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L'évaluation que j'ai faite, à l'aide des données qui m'ont été fournies, me porte à croire que le débit serait tel qu'on pourrait espérer un ` bénéfice de 50 pour 100.

On peut croire avec, fondement, que si la compagnie Besley était parvenue à vendre au commerce environ 4000 quintaux métriques de houille de Caniparola au prix de 4 f., on en vendrait bien davantage en la donnent à un prix inférieur; car alors le consommateur ne pourrait manquer d'être frappé du bénéfice considérable qu'il y aurait à l'employer, en mélange, avec la houille de France.

Aussi, est-il probable qu'en peu d'années l'emploi de la houille de Caniparola s'étendrait en Corse, et sur toute la côte de la haute Italie, et même qu'après quelques années de paix la consommation pourrait bien doubler et tripler.

Au reste, la certitude de trouver le débit du combustible de Caniparola, ne reposerait pas seulement sur la possibilité de l'employer avantageusement, en mélange, avec la houille grasse de France; ce combustible est susceptible d'être appliqué seul à une infinité d'usages. Tel est, par exemple, la cuisson de la chaux; il existe plus de 100 fours à chaux sur la côte de Gênes à Livourne, qui tous cuisent avec du bois sorti des Marènes de Toscane ou de l'intérieur de l'Apennin, et qui en consomment annuellement plus de 13,000 stères, lesquels coûtent environ 5 f. le stère. On trouverait un si grand avantage à y substituer la houille, que je ne m'arrêterai pas à en donner le détail; j'ajouterai seulement que, sous ce point de vue, la reprise de la mine de Caniparola serait d'une

utilité très-grande pour les constructions projetées à la Spezzia; on pourrait, avec une économie considérable, cuire, à la houille, l'immense quantité de chaux dont on aura besoin. On sait d'ailleurs que la chaux, ainsi fabriquée, est presque toujours préférable à celle qui a été faite avec le bois.

Je ne ferai pas mention d'un autre point de vue très-important sous lequel on a cru que la houille de Caniparola était susceptible d'être considérée, c'est-à-dire, son emploi dans la réduction du minerai de fer de l'île d'Elbe en fonte. J'ai déjà fait remarquer qu'il n'existait aucune donnée positive à cet égard; ce sera au concessionaire de la mine à faire faire des expériences suffisantes pour qu'on puisse établir une opinion motivée : il sera plus que qui que ce soit, intéressé au succès de ces expériences. J'estime, d'après l'exposé précédent, que l'exploitation de la mine de houille de Caniparola est susceptible d'être reprise avec avantage, et qu'elle mérite d'autant plus de fixer l'attention, que les établissemens de la marine impériale à la Spezzia, pourraient s'y approvisionner avec une grande économie, d'une partie du combustible qui leur est nécessaire.

S. II.

Mine de bois fossile de San-Lazaro.

La mine de San-Lazaro ne mérite point ce nom, elle doit être considérée comme un simple indice d'une couche de bois fossile. Elle n'a

jamais été l'objet d'une concession, elle n'est point exploitée.

Elle est située dans la commune de CastelNuovo (canton et arrondissement de Sarzane), dans un terrain nommé Galico, à 300 mètres E. S. E. du hameau de San-Lazaro, et de la route de Carrare à Sarzane et Marinella, à 3 kilom. S. S. O. de Castel-Nuovo, 3 kilom. de Sarzane, et à une égale distance du petit port de Marinella qui est placé à l'embouchure de la Magra dans la Méditerranée.

Le terrain où elle se trouve est une plaine immense, couverte de couches tertiaires, horizontales et formées d'argiles, de sables et de cailloux roulés, quartzeux et granitiques. (1).

Les premiers indices de bois fossile ont été découverts en 1800. M. Besley, qui exploitait alors à Caniparola, afferma la faculté d'exploiter moyennant 100 f. par an; après quelques épreuves des échantillons de combustible qu'il avait fait extraire pour essais, M. Besley abandonna tout projet d'extraction.

En 1804 M. Boury conçut le projet de reprendre les tentatives, et fit avec les propriétaires un bail de 20 ans, à raison de 500 fr. par an; mais son projet n'eut pas de suite.

Alors, MM. Bastreri entreprirent quelques recherches, ils firent élargir et approfondir la tranchée commencée par M. Besley; on tira environ 80 quintaux métriques de bois fossile en partie à l'état de jayet. La crainte de manquer de débit empêcha de continuer l'extrac

(1) Les propriétaires sont MM. Bastreri frères, de CastelNuovo.

tion. Aucune des petites usines de Sarzane n'avant voulu acheter le combustible extrait, MM. Bastreri ont été obligés de le consommer eux-mêmes.

J'ai trouvé l'excavation faite par MM. Bastreri rempli d'eau; ses dimensions sont de 4 mètres de largeur, sur huit de longueur et autant de profondeur; elle est placée dans une couche horizontale et probablement très-épaisse d'argile sablonneuse grise; cette couche qui s'étend au loin, et de tous côtés, forme tantôt la surface du sol, et tantôt disparaît sous des portions de couches de sables argileux jaunâtre, et mêlé de galets quartzeux et granitiques (1).

Il paraît que cette couche renferme des fragmens isolés de bois fossile dans presque toute son étendue.

Le bois fossile de San-Lazaro est parfaitement minéralisé; on reconnaît les traces certaines de son origine, seulement à la surface des morceaux. Il y en a deux variétés; la preinière se trouve à l'état de jayet, et est susceptible d'être travaillée sur le tour où elle reçoit un beau poli. La minéralisation est plus avancée dans la seconde variété, celle-ci est plus fragile et à cassure plus luisante; exposée à l'ac tion de l'air, elle se gerce, se fendille et se réduit en fragmens qu'on prendrait presque pour de la houille très-pure. L'une et l'autre variété

(i) Ces galets sont par conséquent très-différens de ceux que la rivière de la Magra roule dans son lit; car ces derniers sont en général ou calcaires ou serpentineux. La plaine de San-Lazaro est élevée de 40 mètres au-dessus de la Magra.

brûlent avec vivacité, en donnant une flamme très-claire, et une chaleur un peu moins intense que celle de la houille ordinaire de bonne qualité la fumée répand une odeur qui n'est point trop désagréable; la braise s'incinère promptement. On obtient à peu près le double de cendre que par la combustion d'un égal volume de bois ordinaire.

Il n'est pas douteux, d'après ces données, que le combustible de San-Lazaro ne puisse être employé avec beaucoup d'avantage dans le chauffage d'un grand nombre de fabriques, et qu'une fois connu sur la côte de Gênes et de Toscane, on en trouverait un débit assuré.

Son gisement, presqu'à la surface du sol, en rendrait l'extraction si peu dispendieuse, que quelque serait le prix auquel les acheteurs voudraient le recevoir d'abord, l'extracteur ne pourrait pas manquer de faire un bénéfice certain. Il faudrait quelque constance dans les commencemens de l'exploitation et du débit, pour parvenir à faire connaître ce nouveau combustible, et à vaincre le préjugé défavorable que les ouvriers, et même des maîtres de fabriques, ne manqueraient pas d'avoir contre lui. Mais l'économie de son emploi, comparativement à celui du bois et de la houille, ouvrirait promptement les yeux aux consommateurs. C'est au moins ce que l'expérience nous a appris en France et en Allemagne.

Il est inutile de faire remarquer que le transport et l'embarquement à Marinella, seraient très-peu dispendieux, puisque ce petit port est très-commerçant, et qu'il communique avec San-Lazaro par une grande route de 3 kilom.

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