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sur 250 de longueur; elle est taillée sur plusieurs couches de marbre portor inclinées de 25 degrés environ vers le S. E. Cette situation ést celle de la plus grande partie des bancs calcaires de Palmaria; aussi l'île présente-t-elle une falaise très-escarpée du côté de l'Ouest, tandis que le plan des couches plonge dans la mer du côté de l'Orient. La falaise a jusqu'à 300 mètres d'élévation en certains endroits ; mais à la partie supérieure de la carrière elle n'en å guère que 150. Cette disposition permet d'embarquer les blocs immédiatement au-dessous de la carrière du côté de l'Est; on les fait, pour ainsi dire, glisser jusque sur les bâtimens, quand la mer est calme. L'exploitation date d'un tems immémorial; elle se fait à ciel ouvert, et par les procédés ordinaires. A en juger d'après l'étendue de la surface travaillée, on en a dû extraire une quantité de marbre trèsconsidérable (1).

Le marbre est taillé en parallélipipèdes de différentes formes, ayant 1, 2 et 3 mètres cubes. Maintenant le défaut de débit rend cette exploitation peu profitable ; d'ailleurs la qualité n'est point aussi belle qu'à la carrière des Grâces; les veines du marbre sont d'une couleur jaune un peu moins riche, ce qui constitue une différence très-grande aux yeux des artistes (2).

(1) Le propriétaire du terrain est M. Visseye, receveurgénéral du département à Chiavari. M. Stephano Serigli de Carrare exploite depuis trois ans.

(2) Aussi le mètre cube portor de Palmaria s'élève, embarqué sur les bâtimens, au prix de 300 francs, qui est

La carrière des Grâces, plus connue chez l'étranger sous le nom de Porto-Venere, est située à 2 kilom. de cette petite ville, dans la gorge de Mizurone, commune de Fazzano; il y a 40 ans qu'elle est ouverte (1); elle est taillée au bas de la montagne qui borde la gorge du côté du midi; elle a 50 mètres de longueur, 39 de largeur, et 15 de hauteur dans le fond de l'excavation. Il paraît que les couches qu'on travaille sont extrêmement épaisses, la terre végétale et le gazon empêchent de les observer dans toute leur étendue; elles sont très-inclinées à l'horizon, et dirigées du S. S. O. au N. N. E. On lève des blocs des mêmes dimensions qu'à Palmaria; on pourrait en obtenir de plus grands, mais on n'en fait pas les frais, attendu qu'il n'y a point de demandes. Le marbre est descendu à la mer par un chemin d'un kilomètre de longueur, pratiqué dans le fond de la gorge, et qui conduit à l'anse des Grâces, dans le golfe de la Spezzia (2).

L'entrepreneur a vendu presque tous les pro

celui auquel on le vend à l'autre carrière sans charge de transport jusqu'à la mer, qui est distante d'un kilomètre. La vente, au compte de M. Serigli, n'a point passé 3000 fr. pendant 1809.

(1)Elle appartient moitié au domaine de l'Empire, moitié à M. Louis Casella de la Spezzia. Cette carrière est ex ploitée par M. Rui-Secco.

(2) Cette anse est précisément celle où l'on travaille à fonder le grand établissement maritime ordonné par S. M. l'Empereur et Roi. Il est probable qu'on ne négligera pas d'employer le marbre portor dans certaines parties des constructions, et que, par-là, l'exploitation de la carrière des Grâces recevra une grande extension d'ici à quelques années.

duits pendant ces dernières années. Le marbre se livre, pris sur la carrière, à raison de 300 fr. le mètre cube. L'acheteur est tenu aux frais de transport et d'embarquement. La vente a monté à 10,000 fr. environ pendant 1809.

Au reste, les carrières de portor sont inépuisables, puisque les couches exploitées se prolongent dans toute l'étendue des montagnes qui ferment le golfe de la Spezzia du côté du Levant.

Ce marbre a une célébrité justement méritée, et il n'est pas étonnant qu'il soutienne la concurrence de ceux qui sortent de Carrare, quoiqu'il coûte près du double.

S. V.

Carrières de pierres à bâtir du département.

L'on emploie comme pierre à bâtir, toutes les roches secondaires et primitives qui ont été décrites dans la première Partie de cette statistique. Malgré toutes les peines que j'ai prises, je n'ai pu me procurer des renseignemens complets sur le nombre des carrières. Il est probable qu'il n'en existe d'un peu considérable qu'auprès des dix ou douze villes principales du département. Les roches qui composent les montagnes sont partout à découvert; partout on peut fouiller le sol, voisin des constructions, pour en tirer d'excellens matériaux. On a évalué approximativement l'extraction de la pierre à bâtir pendant 1809, à 10,000 mètres cubes qui, à raison de 6 fr. le mètre cube, ont produit 60,000 fr.; d'après les données ordinaires, il a fallu employer environ 210 ouvriers à leur extraction.

ANALYSE CHIMIQUE

De la Sodalite; minéral du Groënland, nouvellement découvèrt;

Par M. THOMAS THOMSON, Membre de la Société royale d'Edimbourg; de l'Académie impériale ChirurgicoMédicale de Pétersbourg.

Extrait des Transactions de la Société royale d'Edimbourg, et traduit par M. TONNELLIER (1).

J'suis redevable à M. Allan du minéral auquel j'ai donné le nom de sodalite. Cette substance entre comme partie intégrante dans la composition de quelques roches primitives du Groenland, dont ce savant à fait l'acquisition. Au premier abord, elle fut prise pour un feldspath, avec lequel elle a une ressemblance très-frappante.

La roche qui la renferme est composée de cinq espèces différentes, savoir: le grenat, la hornblende (amphibole de Haüy), l'augite (pyroxène de Haüy), et deux autres qui forment la pâte de la masse; ces deux dernières différent évidemment entre elles, mais dans quelques échantillons, elles sont mélangées si intimement, qu'il fallait toute l'habileté

(1) Voyez (Journal des Mines, tom. 29, no, 170, pag. 159) l'annonce que nous avons faite relativement au minéral dont il s'agit ici. (Note des Rédacteurs.)

du comte de Bournon pour les distinguer et reconnaître leur véritable nature. Ce minéralogiste distingué, trompé par l'aspect extérieur, prit d'abord la pâte des roches en question pour un feldspath laminaire commun, d'une couleur verdâtre; mais un caractère particulier qui se présenta de lui-même à M. Allan, engagea ce dernier à appeler plus particulièrement l'attention du comte de Bournon sur la structure de cette substance.

Après un examen plus sérieux, M. de Bournon trouva que quelques petits fragmens qu'il avait détachés se présentaient sous la forme de prismes rectangulaires terminés par des plans, dont les incidences sur les faces du prisme avaient lieu sous des angles de 110 d. et 70 d., forme assez analogue à celle du minéral connu en Suède sous le nom de sahlite (variété du pyroxène de Haüy). Il observa de plus que ce minéral était uni par voie de mélange à une autre substance, dont il détacha, non sans peine, des fragmens qui offrirent la forme d'un dodécaèdre rhomboïdal régulier. C'est cette forme que M. Allan avait indiquée comme un caractère qui méritait d'être examiné avec soin.

M. de Bournon, quelque tems auparavant, avait eu occasion d'examiner un minéral de Suède doué d'une structure lamelleuse et d'une couleur verdâtre, qui lui avait présenté la même forme. Cette circonstance, jointe à une espèce de similitude dans l'acpect extérieur qui l'avait frappé, lui fit conclure que notre minéral était une variété de cette substance. La grande quantité de soude que M. le doc

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