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peu d'importance, en 1855, 1806 et 1807; elles ont recommencé en 1808, et se sont soutenues depuis cette époque. Il a été expédié de Lavagne, pendant le cours de 1809, la quantité de 1278 milliers d'ardoise, dont un millier seulement pour l'étranger, et le reste, soit pour la Corse, soit pour les côtes de France et d'Italie, depuis Cette jusques à Naples (1).

En tems de paix, l'ardoise de Lavagne s'expédie principalement pour l'Adriatique, la Sicile, le Levant, les côtes de Barbarie, la Catalogne, le royaume de Valence, l'Andalousie, et surtout Gibraltar. Il paraît que dans les meilleures années la valeur des envois par mer a constamment passé 600,000 francs: les témoignages que j'ai recueillis se sont accordés sur ce point important.

Il résulte de ce qui vient d'être exposé, que les carrières d'ardoise de Lavagne sont extrêment importantes par la nature et la quantité de leurs produits, et que leur exploitation se fait par le meilleur procédé, excepté pour ce qui concerne le percement des galeries d'écoulement; à cet égard, les conseils de l'Ingénieur des mines de l'arrondissement, pourront éclairer les extracteurs, et leur être très-utiles.

(1) D'après des renseignemens recueillis sur les lieux, je crois qu'on peut fixer le prix du millier d'ardoises expédiées à 150 francs, ce qui a porté la valeur des expéditions, pendant 1809, à la somme de 191,700 francs. La consommation des environs de Lavagne et de l'intérieur du pays peut être évaluée à 8 ou 10 mille francs; d'où il résulte que la totalité de la vente a été, à peu de chose près, de 200,000 fr.

S. IV.

Carrières de marbre du département.

Dans le département des Apennins, comme partout ailleurs, on donne le nom de marbre à des roches, de nature très-différentes, susceptibles d'être polies. On y trouve effectivement du marbre dit serpentine, du marbre brèche, du marbre jaspe, et du marbre calcaire.

Du marbre dit serpentine.

La serpentine n'est point actuellement exploitée dans le département, quoiqu'elle se rencontre en une infinité d'endroits. On a essayé autrefois d'en ouvrir une carrière près de Pignone (canton de Leyanto, arrondissement de Sarzane); mais le transport à la mer était beaucoup trop dispendieux, et d'ailleurs ce marbre étant en grande partie passé de mode on n'en trouvait pas de débit, ce qui a dégoûté les entrepreneurs.

Du marbre vert en brèche.

La brèche verte imitant la brèche antique, se montre en couches considérables presqu'aussi fréquemment que la serpentine. Il n'en existe d'autres carrières que celle de Pignone, et celle de la Rochetta (canton et arrondissement de Villa-Franca): ces carrières ont été peu considérables. Il y a long-tems qu'on ne les exploite plus, la distance à la mer, le défaut de chemins, et la difficulté d'obtenir des blocs d'une certaine étendue sans creuser profondément, ont sans doute paru des obstacles trop difficiles à surmonter.

Du

Du marbre jaspe.

Des raisons semblables à celles dont il vient d'être fait mention ont empêché jusqu'ici, et empêcheront encore long-tems sans doute l'exploitation du jaspe qui forme la montagne de Montenero (1), près de la Rochetta (canton et arrondissement de Villa-Franca). Cette belle matière reste enfoncée au milieu des montagnes, quoique ce soit la plus riche de toutes les pierres dures qui puissent entrer dans la décoration des palais, des temples; son exis tence était même tout-à-fait ignorée avant que je l'eusse fait connaître à l'Administration des Mines, et que je lui eusse adressé des échantillons de toutes les couleurs. Le jaspe est tantôt d'une seule couleur, et tantôt rubanné ; les teintes les plus communes sont le beau rouge de sang, le violet sombre, le brun de foie, et un vert-poireau très-agréable. On trouve à la tête des couches, et au milieu des déblais qui couvrent les pentes de la montagne, des blocs très-sains d'un ou plusieurs mètres cubes; ce qui est du plus heureux présage, et ce qui suffirait pour motiver une exploitation ordinaire. En découvrant la roche, on la trouverait nécessairement, et plus vive, et plus saine. Il est presque indubitable qu'on pourrait en tirer des masses et surtout des colonnes qui surpasseraient en beauté et en grandeur tout ce qui a été exécuté par les anciens, les anciens, avec cette précieuse substance minérale. Les pentes du

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(1) Voyez les rapports sur les mines de manganèse et de terre brune de la Rochetta, pages 107 et 112,

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Montenero étant très-rapides, l'ouverture des différentes fouilles qu'il faudrait faire pour obtenir les diverses variétés de jaspe, s'exécuteraient avec facilité; il serait également facile de descendre les blocs jusqu'au torrent de la Cravegna. La proximité immédiate du village de la Rochetta serait extrêmement utile eu égard aux ouvriers ; enfin, la seule difficulté matérielle qu'il y aurait à vaincre, ce serait le transport jusqu'à la Spezzia, où les produits devraient être embarqués. La distance effective est de 25 kilomètres dont la moitié est en grande route; quant à l'autre moitié, elle ne peut être parcourue qu'en suivant le lit de la Cravegna forsqu'il est à sec (1). Mais le principal obstacle à l'extraction viendrait du défaut de débit. Le jaspe est une matière très-belle, mais trèschère; sa dureté la rend très-difficile à travailler et à polir; aussi ne peut-il être employé en masses d'un certain volume que dans les palais, les temples, et les monumens publics. D'après ces données, il n'est point à présumer qu'aucun particulier pense jamais à mettre en valeur les jaspes qui composent la montagne de Montenero, et se détermine à y ouvrir une carrière (2).

(1) Il serait impossible de passer ailleurs, tant les montagires sont escarpées et serrées les unes contre les autres. On strait obligé de se servir de traînaux jusqu'à Borghetto, où commence la grande route, et où il faudrait d'abord traverser à gué le torrent de la Magra. Il s'ensuit qu'on ne peut vraiment pas évaluer ce que coûterait ce transport jusqu'à la Spezzia.

(2) Cependant il importait que l'existence des jaspes de Montenero fût signalée au Gouvernement, et qu'il sût où trouver, en abondance, une si belle matière.

Du marbre calcaire.

Il existe dans le département plusieurs sortes de marbre calcaire; mais on n'exploite que celui de Porto-Venere, et de Palmaria (canton de la Spezzia, arrondissement de Sarzane). Ce marbre est le célèbre Portor; il constitue plusieurs couches très-épaisses au milieu de la formation de calcaire secondaire qui composent non-seulement tout le cap de Porto-Venere, mais encore les petites îles de Palmaria, Tino et Tinetto, qui sont placées à la pointe de ce cap. Ce calcaire secondaire est un beau marbre noir compacte, ou d'un blanc grisâtre, et à grains salins très-fins. Les bancs ont depuis 4 à 5 mètres d'épaisseur jusqu'à 30 et 40; on y trouve des débris de corps marins en plusieurs endroits; savoir, au sommet de Tino, à la pointe de Porto-Venere, et à la carrière des Grâces. Ces débris sont des vermiculaires, et de petites bivalves. Quant au calcaire portor, il est trop connu pour qu'on en fasse ici la description. Il y a quatre carrières principales ; savoir, une à Tino, qui est abandonnée; deux à Palmaria, dont une n'est point exploitée; enfin, une auprès de Porto-Venere, qui est celle dite la carrière des Graces (1).

La carrière qu'on exploite à Palmaria occupe toute la surface des rochers à la pointe méridionale de l'île, sa largeur est de 80 mètres

(1) Le produit brut des carrières du département a été de 12,900 francs pendant l'année 1809. On a extrait de ces mêmes carrières 43 mètres cubes de marbre. Leur exploitation a occupé treize ouvriers.

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