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C

DE MESSIRE

ANTOINE ARNAULD,

DOCTEUR DE LA MAISON ET SOCIÉTÉ

DE SORBONNE.

TOR

TOME TRENTE-NEUVIEME,

Contenant les Nombres VIII & IX de la feptieme Claffe.

LAURARS

NEW-YORK

A PARIS, & se vend à LAUSANNE,
Chez SIGISMOND D'AR NAY & COMPAGNI E.

M. DCC. LXXXI.

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No. VIII. Lettres de M. Arnauld, Docteur de Sorbonne, au Révérend Pere Malebranche, Prêtre de l'Oratoire, fur les Idées générales, la Grace & l'Etendue intelligible.

page 1

No. IX. Réflexions Philofophiques & Théologiques fur le nouveau Syftême de la Nature & de la Grace. 155

LETTRES

DE MONSIEUR ARNAULD,

DOCTEUR DE SORBONNE,

AU REVEREND PERE MALE BRANCHE,

PRÊTRE DE L'ORATOIRE,

[Sur les Idées générales, la Grace & l'Etendue intelligible.]

Si fieri poteft, quod ex vobis eft, cum omnibus hominibus pacem babentes. Rom. 12. 18.

[Sur l'Edition de 1685. ]

J

PREMIERE LETTRE.

Au fujet de la Réponse fur les miracles de l'Ancienne Loi.

'Ai lu, Mon Révérend Pere, votre Réponse à ma Differtation Elle m'a donné diverfes penfées. Mais je me fens porté à fupprimer toutes celles que j'ai appréhendé qui ne vous fiffent de la peine, pour m'arrêter uniquement à celle que j'ai cru, tout confidéré, qui feroit Philofophie. Tome XXXIX

A

VII.CL. plus agréable à Dieu. C'eft, comme vous voyez, de m'adresser à N°. VIII. vous-même, afin de tenter fi nous ne pourrions point terminer nos différents, d'une maniere fi honnête & fi modérée, que les plus fcrupuleux en matiere de douceur en puffent être édifiés.

Ce qui a plus contribué à me faire prendre ce deffein, eft, ce que vous témoignez à la fin de votre Réponse touchant votre difpofition, d'une part, &, de l'autre, touchant celle dans laquelle vous priez Dieu de me mettre.

Pour ce qui vous regarde, vous proteftez, que fi vous pouvez découvrir que vous vous soyez trompé, vous ne manquerez pas de vous rétracter publiquement, fi Dieu vous conferve, comme vous l'espérez, P'amour qu'il vous a donné pour la vérité. A quoi vous ajoutez, pour montrer combien cette difpofition eft fincere: Il me semble que j'aurois plus de fatisfaction, & que je me ferois plus d'honneur devant Dieu & devant les hommes, & devant toutes les perfonnes dont je fais le plus de cas de Papprobation & de l'eftime, d'avouer généreusement que je me fuis trompé, que de foutenir ce que je crois véritable. Et quand j'y pense, je fens quelque peine à m'empêcher de defirer que la vérité foit du côté de M. Arnauld, à caufe du plaifir que j'aurois de me rendre, & de facrifier à la vérité & à la charité, une vaine réputation, & qu'assurément je n'eftime guere.

D'un autre côté, après m'avoir averti qu'il eft temps que je pense à moi, voici la priere que vous faites à Dieu pour m'obtenir cette grace, & par laquelle vous finiffez votre Réponse. Je prie Dieu qu'il lui fale la grace de rentrer un peu en lui-même, & que, fatigué des mouvements que lui donnent ceux qui le regardent comme l'oracle, il confulte l'ordre de fes devoirs, & faffe fatisfaction à tous ceux qu'il a injustement offenfés.

Vous ne voudriez pas, Mon Pere, avoir deux poids & deux mefures & ainfi, comme vous avez fuppofé qu'il étoit jufte que l'on vous en crût, quand vous rendez témoignage de ce qui eft caché dans le fond de votre cœur, touchant le defir que vous fentez de vous rétracter publiquement, fi-tôt que vous aurez reconnu que vous vous êtes trompé, vous êtes trop équitable, pour ne pas avouer que j'ai en cela le même droit que vous, & que, par conféquent, vous me devez croire auffi, & le public avec vous, quand je déclare ce qui eft caché au fond de mon coeur, & qui, hors moi, n'est bien connu que de Dieu.

Vous trouverez donc bon, qu'à votre exemple je protefte que je ferois très fâché qu'il y eût des gens qui me regardaffent comme

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