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les plus simples M. Humann était un homme de capacité spéciale et d'ordre régulier; ses amitiés étaient sincères, ses alliances de bonne nature; uni d'abord au parti de M. de Broglie et de M. Guizot comme par instinct d'ordre moral, il ne les aurait point abandonnées. S'il aimait l'administration des finances comme une chose qui venait naturellement à lui, il y préférait sa valeur personnelle, et dans une crise d'amour propre et de situation politique il s'en fût très facilement séparé : en cela il avait un peu le défaut de M. de Broglie de se dépiter et de se décourager aussitôt; soit le sentiment de son importance, soit dégoût subit des affaires, M. de Broglie secouait souvent un portefeuille comme un fardeau. Chez M. Humann ce même découragement se produisait avec une sorte de franchise, j'ai presque dit de ténacité alsacienne; il s'entêtait sur une idée, sur un homme, et s'il trouvait résistance, il accourait sa démission à la main, esprit sous ce rapport fort incommode.

Il y avait beaucoup plus de souplesse dans le caractère de M. de Rigny, nature bonne, facile, à ce point qu'il avait accepté d'abord un ministère sous la présidence de M. le prince de Polignac en 1829; M. de Rigny quiavait reçu au reste toutes ses impressions du baron Louis, son oncle, sans posséder de vastes idées politiques avait néanmoins sur les affaires d'Orient, une

vez, les vertus ne suivent pas toujours les lumières, et les leçons que reçoit l'enfant pourraient lui devenir. funestes si elles ne s'adressaient qu'à son intelligence.

Que l'instituteur ne craigne donc pas d'entreprendre sur les droits des familles en donnant les premiers soins à la culture intérieure de l'âme de ses élèves. »

certaine éducation classique qui le rendait parfaitement propre à quelques-unes des questions considérables du cabinet, et c'est à ce point de vue qu'il pouvait être utile à ses collègues dans toutes sortes de combinaisons. Une prière, un ordre du roi suffisait excellent officier supérieur de marine, avec les formes et les convenances de M. de Mackau, il pouvait également diriger les affaires étrangères, surtout au moment où allait dominer la question d'Orient qu'il connaissait par théorie et pratique. C'était en effet la politique extérieure qui préoccupait le cabinet, en face de difficultés capitales; l'histoire ne peut séparer la situation des hommes d'État des graves intérêts de l'Europe.

CHAPITRE VII.

DÉVELOPPEMENT DES QUESTIONS DIPLOMATIQUES, PORTUGAL, ESPAGNE, SUISSE, PIÉMONT, ORIENT.

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Le commodore Napier.

Prise de Lisbonne. · Défense de Porto. - Reconnaissance de dona Maria par la France et l'Angleterre. · Restauration La jeune reine à Londres. anglaise. Espagne. Les deux partis. - Situation de M. de Zea. - Mort de Ferdinand VII. Prise d'armes des carlistes. Jnsurrection des provinces. Dépêche de M. de Rayneval. - Conseil des ministres. Reconnaissance d'Isabelle II et de la régence. Y aura-t-il une intervention? - La diplomatie à Paris et à Madrid. - Système de M. de Zea. · Nécessité de s'appuyer sur le parti des liberales et des Cortès. — Les volontaires royalistes. Retraite de M. de Zea. Ministère de M. Martinez de la Rosa. Armée d'observation des Pyrénées. Suisse. Notes impératives des puissances. Mesures contre les réfugiés. — Expédition des Polonais contre la Savoie. — L'Orient après le traité d'Unkiar-Skelessi. — Note de la France à Saint-Pétersbourg. Situation prise par les cabinets de Londres et Rappel des escadres. — Déplacement momentané de la difficulté. - Arbitrage de M. de Metternich.

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de Paris. Armemens. Influence autrichienne.

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Dans cette immensité d'événemens que la Révolution de 1830 avait fait naître, la diplomatie n'avait pas l'espérance d'un temps prochain de repos; sur quelque point de l'Europe qu'elle portât les yeux, il y avait inquiétude de l'avenir, tourmente pour le présent, ou bien il allait surgir quelques-unes de ces questions pratiques toute d'actualité qui appellent une

solution immédiate. Il est donc encore une fois besoin de résumer les faits et de suivre une à une ces difficultés qui menaçaient la paix du monde.

Au midi de l'Europe la lutte continuait entre les élémens de la vieille société et les forces confuses du nouvel ordre social. A chaque époque cette même situation se reproduit; les choses de ce monde tournent dans le même cercle! j'ai cherché à définir le véritable caractère de cette guerre de la Péninsule où se trouvaient une fois encore en présence la Révolution française et l'antique droit public de l'Europe. La Révolution soutenait cette armée d'Anglais, de Belges, de Français, bande de condottieri débordée sur le royaume de Portugal au nom de dom Pedro et de la jeune reine dona Maria da Gloria. Le parti de la Restauration appuyait de ses vœux et de ses forces, d'autres volontaires, qui sous la conduite du comte de Bourmont et du général Clouet allaient prêter secours à dom Miguel, alors en rapport avec la duchesse de Berri et tout le parti légitimiste en France. Presque toujours ainsi se prépare un champ de bataille entre des opinions et des doctrines hostiles; les Anglais mettaient un grand intérêt au triomphe de dom Pedro ou de la jeune reine sa fille, parce que sous une régence ils espéraient plus facilement dominer ce royaume un de leurs grands magasins d'entrepôt; et comme le parti patriote en France est généralement ce qu'il y a de moins national, il secondait la cause anglaise de dom Pedro qui venait d'obtenir un éclatant succès; l'amiral Napier dispersa la flotte de dom Miguel, et à la suite de cette victoire les Anglais pénétrèrent dans le Tage; Lisbonne subit le drapeau de dona Maria, non

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point la cité peuple ('), mais la cité marchande qui trouvait dans le commerce des Anglais des bénéfices considérables; car devant les intérêts s'effacent les idées généreuses de patrie. Aussi est-ce à l'influence de ces marchands qu'on doit attribuer la proclamation spontanée de dona Maria sur les places publiques de Lisbonne. Le 24 juillet, « est-il dit, le peuple en masse, libre de toute influence extérieure ou intérieure, sans compulsion aucune, la ville ayant été abandonnée par les troupes, s'est assemblé dans la chambre du conseil de la très bonne et loyale cité de Lisbonne, et d'un vœu libre et spontané, et avec une unanimité qui ne s'était jamais vue, a proclamé la señora dona Maria, fille de l'immortel dom Pedro, pour laquelle le peuple est prêt à verser jusqu'à la dernière goutte de son sang (ainsi que tout fidèle Portugais doit toujours être prêt à le faire pour son souverain) comme leur reine légitime, et en conséquence le présent acte a été dressé et signé par toutes les personnes présentes. >>

Si la flotte de l'amiral Napier s'emparait de Lisbonne, l'armée de dom Miguel faisait une tentative contre Porto, la ville anglaise, le centre même des intérêts de dom Pedro; l'attaque fut conduite avec fermeté et la défense présenta également ce caractère

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Au seigneur Jose Xavier.

A bord du vaisseau amiral, à l'embou-
chure du Tage, le 24 juillet 1833.
<< Très illustre et excellent sei-

gneur, j'ai le bonheur de pouvoir
annoncer à Votre Excellence la
glorieuse nouvelle de l'entrée des
troupes de la reine à Lisbonne,
qui a eu lieu ce matin, à la suite
d'une affaire dans laquelle le duc

de Terceira a défait complétement les troupes ennemies sur la rive gauche du Tage. L'escadre passe en ce moment la barre, au bruit des salves du fort Saint-Julien, et le glorieux étendard de la reine flotte sur le château de SaintGeorges.

<< DUC DE PALMELLA. »

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