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En juillet 1901 (deux ans après), venait encore devant le tribunal un procès intenté par M® Labori, cette fois contre l'Echo de Paris.

Ce journal publiait alors l'article suivant, le 17 juillet :

« Le 10 juin, Ma Labori a introduit une instance contre l'Écho de Paris pour obtenir réparation du préjudice qu'il estimait lui être causé par la publication que nous avions faite dans le numéro du 9 juin d'un extrait d'un article publié par la Review of the Week, à Londres.

» L'affaire allait venir à l'audience quand les conclusions suivantes furent spontanément prises au nom de l'Echo de Paris :

>> Attendu que l'Echo de Paris n'a fait que reproduire sous la rubrique « les Périodiques de Londres » un article de la revue anglaise the Review of the Week;

» Attendu que, d'ailleurs, l'attitude du journal l'Echo de Paris, lors de l'attentat contre Me Labori, en août 1899, a prouvé combien peu il partage l'avis de la revue anglaise ;

>> Que, notamment, dans le numéro du 15 août 1899, l'Echo de Paris qualifiait ce crime d'odieux attentat «< qui ne peut avoir été commis que par «< un fou », que tous les numéros du journal reflètent la même indignation;

» Que le journal l'Echo de Paris, en présence de la légitime émotion causée à Mc Labori par

cette publication, regrette de l'avoir faite ou de ne pas l'avoir fait suivre de protestations... » L'Echo de Paris offrit alors à Me Labori de publier en première page du journal les déclarations qui sont contenues en ces conclusions...

>> Me Labori a trouvé que l'Echo de Paris lui offrait une réparation suffisante, puisqu'il faisait enfin connaître la vérité à ses lecteurs (au sujet de sa réception à Londres).

» Il s'est déclaré satisfait et hier, à l'appel de l'affaire devant la neuvième chambre correctionnelle, la radiation a été demandée et faite sans autres explications. »

A cette époque, du reste, la querelle n'offrait plus le moindre intérêt. Il y a longtemps qu'ils n'étaient plus consternés ceux-là qui, manquant d'estomac, avaient craint pendant quelques jours peut-être que la vigueur des moyens ne nuisît à la victoire.

XIX

LE HUIS-CLOS DE RENNES LE GÉNÉRAL

CHAMOIN

Comme le disait le général Billot (Rennes, I, p. 566, déjà cité), «les fonds secrets sont les fonds secrets ». Un huis-clos, peut-on dire ici, est un huisclos, et l'on ne peut guère savoir ce qui s'y est passé.

Lorsque, le 14 août, Me Labori fut victime de l'attentat rappelé au précédent chapitre, certains récits lui firent dire:

« Nous venons encore de trouver une pièce fausse dans le dossier secret. »

Mais cela resta énigmatique sur le moment.
Me Labori reyint à l'audience du 22 août.

Le 24 août, le général Chamoin est à la barre (Rennes, II, p. 224):

<< Monsieur le Président, le 7 août, au moment où commençaient les débats, et où j'arrivais au lycée, je suis entré en même temps que le général Mercier et je l'ai salué très respectueusement. Le général Mercier m'a alors parlé et m'a dit : « Général Chamoin, j'ai une pièce à vous remettre, >> je vous prie de vouloir bien en prendre connaissance. » J'ai commis là une première irrégularité, je n'ai aucune espèce de scrupule à le reconnaître. Je ne me suis peut-être pas assez préparé aux difficultés de la mission que j'ai à remplir; j'agis franchement, simplement, et je dis tout. J'ai pris la pièce que m'a remise M. le général Mercier ; je l'ai mise dans ma poche, j'en ai pris connaissance le 7 août au soir. Elle contenait sur la première feuille des indications d'une certaine précision au sujet des deux traductions successives du télégramme du 2 novembre 1894 (1); à la deuxième et à la troisième pages figuraient des indications inexactes et fantaisistes, même fausses, et dans mon esprit, je me suis dit que je n'en ferais pas usage au cours de l'exposé du dossier secret. Comme le général Mercier m'avait remis cette pièce, et étant donné que moi, délégué du ministre de la Guerre, je l'avais acceptée, en mon âme

(1) Voir chapitre III ci-dessus.

et conscience elle m'appartenait. Je pouvais en faire l'usage que je voulais. Si j'avais bien rempli ma mission, monsieur le Président, je vous l'aurais peut-être remise immédiatement sans en prendre connaissance; je ne l'ai pas fait. Quand je suis arrivé à la discussion - ou plutôt à l'exposé, car je n'ai pas discuté des conditions dans lesquelles avait été établie la pièce 44, j'ai donné des détails dont le Conseil se souvient certainement et, dans le feu de ma conversation, j'ai oublié la décision que j'avais prise avec moimême, à savoir que, ce document étant erroné, je ne devais pas m'en servir. J'ai passé outre et dans le but que vous connaissez, j'ai voulu donner connaissance au Conseil de la première page. J'ai donc, au moment où j'ai donné ce papier au Conseil, commis une deuxième erreur : j'ai demandé qu'on ne prît pas connaissance de la deuxième et de la troisième pages. Pourquoi ? Parce que, dans mon esprit, la discussion sur le télégramme du 2 novembre 1894 ne peut pas être ouverte de nouveau. Il y a une entente absolue et complète entre le ministre de la Guerre et le ministre des Affaires étrangères au sujet non seulement de l'authenticité du décalque fourni par l'administration des Télégraphes à la Cour de cassation, mais aussi et surtout au sujet de la traduction du télégramme. Nous sommes donc absolument d'accord et sur l'authenticité du décalque

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