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7 kilomètres et un grand câble aérien, dont on se sert aussi pour transporter du talc.

Nos camarades sont montés en voiture jusqu'au col de Jau, puis ont pris le chemin de fer qui traverse la forêt, en suivant les jolis méandres de la Castillane. Dans sa ferme de Cobazet, située à 1.600 mètres d'altitude et ornée de drapeaux anglais et français, M. de Chefdebien offrit à ses hôtes un déjeuner succulent. Son hospitalité ne sera pas oubliée par ses visiteurs, qui furent,d'autre part, grandement intéressés par les méthodes d'exploitation de sa forêt de haute montagne.

La caravane rentra à Prades le soir et repartit le lendemain pour Marseille.

Un événement mondial. - On annonce comme prochain le passage possible par le canal de Panama des premiers bateaux qui se rendront ainsi, sur l'élément liquide, de l'Océan Pacifique à l'Atlantique sans avoir à contourner le continent Sud-américain.

Si des événements imprévus ou de nouveaux éboulements toujours à craindre dans la tranchée de la Culebra ne se produisent pas, dans quelques jours cet événement mondial sera un fait accompli.

Dans la rade de Colon,la jetée de Toro Point, de 3.118 mètres de longueur, indique l'entrée du canal, assurée par un chenal large de 152 mètres, dragué à 12 m. 50 de profondeur, prolongé de 12 kilomètres dans les terres jusqu'au pied du barrage colossal de Gatien. Cet ouvrage, unique au monde, a 3413 mètres de longueur, 34 mètres de hauteur; son épaisseur est de 805 mètres à la base. Le volume des matériaux employés pour sa construction dépasse 20 millions de mètres cubes; il est équivalent à un cube de un kilomètre de côté ayant comme hauteur 20 mètres, soit l'élévation d'une maison à 4 étages.

De là, trois écluses doubles de 350 mètres de longueur sur 33 de largeur élèvent chacune de 8 m. 63 les colosses de l'Océan et leur permettent l'accès du lac de 15.500 hectares 4 fois la surface du lac du Bourget formé par la fermeture de la vallée du Chagres. Cette magnifique pièce d'eau de 40 kilomètres franchie, la fameuse tranchée de la Culebra, aux terrains instables, qui a coûté et coûtera encore des sommes importantes, présente son peu rassurant couloir de 14 kilomètres de longueur et aboutit aux écluses de Pedro Miguel, commencement de la descente sur le versant du Pacifique.

Une première chute de 9 m. 24 donne accès dans un petit lac artificiel que l'on traverse sur 1.800 mètres; puis les deux écluses étagées de

Miraflores atteignent le niveau du Pacifique dans lequel débouche un dernier canal de 13 kilomètres 500.

A la vitesse de marche autorisée, il faudra 10 heures pour passer d'un Océan à l'autre.

Le coût de ce travail, triomphe de l'industrie humaine, dans l'établissement duquel les plans et les travaux des ingénieurs français de la première Compagnie de Panama ont été finalement adoptés comme les meilleurs, aura dépassé deux milliards de francs; et ce n'est pas fini ; des dépenses très élevées devront être prévues pour l'entretien du canal.

Il présente, en effet, plusieurs points faibles en particulier la traversée de la tranchée de la Culebra qui n'est pas sans donner des inquiétudes, fort justifiées d'ailleurs, aux ingénieurs, par suite de l'instabilité des terrains qu'elle traverse.

Quelques chiffres, pour terminer. Le personnel ouvrier employé pour l'exécution du Canal du Panama a atteint un chiffre de 45.000 hommes, payés de 9 fr.50 à 27 francs par jour. Les ingénieurs qui dirigeaient cette armée gagnaient une moyenne de 750 francs par mois, ce qui n'est pas bien élevé. La moyenne mensuelle des salaires a atteint 8.600.000 francs.

Le tarif proposé pour le passage par les Etats-Unis est, non sans raison, taxé d'exorbitant; il est en effet de un dollar par tonne. Un bateau du tonnage du Carthage aurait ainsi 30.000 francs à acquitter pour passer d'un Océan à l'autre. Pour certains vapeurs de fort tonnage, le coût de la traversée peut s'élever jusqu'à 25.000 francs, ce qui paraît excessif.

(La Tunisie industrielle.)

Chemins ruraux. Un sénateur a demandé au ministre de l'Agriculture de lui indiquer dans quelles conditions la construction de chemins ruraux entreprise par des syndicats de propriétaires peut être subventionnée par le Service des améliorations agricoles. Voici la réponse du Ministre, insérée récemment au Journal officiel :

Aux termes de la loi du 20 août 1881, relative au Code rural, les chemins ruraux « sont les chemins appartenant aux communes, affectés à l'usage du public, qui n'ont pas été classés comme chemins vicinaux ». L'ouverture, le redressement, élargissement, réparation, entretien peuvent être poursuivis par des Syndicats de propriétaires, constitués sous le régime de ladite loi; on peut leur accorder, pour l'exécution des travaux de construction ou de réfection de chemins ruraux,

lorsque l'entreprise présente un caractère d'intérêt général agricole bien déterminé, des subventions prélevées sur les fonds réservés aux travaux d'améliorations agricoles (arrêté ministériel du 20 juillet 1903).

Pour que ces subventions s'obtiennent, il faut que le projet des travaux à exécuter ait été dressé par le Service des améliorations agricoles ou soumis à son contrôle avant tout commencement d'exécution; il est, en outre, indispensable que les chemins ruraux à construire ou à améliorer aient fait l'objet d'un arrêté de reconnaissance de la commission départementale.

Les subventions allouées dans ces conditions varient suivant l'importance et l'intérêt agricole des travaux à exécuter; mais, en aucun cas, leur taux ne peut dépasser le tiers des dépenses effectuées.

L'œuvre française dans la Chaouia. Le Dr F. Weisgerber nous apprend dans une de ses intéressantes correspondances sur le Maroc que « les puits ont été curés, on y a installé des pompes; les sources « ont été aménagées et garanties contre les contaminations par la cons<«<truction d'abreuvoirs et de lavoirs. Partout on a planté des arbres

et des jardins potagers. Le commandant du camp Boulhau a pris « des mesures sévères contre la dévastation de la forêt de chêne-liège << des Zyaïda et celui de Dar-ben-Ahmed s'occupe activement du REBOI«SEMENT de la région et de la reconstitution de la forêt voisine des « Achach par la création de pépinières et de triages réservés.

<< Dix mille arbres ont déjà été plantés à Dar-ben-Ahmed et dans le « territoire qui relève de ce secteur. >>

Voilà œuvre utile. Rendons donc louange à la fois à ces soldats et à ces hommes d'initiative.

Une forêt souterraine.

R. D.

Dernièrement on a trouvé dans le Sud

de la Russie « une mine... de bois ».

Il s'agit d'une forêt de chênes que l'on a découverte, ensevelie le long du lit d'un fleuve. Sa superficie n'est pas moindre de 200 kilomètres carrés. Certains troncs atteignent quarante et soixante mètres de haut et les diamètres de 55 centimètres à mi-hauteur ne sont pas rares.

On assure que les 150.000 chênes de cette forêt sont précieux à l'ébénisterie modern-style par la polychromie naturelle de leur bois dont les veines passent du brun au rose pâle et du bleu au jaune. (Journal du Commerce des bois.)

Nécrologie. M. Cousin, Conservateur des Eaux et Forêts en retraite, est décédé, en son domicile au Vésinet, le 28 août dernier, dans sa 80° année. Il était né à Périgueux le 19 février 1834. Sorti de

l'Ecole forestière en 1855, avec le no 5, il avait successivement occupé, comme garde général, les postes de Besançon (en stage), de Levier, de Strasbourg, Vitry-aux-Loges, Coucy-le-Château, puis, comme sousinspecteur, ceux de Fumay et Villers-Cotterets. C'est dans cette résidence qu'il eut l'occasion de manifester ses qualités d'initiative et de courage, au moment de l'invasion allemande. Il se trouva seul, en effet, pour assurer le service; il connut des heures difficiles et périlleuses.

Il revint plus tard, en 1878, à ce poste, comme inspecteur, après avoir passé par Bonneville. L'Ecole secondaire de Villers-Cotterets venait d'être fondée; il la dirigea avec une intelligence et une distinction qui lui valurent d'être nommé conservateur. Il fut envoyé, en cette qualité, à Bordeaux, en 1886, et termina sa carrière à Amiens, en 1894. Il avait été fait chevalier de la Légion d'honneur en 1893.

Sa retraite ne fut pas pour lui un repos. Sa rare vigueur physique lui permit de continuer à s'occuper de travaux forestiers; ses connaissances, qui étaient très étendues, le firent choisir souvent pour des expertises délicates.

Dans ces dernières années, M. Cousin accepta le rôle souvent astrei gnant de président de la Société de Secours et Prêts entre agents forestiers. Ceux qui ont eu l'honneur de collaborer plus étroitement avec lui, à la commission de la Société, peuvent témoigner combien il avait pris à cœur cette mission. Durant les trois ans de sa présidence, il ne manqua pas une seule fois, même pendant les vacances, les réunions mensuelles. Il y apportait les conseils d'une prudence et d'une expérience que lui avait acquises sa longue connaissance des hommes et des choses; lui-même procédait aux enquêtes difficiles sur les détresses et les misères qui lui étaient révélées. Il savait distinguer celles qui étaient les plus pitoyables. Sa bonté s'en émouvait; il se désolait d'avoir à imposer des limites à sa générosité. Jamais il ne trouvait suffisantes les ressources de la Société; il faisait partout des démarches pour lui amener de nouveaux adhérents, en retenir les défaillants. Très souvent son influence aura été efficace et son action décisive. Combien de fois ne s'est-il pas plaint de ce que l'oeuvre de la Société fût méconnue, de ce que le corps forestier ne se rendit pas compte de tout le bien qui était à faire à de trop nombreux camarades tombés dans le malheur.

C'est en 1913 seulement, quelques mois avant sa mort, qu'il quitta cette présidence, les statuts ne lui permettant pas de la continuer. Ses regrets furent grands de cette séparation; il lui semblait qu'ainsi se rompait un des derniers liens le rattachant à sa chère Administration.

Nul ne se doutait, en le voyant si vert, si plein de santé, qu'en effet, c'était un adieu, et un adieu définitif, qu'il nous disait.

Avec lui disparaît un des représentants les plus qualifiés de la vieille tradition forestière. Il comprenait mal la nécessité des réformes, les évolutions qui se faisaient dans les jeunes générations. On retrouvait, dans sa résistance, toute l'attitude un peu rigide, austère, qu'il avait dû opposer, 40 ans avant, à une invasion d'un autre genre. Comment aurait-il pu penser que les temps avaient changé, puisque sur lui le temps avait si peu de prise?

Ceux qui l'ont connu sur le tard ne se sont peut-être pas doutés que ce qui apparaissait chez lui comme de la retenue, un peu de froideur même, provenait d'une timidité qu'il avait eu grande difficulté à vaincre. C'était, en même temps qu'un homme d'une droiture absolue, un esprit d'une extrême modestie. Aussi ses funérailles ont été simples. Des forestiers n'ont pas été prévenus, qui auraient été fiers de lui faire escorte et de lui rendre l'honneur suprême dû aux meilleurs serviteurs du pays. Aucun discours n'a été prononcé sur sa tombe. Cette absence de manifestations, si on peut la regretter, a du moins été en harmonie avec les sentiments intimes de cet homme modeste et oublieux de lui-même, pour ne penser qu'au bien des autres.

Articles signalés dans les revues françaises ou étrangères 1. — Journal d Agriculture pratique, no du 12 juin 1913. -Aire géographique et production du chêne-liège, par A. Bourilly, professeur à l'Ecole pratique d'Agriculture d'Hyères.

La Vie agricole et rurale, no du 21 juin 1912. -Les Sapinières des Vosges, par G. Lapie, docteur ès-sciences, inspecteur des Eaux et Forêts.

Même revue, même numéro. Le Reboisement dans les Vosges, par P. Boppe, garde général des Eaux et Forêts.

Journal d'Agriculture pratique, n° du 19 juin 1913. La Truite dans les ruisseaux, par P. Zipcy, professeur d'agriculture et de pisci

culture.

Zeitschrift für Forst-und Jagdwesen, no de novembre 1912. Gegenfeuer (contrefeu) par le Forstmeister Brandt in gr. Ziegenort.

I. On pourrait citer également les monographies de A. Engler, de Rikli, de Vogler, les beaux travaux de Buhler, de Christ, d'Imhof, de Schroter, etc.

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