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vins au milieu des témoins, tous les officiers m'accueillirent en me serrant les mains et en me donnant toutes sortes de témoignages de sympathie. »

Le lieutenant-colonel Bertin et M. de Grandmaison répondront peut-être qu'ils n'étaient pas là... C'est exact.

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On lit dans le rapport de M. d'Ormescheville :

<«< Il est (le capitaine Dreyfus) doué d'un caractère très souple, voire même obséquieux, qui convient beaucoup dans les relations d'espionnage avec les agents étrangers... »

Dans la note donnée par le général Lebelin de Dionne (la seconde), on lit ceci :

« Sa manière d'être, haineuse et cassante..., lui avaient attiré l'antipathie... »

Ces messieurs ne sont pas d'accord, dirait le président Delegorgue.

§ VIII.

Les comptes de Dreyfus.

On lit, dans le rapport de M. d'Ormescheville (Rennes, I, p. 15):

« Il est permis de penser que si aucune lettre, même de famille, sauf celles de fiançailles adres

sées à Mme Dreyfus, aucune note, même de fournisseurs, n'ont été trouvées dans cette perquisition, c'est que... »

Et, dans l'interrogatoire de Dreyfus par le colonel Jouaust (I, p. 36):

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« M. LE CAPITAINE DREYFUS. Je n'ai jamais rien caché, mon colonel; mes comptes particuliers étaient chez moi et on n'a jamais rien trouvé dans cet ordre d'idées (dépenses faites à l'insu des siens).

M. LE PRÉSIDENT. On a trouvé chez vous des comptes très bien tenus; or, etc.....

Qui trompe-t-on ici? demanderait Basile, si toutefois «< il posait la question? »

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1o Si c'est de mémoire que le commandant d'Ormescheville a dit au général de Pellieux que son rapport avait été falsifié ou tronqué dans la publication qui en avait été faite, il a fallu qu'il ait un souvenir bien précis des moindres mots de son travail pour avoir remarqué une ou plusieurs, ou la totalité, des erreurs qu'on peut relever dans cette publication, comparée à l'original.

2o Si rien de très clair n'est établi au sujet de voyages de Dreyfus en Alsace et de sa présence à des manœuvres allemandes, par contre il est certain

que le colonel Sandherr a dû, à son corps défendant il est vrai, mais enfin a dû assister à des tirs de la garnison allemande de Mulhouse.

3o Au point de vue jeu, le rapport se borne à en accuser Dreyfus, d'après une révélation spéciale sans doute, puisque le commandant d'Ormescheville reconnaît s'être dispensé de recueillir à ce sujet des témoignages, qui eussent été forcément suspects, à son avis.

4° Au point de vue des relations féminines, il ne semble pas, sans vouloir insister davantage, que Dreyfus craigne une comparaison avec Esterhazy.

5o Au point de vue d'une note mise dans des conditions étranges à Dreyfus à sa sortie de l'École de Guerre, le témoignage du général Lebelin de Dionne la confirme entièrement, bien qu'étant sur ce point en désaccord avec un rapport confidentiel remis antérieurement par le même général, et où il donnait à Dreyfus, de mémoire, et après sa condamnation des notes absolument contraires à celles qu'il lui avait données jadis, à un moment où il était censé le connaître.

6o Les sentiments envers la France invoqués par le général Lebelin de Dionne et auxquels d'ailleurs le rapport d'Ormescheville ne fait aucune allusion n'ont rien à redouter si on les compare, comme pour la question mœurs, avec les sentiments d'Esterhazy.

ΧΙ

LA DATE DU BORDEREAU

On lit dans le rapport d'Ormescheville (Rennes, I, p. 19 et 20):

« Ensuite vient une note sur les troupes de couverture, avec la restriction que quelques modifications seront apportées par le nouveau plan. Il nous paraît impossible que le capitaine Dreyfus n'ait pas eu connaissance des modifications apportées au fonctionnement du commandement des troupes de couverture au mois d'avril.

» En ce qui concerne la note sur une modification aux formations de l'artillerie, il doit s'agir (sic!) de la suppression des pontonniers et des modifications en résultant. Il est inadmissible qu'un officier d'artillerie... ait pu se désintéresser

des suites d'une pareille transformation au point de l'ignorer quelques semaines avant qu'elle de

vienne officielle.

>> Pour ce qui est de la note sur Madagascar, qui présentait un grand intérêt pour une puissance étrangère si, comme tout le faisait déjà prévoir, une expédition y avait été envoyée au commencement de 1895, le capitaine Dreyfus a pu facilement se la procurer.

» Quant au projet de manuel de tir de l'artillerie de campagne du 14 mars 1894, le capitaine Dreyfus a reconnu, au cours de son premier interrogatoire, s'en être entretenu à plusieurs reprises avec un officier supérieur du 2o bureau de l'ÉtatMajor de l'armée. »

Il doit s'agir! Le général Zurlinden dit à Rennes (I, p. 205):

« Dans l'affaire actuelle, nous avons entre les mains non pas les pièces elles-mêmes qui ont été livrées à l'étranger, mais l'énonciation de ces pièces... »

A quoi le capitaine Dreyfus répond (I, p. 212) : << Il me semble avoir entendu, dès le début de la déposition, qu'on disait qu'il faudrait avoir, pour établir la vérité, les quatre notes du bordereau. (D'une voix forte.) Je m'associe à ces paroles, mon colonel, parce que je ne demande que la vé

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