Page images
PDF
EPUB
[graphic][merged small]

UNE AVENUE D'IFS

L'avenue d'ifs (Taxus baccala L.), dont la photographie ci-contre reproduit une partie, se trouve devant la façade principale du Château de Changey, à Echevronne (Côte-d'Or).

Elle se compose de 18 sujets, remarquables par leur grosseur, leur vigueur et leur forme régulière ce sont de véritables arbres et non des faisceaux de tiges accolées, comme ceux qu'on rencontre dans certaines forêts de montagne.

Pour l'édification des chercheurs de l'avenir nous donnons les circonférences actuelles de ces arbres comme les troncs s'élargissent en parlant du sol on a pris les mesures sur le pied. Les arbres sont classés dans l'ordre qu'ils occupent en partant de la façade du château :

Côté gauche de l'avenue (en regardant le château).

345, 1, 2.70, 0.60, 1.25, 0.53, 2.10, 2.20, 2.50. Côté droit de l'avenue (en regardant le château). 3,15, 2, 2, 1, 3, 2.20, 3.10, 1.40, 1.

La photographie reproduit le côté droit.

On n'a pas de documents certains sur la date de la plantation.

LA CORRECTION DES AVALANCHES
DANS LES GRISONS

La Suisse est le pays classique des avalanches; les passages de ses Alpes faisant communiquer le Nord et le Midi de l'Europe ont été de tout temps des plus fréquentés. Aussi, nombreux sont les voyageurs qui, traversant en hiver ces barrières montagneuses, ont été arrrêtés, menacés ou ensevelis par les neiges dévalées des versants ou des crêtes.

De bonne heure on se préoccupa de garantir les cols, les villages: mais ce fut au XIXe siècle, sous l'impulsion de l'éminent Inspecteur fédéral en chef des forêts, M. le docteur Coaz, que la lutte contre ces phénomènes fut généralisée et conduite d'une façon scientifique. L'historique des principales avalanches, l'exposé des méthodes, des

(526 ANNÉE). 1 SEPTEMBRE 1913.

XI. - 33

observations nivométriques exécutées sont consignés dans un ouvrage qui fait autorité: Die Lawinen der Schweizeralpen 1.

Quand il s'est agi de lutter contre les avalanches en Savoie, je ne pouvais mieux faire que d'aller étudier ce qui s'était fait chez nos voisins et, en 1899, chargé d'une mission, je suis allé voir les ouvrages édifiés contre les avalanches aux environs de Coire et d'Airolo.

M. le docteur Coaz vint, en 1910, visiter les travaux contre les avalanches de la 5 Conservation et voulut bien alors m'engager à retourner en Suisse pour examiner les défenses nouvelles créées dans les Grisons. Ayant reçu de l'Administration l'autorisation d'effectuer ce voyage d'études, je partis en 1911 pour Berne où m'attendait. M. le docteur Coaz, qui m'accueillit avec une amabilité qui m'a profondément touché. Le vénérable chef du Service forestier helvétique tint à m'accompagner sur le terrain et à me fournir sur place tous les renseignements nécessaires. Je ne pouvais avoir un guide plus sûr, plus averti, de plus grande expérience, pour qui la technique des travaux, la sylviculture et la botanique alpestre n'ont pas de secrets.

Le 28 août, nous débarquions à Bergün après avoir pu admirer la splendide vallée de l'Albula et la merveilleuse voie que la Société des chemins de fer Rhétiques y a établie. Déjà après avoir dépassé Alvaneu et avant de traverser sur un hardi viaduc la Landwasser, j'avais aperçu la tête de Muot, distante de 12 kilomètres à vol d'oiseau, couronnée de ses imposantes murailles, comme une forteresse.

En Suisse, à la différence de ce qui se passe chez nous, quand il s'agit de travaux de correction de torrents, ou d'avalanches, c'est la méthode des subventions qui est de règle. Le propriétaire du terrain doit contribuer à la dépense, sauf à solliciter du canton et de la Confédération des subsides pour l'exécution des ouvrages; c'est donc à lui à prendre l'initiative et à montrer l'intérêt qu'il a en versant une quote-part du montant estimatif des travaux.

II avait longtemps que les avalanches descendant du Muot étaient une menace sérieuse pour la route de l'Albula; mais le coût de leur correction était trop élevé pour que la commune de Bergün, même subventionnée, pût le supporter.

Lorsque les chemins de fer Rhétiques vinrent établir la ligne conduisant à Samaden et en haute Engadine, où, hiver comme été, abondent touristes et amateurs de sport, il fallut bien assurer la sécurité des com

I. -- Voir aussi la (

Statistique des avalanches dans les Alpes Suisses et des travaux de défense y relatifs », par le Dr J. Coaz, Berne, 1910, d'où ont été extraits le plan et les dessins des ouvrages annexés à cette étude.

munications. Les avalanches se détachaient des versants rocheux qui forment le pourtour de la tête du Muot à 2.325 m. d'altitude et elles s'arrêtaient près de l'Albula, à 1.486; m. la hauteur de chute atteignait donc 839 m.

De la forêt qui couvrait les pentes nord-ouest de la montagne, il ne restait que de longues bandes étroites entre lesquelles dévalaient les neiges. Ces couloirs étaient utilisés comme pâturages par les habitants de Bergün, de sorte qu'on ne pouvait espérer voir l'arbre reprendre possession de ces surfaces. Fallait-il garantir la voie en creusant dans la montagne un tunnel, en aménageant une galerie ou bien était-il préférable d'attaquer l'avalanche à son point de départ?

Les Ingénieurs adoptèrent la seconde solution pour les raisons suivantes: 1° l'ouverture d'un souterrain, sur une longueur d'environ 700 mètres, aurait coûté environ 700.000 fr., plus cher que la correction; 2o pour un chemin de fer de tourisme, il est préférable de donner aux voyageurs le plus de vues possible, surtout dans une région aussi pittoresque que la haute vallée de l'Albula; 3o la correction de l'avalanche assurait en même temps la circulation sur la voie ferrée et sur la route cantonale; 4o la commune, le canton et la Confédération devant contribuer à la correction, la Compagnie des chemins de fer Rhétiques n'avait à supporter qu'une partie de la dépense.

Le projet de correction établi par l'Ingénieur en chef du chemin de fer, avec le concours du Service forestier cantonnal et fédéral, fut approuvé par le Conseil fédéral le 17 août 1900: la Confédération allouait une subvention de 50 o/o pour les travaux de correction, qui commencèrent en 1901.

On établit d'abord un chemin muletier de 1 m. 50 de largeur, partant de la voie ferrée à la cote 1550, avec une pente de 12 à 14 0/0, pour aboutir à la cote 2040, à proximité de baraquements édifiés pour les ouvriers.

La surface à traiter comprenait 45 hect.; elle a été entourée d'une clôture en treillage de o m. 15 de maille, afin de prévenir l'introduction du bétail et notamment des chèvres.

Lorsque les barrières sont placées horizontalement ou à peu près, on ménage à l'amont une berme de 2 m. de largeur, afin d'empêcher leur renversement sous la poussée des neiges. Des portes sont ménagées sur le chemin. Au bas du versant, près de la route, la commune de Bergün établit à ses frais une pépinière de mélèzes, arolles, épicéas, pins à crochets; la Confédération ne subventionne que les plantations, mais non les pépinières.

« PreviousContinue »