un style élevé, une sensibilité communicative, distinguent le dis cours de M. Debonsquet. On y a remarqué surtout une allusion heureuse au dévouement que développa M. Dupin dans sa défense du maréchal. Ce magistrat, président de la solennité, n'a pu maîtriser son émotion à cette expression de souvenirs si glorieux

pour lui.

M. Meunier, préfet de la Corrèze, a parlé ensuite. Son discours a été universellement applaudi.

Puis est venu l'aide-de-camp de Brune, M. Bourgoin, vieux guerrier qui a écrit les mémoires de son maréchal avec l'âme d'un admirateur passionné, fait pour comprendre une grande organisation et la peindre sans faiblesse. Il a redit ces choses admirables dont il a été le témoin; il les a redites de manière à impressionner pour longtemps ses auditeurs. M. Bourgoin a été éloquent lorsqu'il voulait n'être que

narrateur, et les applaudissements ne lui ont pas manqué.

Enfin M. Dupin s'est levé, et, avec cette puissance de parole dont il a douné tant de preuves, il a fait retentir ces mots de gloire, de patrie, d'assassinat et de haute réhabilitation, dette sacrée de l'histoire et de la postérité. On ne pourrait essayer de rendre l'effet de cette courte mais électrique harangue.

La statue avait été découverte : l'œuvre très-remarquable de M. Lanno s'était manifestée à tous les regards, imposante à la fois et pleine d'animation et de vérité.

Le cortège s'est rendu à l'église paroissiale, où un Te Deum a été entonné en l'honneur de Brune; à cinq heures, un banquet a réuni dans une salle immense une grande partie des citoyens notables, attirés par la cérémonie.

Le banquet a eu lieu sous la présidence de M. Dupin. De nouveaux discours y ont été lus et de nobles paroles prononcées.

4-42. Etats-Unis. Procès Mac-Léod, -Ce procés célèbre à commencé le 4 à Ultica. La cour était encombree de curieux; mais les magistrats avaient adopté toutes les précautions Décessaires pour que les jours du prévenu ne conrussent aucun danger. On a lu la liste des jurés: chacun d'eux a été interrogé. On a voulu avoir des hommes qui n'eussent pas deja préjugé la question de culpabilité ou d'innocence du prévenu, et dont la conscience ne fût pas assez timorée pour les empêcher de rendre un juste verdict. Ces premiers prononcé son réquisitoire ainsi conça : points établis, le procureur général a

Le 28 décembre 1839, un bâtiment à vapeur, la Caroline, de 30 à 40 tonneaux, a quité le port de Buffalo pour se rendre à Schloffer, deux milles audessus des chutes du Niagara. A ceite époque, deux à trois cents insurges canadiens s'étaient emparés de l'fle de la Marine au nom du gouvernement provisoire du Haut-Canada. Tout ce pays était dans la plus grande agitation, et l'effervescence s'étendait jusque sur nos frontieres. Les insurgés canadiens s'efforçaient d'attirer dans leurs rangs un grand nombre de nos concitoyens.

Messieurs, il n'est ni de mon devoir

ni dans mes intentions de faire l'apologie des patriotes ou des insurgés; mais ceux de nos compatriotes qui, sans former aucune entreprise militaire, et sans s'être organisés en corps armé sur notre territoire, ont abandonné notre territoire pour se joindre sur celui d'une contrée voisine à une puissance étrangère, n'ont violé ni la loi des EtatsUnis ni le droit des gens.

Tout ce que je veux prouver dans la cause, ajoute M Hall, c'est que le voyage de la Caroline n'avait aucun rapport avec les opérations des insurgés canadiens. Ses propriétaires et armateurs n'avaient pour but qu'une spéculation commerciale, celle de transporter les curieux qui se rendaient en foule à Schloffer pour être témoins des événements. Le bâtiment traversa le fleuve deux fois dans la même après-midi, et transporta dans l'île de la Marine des passagers avec des provisions nécessaires pour cet amas d'hommes. Il est à remarquer que, dans le même temps, un autre bâtiment américain ne cessait, chaque jour et à chaque heure, de transporter de Black-Blook à Waterloo, sur le rivage canadien, des armes et des munitions de guerre, et que l'armée canadienne recevait aussi ses vivres du rivage américain.

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Je vais plus loin et dis, mais non point avec orgueil, qu'il sera prouvé que des citoyens américains servaient dans les rangs de l'armée canadienne, opérant contre les insurgés. Nos relations avec l'Angleterre sont telles qu'il aurait mieux valu que nos citoyens ne prissent aucun parti ni pour ni contre.

Après avoir fait plusieurs voyages, la Caroline mouilla devant ce qu'on appelle le fort Schloffer; mais, qu'on ne s'y trompe point, il n'y a plus là de forteresse: l'ancien fort a fait place à de riches moissons. Il n'y a pas d'autre édifice qu'un magasin sur la jetée et une taverne; on trouverait à peine une seule maison jusqu'aux fameuses chutes, qui sont à deux milles de là.

Des centaines d'individus affluaient à cette taverne; ne pouvant y trouver de logement, ils cherchaient un refuge sur le bateau. Le capitaine en reçut autant que le peu d'espace pouvait le permettre, c'est-à-dire dix-huit ou vingt personnes. Les dépositions prouveront encore que ce bâtiment avait un équi

page entièrement américain, et qu'il n'existait à bord ni armes ni hommes armés.

A dix heures du soir, on posa une sentinelle, et les passagers se livrerent au repos. A minuit, la sentinelle donna l'alarme et avertit le capitaine de l'approche de bateaux dans lesquels se trouvaient des hommes armés qui paraissaient vouloir attaquer la Caroline. On entendait déjà un grand bruit, et bientôt apres des coups de pistolet et les cris: Point de quartier à ces damnés yankees! C'est le sobriquet que les Anglais se plaisent à donner aux Américains.

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Les passagers s'enfuirent à la bâte vers le magasin, mais ne purent y trouver un asile. C'est dans ces circonstances qu'un citoyen américain, Amos Durfee, fut trouvé mort sur la jetée, à quelques verges du bateau; une balle lui avait traversé la tête en entrant par derrière et en sortant par le front. Le coup à été tiré de si près, qne son bonnet a été brûlé par la poudre. Il n'y a pas de doute que le malheureux Durfee n'ait été tué dans cet endroit même et lorsqu'il fuyait. Les assaillants étaient au nombre de quarante à soixante hommes armés, tous venus du rivage canadien.

Les témoins démontreront que c'était une expédition secrète formée tout exprès pour la destruction de la Caroline. Un corps d'armée de 2,500 hommes avait été réuni pour chasser les insurgés de l'île de la Marine.

Tels sont, messieurs les jurés, les faits généraux que je devais vous exposer.

Il a été procédé ensuite à l'audition des témoins. Le défenseur du prévenu a examiné lui-même et contredit ces dépositions. Quelques-unes ont eu une tendance marquée à représenter M. Mac-Leod comme ayant pris part à l'attaque contre la Caroline. Les témoins ont constaté l'identité, et reconnu que, de concert avec d'autres personnes, Mac-Leod avait attaqué la Caroline. Le prévenu était bien mis, son attitude était très convenable et décente ; il a communiqué fréquemment avec conseil, et les dépositions contre ont paru peu l'émouvoir.

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Après l'audition des témoins à charge et à décharge, le réquisitoire de l'avocat général et la plaidoierie de M. Spen

cer, défenseur de l'accusé, le président de la cour résume les débats. Le jury se retire dans la chambre de ses délibérations. Après trente minutes, les jurés reviennent avec leur verdict. M. Root, greffier, prend la parole, et dit : Messieurs du jury, avez-vous rendu votre verdict? M. Thurber, chef du jury: Oui. M. Root: Que décidez-vous ? déclarez-vous Alexandre Mac-Leod, l'accusé qui est à la barre, coupable ou non coupable?-M. Thurber: Non coupable. M. Root inscrit le verdict et dit: Messieurs du jury, écoutez bien votre verdict comme la cour l'a inscrit. Vous dites que l'accusé n'est pas coupable, et vous le dites tous ? Les jurés font un signe affirmatif. Au moment oùle jury rendait son verdict, il n'y avait plus qu'un très-petit nombre de personnes dans la salle d'audience. On remarquait une vive émotion au banc de la défense.

NOVEMBRE.

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3. Paris. Distribution des prix à la Faculté de Médecine. La séance publique pour la distribution des prix de la Faculté de Médecine de Paris a eu lieu aujourd'hui dans le grand amphithéâtre, sous la présidence de M. Orfila, doyen.

M. le professeur Gerdy, qui a prononcé le discours d'usage, a fait l'éloge de M. Sanson, dont la Faculté a eu récemment à déplorer la perte. Les noms des lauréats ont ensuite été proclamés dans l'ordre suivant :

Prix de l'Ecole pratique. 1er prix (médaille d'or), M. Jarjavay (JeanFrançois), de Savignac (Dordogne); 2. 1er prix (médaille d'argent), M. Tardieu (Ambroise-Auguste), de Paris, interne des hôpitaux; 3e 1er prix, M. Fauragtier, de Montguyon (Charente-Inférieure).

Prix Monthyon, double cette année, deux médailles d'or; prix, M. Boudet (Charles-Ernest), de Paris, interne des hôpitaux, et M. Landouzy (Hector), d'Epernay, professeur à l'Ecole de Médecine de Reims.

Mentions honorables. MM. Lasserre, interne des hôpitaux, et Ambroise Tardieu, déjà nommé.

Prix Corvisart. Partagé ex æquo entre MM. d'Astros (Léon), d'Aix, et

Lemaire (Louis), de Bourges, médecin. Prix des élèves sages-femmes. Mme Fragot, de Paris.

3. Angleterre. Incendie de la Tour de Londres. Un incendie a presque complétement détruit la partie de la fameuse Tour de Londres que l'on appelait le Grand-Magasin et la PetiteSalle des Armures, contenant, outre de nombreux trophées, 200,000 fusils au moins. Le grand magasin avait été commencé par Jacques 11, et fini par Guillaume III. Il occupait la partie septentrionale de la Tour Blanche. A l'est de ce bâtiment est la nouvelle tour des joyaux, où sont déposés tous les diamants de la couronne. L'incendie qui vient de dévaster cet antique et glorieux monument a consterné la métropole. C'est à dix heures et demie du soir qu'un factionnaire de service sur la terrasse, près du bureau des bijoux, a aperçu une lueur extraordinaire sous la coupole de la tour ronde. Il s'est empressé de tirer un coup de fusil pour donner l'alarme. Bientôt le rappel a battu, et tous les soldats du poste sont accourus. Déjà les flammes s'échappaient par les fenêtres de la Tour ronde. Le major Elrington faisant fonc tions de gouverneur de la Tour, a été prévenu sur-le-champ. Les neuf pompes en réserve à la tour ont été amenées; elles ont commencé à jouer, mais le jet atteignait difficilement à la bauteur de la Tour- Ronde, qui est d'une grande élévation. Il y a eu quelque lenteur très-préjudiciable dans les premiers secours fournis par le corps des pompiers de Londres, que les factionnaires n'avaient pas voulu d'abord laisser passer à cause de la consigne.

A onze heures, la destruction de la Tour-Ronde était complète, mais la salle des armures prenait feu. La difficulté de s'attaquer directement aux flammes qui gagnaient toujours était extrême; à près de minuit, la Tour-del'Horloge était menacée. Le peuple assiégeait les entrées et les avenues de la Tour de Londres, et 500 hommes des forces de la police avaient la plus grande peine à empêcher les masses de se ruer dans les cours, ce qui aurait pa amener les plus grands malheurs. Il fallut faire venir des renforts; 400 hommes de troupes arrivèrent.

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