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heureuse pour la France, pour l'Europe, encore plus que pour Hambourg. Ceux qui ont inspiré à l'empereur l'idée du pillage de ce bel établissement avaient une bien profonde ignorance de son utilité; ils ne pensaient qu'à une chose, aux quatre-vingt dix millions de marcs de banque déposés dans les caves.

En conséquence du fameux décret de Berlin, du 21 novembre 1806, Mortier fut obligé de faire saisir les marchandises anglaises de toute espèce qui existaient dans les villes Anséatiques; mais je dois à la vérité de dire que, cédant avec un délicat empressement aux avis de la modération, il ne mit dans l'exécution de cette mesure, que la sévérité apparente nécessaire pour pouvoir dire qu'il avait obéi.

A cette même époque, M. Caire, inspecteur aux revues, fut envoyé à Lubeck pour y remplir les fonctions d'intendant. Ces fonctions, dans le principe, avaient pour but la saisie, l'évaluation et le rachat des marchandises, mais cette saisie s'étendit à tous les navires ennemis, à la vente de leurs cargaisons, et surtout de l'immense quantité de farine, dont en grande partie ces cargaisons étaient composées. Lubeck conservera long-temps le souvenir des dilapidations de l'inspecteur aux

revues Caire. Elles portèrent en peu de temps sa fortune à une somme très-considérable, mais cette fortune subite fut aussi rapidement dissipée par tous les excès de la prodigalité et de la débauche.

Lorsque le maréchal Mortier quitta Hambourg, pour se porter dans le Meklembourg, il fut remplacé par le général Michaud, qui marcha sur les traces du maréchal que l'on regrettait, dans la crainte d'avoir un commandant moins équitable que lui; Michaud ne fit aux Hambourgeois que le mal que toute sa loyauté ne put pas leur éviter.

Puisque je parle des généraux français qui ont occupé Hambourg avec un commandement militaire, je dirai dès à présent que le maréchal Brune succéda au général Michaud au commencement de 1807; et je suis bien aise, à cette occasion. de relever les erreurs dans lesquelles l'opinion publique a été entraînée par suite de quelques vindictes impériales. Je dois dire la vérité : pendant la durée de son gouvernement, le maréchal Brune a cherché constamment à tempérer, autant que sa position le lui rendait possible, les ordres qu'il recevait. Il fallait même quelquefois les lui renouveler pour qu'il se décidât à seconder les mesures sévères des douanes; sa modération déplut et il fut rappelé.

Bernadotte le remplaça au moment où, par suite de la bataille d'Iéna, Napoléon fut maître de la Prusse et du nord de l'Allemagne. Le vainqueur ne ménagea plus les états qui en faisaient partie, et se livra aux plus incroyables exigences sans éprouver d'opposition, parce que la faiblesse l'interdisait. Des subventions, des fournitures de toute espèce, des logemens de guerre renouvelés sans interruption, des traitemens de table considérables, telles étaient quelques-unes de ces exigences. Pendant long-temps, le général commandant eut douze cents francs par jour. Les Hollandais, sous le commandement du général Gratien, jouissaient, dans la proportion, des mêmes avantages à Lubeck, et il en était de même à Brêmen.

Le prince de Ponte-Corvo adoucissait et modérait, autant que cela lui était possible, ces injustes et onéreuses vexations, son noble caractère préserva Hambourg des excès auxquels on voulait se livrer envers cette malheureuse ville. Jamais il ne m'a refusé son assistance dans les mesures que je prenais pour combattre un système de ruine et de persécution. Il protégea souvent Hambourg contre des exigences exorbitantes. Les états Anséatiques respirèrent un peu sous son gouvernement qui fut d'une plus longue durée que celui

de Mortier, de Michaud et de Brune. Le souvenir de Bernadotte sera toujours cher aux Hambourgeois, et je suis sûr qu'ils ne prononcent pas son nom sans reconnaissance. Son attention continuelle se porta surtout à arrêter l'excessive rigueur des douanes. Et l'on peut dire que cette conduite n'a pas nui à l'opinion qui, quatre ans plus tard, le proclama prince héréditaire de Suède.

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Famille de

M. Perron, et colliers d'or. Deux inimitiés réciIntérêt que je

proques et deux grandes fortunes.

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prends aux émigrés. Radiation de M. Boileau. —Ouvrage au concours de Wilna. Symptômes de guerre avec la Russie. Ukase de l'empereur Alexandre. Mission de Duroc à Weimar. Enthousiasme des Prussiens. But manqué et duplicité de Bonaparte. Triomphe des armées françaises.-Capitulation du prince de Hohenlohe. Lettres curieuses de Murat. Le général Moreau et Fauche-Borel. - Exploits de nos géné

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-Témoignages d'amitié

Faux bruits répandus sur Moreau. Dé

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faite de Blücher. Explication d'un conte relativement à Moreau. Impudence d'un révélateur. Les deux signalemens.

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Il n'est personne qui n'ait entendu parler du fameux général Perron, qui a joué un si grand rôle chez les Marattes et près du prince Scindia. Il y avait un peu plus d'un an que j'étais à Hambourg quand il y arriva. Il vint me demander un passe-port, et j'eus avec lui les conversations les

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