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de veiller sans cesse aux moyens de consolider, à l'avantage de tous, les principes d'autorité et de morale, qui défient les passions des hommes et l'instabilité des lois. >>

On y vit encore une énergique répudiation du 24 Février: « Quelles que soient les solutions de l'avenir, entendons-nous, afin que ce ne soit jamais la passion, la surprise ou la violence qui décident du sort d'une grande nation. »

Le reste du Message présentait un tableau complet de la situation politique, morale et matérielle du pays. Il énumérait les changements survenus, les progrès accomplis depuis le dernier Message, les réformes opérées dans les divers services administratifs, et celles qui seraient proposées dans la session nouvelle à la représentation nationale; il signalait d'importantes améliorations déjà réalisées dans l'état économique et financier du pays. Tous les éléments du travail et de la richesse publique y étaient mentionnés la culture des céréales, l'élève du bétail, la production chevaline, l'industrie métallurgique, les concours agricoles, la fabrication de tissus de laine, des toiles, du coton, du cuir, des poteries, des verreries, rien n'était oublié. On annonçait que 574 kilomètres de chemins de fer avaient été ouverts dans le second semestre de 1849; que 152 kilomètres avaient été mis en exploitation en 1850 et qu'enfin l'année 1851 verrait s'ouvrir diverses sections d'une longueur totale de 513 kilomètres. Nous aurons à revenir l'année prochaine sur cet exposé de situation (voyez le texte de ce document à l'Appendice, p. 60).

L'Assemblée et l'opinion publique étaient rassurées et il semblait que la concorde dût être rétablie pour longtemps. Mais le mois de novembre n'était pas fini que la lutte recommençait plus vive. Cette fois, il faut le dire, les attaques vinrent de l'Assemblée. Si, le 13 novembre, l'Assemblée avait donné, elle aussi, un gage de conciliation en repoussant une demande d'interpellations faite par M. Henri Didier sur les événements récents, les indices d'une hostilité sourde ne tardèrent pas à se montrer. L'instruction du prétendu complot en démontrait facilement la non-existence : aussi M. le ministre de l'Intérieur se crut-il en droit de demander la révocation de l'officier de police dont la crédulité avait inquiété le pays. Le bureau, réuni pour délibérer

sur cette demande, prit fait et cause pour l'agent. Enfin, un dernier incident dans lequel la dignité de la représentation nationale fut assez légèrement compromise, acheva de dessiner le conflit. Une contrainte par corps avait été exécutée contre un membre de l'Assemblée, M. Mauguin. Ce représentant se fit aussitôt conduire devant le président du tribunal, en audience de référé, et il excipa de son inviolabilité. Le tribunal n'accueillit point ce système et déclara « que la Constitution de 1848 n'accorde aucune immunité aux représentants pour ce qui concerne la contrainte par corps en matière civile ou commerciale;» il ajouta même « que les exceptions proposées en leur faveur à la loi du 17 avril 1852 n'ont pas été converties en loi, d'où il suit que les représentants restent aujourd'hui placés à cet égard dans les termest du droit commun, » et il ordonna qu'il serait passé outre à l'écrou. Grande rumeur à l'Assemblée. M. de Larochejaquelein réclame une résolution tendant à ordonner l'élargissement. Vainement M. Rouher vient s'opposer à l'adoption d'un ordre du jour consacrant une pareille violence et une semblable confusion de pouvoirs l'Assemblée adopte par assis et levé, et l'un des questeurs, M. Baze, questeur, accompagné d'un des huissiers de l'Assemblée, se présente à la prison de Clichy, et réclame, sur un ordre du président, l'élargissement de M. Mauguin. La législature et la loi étaient en présence : le directeur de la prison pouvait se refuser à exécuter un ordre qui n'émanait pas de l'autorité judiciaire : il céda, et le conflit n'atteignit pas les proportions fâcheuses auxquelles il pouvait arriver.

C'est dans ces luttes stériles que se consumaient les premiers jours de la session nouvelle tout annonçait que ces taquineries mutuelles n'étaient pas près de finir, et cependant un écho lointain apportait déjà la sourde rumeur de complots, sérieux cette fois, que tramait la démagogie dans les provinces du Centre et du Midi. Ces avertissements seraient-ils écoutés?

CHAPITRE XII.

COLONIES, RELATIONS EXTÉRIEURES.

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COLONIES. Algérie. Province de Constantine, Kabyles du Sahel de Sétif, châtiment mérité, mort du général de Barral, expédition du colonel de Lourmel; frontière de Tunis. Province d'Oran, disette et rébellion dans le Maroc, châtiment d'une tribu marocaine. Province d'Alger, pacification complète. Les chefs indigènes, expédition de Si-Chérif-Bel-Harch, les bureaux arabes. Colonisation, lenteur des progrès, instabilité des institutions, proposition de M. H. Didier, commission de législation. -- Projet qui réglemente la propriété. Colonisation factice, colonies agricoles, rapport de M. L. Reybaud, tristes résultats, système nouveau, le régime civil impossible. — Projet qui réforme la législation commerciale, discussion ouDécrets relatifs à l'enseignement arabe. Colonies transatlantiques. Antilles, l'agitation contenue à la Martinique; situation violente à la Guadeloupe, incendies politiques, la conspiration du feu, état de siége, intimidation tentée, énergie de M. Rabou, les sociétés secrètes, procès, condamnations; rôle des noirs; faiblesse ou mauvaise volonté des administrations locales; menaces de guerre sociale; résultats économiques, production décroissante; l'immigration. · Réunion, ouragan, pertes importantes. Guyane française, misère, fièvre jaune. Sénégal, commerce florissant,

verte.

les arachides; expédition contre les Maures. RELATIONS EXTÉRIEURES. Esquisse générale ; la France dans la Plata; affaire de Grèce, médiation officieuse, attitude énergique; occupation de Rome; complications en Allemagne, appel de quarante mille hommes, déclaration ferme, neutralité armée; pacification du Holstein.

COLONIES. Algérie. Dans l'histoire politique et militaire de l'Algérie, l'année 1850 marque, en quelque sorte, un temps d'arrêt après la grande lutte dont le siége de Zaatcha avait été le dernier épisode. Après cette secousse, la domination française avait été raffermie plus qu'à aucune autre époque. Aucun événement imprévu ne fut assez grave pour mettre en question la tranquillité générale, pas même pour retarder les progrès, de jour en jour plus rapides et plus sérieux, que fait notre influence parmi les populations arabes.

La province de Constantine n'était pas cependant encore.complétement remise de la secousse éprouvée l'automne précédent, et des colonnes durent parcourir l'Est du pays et les monts Aurès, afin d'asseoir une fois pour toutes notre domination.

Dans les premiers jours de janvier, M. le général Canrobert, commandant la subdivision de Bathna, après avoir pacifié le Bellezma et fait rentrer les impôts de cette contrée, s'était porté dans l'Aurès avec une colonne de près de cinq mille hommes. La prise de Narah, enlevé de vive force le 5 janvier, étouffa les derniers germes de la révolte dans tout le Sud de la province de Constantine, les troupes negaguèrent leurs garnisons pour se préparer à consolider au printemps, par une nouvelle campagne, les résultats laborieusement conquis en 1849.

Mais un fait qui se passa, le 23 mars, fut une preuve nouvelle qu'avec ces populations fanatiques et mobiles, si nous voulons assurer la sécurité, il faut se garder pendant longtemps encore de toucher à notre organisation militaire.

Un demi-bataillon du 58e de ligne, fort de trois cent trentequatre hommes, revenant de Bouçada à Sétif, sous les ordres du capitaine Poulet, fut attaqué, en traversant le défilé de Djebrsa, par cinq cents fantassins environ et une centaine des cavaliers des Maadid. Un vigoureux retour offensif dégagea la petite colonne qui put continuer sa route sans rencontrer de nouveaux ennemis.

Quelques jours avant, 28 février, un guet-apens avait été tendu aux officiers des bureaux arabes de Sétif et de Bougie; ces deux démonstrations hostiles méritaient un châtiment. Dans la nuit du 9 au 10 avril, le général de Barral châtia sévèrement les Maadid, déjà rasés une première fois par le fils aîné du kalifa Mokhrani: les Maadid et les Ouled-Hannach demandèrent l'aman.

La fin d'avril et les premiers jours de mai furent employés à faire arriver, de la province d'Alger dans celle de Constantine, les renforts nécessaires pour constituer les colonnes imposantes qui devaient continuer et mener à bonne fin les entreprises déjà bien avancées dans la campagne précédente. Ces renforts arrivés, la longue route de Tebessa à Biskara fut parcourue par M. le général de Saint-Arnaud, qui visita toutes les parties de

CHAPITRE XII.

COLONIES, RELATIONS EXTÉRIEURES.

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COLONIES. Algérie. Province de Constantine, Kabyles du Sahel de Sétif, châtiment mérité, mort du général de Barral, expédition du colonel de Lourmel; frontière de Tunis.. Province d'Oran, disette et rébellion dans le Maroc, châtiment d'une tribu marocaine. Province d'Alger, pacification complète. Les chefs indigènes, expédition de Si-Chérif-Bel-Harch, les bureaux arabes. · Colonisation, lenteur des progrès, instabilité des institutions, proposition de M. H. Didier, commission de législation. Projet qui réglemente la propriété. Colonisation factice, colonies agricoles, rapport de M. L. Reybaud, tristes résultats, système nouveau, le régime civil impossible. Projet qui réforme la législation commerciale, discussion ouverte. Décrets relatifs à l'enseignement arabe. Colonies transatlantiques. Antilles, l'agitation contenue à la Martinique; situation violente à la Guadeloupe, incendies politiques, la conspiration du feu, état de siége, intimidation tentée, énergie de M. Rabou, les sociétés secrètes, procès, condamnations; rôle des noirs; faiblesse ou mauvaise volonté des administrations locales; menaces de guerre sociale; résultats économiques, production décroissante; l'immigration. Réunion, ouragan, pertes importantes. Guyane française, misère, fièvre jaune. Sénégal, commerce florissant, les arachides; expédition contre les Maures. RELATIONS EXTÉRIEURES. Esquisse générale; la France dans la Plata ; faire de Grèce, médiation officieuse, attitude énergique; occupation de Rome; complications en Allemagne, appel de quarante mille hommes, déclaration ferme, neutralité armée; pacification du Holstein.

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COLONIES. Algérie. Dans l'histoire politique et militaire de l'Algérie, l'année 1850 marque, en quelque sorte, un temps d'arrêt après la grande lutte dont le siége de Zaatcha avait été le der nier épisode. Après cette secousse, la domination française avait été raffermie plus qu'à aucune autre époque. Aucun événementimprévu ne fut assez grave pour mettre en question la tranquillité générale, pas même pour retarder les progrès, de jour en jour plus rapides et plus sérieux, que fait notre influence parmi les populations arabes.

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