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CHAPITRE IX.

Création de nouveaux princes.

Prospérités de la famille

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impériale. Ni la paix ni la guerre. Sébastiani à Constantinople et succès de sa mission. Lord Lauderdale à Paris. M. de Champagny et Clarke à Londres. -Indemnité du traité de Presbourg. Lettre de change de sept millions. Suppression des pensions aux émigrés. Intrigues de Dumouriez. -Hésitation du prince de Mecklembourg-Schwerin. La presse aux libelles. Le comte de Paoli, Pitt et Fox. Loizeau. d'assassinat rejeté par le comte de Gimel.

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Projet Arrestation

difficile de Loizeau. Sa translation à Paris. Recommandation de mise en surveillance. - Les deux frères Martelly et un pamphlet.- L'agent volontaire.- L'abbé Lajarre. Services et intelligence de Martelly.

L'empereur était arrivé à Paris à la fin de janvier 1806. Il apprit en arrivant, que ses troupes occupaient Malte. Après avoir fait des rois en Allemagne, il jugea que le moment était arrivé d'entourer son trône de nouveaux princes. Ce fut à cette époque qu'il nomma Murat grand - duc

de Clèves et de Berg, Bernadotte, prince de PonteCorvo, M. de Talleyrand, duc de Bénévent, et ses deux anciens collègues, Cambacérès et Lebrun, ducs de Parme et de Plaisance. Il donna aussi à sa soeur Pauline, depuis peu mariée en secondes noces au prince Borghèse, l'investiture du duché de Guastalla. Bizarrerie des événemens! Qui aurait pu prévoir alors, que le duché de Cambacérès deviendrait le refuge d'une princesse d'Autriche, veuve de Napoléon avant sa mort.

Au milieu des prospérités de la famille impériale, lorsque déjà l'aîné des frères de l'empereur allait essayer le trône de Naples, en attendant que la Hollande vint s'offrir à Louis, et que Jérôme même eût échangé sa femme légitime contre le trône illégitime de la Westphalie, quelques inquiétudes venaient s'asseoir sur le chevet impérial. La guerre n'existait pas précisément avec les puissances continentales, puisque de part et d'autre on s'observait sans se battre. Cependant, cet état

de repos momentané n'avait rien qui ressemblât à la tranquillité de la paix. La France était en guerre avec la Russie et l'Angleterre. La position du continent n'offrait que des incertitudes. Les Russes armaient en silence. Le traité de Vienne n'était exécuté qu'en partie. Napoléon tourna les

yeux vers l'Orient. Il envoya, dans le commencement de mai, le général Sébastiani à Constantinople. Les mesures que le général a prises, et sa conduite pleine d'habileté, justifièrent le choix de l'empereur. Il était adroit et conciliant; la paix avec les Turcs fut le résultat de cette mission. Les négociations avec l'Angleterre n'eurent pas un aussi heureux résultat, quoique cependant, après les premiers pourparlers avec le lord Yarmouth, lord Lauderdale ait été envoyé à Paris par M.Fox, et que M. de Champagny, et Clarke, l'homme le plus capable de remplir toutes les fonctions la veille du jour où on les lui confiait, aient été à Londres pour y traiter de la paix. Rien ne résulta de ces négociations.

L'empereur avait tiré des sommes énormes de l'Autriche, sans compter les vases, les statues, les tableaux dont il décora le Louvre, et le bronze dont il revêtit la colonne de la place Vendôme, selon moi, le plus beau monument de son règne, et le plus beau de Paris. Comme l'Autriche était épuisée, toutes les contributions dont elle fut frappée re purent être payées comptant, et l'on donna en paiement des traites à l'empereur. J'en reçus une de sept millions environ sur Hambourg, provenant des conditions stipulées dans

le traité de Presbourg. L'empereur m'avait donné ordre d'en toucher le montant et de l'envoyer à Paris. Le général Barbou, croyant que c'était de l'argent provenant de la ville de Hambourg, se plaignit à moi de ce que je le laissais dans la détresse. Je lui fis part de la source d'où provenait cet argent, et de l'ordre précis qui m'avait été donné de le faire passer immédiatement à Paris. En même temps je lui mandai que le roi de Suède était toujours à Ratzbourg, mais que la farce qu'il jouait depuis quatre mois touchait à sa fin, et qu'il s'en retournerait bientôt en Suède avec du ridicule de plus et un grand tiers de son armée de moins, que lui enlevait la désertion.

Les affaires des princes français de la maison de Bourbon devenaient de moins en moins favorables à des chances de succès, et leurs finances étaient si rétrécies, qu'on déclara alors aux émigrés de Brunswick que le prétendant n'avait plus les moyens de leur continuer les pensions qu'il leur faisait, et que dès ce moment elles cessaient toutes, ce qui jeta une grande consternation parmi les émigrés, dont quelques-uns n'avaient pas d'autres moyens d'existence, et qui, malgré leur fidélité à la cause royale, n'étaient pas fâchés de la voir soutenue par un salaire.

VII.

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Parmi ces émigrés, il en était un dont le nom occupera une certaine place dans l'histoire. J'en ai déjà parlé; il s'agit de Dumouriez, qui s'agitait paisiblement et répandait partout des brochures. Il était alors à Stralsund; on croyait que le roi de Suède lui confierait un commandement. Le vagabondage de ce général, qui courait partout, mendiant des armes contre sa patrie, sans pouvoir en obtenir de personne, le couvrait de ridicule. On le regarda comme un homme usé.

Pour couper court aux contestations qui avaient lieu avec la Hollande, dont Dumouriez rêvait la conquête avec une armée imaginaire, mécontent d'ailleurs de ce que les Hollandais ne fermaient pas leurs ports aux Anglais avec autant de rigidité qu'il l'aurait voulu, l'empereur donna ce royaume à son frère Louis, événement dont je parlerai seulement quand j'aurai à m'occuper des relations que j'eus beaucoup plus tard avec Hortense, qui me raconta alors toutes les tribulations de Louis et les siennes.

Lorsque je fis part à tous les États du cercle de Basse-Saxe de l'avènement de Louis au trône de Hollande, de la nomination du cardinal Fesch comme coadjuteur et successeur de l'archi-chancelier de l'empire germanique, et autres commu

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