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supérieure de la première phalange du pouce après avoir présenté successivement deux ventres charnus. Qui ne voit que cette description s'applique à l'existence d'un radial accessoire dont le tendon se perd dans le chef externe d'un court abducteur du pouce double?

Chez beaucoup d'animaux, et parfois chez l'homme (Henle), les radiaux sont représentés par un seul gros muscle d'où partent deux tendons pour le second et troisième métacarpien. Le radial intermédiaire de Wood, qui relie les deux muscles entre lesquels il est placé, ne peut-il pas être considéré comme se rapprochant de ce type? Chez le fourmilier on trouve un muscle qui naît de l'humérus audessus du long supinateur, et qui va s'insérer soit à l'os ensiforme, soit à la substance musculaire de la paume de la main (Meckel, Anat. compar., 1829-30, vol. VI, p. 327-8). Ce muscle pourrait bien être l'homologue du radial accessoire de Wood.

Une anomalie des muscles radiaux, un peu différente des précédentes, a été mentionnée par M. Perrin (Medical Times and Gazette, 1872, vol. II) et rencontrés également par J. Cunow (The Journal of Anatomy and Physiology, 1875, no XII, p. 306). Il s'agit d'un troisième muscle radial, d'un volume égal au deux autres, qui naît par deux ventres charnus des bords des muscles normaux entre lesquels il est situé; l'origine qu'il tire du second radial est la plus importante; les fibres de ce muscle se terminent sur un tendon unique, deux pouces au-dessus de l'extrémité inférieure du radius, et ce tendon s'insère au côté interne du second métacarpien. On voit que ce muscle surnuméraire difière du radial intermédiaire et du radial accessoire de Wood.

II. PHYSIOLOGIE. L'action des muscles radiaux était fort imparfaitement connue avant les travaux de M. Duchenne de Boulogne, qui les a étudiés à l'aide de l'expérimentation électrique et de l'observation clinique, et paraît avoir définitivement établi leur rôle respectif. Tout ce qui va suivre est donc emprunté à ce sagace observateur (Physiologie des mouvements, Paris, 1867, p. 149 et suiv.).

Lorsqu'on excite successivement à l'aide du courant électrique les muscles extenseurs de la main, celle-ci étant tenue en pronation et infléchie sur l'avant-bras, on observe les mouvements suivants : par la contraction du premier radial, la main se meut obliquement en haut et en dehors, et sa face dorsale regarde en dehors. Est-ce le second radial qui est mis en action? l'élévation de la main sur l'avantbras a lieu directement, et alors la face dorsale de la main regarde un peu en dehors 3

Pendant que, par la contraction électrique du second radial, la main est ainsi tenue dans l'extension sur l'avant-bras, vient-on à diriger le courant d'un second appareil d'induction sur le premier radial, la main, obéissant à l'action latérale propre à ce muscle, n'éprouve pas d'obstacle pour se porter en dehors et en dedans.

Lorsque le cubital postérieur et le premier radial sont mis simultanément en contraction avec deux courants d'induction de force égale, l'élévation de la main se fait directement sur l'avant-bras et la face dorsale de la main regarde en haut. Il est donc démontré par l'expérimentation électro-musculaire que les trois muscles extenseurs de la main sur l'avant-bras agissent chacun d'une manière spéciale; le second radial étend directement la main, en exerçant son action sur le troisième métacarpien sans contrarier les mouvements de latéralité de ses congénères pour l'extension; le premier radial produit l'extension abductrice, tandis que le cubital postérieur amène l'extension adductrice.

On enseignait avant les travaux de M. Duchenne, que les deux radiaux possédaient la même action abductrice, et que l'extension directe de la main résultait de la contraction combinée de ces muscles avec le cubital postérieur. S'il en eût été ainsi, l'extension directe de la main eût toujours exigé une plus grande dépense de forces, en mettant alors en action trois muscles dont deux sont antagonistes pour leurs mouvements de latéralité; l'effort que ce mouvement eût ainsi exigé aurait nui à l'habileté manuelle:

Mais, en raison de l'action propre dont jouit heureusement le second radial (extenseur direct de la main), cette combinaison musculaire complexe n'est plus nécessaire à l'extension directe habituelle de la main; elle a lieu seulement lorsque l'on doit étendre la main avec effort. C'est ce que l'on peut constater pendant l'extension volontaire de la main, et ce que démontre mieux encore l'observation clinique ainsi que nous le dirons plus loin.

L'existence d'un muscle extenseur direct de la main facilite les divers mouvements de latéralité intermédiaires, qui se produisent sans effort, pendant l'extension de la main ou pendant ses mouvements de circumduction.

Voyons, en effet, ce qui se passe dans ce dernier cas. Supposons la main à son plus haut degré d'extension abductrice. Si le mouvement se fait sans effort, le premier radial sera seul alors en contraction. Si la main est ramenée vers l'extension directe, le second radial combinant son action avec celle du précédent reste seul contracté, quand la main est arrivée à l'extension directe; mais dès que son abduction commence, le cubital postérieur vient s'associer à lui, entrainant progressivement la main vers le cubitus et restant enfin seul contracté lorsque la main se trouve en extension abductrice extrême.

S'il n'existait, ainsi qu'on l'enseigne généralement, que des extenseurs abducteurs ou adducteurs de la main, le mouvement de circumduction de cette partie ne se ferait pas avec la même facilité, à cause de l'antagonisme musculaire que I on devrait alors faire intervenir.

III. PHYSIOLOGIE PATHOLOGIQUE. La paralysie et surtout l'atrophie partielle des muscles extenseurs de la main ont fourni à M. Duchenne l'occasion d'observer l'action individuelle de ces muscles, qui se produit alors sous l'influence de la volonté, et aussi de confirmer par l'observation clinique les faits qui ressortent de l'expérimentation électro-physiologique.

En effet, les sujets privés du concours du second radial et du cubital postérieur ne peuvent étendre la main sur l'avant-bras, sans la porter à son plus haut degré d'abduction.

N'ont-ils conservé que l'action du cubital postérieur? l'adduction de la main, au contraire, devient inséparable de son extension; enfin, la contractilité volontaire du second radial est-elle seule conservée? la main peut être étendue directement sur l'avant-bras, mais dans cette attitude, elle ne jouit plus de ses mouvements latéraux.

Lorsque l'un des muscles, extenseur abducteur (premier radial) ou extenseur adducteur (cubital postérieur), est seul paraly sé ou atrophié, le sujet peut étendre à volonté sa main directement ou latéralement, dans la direction de l'extenseur adducteur intact. Il est évident que s'il n'avait pas la facilité de contracter isolément son second radial, il ne pourrait obtenir l'extension directe de sa main sur son avant-bras, car la moindre contraction synergique de l'autre muscle imprimerait à la main un mouvement plus ou moins latéral.

Ce fait de physiologie pathologique tend à démontrer que, dans l'extension vo

lontaire de la main sur l'avant-bras, chacun de ses trois muscles extenseurs peut se contracter isolément pour produire le mouvement qui lui est spécialement affecté.

Ce qui fait ressortir aussi l'utilité du second radial pour le mouvement de circumduction de la main, c'est que, pendant ce mouvement, le passage de l'extension abductrice à l'extension adductrice se fait difficilement et brusquement lorsque ce muscle est atrophié.

L'observation clinique fait aussi connaître comparativement le degré d'utilité de chacun des muscles extenseurs de la main sur l'avant-bras, soit au point de vue de l'attitude de ce membre, soit au point de vue de ses mouvements.

Ainsi, consécutivement à la paralysie ou à l'atrophie du premier radial, la main est entraînée vers le cubitus par la force tonique prédominante des muscles adducteurs; si, en outre, le second radial est lésé, ce mouvement pathologique de la main est encore plus prononcé.

A la longue, cette attitude pathologique déforme les surfaces articulaires dans le sens de la déviation de la main; certains ligaments se raccourcissent, les muscles adducteurs se rétractent et s'opposent au redressement de la main. Il en

Fig. 2.

résulte une gêne considérable dans l'usage de la main qui, en restant toujours inclinée vers le cubitus, sert difficilement la partie antérieure de la tête et du tronc.

C'est ce qu'on peut voir sur la figure ci-contre, empruntée au livre de M. Duchenne (de Boulogne), elle représente l'attitude d'adduction de la main chez un enfant dont le premier radial était atrophié depuis plusieurs années. On comprend combien une pareille déformation nuit aux usages de la main, surtout lorsqu'elle doit se porter vers la partie antérieure de la tête et du tronc.

La pathologie musculaire fait connaître les fonctions synergiques dont sont chargées les muscles extenseurs de la main.

Dès que l'extension de la main est abolie, la flexion des doigts est extrêmement affaiblie par le fait du raccourcissement où se trouvent alors placés les fléchisseurs superficiel et profond. Les observateurs qui ont ignoré le mécanisme de ce trouble fonctionnel ont attribué, à tort, cet affaiblissement apparent de la flexion des doigts à une cause paralytique. Ce phénomène pathologique démontre que l'action synergique des extenseurs de la main est absolument nécessaire à la flexion des doigts et que la force de leur contraction est alors proportionnelle à l'énergie de cette flexion.

C'est, en effet, ce qu'il est facile de constater. Que l'on compare, à l'aide du dynamomètre, la force de flexion de la main tenue infléchie sur l'avant-bras et de la main à laquelle on laisse la liberté de s'étendre pendant la flexion des doigts, on constatera alors que, dans le premier cas, la flexion a perdu les trois quarts de sa puissance.

Ce mouvement d'extension du poignet, pendant la flexion des doigts, est tellement instinctif et impératif, qu'il faut un effort pour l'empêcher. Si, en effet, la main étant fléchie et ouverte, on vient à la fermer subitement, cette main se redresse et ses extenseurs se contractent d'autant plus fortement que le poing est plus fortement serré.

Ce n'est pas tout; il est un fait clinique qui montre combien la contraction instinctive des extenseurs de la main est liée à la flexion des doigts. Toutes les fois que M. Duchenne, de Boulogne, a vu les muscles fléchisseur, superficiel et profond, atrophiés (dans l'atrophie musculaire-graisseuse progressive), il a constaté que pendant les efforts faits par les malades dans le but d'exécuter ce mouvement, la main était entraînée malgré eux dans une extension exagérée sur l'avant-bras.

Voici comment M. Duchenne essaye d'expliquer ces mouvements pathologiques la fonction qui consiste à fermer la main est exécutée par la contraction synergique et inséparable des muscles fléchisseurs des doigts et extenseurs de la main. Si les fléchisseurs des doigts sont atrophiés, l'effort pour fermer la main est considérable, et alors un courant nerveux arrive aussi intense aux extenseurs de la main qu'aux fléchisseurs des doigts. De là cette extension exagérée de la main, lorsque les fléchisseurs des doigts sont atrophiés pendant les efforts pour fermer la main.

IV. PATHOLOGIE. Ce n'est pas ici le lieu d'étudier la paralysie des muscles radiaux, qui trouvera sa place dans un autre article (voy. PARALYSIE [radiale]). On a observé la rupture du tendon d'un des muscles radiaux pendant de violents efforts musculaires.

J. Grantham (London Medic. Gaz., 1851, vol. XLVII, p. 228) rapporte l'histoire d'un homme qui éprouva une douleur très-aiguë au poignet en enlevant une longue échelle qu'il ne soutenait qu'avec les doigts. Immédiatement après, il ne put plus serrer la truelle, et, en examinant l'avant-bras, on constata une rupture dans le point où le premier radial externe devient superficiel, entre le long supinateur et le second radial externe.

L'inflammation des gaines synoviales qui facilitent le glissement des tendons des radiaux, donne parfois lieu à une crépitation qui pourrait être confondue avec celle d'une fracture, tout aussi bien que celle des extenseurs et du long abducteur du pouce, ainsi que Desault l'a, le premier, signalé (OEuvres chirurgicales, édit. de Bichat, t. I, p. 192-195).

Pour plus de développements, nous renverrons à l'article d'ensemble dont la pathologie des muscles sera le sujet. Nous nous bornerons à mentionner, au sujet des tumeurs dont les muscles radiaux peuvent être le siége, et à cause de la rareté d'un pareil fait, l'observation suivante due à Latour (Essai sur le rhumatisme, thèse, Paris, 1805, p. 102). Un malade atteint de tubercules et de rhumatismes avait une tumeur de l'avant-bras gauche dont on n'avait pu reconnaître la nature. A l'autopsie on trouva qu'elle avait pour cause un abcès des muscles radiaux externes, rempli d'un pus séreux. Le malade était du reste tuberculeux et avait du pus caséeux dans le deltoïde. SAMUEL POZZI.

RADICAL (CHIMIE). On donne le nom de radical à un corps simple, ou à une combinaison de deux ou de plusieurs éléments jouant le rôle d'un corps simple, et pouvant contracter des combinaisons par simple addition, ou pouvant être transporté dans un autre corps par l'effet d'une double décomposition.

L'idée première des radicaux composés remonte à Lavoisier. Il a pensé que dans les matières organiques oxygénées l'oxygène jouait le même rôle que dans les oxydes et les acides de la chimie minérale, et que les autres éléments (carbone, hydrogène, azote) étaient grouppés de manière à constituer une sorte de radical composé, qui combiné avec l'oxygère forment les oxydes et les acides. hydrocarboneux. Il y aurait donc suivant lui, presque autant de radicaux que de

substances organiques différentes; et il a démontré que ces radicaux différaient entre eux, non-seulement par la nature, mais encore par la proportion des éléments qu'ils renferment.

Berzelius a mis cette conception des radicaux en harmonie, avec la théorie électro-chimique. D'après lui, dans les composés organiques, le radical hydrocarboné, constitue l'élément électro-positif, et l'oxygène, le soufre, le chlore, ou le brome forment l'élément électro-négatif, de telle sorte que les composés organiques sont des composés binaires comme les composés minéraux. Selon lui, l'oxygène, le soufre, le chlore ne peuvent jamais faire partie du radical.

La théorie des substitutions, dont l'idée appartient à M. Dumas, a fait justice de cette exagération. On sait, en effet, que le chlore, le brome, peut se substituer à l'hydrogène d'un composé organique, atome par atome sans lui faire perdre ses fonctions chimiques; aussi admet-on aujourd'hui des radicaux, oxygénés, chlorés, bromés, etc.

Rarement les radicaux existent à l'état de liberté pouvant contracter directement des combinaisons; comme exemples de radicaux isolés, nous citerons : l'éthylène, le propylène, l'amylène, et leurs homologues; le plus souvent quand on cherche à isoler le radical de sa combinaison, il se combine à lui-même, double ainsi la formule, et ne constitue plus un radical, exemple :

[blocks in formation]

Cette difficulté s'explique quand on considère qu'un radical ne peut jamais être un corps saturé, car, par sa définition même, il doit pouvoir entrer dans de nouvelles combinaisons, ce que ne peut pas un corps saturé; or l'état de saturation comporte un état d'équilibre moléculaire stable. Ainsi, par exemple, l'hydrure de propyle CH® est un corps saturé, il ne peut se combiner avec aucun élément nouveau, de là sa stabilité; mais vient-on à lui soustraire un atome d'hydrogène, on le transforme en propyle, corps incomplet, puisque la place de cet hydrogène n'est pas occupée, et par cela même peu stable; et pour que la stabilité moléculaire soit rétablie, il faut que le propyle se sature de nouveau, en se combinant avec un atome de chlore, de brome, ou de propyle lui-même, c'est ce qui a eu lieu dans l'équation ci-dessus.

La plupart des radicaux organiques sont donc des radicaux hypothétiques, puisqu'on ne les connaît que dans leurs combinaisons.

Nous allons dans quelques exemples, tirés de quelques groupes organiques faire comprendre la signification et l'utilité des radicaux.

Radicaux alcooliques. La constitution des alcools a été comparée à celle de HI

l'eau O', dans laquelle un atome d'hydrogène a été remplacé par un radical

H alcoolique.

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On voit que le radical C‘H3, l'éthyle, s'est substitué à II, dans l'eau, il en est résulté un nouveau corps, l'alcool, mais dont la constitution ne diffère nullement de celle de l'eau.

En traitant l'alcool par l'acide chlorhydrique, on obtient de l'eau et de l'éther chlorhydrique C'H.Cl.

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