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A minuit et demi, l'incendie se propageait avec une effrayante rapidité, malgré tous les efforts des pompiers et de la troupe. La flamme éclairait alors un espace immense. La tour avait à ce moment toute l'apparence effrayante du cratère d'un volcan. La chaleur était excessive. Entre la salle des armures et la Tour-Blanche elle était telle, que plusieurs pompes furent à demi brûlées. A une heure, la Tourde-l'Horloge s'écroula avec un bruit effroyable. On s'empressa de porter tous les secours du côté de la Tour-Blanche et de l'église Saint-Pierre pour les préserver. Les officiers et les soldats de la garnison ont contribué par leurs efforts admirables à cet heureux résultat.

Le major Elrington, voyant les flammes prendre la direction de la Tour-des-Diamants, ordonna de briser les portes et de sauver à tous prix les diamants de la couronne. Il fallut vingt minutes, en l'absence des clefsque le lord chambellan avait en sa possession, pour briser tous les obstacles, et ce fut bientôt un curieux spectacle que celui des gardiens apportant au major Elrington des sceptres, des diadêmes, les insignes de la royauté. Rien n'a souffert, rien n'a été perdu à la Tour-des-Diamants; elle-même a été sauvée.

A deux heures, le feu avait atteint son apogée, et des craintes se manifestaient pour des réserves de poudre qui pouvaient, d'un moment à l'autre, faire explosion. A trois heures, le feu diminuait d'intensité; entre trois et cinq heures, grâce à des jets habilement ménagés, on s'était rendu maître du feu. De tout ce qui se trouvait dans les bâtiments incendiés il n'est resté qu'un seul objet, une ancre énorme prise à Canperdown.

Le colonel Gardvood étant parti pour faire une tournée en France, en son absence, le major Elrington s'est trouvé chargé du gouvernement momentané de la Tour de Londres. On est parvenu à sauver l'épée et le ceinturon de S. A. R. le duc d'York, ainsi que le fameux canon de Malte, pris à Malte par les Français en 1798, puis repris par le capitaine Foot de la frégate Sensible. Le major Elrington a envoyé un exprès au duc de Wellington, grandconstable de la Tour, pour lui donner avis de la catastrophe. Le duc a fait

répondre au major qu'il déplorait amėrement la perte immense subie par la nation, et il a ajouté qu'il se rendrait à la Tour si sa présence était nécessaire. Il résulte du rapport du surintendant du corps des pompiers de Londres, que l'incendie paraît avoir commencé dans les ateliers derrière la grande salle des armures, et qu'il a été employé vingt-six pompes contre l'incendie.

On croit que ce sont des tuyaux de poêle qui ont communiqué le feu. Un malheureux pompier a été tué par une partie des toitures qui est tombée sur lui. On parle d'autres accidents d'une nature très-grave. Plusieurs membres du gouvernement sont venus visiter la Tour dans la matinée. Les pompes continuaient à jouer contre les ruines, où le feu couvait encore. On évalue généralement la perte à plus de 1 million sterling.

La Tour de Londres contenait à peu près 200,000 fusils en bon état. Le classement de ces armes présentait un coup. d'œil admirable. Il y avait dans la salle des armures des objets extrêmement curieux; les armes saisies sur William Perkins et d'autres individus qui avaient voulu assassiner Guillaume III. On y voyait deux pièces fondues avec des canons français pris à Cherbourg en 1758; deux pièces enlevées sur les murs de Vigo, en 1704; un canon en bois dont le duc de Suffolk, dit-on, s'était servi au siége de Boulogne pour intimider les habitants.

Le Morning-Post rapporte que les pompes étaient servies par près de 2,000 hommes; elles lançaient des milliers de tonneaux d'eau par minute contre les bâtiments incendiés. Les soldats d'artillerie ont été occupés a enlever des munitions de guerre qui étaient enfermées dans la Tour-Blanche, et qui auraient entraîné d'épouvantables explosions sans cette précaution. Ils trempaient des couvertures dans l'eau et les jetaient en toute hâte sur les barils de poudre. Le major Elrington s'est chargé sur sa responsabilité personnelle des diamants de la couronne qu'il a fait enfermer dans un appartement. A mesure qu'un objet était confié à un des gardiens, on inscrivait l'objet et le nom du gardien. A cinq heures, tous les feux étaient éteints;

cependant un homme et sa femme, qui demeurent près de la Tour prétendent avoir vu, passé cette heure, un homme avec une lumière dans les ateliers qui devaient être fermés on en conclurait que ce pourrait être quelque incendiaire. Il y avait 43 canons fondus à diverses époques, et tous plus ou moins remarquables. Parmi les armes qui ont été la proie des flammes, outre des canons pris à Cherbourg, on voyait encore dans cette salle, où ils ont été dévorés par les flammes, quelques canons pris à Waterloo, la roue du gouvernail de la Victoire, à bord de laquelle est mort Nelson; 8 drapeaux envoyés par le général Bonaparte en 1798 au directoire.

La chaleur était si grande, dit le Morning Herald, que les curieux qui se tenaient même à distance étaient forcés de mettre leurs mains devant leur figure pour s'abriter. Les archives et les cartes déposées dans la Tour ont été sauvées. La chapelle de SaintPierre, bâtie par Edouard Ier, a été conservée. On sait que dans ses caveaux sont déposés grand nombre de personnages dont les noms sont historiques.

Selon le Standard, il n'est presque pas douteux que l'incendie a été causé par des tuyaux et est dû uniquement à un acccident. Les débris qui restent de ces bâtiments incendiés tombent à chaque instant avec fracas. On empêche la foule d'approcher. Le major Elrington est malade des suites des fatigues qu'il lui a fallu supporter dans cette triste nuit. Le duc de Wellington n'est pas encore venu visiter les ruines.

Le Courrier annonce que l'enquête n'a encore amené aucun résultat décisif. On espère que lorsque l'on pourra examiner plus attentivement les ruines, on retrouvera des objets précieux peu endommagés.

Le Morning-Advertiser rapporte que M. Swist, gardien des diamants de la couronne, les a transportés, sous escorte de la police, dans les appartements du major Elrington. Les objets sauvés sont: la couronne de Saint-Edouard, faite pour le couronnement de Charles II; la couronne d'Etat, faite à la même époque, et que le roi ou la reine porte en se rendant au parlement; le diadême d'or de la reine, c'est celui qui

servit à la reine Marie, femme de Jacques II, lors de son couronnement; la Couronne de la reine, celle qui servit au couronnement des reines; la couronne de la garde-robe de la reine, c'est celle que la reine portait à sa sortie de Westminster, après le couronnement. Il y a aussi le globe que le roi portait à la main droite à la cérémonie du couronnement. L'ampoule, ou l'aigle d'or, le glaive de la miséricorde. Un grand nombre d'autres objets de prix ont été également mis en sûreté. Le canon vénitien et l'attelage, sous la Table-Ronde, ont été sauves. Les armures de cavalerie l'ont été également.

9. Angleterre. Naissance du prince de Galles. Le 9, à onze heures du matin, S. M. la reine d'Angleterre est heureusement accouchée d'un prince.

Deux heures auparavant, la duchesse de Kent était arrivée au palais de Buc. kingham; elle s'est transportée sur le champ auprès de S. M., qui avait alors dans sa chambre sir James Clarke, le docteur Locock et M. Blagden. Le prince Albert, qui se trouvaitégalement dans la chambre à coucher de la reine, montrait la plus vive sollicitude.

Dans le salon voisin étaient réunis les grands officiers de l'Etat et les membres du cabinet; aussitôt après sa nais. sance, le prince roval a été apporté par la nourrice (Mad. Lilly). Il leur a été exhibé, et toutes les personnes présentes ont signé la déclaration de la naissance de l'héritier présomptif de la couronne d'Angleterre.

Sir Robert Peel, le comte d'Aberdeen, sir J. Graham et les autres membres du cabinet ont quitté le palais a Onze heures, et des intructions ont été sur-le-champ données pour la convocation immédiate d'un conseil privé.

La reine elle même a voulu qu'un courrier du ministère de l'intérieur portât sur-le-champ, à Sudbury-Hall, la nouvelle de son heureuse délivrance à S. M. la reine douairière.

Aussitôt que l'événement a été connu, toutes les cloches des diverses eglises de la capitale ont été mises en bran. le. A deux heures le conseil privé s'est assemblé. Etaient présents: S. A. R. le prince Albert, le lord-chancelier, le très-honorable sir Robert Peel, premier

membre de la trésorerie; le très-honorable Henry Goulbrun, chancelier de l'échiquier; le lord président du conseil, lord Wharncliffe; le lord du sceau privé, le duc de Buckingham et Chandos; les secrétaires d'Etat des déparments de l'intérieur, des affaires étrangères et des colonies; le prési dent de la direction du contrôle, le premier lord de l'amirauté, le président du bureau du commerce et le secrétaire-d'Etat de la guerre. Etaient également présents: l'archevêque de Cantorbéry, l'évêque de Londres, le comte de Liverpool (lord intendant), le comte de Laworr (lord-chambellan).

Il a été décidé dans la chambre du conseil, a Whitehall, que sa grâce l'archevêque de Cantorbéry préparera une formule de prière et d'actions de grâce au Dieu tout-puissant, à l'occasion de l'heureuse délivrance de S. M.

Il y a eu à Londres beaucoup d'enthousiasme à la nouvelle de la naissance du prince de Galles. Beaucoup de marchands ont illuminé pour témoigner leur joie. Une illumination générale doit être faite en l'honneur du baptême du prince. Dans les théâtres de la capitale, l'air national a été chanté et tous les refrains on été répétés avec le plus vif enthousiasme par l'auditoire. Partout on a redemandé à grands cris le God save the king et God bless our prince! Nous ne parlons pas des démonstrations bachiques.

Suivant l'ancienne contume, la maison de la reine a été régalée d'un punch royal. On a bu fréquemment à la santé du prince. La reine, dans ses visites récentes à Claremont, a choisi la femme d'un des employés de cette résidence royale pour être nourrice du prince. Le nom de cette femme est Brough,

La princesse royale gardera son titre, bien qu'elle ne soit plus l'héritière présomptive du trône.

On ne sait pas encore le nom qui doit étre donné à l'héritier présomptif de la couronne. Quelques personnes pensent qu'il recevra le nom de son père, Albert; d'autres croient que le nom d'Edouard lui sera donné, en souvenir du feu du duc de Kent. Jusqu'ici, rien n'est décidé.

23. Cour d'assises de Maine-et-Loire.

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Aprés deux ou trois minutes d'attente, M. Ledru Rollin et ses défenseurs, MM, Marie, Odilon-Barrot et Berryer sont introduits; M. Arago est en habit noir; Me Marie et M. LedruRollin entrent seuls dans la chambre du conseil pour assister au tirage des jurės.

A dix heures un quart, le tirage est terminé; la cour et le jury rentrent en séance.

M. Ledru-Rollin, aux interpellations de M. le président, répond être âgé de 34 ans, avocat à la cour de cassation et au conseil-d'état, demeurant à Paris.

M. Hauréau Hauréau (Barthélemy), âgé de 24 ans, rédacteur en chef du Courrier de la Sarthe, né à Paris.

M. le greffier de la cour donne lecture de l'arrêt de mise en prévention, rendu par la cour royale d'Angers, le 19 août dernier, et de l'arrêt du 8 octobre suivant, par lequel la cour de cassation renvoie l'affaire pour cause de suspicion légitime devant la cour d'assises de Maine-et-Loire.

M. le président : Monsieur LedruRollin, reconnaissez-vous avoir prononcé, le 23 juillet dernier, le discours incriminé? R. Oui, monsieur.

D. La réunion n'avait-elle pas été annoncée d'avance dans le Courrier de la Sarthe? R. Je l'ignore, monsieur; j'étais arrivé la veille au Mans.

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D. Où se tenait cette réunion? R. Je crois, chez M. Barré.

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Après l'audition des témoins, M. le procureur général Corbin prend la parole. En 1837, dit-il, M. LedraRollin s'était présenté au collège élec toral de St Valery, sous le patronage de l'honorable M. Barrot, patronage qui ne pouvait laisser prévoir alors qu'un jour il se porterait le successeur de Garnier-Pagès. Ce fut le 23 juillet que le discours incriminé fut prononcè dans une réunion qui se tenait dans la maison de M. Barré; cette réunion se tenait à huis ouvert; y pénétrait qui voulait. Le propriétaire de la maison a porté à 300 le nombre des assistants, tandis que la liste électorale du 2o collége ne comprenait que 213 noms : nous pensons donc que la publicité ne sera pas contestée.

Ce discours éveilla aussitôt l'attention de la presse, et surtout celle des magistrats; la cour, à titre de gardienne de la tranquillité publique, devait s'en préoccuper vivement.

Le 2 août, dans une réunion pour le service intérieur de la cour, un de messieurs de la cour fit la proposition d'enjoindre au procureur général de poursuivre le discours de M. LedruRollin; la cour ne voulant rien précipiter, la déclaration fut remise au lendemain.

Cette injonction était l'exercice d'un droit qui appartient à la magistrature; nous verrons si ce n'était pas aussi l'exercice d'un devoir.

Le 3 août, un arrêt fut rendu qui enjoignait au procureur général de poursuivre. Que faisait alors le minis. tère public? Il était représenté par un homme qu'il m'est interdit de louer, mais dont toute la vie est une protestation contre un outrage, et contre lequel on aurait dû s'épargner d'en lancer un de si loin. Ce magistrat n'hésita pas un instant sur la question de la lé. galité de la poursuite; il voulait réfléchir plus long-temps sur la question d'opportunité. Le gouvernement eut aussi à s'occuper de cette question; le conseil des ministres s'assembla pour décider s'il conviendrait de laisser leur cours à des poursuites qui pouvaient donner lieu à tant de difficultés.

Voilà toute la vérité, messieurs, et cependant, que disait pendant ce temps la presse? Nous nous contenterons de

citer deux passages dans lesquels le National soutient que c'est le ministere qui a émis la poursuite, et on l'accuse de plate hypocrisie à ce sujet ; voilà, messieurs, comment la presse sait travestir les faits.

Après avoir démontré que le discours mérite toutes les qualifications que lui a données l'arrêt de la cour, M. le procure ur général arrive à la question principale, celle de l'inviolabilité de M. Ledru-Rollin, à raison des circonstances où le discours a été prononcé.

Il s'exprime en ces termes : M. Ledru-Rollin nous dit, qu'appelé par les électeurs du Mans, il leur devait sa pensée tout entière. Oui, sans doute, il leur devait sa pensée pourvu que l'expression n'en fût pas contraire aux lois. Nous pensons que nul n'est libre contre la loi, et qu'il n'y a pas plus d'inviolabilité pour le candidat que pour tout autre citoyen; qu'il doit sans doute aux électeurs l'expression de ses opinions, mais pourvu qu'elles ne soient pas contraires à la Charte et aux lois.

Mais, ajoute-t-on, la souveraineté électorale a légitimé le discours au moyen de l'élection qui l'a suivie, et labilité. Expliquons-nous, messieurs, elle couvre son élu de sa propre invio

sur la souveraineté électorale:cette souveraineté n'existe qu'à un certain jour fixé; elle ne s'exerce qu'à condition d'un serment d'allégeance au roi et à la Charte; cette souveraineté n'est donc pas illimitée dans son essence; elle ne l'est pas davantage dans son exercice, puisque le corps électoral ne peut choisir que certaines personnes réunissant certaines conditions, et qui n'encourent pas certaines incompatibilités.

Ainsi le collège électoral est souverain en ce sens qu'il est parfaitement indépendant et libre dans son choix et que personne ne peut lui en demander compte. Voilà la seule manière dont je puisse comprendre la souveraineté électorale; il en est de même de la souveraineté des cours de justice et des jurés. Elle n'existe qu'a condition de s'exercer dans le cercle des attributions légales.

Et d'ailleurs, messieurs, avant l'élection, qu'était M. Ledru-Rollin? un simple candidat briguant les fonctions de député, et, à ce titre,ne pouvant

réclamer aucune immunité spéciale; après l'élection il est député à deux conditions, 1° que ses pouvoirs aient été vérifiés; 2o qu'il ait prêté serment au roi et à la Charte ; oui, quoi qu'on fasse, il faudra que la démocratie passe sous les fourches caudines de ce serment.

Mais, même après l'admission, le député est-il inviolable? Pas davantage, il peut être poursuivi pour crime ou délit, soit directement en cas de flagrant délit, soit, dans tout autre cas, avec l'autorisation de la chambre; il est irresponsable, il est vrai, à raison des discours par lui prononcés à la tribune, mais c'est parce que l'exercice de son droit est soumis à la surveillance de la chambre.

La responsabilité est la première condition pour faire partie d'une société, et si le roi a été affranchi, c'est qu'il a des ministres qui sont respon. sables à sa place.

Ainsi M. Ledru-Rollin, qui n'était pas autre chose qu'un simple citoyen quand il a prononcé son discours, doit évidemment en être responsable. S'il en était autrement, voyez ce qui pourrait arriver, si le candidat pouvait tout dire au jour de la réunion électorale. Le candidat, c'est tout le monde ou au moins c'est tout éligible. Ainsi, à un jour donné, sur tous les points de la France pourront retentir les discours les plus incendiaires, et malheur aux procureurs généraux s'ils osent poursuivre les auteurs. On les somme de se mettre à genoux devant le candidat et de s'incliner devant son inviolabilité.

en

Mais si les candidats peuvent tout dire, les électeurs qui les appuient, la presse qui les préconise doivent être aussi inviolables, car ils travaillent à la même œuvre et doivent être protégés par la même égide. Ainsi, s'il pouvait arriver qu'il se rencontrât un bourg-pourri du communisme, il faudra y tolérer des discours destinés à attaquer la propriété et les saintes lois de la famille.

Ne pourrait-il pas àrriver encore que dans un autre collége électoral on vint proclamer Henri de Bourbon? Que dirait-on alors si nous restions paisibles sur notre siège? Oh! la grande désertion du pouvoir! oh! la trahison du ministère public ! s'écrierait-on, et on aurait rai.

son; mais nous ne souffririons pas plus que la loi fût violée dans ce sens que dans celui des opinions démocratiques.

Nous le répétons, messieurs, toute la criminalité est dans le discours que Nous vous engeons à relire dans la chambre du conseil.

Quant au sieur Hauréau, il ne peut invoquer son ignorance et sa bonne foi: c'est bien volontairement, et même sans y être invité par M. Ledru-Rollin, qu'il a inséré ce discours audacieux qu'il avait bien jugé ; il ne peut donc échapper à la condamnation que nous requérons contre lui.

Nous nous résumons, messieurs : ce discours a été prononcé dans une réunion publique tenue à portes ouvertes; il a été publié du consentement de son auteur; il contient l'excitation à la haine et au mépris du gouvernement du roi et au renversement de nos institutions.

Nous venons vous demander, au nom du pouvoir, une grande satisfaction. Le verdict que vous allez rendre aura une immense portée : les partis vous regardent; ils attendent ce verdict comme un signal, et si vous veniez à décider que tout est permis aux candidats lors des élections, vous entendriez des cris de victoire, et vous verriez aux élections prochaines se produire les fruits de votre décision, et de par le jury de Maine-et-Loire, je n'exagère pas, la sûreté de l'Etat pourrait être compromise.

Après ce discours, qui a duré plus de deux heures, la séance est suspendue pendant une demi-heure.

A midi et demi la séance est reprise. M. le président : Le défenseur du prévenu a la parole.

M. Ledru-Rollin réclame la parole pour donner quelques explications de fait.

M. Odilon-Barrot prend la parole; son plaidoyer, fort prolixe, peut se réduire à cette allocution au jury, par laquelle il termine son discours :

C'est une chose grave, messieurs, que de prétendre faire condamner par un corps électoral des doctrines apmais que serait-ce, grand Dieu! s'il prouvées par un autre corps électoral; s'agissait d'une élection générale ? Et ce n'est pas une supposition gratuite, car nous touchons aux élections générales; irez-vous alors épier chaque mot

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