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Journal, qui est allé chercher des faits absolument faux de ma vie privée, pour me déconsidérer. Pour ne citer qu'un exemple, dans le Petit Journal, on m'a donné comme étant marié, divorcé, faisant élever mes enfants en Allemagne.

» Les premières lettres d'injures que j'ai reçues étaient basées sur des articles de ce genre. Je ne suis pas marié, je ne l'ai jamais été, je n'ai pas d'enfants, et, si j'en avais, je ne les ferais pas élever en Allemagne.

non pas

Lorsque j'ai voulu faire rectifier personnellement, je n'en ai pas le droit - mais, lorsque des membres de ma famille se sont présentés au Petit Journal pour faire rectifier ces allégations, on leur a opposé une fin de non-recevoir. Il est évident que voilà des choses qui peuvent me déconsidérer aux yeux de MM. les jurés... >>

Il est une chose plus grave, au sujet de laquelle il n'a, à notre connaissance, été rien publié dans les documents officiels.

Il s'agit d'une dénonciation qui aurait été faite, au moment de l'instruction contre Esterhazy, par certains officiers ayant pris part à cette instruction, à un mari sur des rapports que sa femme aurait eus avec le colonel Picquart, cette dénonciation aurait entraîné séparation ou divorce.

On n'a voulu ici compiler que des pièces officielles. On n'a pas cru devoir passer le fait sous

silence, à cause de sa gravité, et étant donné qu'une très grande publicité a été faite à son sujet. Mais on ne croit pas devoir insister davantage. On ne relèvera ici que ce qu'a dit à Rennes le commandant Lauth (III, p. 466 et 467):

« M. le sénateur Trarieux a ajouté que j'étais resté avec le lieutenant-colonel Picquart dans des termes très étroits.

>> On a ajouté qu'à un moment donné, je l'avais reçu à ma table et invité à déjeuner. C'est très ennuyeux d'entrer dans des explications d'ordre privé, mais il le faut pour expliquer la chose.

» Un de mes camarades, le capitaine Valdant, était désigné pour aller à Madagascar comme officier d'ordonnance de M. Laroche.

>> Jusqu'à cette époque-là, alors que le lieutenantcolonel Picquart était notre chef depuis dix-huit mois, nous n'avions jamais été reçus par lui d'une façon quelconque.

» Je n'ai pas voulu, me trouvant dans d'excellents termes avec le. capitaine Valdant, qu'il quittât le ministère et la France sans avoir réuni un certain nombre d'officiers du bureau, et j'ai décidé de donner chez moi, puisque le chef n'avait rien fait jusque-là, de donner un dîner en l'honneur du capitaine Valdant.

>> Tous les officiers du bureau devaient y venir, mais il s'est trouvé que le commandant Henry

n'est pas venu, que le capitaine Junck était en voyage, et la chose se réduisit au colonel Picquart et à M. Valdant, à deux autres personnes qui sont venues également.

» J'en ai été très mal récompensé : le surlendemain, le tsar arrivait à Paris; par ordre du ministre, on avait affecté à chacun des bureaux une pièce pour pouvoir assister à l'entrée du tsar.

» Une pièce avait été donnée à la Section de statistique, où nous avions le droit de venir nousmêmes, si nous n'étions pas de service, avec notre ménage.

» Le colonel Picquart, montrant par là le mépris qu'il professait pour tous les officiers de son bureau et leurs ménages, a amené là une personne dont ce n'était certainement pas la place, en face de Mme Henry, de ma femme, et de Mme de Pouydraguin.

M. LE LIEUTENANT-COLONEL PICQUART. Je proteste absolument.

M. LE COMMANDANT LAUTH. On a su, après un procès qui a eu lieu récemment, ce qu'il en était. M. LE PRÉSIDENT. C'est tout ce que vous avez à dire ?

-

M. LE COMMANDANT LAUTH.

le président.

Oui, Monsieur

Un point, c'est tout, comme disait à Rennes le colonel Cordier.

XVIII

L'ATTENTAT CONTRE Me LABORI

Ce chapitre ne peut, contrairement à tout l'ensemble des compilations de cet ouvrage, contenir aucun texte officiel, mais seulement des articles. de journaux.

Il s'agit de l'attentat commis en public, mais dont l'auteur est resté inconnu malgré les recherches que l'on doit supposer avoir été en haut lieu l'objet de prescriptions très minutieuses, et surtout avoir été exécutées sur place avec une énergie toute particulière.

Le 15 août 1899, le Matin publie les lignes suivantes, de M. Gaston Leroux :

« Je l'ai vu, étendu au travers de la route, la main gauche ensanglantée, fouillant sa noble poi

trine; sa jeune femme à genoux, soutenant sa belle tête de héros tombé. La mort qui semblait prochaine alors répandait déjà sa pâleur sur ces traits énergiques.

» Il a pu croire qu'il allait mourir. Et moi-même, en face de la matité extraordinaire de son teint et la décomposition de ses traits, je l'ai cru. Et le groupe peu compact encore des passants qui entouraient le malheureux de leurs figures de consternation et d'effroi l'ont cru, et il a pu lire cette crainte d'une issue redoutable sur ces figures. Près de là, fébrile, un homme habillé de noir, le docteur accouru du lycée, attendait avec des gestes impatients le grabat qu'on était allé chercher pour le transport du blessé...

>> Que c'est long, que c'est long à venir, ce matelas pour emporter cet homme! Le laissera-t-on agoniser encore sur ce quai, devant nous qu'affole notre impuissance et qui ne pouvons rien que le regarder mourir !

» Enfin, on l'emporte et le médecin espère. Le crime aura été inutile. Je quitte Labori. Mon devoir exige que je me rende en hâte à la salle d'audience. Je vois tout de suite que l'on vient d'apporter la nouvelle abominable. La colère et la douleur des uns, la consternation des autres,

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