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de ma loge, M. de la Ferronays était sur la route d'Altona '.

A la fin d'octobre 1806, M. de la Ferronays, qui était allé à Londres, revint à Altona, d'où il se rendit en Suède où il venait d'être nommé major.

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CHAPITRE VIII:

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Nécessité d'une grande surveillance à Hambourg. Voisinage du roi de Suède. Le Don Quichotte du traité. de Westphalie. La colère du roi de Suède et les bulletins de sa grande armée. Le roi de Suède et le docteur Gall. Hambourg convoitée par la Prusse. · Les Anglo-Russes et projets sur la Hollande. - Fréquence des courriers. Situation de l'armée russe et dispositions hostiles de la Russie. - Bulletin que j'envoie à M. de Talleyrand. M. Forshmann et M. Alopoeus. Tentatives pour le rétablissement de la paix. Imminence de la guerre. -Mauvaises dispositions pour les Français. M. Fox à la tête du cabinet britannique. Assassin dévoilé à Napoléon par M. Fox. Lord Yarmouth à Paris et à Londres. Propositions de Napoléon mal appréciées. Ambition toujours croissante de l'empereur. Négociation dont je suis chargé sans chance de succès. Protectorat de Napoléon offert aux villes Anséatiques. Demande de six millions. Refus poli. Réflexions sur Hambourg et l'Elbe. Probité

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les villes Anséatiques.

des Hambourgeois et le secret de la liberté.

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Tout en exécrant l'espionnage et les espions, je ne puis m'empêcher de reconnaître la nécessité où était l'empereur de faire exercer la surveillance

la plus active au milieu des intrigues que l'on fomentait dans le voisinage de Hambourg, lorsque surtout les Anglais, les Suédois et les Russes étaient encore en armes, et que l'on avait tant de raisons pour douter de la sincérité de la Prusse. Voici, en effet, un aperçu de la position de ces puissances. par rapport aux pays dont la ville de Hambourg pouvait être considérée comme le centre,

Le cinq janvier 1806, le roi de Suède était avec ses troupes aux portes de Hambourg. Le sénat de cette ville, qui était cernée de toute part par les Anglo-Suédo-Russes, arrêta d'envoyer au roi des députés pour le complimenter. Le prince fut trèslong-temps à se décider s'il recevrait les hommages de la ville de Hambourg. On y tremblait d'essuyer un refus qui aurait été suivi de quelque coup de tête du roi de Suède. Enfin on permit aux députés de venir. Ils partirent aussitôt, et revinrent assez satisfaits.

Le roi de Suède fit alors déclarer officiellement que tous les arrangemens pris relativement au Hanôvre ne le regardaient pas, attendu que l'armée suédoise était kous les ordres immédiats de son auguste souverain1..

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'Il s'agissait de la cession de ce pays au roi de Prusse contre les Margraviats.

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Le roi paraissait décidé à vouloir, avec ses six mille hommes, jouer le rôle de restaurateur de l'Allemagne, et se faire le Don Quichotte du traité de Westphalie. Il menaça de toute sa colère le sénat de Hambourg parce qu'il avait, sur ma demande, fait enlever l'enseigne qui était placée sur la porte de la maison des recruteurs autrichiens. Ce pauvre sénat de Hambourg était dans une alarme continuelle, avec un si dangereux voisin.

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Le roi de Suède avait toujours son quartier-général à Boëtzenburg, sur la rive septentrionale de l'Elbe. Pour se désennuyer, il fit venir le docteur Gall, qui était à Hambourg, où il exposait son système, repoussé d'abord par la fausse science et les préjugés, et adopté ensuite par ses argumens, selon moi, sans réplique sur le développement de l'organisation cérébrale. J'ai eu le plaisir de vivre quelque temps avec le docteur Gall, crois que je dois à l'intimité qui a existé entre nous, l'honneur qu'il m'a fait de me dédier un de ses ouvrages. Je lui dis, lorsqu'il partit pour le quartiergénéral du roi de Suède: Mon cher docteur, » vous lui trouverez certainement la bosse de la » vanité. La vérité est que, si, à cette époque, il avait été permis au savant docteur de tâter la tête des souverains de l'Europe, il aurait pu faire de bien belles études crânologiques.

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Le roi de Suède n'était pas le seul voisin qui donnât des inquiétudes à Hambourg; le roi de Prusse menaçait de s'en emparer, et son ministre disait assez ouvertement partout où il se trouvait, que cette ville appartiendrait bientôt à son maître. Il vantait les avantages pour Hambourg de cette occupation: alors le roi paierait les dettes considérables de la ville; sous sa protection, elle serait désormais à l'abri des vexations qu'on lui faisait éprouver à chaque instant. Malgré ces belles paroles, les Hambourgeois étaient profondément affligés de cette menace, et en effet, après la perte de leur indépendance, le plus grand malheur qui pût leur arriver, c'était de passer sous la domination prussienne dont le système fiscal et mesquin était celui qu'une ville commerciale devait alors le plus redouter. L'Angleterre, d'ailleurs, n'aurait jamais consenti à souffrir un tel envahissement qui lui aurait fermé l'Elbe, et enlevé et enlevé parlà un de ses plus riches comptoirs et un des points les plus importans où elle faisait jouer les ressorts de sa politique. Le Hanôvre n'étant plus occupé par les troupes françaises, ce pays était devenu pour l'Angleterre comme un bazar de recrutement où les Anglais enrôlaient tous les hommes qui se présentaient pour compléter la légion hanôvrienne

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