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S. I I.

Fours à briques, Fours à chaux et Fours à plâtre du département.

Il ne m'a pas été possible d'obtenir des renseignemens absolus sur le nombre des fours à briques, fours à chaux, et fours à plâtre du département des Apennins, malgré que je me sois adressé aux contrôleurs des contributions, ainsi qu'aux maires et aux chanceliers conservés des communes. Voici le résultat des données approximatives que j'ai pu recueillir.

Il y a environ 40 fours à briques en activité dans le département, la plupart de petites dimensions. On y fait, terme moyen, sept cuites par an. Chaque cuite est d'environ vingt-cinq milliers de briques ou de tuiles qui se vendent à raison de vingt francs le millier. On consomme pour une cuite vingt-un stères de bois qui coûtent quatre francs cinquante centimes le stère. Il y a trois ouvriers par briqueterie. On peut évaluer que les fours à briques produisent annuellement 7000 milliers de briques ou de tuiles dont la valeur est de 140,000 fr. Ils emploient cent ouvriers, et consomment douze mille stères de bois de toutes espèces. Les fours à chaux sont plus nombreux que les fours à briques, on peut en compter au moins quatrevingt en activité: on y fait d'une à trois cuites par an. Les fours contiennent de mille à trois mille cinq cents myriagrammes, il faut un peu plus de 40 stères de bois pour cuire un millier de myriagrammes. On emploie deux ouvriers par

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four. La chaux se vend à raison de quarantecinq centimes le myriagramme, prix moyen. On peut estimer que tous les fours du département produisent annuellement environ cent quatre-vingt-dix mille myriagrammes de chaux qui valent quatre-vingt-cinq mille cinq cents f. Ils consomment neuf mille stères de bois, qui coûtent un peu plus de quarante mille francs; ils occupent cent soixante ouvriers, qui travaillent alternativement à la carrière et au four. La meilleure chaux se fait avec la pierre calcaire primitive. La plus renommée se tire de Pignone entre Levanto et la Spezzia.

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Il existe quatre fours à plâtre dans le dépar-, tement; ils sont situés dans sa partie orientale canton de Fivizzano. Je n'ai pu vérifier à quel terrain appartient la chaux sulfatée qu'ils exploitent, car les renseignemens ne me sont point parvenus à tems. Deux des fours sont alternativement en activité : ils produisent ensemble, et annuellement, trois mille quintaux métriques de plâtre qui se vend à raison de quatre francs le quintal pris sur les feux: ils rapportent environ douze mille francs. Ils occupent douze ouvriers, tant aux fours qu'à la carrière. On consomme environ huit cents stères de bois.

S. III.

Carrières d'ardoise de Lavagne.

On peut mettre les carrières d'ardoise de Lavagne au nombre des plus considérables qui soient en Europe. Leur exploitation date d'un tems immémorial, Les produits sont expédiés

dans tous les pays qui bordent la Méditerranée (1).

La montagne qui renferme les carrières est située à peu de distance de la mer, canton de Lavagne, (arrondissement de Chiavari); elle est distante de 2 kilom. au N. E. de Lavagne, 3 kilom. N. N. E. de la Plage, qui sert de port à cette ville, et 3 kilom. Est de Chiavari; elle borde du côté du N. E. la petite plaine dans laquelle les deux villes qui viennent d'être citées sont bâties.

Cette montagne fait partie d'un chaînon trèsélevé qui va se rattacher au centre de l'Apennin; elle termine ce chaînon du côté de la mer, et prend le nom de montagne de San-Giacomo; son sommet est élevé de plus de 500 mètres audessus de la Méditerranée; sa crête est dirigée au N. N. E.: les carrières sont situées, à mi-côte, sur les pentes occidentales et méridionales. On y monte par des sentiers si rapides et si étroits, qu'on ne peut pas même employer les bêtes de somme pour le transport des ardoises.

Les couches qui composent la montagne sont presque horizontales, leur inclinaison ne passe guère 12 dégrés; c'est vers le Nord, ou le N. N. E. qu'elle a lieu communément.

La base de la montagne est de grès, le milieu est formé d'ardoises feuilletées; le sommet est

(1) Leur valeur, qui s'élevait autrefois à 600,000 francs environ, n'a point excédé 200,000 fr. pendant ces dernières années. Cependant le travail de ces carrières emploie encore actuellement plus de 200 ouvriers, indépendamment de 350 femmes et enfans qui sont occupés au transport de la pierre jusqu'aux magasins de Lavagne.

de schistes argileux ordinaire : ces roches appartiennent aux numéros 6 et 7, de la formation secondaire, qui ont été décrits précédemment.

Les grès sont gris ou d'un gris verdâtre, trèsdurs, à gros ou à petits grains de quartz et feldpath, et plus rarement de mica blanc et de schiste sciliceux de différentes couleurs. On y trouve fréquemment de petits galets de quartz et de schiste noir, tendre et siliceux; alors les grès prennent l'apparence d'un poudding. Les couches de cette formation varient en épaisseur depuis 2 et 3 décim. jusqu'à 30 et 40 mèt. L'ardoise et le schiste argileux qui composent le reste de la montagne, en renferment des bancs intermédiaires à toute élévation.

L'ardoise est un schiste argilo-calcaire parfaitement feuilleté, d'un gris cendré 'un peu noiratre, tendre, peu éclatant, tachant faiblement le papier et faisant effervescence avec les acides: la présence de la matière calcaire fait varier sa dureté et sa qualité. Lorsqu'elle en renferme peu, elle est trop tendre pour être employée; lorsqu'elle en est surchargée, elle ne se réduit plus aussi facilement en feuillets minces et parfaitement droits, et on la rejette. On ne peut rien de plus apparent, sans doute, que le sens de la stratification de la roche d'ardoise cependant on ne peut nettement distinguer les bancs les uns des autres que lorsqu'ils sont séparés par du grès ou du schiste ordinaire. 11 paraît que l'épaisseur en est très-variable, au moins est-il vrai qu'on trouve des assises de la même qualité qui ont plus de 40 mètres d'épais

seur.

Le schiste argileux ordinaire qui compose

la partie supérieure de la montagne, est de couleur grise ou noire; il n'a rien de remarquable, sinon qu'il fait quelquefois effervescence; et qu'indépendamment de quelques bancs de grès intermédiaires il contient, vers le sommet, des couches de calcaire d'un gris noirâtre.

Le nombre des carrières ouvertes est d'environ 60, dont 43 en activité, savoir: 12 dans la commune de Lavagne, et 31 dans la commune de Cogorno. Il en existe un très-grand nombre qui sont abandonnées depuis long-tems. Les principaux centres d'extraction sont Julia, Cogorno, Chiappa et Brescanecca.

L'exploitation se fait à l'aide de galeries, et par la méthode des gradins renversés. La seule difficulté que l'on rencontre vient de ce que les couches que l'on poursuit, s'inclinent communément à contre-pente des talus de la montagne, et que pour peu qu'on veuille s'avancer, il faut percer des galeries d'écoulement pour se débarrasser des eaux, qui ne manquent pas daffluer malgré l'élévation des carrières.

Les carrières qui s'enfoncent les plus avant dans la montagne, ont jusqu'à 100 et 120 mèt. Leur exploitation dure, suivant leur étendue, depuis io ans jusqu'à 40 et même 60. On les 'abandonne, parce que le travail devient trop dispendieux; et jamais, parce que la matière vient à manquer, car elle est inépuisable.

Lorsqu'on veut ouvrir une exploitation, on se place à une vingtaine de mètres au-dessous de l'affleurement de la couche, ou des couches que l'on se propose de travailler, et l'on commence par percer une galerie de deux mètres

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