Page images
PDF
EPUB

un grand nombre de propriétaires, venus de toutes les régions de la France, se sont réunis à Paris, le 22 novembre dernier, et ont fondé un syndicat central: le Comité des forêts. Ce comité, en relations intimes avec les nombreux syndicats locaux déjà existants ou qui peuvent se créer à l'avenir, se propose de centraliser les renseignements économiques et commerciaux nécessaires à l'établissement des cours nor. maux de la production forestière; il aura pour mission de défendre la forêt menacée contre tous ses ennemis, conscients ou non il s'efforcera de faciliter aux propriétaires l'exploitation de leurs bois, leur venant en aide pour la vente de leurs coupes et pour toutes les opérations que comporte une bonne administration. La Chambre syndicale du Comité est formée de propriétaires qui ont dès le début apporté leur concours à l'œuvre entreprise; la région de l'Est y est représentée par M. Michaut, de Baccarat. L'un des vice-présidents est M. Ch. Guyot, ancien directeur de l'Ecole nationale des Eaux et Forêts. Enfin, les fondateurs se sont assuré le concours, au titre de secrétaire général, de M. Roulleau, ancien conservateur des Eaux et Forêts qui a déjà créé au Mans « l'Office forestier du Centre et de l'Ouest », bien connu pour les services qu'il a rendus aux propriétaires de ces régions.

Mais le Comité des forêts ne pourra fonctionner utilement que s'il s'appuie sur un grand nombre de syndicats forestiers locaux, fortement organisés à l'exemple des syndicats agricoles de la loi du 21 mars 1884. C'est ce qu'a compris la Section lorraine de la Société forestière française des Amis des Arbres, créée à Nancy en 1901 par M. Paul Martin, et dont le président est M. R. Claude, société dont les secours ont été et sont encore si efficaces pour encourager le reboisement dans les départements de l'Est. Sous ses auspices vient de se fonder à Nancy le Syndicat des propriétaires forestiers de la région lorraine, affilié au Comité des forêts, et complétant très heureusement le programme ancien de la Société des Amis des Arbres. Le vice-président, spécialement chargé de l'Administration du Syndicat et de ses relations avec le Comité central, est M. Ch. Guyot, demeurant à Nancy, 13, rue de Lorraine, qui se met à la disposition de tous les propriétaires de forêts ou de terrains à boiser, pour recevoir leur adhésion au Syndicat et au Comité, et leur fournir à ce sujet tous les renseignements nécessaires.

Nécrologie. M. Batho, inspecteur des Eaux et Forêts à Vesoul, est décédé le 5 janvier dernier. Il était légèrement grippé; c'était un simple malaise qui n'inspirait aucune inquiétude, quand la mort l'a surpris subitement, une nuit, pendant son sommeil.

Il y a eu de doubles funérailles à Vesoul et à Blamont (Meurthe-et Moselle), où a eu lieu l'inhumation, le 9 janvier.

A Vesoul, l'assistance était très nombreuse; tous les hauts fonctionnaires de la ville étaient présents; on ne comptait pas moins de 14 agents forestiers parmi lesquels MM. Schlumberger, Schaeffer, Perrin, conservateurs ; Gazin, Jacquot, Prost, inspecteurs; de Larminat, Galand, Mendès, inspecteurs adjoints.

Le défunt était célibataire; le deuil était conduit par son frère, juge de paix à Cirey, son beau-frère le Dr Hanriot et son cousin M. Lamasse, ancien inspecteur.

Un discours a été prononcé par le secrétaire général de la Préfecture, remplaçant le Préfet absent. Puis M. Millischer, inspecteur à Vesoul, s'est exprimé en ces termes :

<< Mesdames,

<< Messieurs,

« J'ai le pénible devoir d'adresser au nom de l'Administration forestière tout entière et en particulier au nom des agents de la 320 conservation, un dernier adieu au bon et regretté camarade qu'une mort aussi soudaine que prématurée vient d'enlever à l'affection de ses parents et de ses amis.

<< Louis Batho est né à Cirey-sur-Vezouze, le 1er mai 1858. Après de brillantes études au collège de la Malgrange à Nancy,il entra à l'Ecole forestière en 1877 à l'âge de 19 ans. Il en sortit en 1879 pour occuper successivement comme garde général, après une année de stage à Nancy, les postes d'Arreau et de Bruyères. Nommé inspecteur adjoint en 1886 il fut appelé à gérer le cantonnement de Cornimont, puis celui de Remiremont,où il resta jusqu'à sa promotion au grade d'inspecteur. Il fut installé en cette qualité à Fraize, en juin 1898, puis nommé en 1901 à Vesoul, qu'il ne devait plus quitter.

<< Dans les étapes successives de sa carrière, Batho se fit remarquer par un travail scrupuleux, un zèle sans défaillance, une grande compétence et un саractère loyal et franc. Il fut pour ses chefs un collaborateur précieux dont les avis éclairés étaient toujours écoutés et appréciés.

« Ses brillantes qualités l'eussent, sans aucun doute, désigné pour le grade supérieur s'il eût été moins modeste. Pendant ces sept derniers mois, n'a-t-il pas, en effet, rempli par intérim, avec une distinction rare et une compétence consommée, les fonctions délicates de conservateur?

« Comme collègue il fut toujours un conseiller prudent et sûr, un camarade obligeant et dévoué. Ses pairs, à de récentes élections, l'avaient choisi, à une forte majorité, pour faire partie du conseil de discipline des agents, témoignant ainsi de l'estime qu'ils avaient en la droiture, la loyauté et l'indépendance de son caractère.

<«<Comme chef, il fut foncièrement bon et juste: aussi était-il aimé de tous ses subordonnés : leur deuil attristé, les larmes qui perlent sous leurs paupières et l'empressement qu'ils ont mis à venir, quelques-uns de fort loin, lui rendre un suprême hommage, disent mieux que tous les discours, les sentiments de respectueuse affection qu'ils éprouvent pour lui.

«Que dirai-je de l'ami, du camarade? Tous ceux qui l'ont connu ou approché un peu ont pu apprécier son accueil toujours cordial et goûter le charme de sa conversation toujours gaie et pleine d'esprit.

<< Batho était le compagnon loyal, sûr, d'une obligeance inépuisable, d'une urbanité parfaite, dont la bonté et la bienveillance ont laissé partout de vivaces souvenirs.

« Agent distingué, excellent collègue, chef bienveillant, ami fidèle, Batho fut de plus un frère aimant et dévoué et voici qu'il n'est plas. Il n'est pas de paroles pour dire la douleur et l'émotion qui m'étreignent. Au nom de la 32e conservation et de l'Administration forestière tout entière je m'incline bien tristement devant ce cercueil où repose celui que nous pleurons tous et j'adresse à ses parents l'expression émue de mes vives condoléances.

<< Mon cher Batho, adieu !»

Après M. Millischer, M. le conservateur Schlumberger a prononcé les paroles suivantes :

Messieurs,

<< A celui qui fut mon camarade de promotion et mon ami très cher, je veux à mon tour adresser un dernier adieu; je veux dire aussi combien Batho sera regretté par tous les anciens élèves de la 53 promotion.

« A l'école déjà, il était aimé de tous parce qu'il était gai, serviable et bon et dans les différents postes qu'il a occupés, ensuite, ces belles qualités lui ont valu des amitiés solides et durables.

<< On l'appelait partout «< l'ami Batho» et ce qualificatif, qui d'habitude accompagnait son nom, constitue le plus bel éloge qu'on puisse faire de lui.

« Les hasards de la carrière forestière nous ont souvent rapprochés et je n'oublierai jamais l'accueil si aimable, si chaud, que je recevais de lui quand j'allais le voir.

<< Et Batho n'était pas seulement un ami fidèle ; c'était aussi un forestier de grande valeur.

<«< Il joignait à une intelligence développée, un jugement très sûr et traitait toutes les affaires avec une réelle distinction.

<< S'il n'a pas obtenu le grade supérieur, c'est qu'il ne l'a pas voulu, s'étant toujours refusé à faire des démarches dans ce but, même celles obligatoires. <«< Mon cher Batho, tes camarades de la 53e promotion te disent adieu avec une profonde tristesse tu étais un des meilleurs d'entre eux et ils garderont fidèlement ton souvenir. »

Un préposé M. Royer a dit ensuite d'une façon touchante les regrets du personnel, et M. Gaudel ceux de ses intimes.

A Blamont, au milieu d'un nombre considérable d'amis, se trouvaient MM. Rodolphe, Cardot, de Liocourt, inspecteurs, Vaillant, inspecteur adjoint, Fade, garde général.

Au cimetière, M. Rodolphe, a prononcé un discours dont nous donnons ci-après le plus large extrait :

« Mesdames, Messieurs, des voix plus autorisées que la mienne ont déjà fait

l'éloge de celui que nous accompagnons. Je me ferais cependant un reproche de quitter cette tombe autour de laquelle la mort nous réunit par un de ses coups si brusques, si imprévus, sans dire un dernier adieu à un bon à un excellent camarade.

« La carrière de Louis Batho fut courte; elle fut modeste, car il la voulut telle; elle fut bien remplie.

<< Partout où il a passé Batho a laissé le meilleur souvenir. Très dévoué à son service, très déférent pour ses supérieurs, tout en sachant garder sa valeur personnelle, il était pour ses inférieurs un chef idéal et un véritable ami. Tous savaient qu'ils pouvaient avoir en ce cœur élevé et généreux la plus entière confiance; tous étaient assurés de toujours trouver auprès de lui un bon conseil et un appui. Sa nature franche, cordiale, ouverte, attirait, imposait la sympathie; pour peu qu'on le connût on ne pouvait se refuser à lui vouer une sincère amitié.

<< Tel fut Batho. Je comprends le vide que son départ sera pour les siens; ce vide ne sera pas moins ressenti par tous ses camarades et par le Corps forestier entier. Il était un agent de valeur : on ne pouvait lui reprocher que sa trop grande modestie, et ce reproche fait encore son éloge.

« Lorsqu'il y a quelques mois, passant quelques heures à Nancy, tu me faisais l'agréable surprise d'une visite, comme je protestais, la trouvant trop courte, tu me promettais de revenir cet hiver et de me dédommager; je ne pensais guère, mon cher Batho, au triste devoir qui m'incombe aujourd'hui, Repose et jouis de la paix que tu as bien méritée. Sois assuré que nous tous, qui t'avons connu, nous te garderons un pieux souvenir. Que notre consolation soit dans l'espoir de te retrouver dans l'éternité,

Société de secours et prêts entre les Agents forestiers. M. Gérard, trésorier, a encaissé, depuis le 5 décembre 1912 jusqu'au 21 janvier 1913 inclus, les cotisations de l'année courante de MM. André, Aubert (J.-C.), Aubrun, d'Alverny, Armand, Bauby, de Bélenet, Bazaille, Billet, Boulanger, Cancé, Cousin, Camus, Chaumonnot, Deslandres, Druhen, Gannevat, Griess, Garreau, Gazin, Hamiaux, Hermied, Lambert (G.-H.), de Lignières, Madelin, Michaud, Noël, de Prémorel, Perroy, de Peyrelongue, Poirot, Rouast, Rudault, Rimaud, Rotgès, Roux (E.-D.-R.), Sentis, Stef, Turc, Vazeilles, Verneaux. Wilmart.

Pour 1914 de M. Brunier.

Le Trésorier prie MM. les sociétaires de bien vouloir lui adresser le montant de leurs cotisations au siège de la Société, 78, rue de Varenne, et non à son domicile particulier.

Articles signalés dans les revues françaises ou étrangères. Zeitschrift für Forst und Jagdwesen, no de novembre 1912. Gegenfeuer (contrefeu) par le Forstmeister Brandt in gr. Ziegenort. Le Petit Journal du 8 janvier 1913. Le Péril forestier, par J. Méline, ancien ministre de l'Agriculture, ancien président du Conseil.

[ocr errors]

Les Amis des Arbres.- L'Assemblée générale de la section d'Auvergne des Amis des Arbres a tenu son assemblée générale le dimanche 22 décembre 1912, à Clermont-Ferrand. Elle était présidée par M. Lecoq, conseiller général, président de la section, qui a prononcé un fort beau discours dans lequel il a particulièrement évoqué le souvenir de M. le conservateur de Riberolles. Il a passé en revue toutes les œuvres de la section, dont l'un des plus beaux éloges que nous pouvons en faire est de dire qu'elles sont trop considérables pour pouvoir prendre place ici, même en résumé.

Ensuite l'infatigable et distingué secrétaire général, M. Reynard, à rendu compte des travaux et du budget de la section, qui compte 1176 sociétaires, au lieu de 1008 en 1911. La pépinière de Royat a fourni, à l'automne 1912, 118.000 plants distribués gratuitement; 42 sociétés scolaires forestières sont affiliées à la section, dont 17 dans le Cantal et 25 dans le Puy-de-Dôme; elles ont créé 18 pépinières forestières.

Les deux vœux suivants ont été, en fin de séance, émis par l'Assemblée :

1° Emploi obligatoire, toutes les fois qu'il sera possible, par toutes les administrations françaises, de nos bois indigènes et de ceux de nos colonies, de préférence à ceux de l'étranger. Entre autres, le sapin d'Auvergne pour les constructions de l'Etat et des communes, et le bouleau de France pour la fabrication des allumettes dans les manufactures de l'Etat ;

2o Adoption rapide, et sans aucune modification, par la commission des douanes et le Parlement, du projet de loi relatif à l'importation des bois contreplaqués, déposé à la Chambre des députés depuis le 14 mars

1911.

Le Directeur-Gérant: LUCIEN LAVEUR.

Poitiers. Imprimerie G. Roy, rue Victor-Hugo,7

« PreviousContinue »