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tremêlé de chants, du grand drame de la révolution, après quoi elle expira; rien ne put empêcher Sophie de chanter; et c'est ainsi qu'en France tout finit par des chansons.

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རྙི་ ༡ པཏྠ སི་

MARIE-ANTOINETTE.—MADAME DE STAËL.-MADAME

DE STAINVILLE.—CÉCILE RENAUD, ETC.

La révolution qui nous occupe est bien près de nous, et déjà ses monumens détruits ou dispersés n'offrent plus qu'un aspect de ruines qu'on étudie comme des souvenirs éloignés, éteints ou disparus, et dont on évoque à grand' peine des restes d'étincelles, ou des ombres égarées. Ce sont quelquesuns de ces débris que nous avons rassemblés laborieusement, pareils à ces poudreux investigateurs d'antiquités, tout glorieux de la trouvaille d'un décombre, ou de la découverte d'un mythe.

Comme notre objet essentiel a été de montrer l'influence active des femmes dans la révolution,

nous ne parlerons qu'avec rapidité, dans un dernier article, de celles qui n'y ont fait qu'un acte d'apparition hostile ou négatif, pour ne pas restreindre la vue à leur seul horizon révolutionnaire, et pour que les apercevant aussi quelque peu réagir et combattre du côté opposé, le contraste jette une nouvelle lumière, et les fasse éclairer les unes par les autres.

Presque toutes se rattachent à la fameuse conspiration dite de l'Étranger. Tous les trônes du monde, menacés par la chute du nôtre, dont les éclats peutêtre allaient entraîner la leur, s'étaient ressentis de la secousse, et avaient tremblé au bruit de cet immense écroulement. Frappés d'un coup terrible, et sentant que l'heure allait sonner pour eux, ils s'étaient efforcés d'arrêter, ou du moins de retarder le mouvement du balancier fatal; ils s'étaient donné la main pour soutenir le principe magique de la monarchie, assez semblable à ces pierres constellées dont il suffisait d'effacer les signes hiéroglyphiques, pour faire tomber en poudre les palais d'acier des enchanteurs qui les avaient construits.

Au mois d'août 1791, l'empereur d'Autriche et le roi de Prusse signèrent à Pilnitz, le traité célèbre qui détermina les mesures à prendre pour comprimer la révolution de France. La jonction de ces deux oints du Seigneur, Léopold et Frédéric-Guillaume, fut comme celle des corps célestes,

qui présage toujours quelque malheur au genre humain. «< Plût à Dieu, s'écrie l'enthousiaste Goldsmith, que, comme du temps de Coré et d'Abiron, la terre se fût ouverte pour engloutir Pilnitz au moment même! »

Cette conférence fut suivie du traité de Pavie, qui n'était autre qu'un plan de croisade des puissances continentales contre la France, auquel accédèrent tous les princes spirituels et temporels de l'Europe, excepté celui de Danemarck. Les émigrés de Coblentz, ayant à leur tête Monsieur, le prétendu régent de France, publièrent un manifeste, pour annoncer qu'ils étaient puissamment secondés par l'empereur d'Allemagne, qui avait déjà détaché des Pays-Bas le maréchal Bender avec six mille hommes, pour couvrir l'électorat de Trèves. L'Autriche et la Prusse publièrent partout que Louis XVI avait adhéré au traité de Pavie, A Rome, le pape. Pie VI, lors de la fuite du roi à Varennes, avait enjoint à tous les Français qui se trouvaient dans ses états de se rallier à l'étendard royal, et avait livré à l'inquisition, emprisonné, envoyé aux galères ou fait massacrer, suivant le rapport de M. Azzara, tous ceux qui avaient refusé de s'y ranger. L'infortuné Basseville, envoyé pour réclamer nos compatriotes, s'étant décoré de la cocarde tricolore, fut déchiré dans les rues de Rome par une soldatesque ameutée, aux cris de Vive le

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