DE PHILOSOPHIE CHRÉTIENNE REVUE MENSUELLE DIRECTEUR M. L'ABBÉ J. GUIEU SOIXANTE-TROISIÈME ANNÉE NOUVELLE SÉRIE TOME XXVIII (126° DE LA COLLECTION) Avril-Septembre PARIS A. ROGER ET F. CHERNOVIZ, ÉDITEURS 7, RUE DES GRANDS-AUGUSTINS, 7. 1893 Gothchaik /6-22-31 ནང་ 24948 ANNALES DE PHILOSOPHIE CHRÉTIENNE L'HISTOIRE ET LA PENSÉE (Suite1.) Envisagée à ce point de vue, aujourd'hui trop négligé, où les faits s'unissent aux idées, l'expérience à la réflexion, l'histoire élargit ses anciens cadres par son alliance avec une philosophie, elle aussi plus large et plus vivante: un vaste champ s'ouvre aux explorateurs décidés à le parcourir avec autant de prudence que de confiance. Nul danger, en s'engageant dans cette voie, de renouveler d'ambitieuses et stériles spéculations. Il ne s'agit pas ici, en effet, d'hypothèses téméraires, de théories en dehors ou à l'encontre des faits: c'est l'observation qui est la loi suprême, l'observation des choses du dehors complétée par celle des choses du dedans, l'étude des événements par celle de l'àme humaine. Les grands historiens ne les ont jamais séparées, mais chez eux, grâce à un art parfait, la philosophie se dissimule, elle se répand dans toute la suite du récit, elle est partout sans se condenser nulle part. Les philosophes ne sont pas tenus à une réserve qui sied si parfaitement à l'histoire proprement dite. Leur devoir, au contraire, est de lui venir en aide, en ajoutant aux clartés qu'elle répand, avec discrétion, sur les principes et les causes dernières des faits, la lumière directe. de l'observation intérieure, de concentrer ce qu'elle disper1. V. Annales de mars 1893, p. 518. |