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qu'elles veulent bien, dans les circonstances graves où il se trouve, faire l'application de l'Article susmentionné et mettre un terme à la tension si périlleuse qui affecte les relations des deux États, au moyen d'une action médiatrice conforme au droit et aux Traités. Indépendamment de toute stipulation de Traité, l'action des Puissances serait justifiée par la cause même que, d'après la déclaration de son Chargé d'Affaires à Constantinople, la Russie voudrait donner aujourd'hui à son action militaire, en alléguant le refus de la Porte d'accéder aux propositions qui lui ont été faites par toutes les Puissances et à l'acte signé par elles.

En faisant remarquer que sa démarche répond ainsi exactement aussi bien aux prévisions de l'Article VIII du Traité de Paris qu'aux motifs de rupture invoquées par la Russie, la Sublime Porte exprime la conviction que les Puissances amies, fidèles au sentiment de bienveillant intérêt qu'elles n'ont pas cessé de témoigner à l'Empire Ottoman, saisiront cette occasion légitime d'arrêter l'explosion d'une grande guerre, et d'épargner ainsi à ces contrées les douloureuses extrémités dont elles sont menacées, et à l'Europe elle-même le trouble et le danger résultant d'un conflit entre les deux États-conflit dont la Sublime Porte est en droit de repousser toute la responsabilité.

Veuillez donner lecture et laisser copie de cette dépêche au Gouvernement auprès duquel vous êtes accrédité.

PROCLAMATION of the Roumanian Government on the Entrance of the Russian Army into Roumania.—Bucharest, April, 1877.

(Translation.)

23rd

On the morning of the 11th April the Government received from the Grand Vizier of the Ottoman Empire an invitation to come to an understanding with the Commander of the Turkish armies, his Excellency Abdul Kerim Pasha, to protect the Roumanian territory against the invasion of the Imperial Russian armies, which appears to be imminent.

In the course of yesterday and this morning the Prefects of the Districts contiguous to Russian Bessarabia informed the Government that the Imperial Russian Army had commenced the entrance into Roumania at three points: Bestimac, district Cahul, opposite the town of Leova, on the Pruth, where the "avant-garde" had arrived; Tabac, district Bolgrad; and Ungheni, the extremity of the railway Jassy-Ungheni, the "avant-garde avant-garde" having already entered Jassy.

Having these two facts in view, they having taken place before the Legislative Chambers can meet, the Government could not and cannot do otherwise than keep to the line of conduct traced out by the Legislative Bodies in their last Session-the maintenance of the rights of Roumania and neutrality.

Until the opening of Parliament, which takes place the day after to-morrow, the 14th April, when the country will be in a position to speak its decisive word, the Government, not wishing to take upon itself the responsibility of prejudicing this decision, has taken the following measures in the interest of public order :

1. So as to avoid any conflict which might engage the nation before its voice has been expressed by its legislative organ, the Roumanian troops stationed on the frontier have received orders to withdraw into the interior, so as to avoid, on their part, any conflict which might draw the war into the interior of the country.

2. The Prefects of the Districts on the frontiers, in the face of demands made by commanders of troops entered and which may enter, are not to interfere as agents of the Central Authority, but have to restrict themselves to acting as simple police functionaries, and by officious means to protect and warn the population against disorders and conflicts, leaving to the municipal authorities to represent the occupied communes vis-à-vis with the commanders of troops.

3. The population along the Danube has been made aware of the desirability of withdrawing, with their goods and property, to communes further from the frontier.

Any fresh incident that may happen will be immediately made known to the public.

Bucharest, April 12, 1877.

J. C. BRATIANO.

M. KOGALNICEANO.

J. DOCAN.

G. CHITU.

J. CAMPINENU.
GENERAL CERNAT.

ITALIAN DECLARATION of Neutrality in the War between Russia and Turkey.-Rome, April 28, 1877.

(Translation.)

WAR having broken out between Russia and Turkey, and Italy being at peace with both these Powers, the Government of the King and the citizens of the Kingdom are under the obligation of

scrupulously observing the duties of neutrality, in accordance with the laws in force, and with the general principles of international law.

Those who act contrary to these duties will be debarred from claiming the protection of the Italian Government and of its Agents, and will also incur, in each case, the penalties laid down by the special and general laws of the State.

TURKISH NOTE, protesting against the Commencement of Hostilities by Russia, without waiting for the Mediation of the Powers parties to the Treaty of 1856.*-Constantinople, April 25, 1877.

Safvet Pasha to Musurus Pasha.-(Communicated to the Earl of Derby by Musurus Pasha, April 26.)

(Télégraphique.)

Constantinople, le 25 Avril, 1877. La Russie a déclaré la guerre à l'Empire Ottoman par une note remise par le Prince Gortchakow à notre Chargé d'Affaires à St. Pétersbourg dans la matinée d'hier, 24,† et qui nous est parvenue le même jour.

Au même moment et peut-être même quelques heures avant, en tous cas avant que cette Déclaration ait pu parvenir à la Sublime Porte, l'armée Russe a commencé les hostilités en envahissant le territoire Moldo-Valaque et en franchissant la frontière Asiatique.

En portant ces faits à la connaissance du Gouvernement auprès duquel vous êtes accrédité, vous voudrez bien signaler tout ce qu'un pareil procédé présente d'anormal et de contraire aux règles universellement observées par les États civilisés.

Je vous prie d'ajouter que la Sublime Porte proteste avec d'autant plus de raison contre ce procédé que la Russie a déclaré la guerre sans avoir eu recours à la médiation des Puissances, comme l'Article VIII du Traité de 1856 lui en faisait un devoir. Vous rapprocherez ce mépris de la Russie pour les obligations internationales du soin qu'a pris la Sublime Porte, dès qu'elle a reconnu l'imminence d'une guerre avec la Russie, de saisir les Puissances amies d'une demande formelle de médiation, tant dans l'intérêt de la paix Européenne que dans une pensée d'humanité.

Nous espérons que les Gouvernements de l'Europe, aussi bien que l'opinion publique, apprécieront ces faits et en tiendront compte

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lorsqu'ils sauront déterminer la part de responsabilité qui incombe à chacun des deux États dans le conflit armé qui vient d'éclater.

TURKISH MANIFESTO, on the Declaration of War by Russia against Turkey.-Constantinople, April 26, 1877.

Safvet Pasha to Musurus Pasha.-(Communicated to the Earl of Derby by Musurus Pasha, April 28.)

(Télégraphique.) Constantinople, le 26 Avril, 1877. JE vous transmets ci-après le manifeste de la Sublime Porte, publié aujourd'hui dans les journaux de la capitale.

La Russie, en déclarant la guerre à l'Empire Ottomane, et en commençant les hostilités par l'invasion de nos provinces d'Asie et d'une Principauté qui fait partie intégrante des États du Sultan, vient de donner le plus douloureux dénouement aux troubles et aux difficultés politiques qui agitent l'Orient depuis près de deux années.

L'Europe, qui, dans un intérêt d'humanité et pour assurer son propre repos, a travaillé avec ardeur et persévérance à écarter cette redoutable éventualité, a sans doute le droit de rechercher les causes de l'insuccès de ses efforts et de décider sur lequel des deux États doit retomber la responsabilité de la guerre et des calamités qu'elle entraîne après elle.

Le Gouvernement du Sultan a, de son côté, le devoir, à cette heure solennelle, de remettre sous les yeux de ses peuples et des Puissances amies l'exposé fidèle de ses actes et des événements politiques qui ont amené la situation actuelle.

Dans le cours de l'année 1875, deux provinces de l'Empire, travaillés par des éléments révolutionnaires venus de hors, s'étaient mises en pleine révolte contre l'autorité légitime du Sultan, et le mal, sous l'influence pernicieuse des sociétés insurrectionnelles Panslavistes, menaçait de gagner d'autres provinces, et de porter la désolation et la ruine parmi les populations les plus paisibles de l'Empire. Par deux fois les Puissances amies ont essayé d'obtenir la pacification de ces provinces, en premier lieu au moyen de la médiation des Consuls-médiation qui n'eut d'autre effet que de constater le dédain des chefs de la conspiration Slave pour les vœux de l'Europe; en second lieu, au moyen d'un programme de réformes proposé par le Cabinet de Vienne, et qui, après avoir été accepté par la Sublime Porte, a été rejeté par l'insurrection.

Pour faire face à ces agressions, aussi bien que pour empêcher que le fléau de la guerre civile ne s'étendît à d'autres provinces, le Gouvernement Impérial a fait appel à toutes les forces militaires de

la nation; et c'est grâce à ce grand et patriotique effort qu'il a pu vaincre la révolte, conserver l'intégrité de l'Empire, et épargner à l'Europe elle-même le contre-coup inévitable d'une perturbation générale en Orient.

La Turquie a donc rempli envers elle-même et envers l'Europe un véritable devoir en s'armant pour le rétablissement de l'ordre, pour la préservation du repos de l'Europe, et pour le maintien de la paix. Il en était un autre non moins impérieux qui s'imposait à la sollicitude du Gouvernement Impérial, celui de réparer les fautes du passé, de doter le pays d'institutions libérales, et de réorganiser les Administrations de l'État d'après les principes de la civilisation Européenne. Cette œuvre de régénération gouvernementale et administrative, qui a pour base la Charte Constitutionnelle octroyée par Sa Majesté Impériale le Sultan, s'accomplit en ce moment par la volonté du Souverain et de ses Ministres, qui sont absolument dévoués à cette tâche, et secondés par les dispositions du pays, qui a accueilli avec bonheur et reconnaissance la réforme constitutionnelle, et par les efforts et les travaux des deux Chambres, qui constituent le Parlement Ottoman.

Cependant, l'Europe n'avait pas perdu l'espoir de mettre fin à un état de choses qu'elle jugeait non sans raison dangereux pour ellemême. Bien certaine de trouver le Gouvernement du Sultan disposé à la suivre de nouveau dans la voie de la conciliation, elle avait proposé de réunir à Constantinople une Conférence qui devait rechercher, de concert avec la Sublime Porte, et sur des bases convenues d'avance, des conditions définitives du rétablissement de la paix. Cette phase de la question Orientale est trop présente à l'esprit de tous pour qu'il soit nécessaire d'en reproduire les circonstances. Il doit suffire de rappeler que les Grandes Puissances, après avoir délibéré entre elles et en dehors de la Sublime Porte, ont été amenées à introduire dans le programme de la Conférence des éléments nouveaux en opposition avec les bases proposées par l'Angleterre et qui avaient déterminé l'adhésion du Gouvernement Impérial; que, nonobstant sa répugnance à laisser discuter des questions d'administration intérieure, ses délégués ont donné par déférence pour les vœux de l'Europe les assurances les plus satisfaisantes et les plus complètes, et l'on peut dire les démonstrations les plus concluantes, en ce qui touche la réforme administrative; qu'enfin l'entente pouvait être considérée comme obtenue sur ce point, aussi bien que sur les conditions générales de la pacification des provinces vassales; et que, si la Conférence a été rompue sans avoir consacré aucun des résultats acquis, ce fut en raison du refus de la Sublime Porte d'adhérer aux deux stipulations dites de garantie que les Puissances ont voulu lui imposer. Or, s'il est une vérité éclatante et qui n'a jamais été contestée même par les ennemis de la Turquie,

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