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la commune d'Ermsdorf, le dommage causé fut estimé à 4.600 fr. En présence de cette situation alarmante, le Gouvernement se vit obligé de créer une meute qui fut stationnée dans le centre du pays, c'est-à-dire à Dommeldange. Grâce à la guerre soutenue qu'on livrait au sanglier, on parvenait, au bout de peu d'années, à le décimer considérablement. Lorsqu'en 1881 de nouvelles plaintes s'élevaient au sujet de dégâts causés dans le canton de Diekirch, on créa une meute avec station à Stegen. Sous la direction d'un piqueur courageux et dévoué, elle rendit de signalés services, et le nombre de sangliers abattus fut considérable. Le piqueur Flesch à lui seul tua en une seule année 18 sangliers, dont 7 avec le couteau de chasse au ferme.

Les plaintes cessèrent jusqu'en 1898, où les sangliers abondaient dans quelques contrées du canton de Mersch. Une meute y fut créée en remplacement de celle de Dommeldange, que l'on supprima. Avec le concours de cette meute, 264 sangliers furent abattus pendant la période de 1898-1907; en outre, 118 marcassins furent tués par les chiens. Certes, un beau résultat; toutefois les sangliers habitaient toujours en nombre plus ou moins considérable certaines forêts de la contrée. Mais un beau jour ils avaient disparu, et il ne restait, dans le Bon Pays du moins, que quelques bêtes isolées jusqu'en automne 1911 où, probablement attirés par la glandée extrêmement abondante, ou peut-être sous l'influence du besoin de locomotion qui leur est inné, ils firent de nouveau apparition.

Dans son ouvrage précité, M. De La Fontaine s'exprime ainsi à ce sujet :

« Un fait remarquable dans l'existence des sangliers est le besoin de locomotion qui leur est naturel. Non seulement ils se tiennent tantôt sur la lisière des bois, et tantôt dans leurs profondeurs les plus impénétrables; non seulement ils vagabondent de forêt en forêt, et de canton en canton; mais encore ils font souvent de longs voyages et passent d'un pays dans un autre, en traversant les rivières et les fleuves. Ces migrations, qui quelquefois s'étendent à de grandes distances, ont ordinairement lieu en automne ou en hiver, et se reproduisent après de longues périodes, variables dans leur durée. Là où hier encore les sangliers faisaient la désolation d'une contrée, il n'y en a plus un seul aujourd'hui, sans que l'on sache où ils sont allés, ni ce qu'ils sont devenus, et là où, depuis nombre d'années, aucune de ces bêtes, à l'exception de quelques vieux solitaires, n'avait plus été remarqué, tous les bois et toutes les forêts pullulent tout à coup de sangliers qui y sont venus comme par enchantement.

<<< Les causes de ces émigrations et immigrations successives sont toujours inconnues. Certains chasseurs prétendent que les sangliers sont très avides de certaine racine blanche qui croît dans nos bois; ils y arriveraient lorsque cette dernière y est abondante et les quitteraient lorsqu'elle commence à y devenir rare. La chose n'est pas impossible; je regrette donc doublement de ne connaître ni cette racine, ni le végétal qui la produit. D'autres soutiennent que ce n'est pas cette racine qui attire les sangliers, mais bien certain champignon, ou bien encore les bulbes de certaines plantes ; et d'autres encore admettent que la disette absolue seule détermine les sangliers à quitter une contrée qui leur convient sous tous les autres rapports, et que seule aussi l'abondance de nourriture convenable les engage à s'établir dans une contrée analogue, mais ces derniers oublient que cette cause ne peut être déterminante pour provoquer une émigration générale qu'en cas de disette absolue, c'est-à-dire que, si une forte neige recouvre le sol pendant un long espace de temps. Quoi qu'il en soit de ces appréciations diverses, tout ce que j'en puis dire, c'est que j'ai acquis la conviction que l'abondance ou le manque de glands ou de faînes ne sont pas des raisons qui déterminent le voyage des sangliers; ces derniers nous quittent quelquefois, lorsqu'il y a abondance de ces fruits, et apparaissent fréquemment dans nos bois, quand il n'y a ni glands ni faînes ».

LE LOUP (Canis lupus L.).

Autrefois le loup, qui depuis longtemps a disparu de nos forêts, les peuplait en assez grand nombre. Le dernier loup, un beau màle, fut tué le 24 avril 1893. On suppose qu'il s'agissait d'un loup évadé de quelque ménagerie, car, depuis 1883, on n'avait plus observé de loups dans le pays.

Voici le relevé des loups tués dans le Grand-Duché pendant la période 1850-1883:

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Ensemble 240, savoir 120 loups, 72 louves, 48 louveteaux.

Ces données sont officielles et émanent de l'administration des contributions chargée du payement des primes prévues par la loi et qui sont: 25 fr. pour un loup ou une louve adulte et 5 fr. pour un louveteau.

LE CHEVREUIL (Cervus capriolus L.).

Le chevreuil était autrefois très peu répandu dans le Grand-Duché

et ne se rencontrait communément que dans l'ancien domaine de l'Etat dit Grunewald, ainsi que dans les vastes forêts de la ville de Grevenmacher.

Actuellement il est très commun dans le pays, surtout dans le BonPays, où on le trouve de préférence dans la région à sol accidenté dugrès de Luxembourg. Le tir à balle du brocard est permis à la coulée. L'époque est fixée par un arrêté ministériel. Elle comprend ordinairement le mois de juin. La chasse à la chevrette est interdite, sauf du 16 octobre au 14 décembre. Défense générale de tirer le faon.

LE CERF (Cervus elaphus L.).

Du temps où le pays faisait partie de l'ancien Département des Forêts et où la moitié de la superficie était couverte de forêts, le cerf n'y était pas rare. Il diminuait au fur et à mesure que les grands massifs forestiers tombaient sous la cognée pour faire place à l'agriculture. Depuis 1870 cette magnifique bête, l'honneur et l'ornement de nos forêts, a disparu de notre faune. Les cerfs que l'on rencontre de nos jours dans les bois du Grand-Duché ne les fréquentent qu'accidentellement, en venant de l'Eifel ou de l'immense « forêt d'Anlier », qui s'étend de la frontière luxembourgeoise jusqu'au centre de la province de Luxembourg (Belgique) et qui couvre une surface de 8.000 hectares.

LE DAIM (Cervus dama L.).

En 1856 le Prince Henri des Pays-Bas, gouverneur du Grand-Duché de Luxembourg, fit introduire dans les forêts dépendant du domaine de Berg un daim et trois daines. Ils les quittèrent pour s'établir dans les bois étendus de la commune de Bissen. Continuellement chassés par les chiens courants, ils pénétrèrent dans le canton de Rédange, où ils tombaient sous le plomb des chasseurs. Plus tard, en 1885, le roi Guillaume III en introduisit un plus grand nombre. Le résultat fut le même. Depuis lors on ne voit dans le pays que des individus isolés qui s'égarent de loin en loin.

LE LIEVRE (Lepus timidus L.).

Le lièvre est assez répandu dans le Grand-Duché. Il est plus abondant dans les contrées de culture agricole intensive qu'en Ardenne, où les braconniers lui font du reste une guerre redoutable. C'est par erreur qu'on prétend que les lièvres évitent les endroits affectionnés par lapin, car j'ai fréquemment eu l'occasion de constater que, sur maintes chasses où les lapins pullulent, les lièvres abondent également.

le

LE LAPIN SAUVAGE (Lepus cuniculus L.). L'introduction du lapin dans le Grand-Duché remonte à un demisiècle. Nous devons à M. De La Fontaine les renseignements suivants : « Dans différentes parties du pays, on a cherché à les acclimater; mais ces essais n'ont pas toujours été heureux; ceux tentés notamment dans les terrains sablonneux des environs d'Echternach, vers 1860, et de Luxembourg, en 1858 et en 1864, ont complètement manqué. Dans les bois de Pétange, dont le sol froid et ferrugineux paraît moins convenable, un premier essai fait en 1844 avec 5 ou 6 lapins provenant de Durbuy promettait de bons résultats. En 1845, l'espèce s'était sensiblement propagée; mais l'hiver de 1845 à 1846 leur fut funeste. Tous périrent pendant les hautes neiges, et en 1847 la race avait entièrement disparu. Un second essai, tenté en 1861 avec une douzaine de lapins, provenant des dunes d'Anvers, promet des résultats plus heureux, car actuellement (1868) il existe beaucoup de lapins dans ces environs. L'introduction de ces animaux dans les bois d'Arlon date d'une dizaine d'années ; ils ont bien réussi et s'y propagent beaucoup, de même que dans les bois d'Esch-sur-l'Alzette, où ils existent depuis 1865. »

A l'heure qu'il est, presque toutes les contrées à sol sablonneux sont infectées, et la destruction du terrible ravageur ainsi que la question de l'indemnité à accorder aux propriétaires du chef du dommage causé préoccupent vivement le législateur. Dans certains triages, on se trouve dans la triste nécessité de renoncer au reboisement de

coupes rases. Et dire que dans le temps on a dû se donner tant de peine pour introduire l'hôte dangereux!

LE BLAIREAU (Faxus meles Desm.).

Le blaireau, généralement peu répandu, recherche les terrains sablonneux, meubles, qui s'égouttent rapidement et qui lui permettent de creuser son terrier oblique et tortueux.

LE RENARD (Canis vulpes L.).

Le renard ordinaire est généralement répandu dans tout le pays, tandis que l'espèce dite renard charbonnier (Canis alopex L.), qui est d'un roux noirâtre, y compris le bout de la queue, qui est blanc dans toutes les autres variétés, est très rare dans le Grand-Duché. Comme partout ailleurs on cherche à décimer le redoutable braconnier par tous les moyens possibles.

(A suivre.)

E. FABER.

INAUGURATION DU MONUMENT ÉLEVÉ

A L'ÉCOLE DES BARRES

A LA MÉMOIRE DE M. GOUET

Les élèves, les collaborateurs et les amis de M. Gouët, premier directeur et organisateur de l'Ecole des Barres, ont eu l'heureuse pensée d'élever un monument à sa mémoire, au milieu même du domaine où s'est écoulée la plus grande partie de sa carrière. C'est un buste en bronze, œuvre du sculpteur Greber, supporté par une pyramide monolithe; du sol part un rameau de chêne qui se recourbe pour entourer l'inscription.

L'inauguration a eu lieu le dimanche 6 juillet, à 2 heures, sous la présidence de M. Antoni, sous-directeur des Eaux et Forêts. Auprès de lui s'étaient groupés le directeur et les professeurs des Barres; M. de la Brosse, conservateur à Tours; M. Emery, chef du personnel; M. Pardé, inspecteur à Beauvais; M. Croizier, inspecteur à Autun, président du Comité d'organisation; M. Pillaudeau, inspecteur à Lorris, trésorier du comité; MM. Sanglé-Ferrière, Huet, inspecteurs; MM. Piqué. Gourier, Geurlesquin, Camus, Hamiaux, Pinaud, Dufoulon, Cartou, Roy, inspecteurs adjoints; Pajot, Durand, Coulaux, Courageot, Salomon, gardes généraux; Amen, brigadier, doyen des élèves de l'ancienne école primaire; Borhoven et Loiseau, adjudants; MM. Constant et Gabriel Gouet, fils de M. Gouët; le capitaine Quilichini, son gendre; le général Cousin; MM. le maire, l'adjoint et les conseillers municipaux de Nogent-sur-Vernisson, etc., etc... La fanfare municipale de Nogent prêtait à cette fête son gracieux concours. Elle a exécuté la Marseillaise, pendant qu'était enlevé le voile tricolore qui enveloppait le monument.

M. Croizier, qui fut major de la première promotion de l'Ecole secondaire, a prononcé un discours au nom du Comité, des Souscripteurs et des Anciens élèves.

Les écoliers, a-t-il dit, sont assez portés à considérer leur école comme une sorte de prison, leurs surveillants comme des geôliers et leurs maîtres comme des juges inflexibles.

Je me souviens que, lorsque nous arrivions ici, nous n'échappions pas cette règle. Mais je dois ajouter que cette impression était bientôt effacée et faisait place à des sentiments tout autres.

Les bois d'une verdure sombre et d'un aspect agréablement farouche qui environnent les Barres en font, il est vrai, une prison, mais celle-ci n'est pas

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