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Un Anglais, étonné de n'avoir vu durant trois jours de troubles et de combat, ni massacres, ni pillage, disait, en s'adressant à un de nos concitoyens : « Vous êtes une heureuse nation! vous n'avez point de populace!

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215. L'honorable M. Laffite a mis 500,000 fr. à la disposition de la commission municipale, pour satisfaire aux premiers besoins.

216. Nous avons recueilli avec soin quelques propos tenus par des ouvriers entre eux, qui témoignent de leur rare bon sens et de leur excellent esprit.

Un deux disait : « Il faut pendre ce geux de Charles X-Non, non, lui répond aussitôt son camarade: il nous en a trop coûté pour en avoir victimé un inutilement. »

Lorsqu'on a placé le drapeau national sur le palais de la chambre des députés, un ouvrier, indiquant de la main la statue de la Justice, « C'est dans la main de cette statue, s'écria-t-il, qu'il faut le mettre; c'est là sa place. »

« Vive l'égalité! criait un autre. Non l'égalité de fortune, ça n'est pas possible; mais l'égalité devant la loi, la liberté pour tous, voilà ce que nous voulons. »

217. Plus de distinctions de croyance! tous les Français se sont montrés frères! ils étaient tous animés des mêmes sentimens. Plusieurs Israélites se sont distingués d'une manière particulière : M. Laurier fils a commandé le feu à la tête d'un groupe de jeunes gens; M. Maurice Wolf a été également remarqué; deux autres, dont le nom nous échappe, se sont montrés au premier rang; à l'assaut du Louvre, la bravoure de M. Michel Goudechaux, banquier, a été exemplaire.

secours,

218. M. François Levaré, de Château-Gontier, s'est montré partout où il y avait du danger; partout il a combattu, et a prodigué à ses concitoyens des des paroles d'encouragement; pendant que les fusils et les canons royaux faisaient tomber les malheureux blessés, M. François Levaré n'a cessé de faire admettre les victimes dans les maisons, et de leur faire donner tout ce qui pouvait leur être nécessaire. Les balles ennemies ont épargné ce patriote; les siennes ont été fatales à plus d'un soldat

assassin.

219. Les habitans de Clichy, accourus en armes, après avoir occupé la barrière déjà illustrée en 1814, ont désarmé les vétérans de la caserne voisine. Ils sont venus ensuite renforcer les rangs des défenseurs de la liberté.

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220. Napoléon disait : « L'école polytechnique est ma poule aux œufs d'or »

221. Au Musée, la foule a déchiré le tableau du sacre; tous les autres tableaux ont été respectés.

222. On assure que les ordonnances du coup d'état ont été publiées surtout à cause des révélations faites par les incendiaires du Calvados; on s'est hâté d'imposer silence à la presse pour qu'elle ne pût faire connaître ces révélations.

223. On a trouvé au château, sous le couvert de M. de Lantivy de Reste, capitaine archiviste de l'état-major général de la garde royale, la pièce suivante: elle montre assez quelles étaient les dispositions de la cour avant la journée du 29:

GARDE ROYALE.

- ÉTAT-MAJOR GÉNÉRAL.

Ordre du jour.

Le roi a chargé M. le maréchal duc de Raguse de témoigner aux troupes de la garde et de la ligne sa satisfaction de leur bonne conduite pendant ces deux dernières journées. Sa Majesté n'attendait pas

moins de zèle et de dévouement de ses braves troupes, et leur accorde en témoignage de sa satisfaction un mois et demi de solde. MM. les chefs de corps feront leurs états de solde, et pourront les présenter demain à l'état-major général de la garde, où cette gratification leur sera payée.

224. M. Félix Berson, marchand boulanger, rue Saint-Denis, n° 286, a déposé pour les blessés quatre bons de chacun cinquante livres de pain, formant deux cents livres pour sa souscription. Ces quatre bons ont été remis à M. le maire du troisième arrondissement.

225. Le Français, généreux, se venge par des chansons de la lâche tyrannie dont il vient de secouer le joug. On faisait répéter sur la place de la Bourse un couplet dont voici le refrain:

Eh bien! qu'il reparte aussitôt ;

Ce n'est plus qu'un Français de trop.

On se rappelle que Charles X, en rentrant en France, prétendait n'être qu'un Français de plus.

226. Le corps d'un brave, tué dans les appartemens des Tuileries, a été relevé avec respect par ceux qu'il avait conduits à la victoire, déposé sur le siége même du trône royal, et couvert de lambeaux

de crêpe, rassemblés au hasard: il y est demeuré jusqu'à ce que son frère et quelques autres personnes de sa famille soient venus réclamer ses glorieux

restes.

227. Après qu'on eut appris à Saint-Cloud la retraite de la garde royale sur cette résidence, il s'est passé dans le château des scènes qui annonçaient que chacun y avait perdu la tête.

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Au moment où M. le duc de Raguse est venu rendre compte du résultat de l'abominable mission dont il s'était chargé, M. le duc d'Angoulême était à cheval à la tête de quelques troupes. A peine écouta-t-il le récit du maréchal, et lui dit avec hauteur: «Savezvous à qui vous parlez ? » — «Au Dauphin, répliqua le duc de Raguse,» - «Le roi m'a nommé généralissime, repartit le prince. «Je l'ignorais, répondit le maréchal; mais je n'en suis pas surpris. »> «Eh bien, ajouta le Dauphin, je vous déclare, en cette qualité, que l'échec qu'on vient d'essuyer n'est dû qu'à vous, et que vous êtes un traître. » Puis, se tournant vers un garde-du-corps, il lui ordonna de recevoir l'épée du maréchal. Le prince la prit ensuite, et chercha à la briser de ses deux mains sur le pommeau de la selle de son cheval. Enfin, il ordonna au duc de Raguse d'aller tenir les arrêts. Le maréchal se retira.

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Bientôt Charles X fut informé des détails de cette singulière altercation, et il blâma entièrement la

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