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le premier des troupes à sa solde; et, par leur moyen, il accoutuma les grands au respect et le peuple aux impôts.

Sous Saint Louis, l'administration commença à prendre un caractère, et à devenir générale; le commerce, ayant acquis plus de protection, prit quelques développemens.

En 1270, ce monarque règla la répartition de la taille d'une manière plus régulière.

Le goût du luxe, apporté d'Orient à la suite des croisades, et les différentes guerres que Philippe-le-Bel eut à soutenir, l'obligèrent à recourir à des expédiens extraordinaires pour se procurer des revenus.

L'extinction des Templiers, les exactions sur les Juifs, l'altération des monnaies, l'anoblissement des roturiers, furent les premiers moyens qu'il mit en usage: on voit varier sans cesse, sous ce règne, la quotité des droits imposés sur les marchandises, et les défenses, ainsi que les permissions d'en exporter. Cette mobilité de principes indique assez les vues bursales qui dictaient toutes les ordonnances. Ce prince. fit payer aux évêques la protection qu'il leur accordait contre le pape, en les obligeant, sous

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différens prétextes, à lui fournir des contributions. S'il ne créa pas les douanes, du moins il leur donna une marche régulière dans les ports et sur les frontières, pour veiller à l'entrée et à la sortie des marchandises, et percevoir des droits d'après un tarif, qui subit sous les rois, ses successeurs, un grand nombre de variations. Ce fut encore sous Philippe-le-Bel, en 1292, que fut créée une augmentation d'impôts, appelée maltóte.

Louis-le-Hutin, qui lui succéda, craignant, à cause des impôts excessifs qu'il avait établis, l'effet des ligues et des associations formées par les provinces et les communes contre ses prédécesseurs, déclara, par ses lettres patentes du mois d'avril 1315, qu'à l'avenir il ne se pourrait lever aucun impôt dans le royaume que du consentement des États, qui en feraient eux-mêmes le recouvrement et l'emploi, pour éviter les concussions et la dissipation.

Philippe-le-Long, en 1317, créa des fermiers généraux, et le premier il établit un impôt sur le sel. Il anoblit des familles roturières, permit aux bourgeois d'acquérir des fiefs, en lui payant une taxe, appelée franc-fief, qui consistait en

trois années du revenu du fief acheté; enfin, il vendit la liberté aux serfs de ses domaines.

Philippe de Valois, pressé par la disposition des esprits à la révolte, comme au temps de Phi lippe-le-Bel, statua de nouveau, au milieu même des États-généraux assemblés, qu'aucune taille ne pourrait à l'avenir être imposée sans une urgente nécessité, et que les rois en feraient le serment à leur sacre.

Aussi la Nation, toutes les fois qu'elle en accordait, avait soin de faire reconnaître, par les rois, que le don qu'elle faisait était volontaire et qu'ils ne pourraient. en inférer pour l'avenir aucuns droits pour eux, ni aucune diminution de la franchise nationale.

La guerre que Philippe eut à soutenir contre Édouard III, roi d'Angleterre, l'obligea d'ètre' souvent à charge à la nation par des demandes' réitérées d'argent; enfin, après la déroute de Crécy, qui fut suivie de la perte de Calais, Philippe excita les murmures et le mécontentement du peuple, en changeant les monnaies, et en établissant de nouveaux impôts sans consulter les États.

Le roi Jean convoqua les États généraux

en 1355, dans le dessein d'obtenir les subsides nécessaires pour mettre une armée en campagne; les États accordèrent une aide suffisante pour la défense de Jean contre Édouard; mais ils ne voulurent pas que l'argent passât à la disposition du Roi; ils s'établirent eux-mêmes les receveurs et les administrateurs des finances.

Les suites funestes de la journée de Poitiers, et la rançon du roi Jean, stipulée par le traité de Brétigny, donnèrent lieu à de nouvelles impositions, qui ne s'établirent pas sans de vives difficultés de la part de plusieurs provinces: quelques-unes s'y refusèrent ouvertement. Afin de s'indemniser de ce refus, le roi Jean ordonna que ces provinces seraient traitées comme pays étranger dans leur commerce: c'est par suite de ces dispositions qu'il fut établi des barrières sur un grand nombre de points de l'intérieur pour la perception des droits de péage ou de traites, ce qui existait encore au moment de la révolution; de telle sorte qu'une partie des marchandises, partant de Marseille, se trouvait souvent, en arrivant à Paris, et suivant sa nature, avoir payé, en droits sur la route, une somme égale à sa valeur intrinsèque.

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Sous Charles-le-Bel, fils du roi Jean, la taille fut fixée à raison de tant par feu. Les impôts qu'il exigeait arbitrairement étaient payés sans murmures, parce qu'on les croyait nécessaires. Ce prince laissa des trésors qui furent bientôt dissipés pendant la minorité de Charles VI, sous la régence du duc d'Anjou; l'aliénation d'esprit du roi ayant rendu ses oncles, et la reine Isabeau de Bavière maîtres du royaume, il n'y eut plus de frein aux exactions : les États - généraux ne furent plus assemblés, la taille fut imposée à discrétion dans tout le royaume : la confusion s'introduisit dans toutes les affaires. Ces désordres donnèrent lieu à plusieurs séditions dans Paris. Un grand nombre des révoltés furent arrêtés et sacrifiés; d'autres ne purent sauver leur vie qu'en se rachetant moyennant de grosses sommes. Les autres villes étaient traitées de même, et punies par la mort, la proscription, et par des taxes excessives. Partout les impôts furent exigés avec des violences intolérables. Enfin, le Conseil établit sur tout le royaume une taille générale, dont ni les ecclésiastiques ni les nobles ne furent exempts.

Le règne de Charles VII, qui monta sur le trône

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