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teur Wollaston a retirée de ce minéral, lui a fait donner le nom de natrolite de Suède. Il y a peu de minéraux, toutefois, qui soient aussi différens dans l'ensemble des caractères extérieurs, que le sont la natrolite de Klaproth et la substance dont il s'agit ici.

La natrolite analysée par M. Klaproth se trouve à Roegan (1), sur les bords du lac de Constance, dans un porphyre schisteux ; elle y tapisse les parois de certaines veines et cavités sous la forme de mamelons. La texture en est compacte, fibreuse et radiée; la couleur est le jaune pâle passant au blanc dans quelques parties, avec des zones brunes. Jusqu'ici on ne l'avait point trouvée assez caractérisée pour en assigner les formes cristallines; cependant M. de Bournon, depuis peu, a été assez heureux pour s'en procurer sous forme de cristaux grêles et aciculaires qui, grossis à la loupe, ont présenté distinctement des prismes rectangulaires terminés par des plans, qui pouvaient former avec les faces du prisme des angles de 60 et 120 degrés. Le minéral qui est l'objet de ce Mémoire, et la prétendue natrolite de Suède, n'ont aucun rapport avec cette dernière substance, nonobstant quelque analogie qui peut avoir lieu dans les principes

constituans.

Je n'ai pu encore me procurer des renseignemens très-satisfaisans sur le minéral de Suède.

(1) Le professeur Jameson l'a aussi observée dans les roches trapéennes à couches, derrière Burntisland. (Note de l'Auteur.)

M. Allan en possède un échantillon dans son cabinet, qui lui a été apporté directement de Suède, et qui lui a été envoyé par une personne nouvellement arrivée de Londres qui connaissait très-bien les collections de cette ville. Or il paraît certain que l'échantillon en question est le même que celui qui a été examiné par MM. de Bournon et Wollaston.

Il n'y a pas long-tems que M. Werner a classé dans son Système minéralogique, une nouvelle espèce qu'il a désignée sous le nom de fettstein. On connaît deux descriptions de ce minéral : une de M. Haüy, dans son Tableau comparatif publié l'an dernier, l'autre de M. le comte Dunin Borkowski, imprimée dans le 69e volume du Journal de Physique, et insérée dans le Journal de Nickolson, vol. 26, pag. 384. Or les descriptions cadrent parfaitement avec l'échantillon connu sous le nom de natrolite de Suède, qui est dans le cabinet de M. Allan, si l'on excepte la pesanteur spécifique qui est un peu plus forte. M. Borkowski donne au fettstein une pesanteur spécifique de 2,563; suivant M. Haüy, elle est de 2,6138, tandis que la pesanteur spécifique de l'échantillon de M. Allan, telle que je l'ai déterminée est de 2,779, ou bien 2,790 dans les petits fragmens. L'accord presque parfait dans les propriétés et dans les caractères, qui règne entre la natrolite de Suède et le feitstein, ine porte à regarder la première comme identique avec le second. Cette öpinion est confirmée par le fait mentionné par M. Haüy, que le fettstein a été d'abord considéré comme une variété du wernérite; car l'échantillon envoyé à M. Allan,

sous le nom de wernérite compacte, est manifestement semblable avec la prétendue na trolite de Suède. Maintenant, si l'on admet cette identité, il s'ensuit que notre minéral constitue une espèce à part. La sodalite a bien, à la vérité, l'aspect extérieur du fettstein, mais elle n'a ni les formes cristallines, ni les principes constituans de ce dernier, tels qu'ils sont cités par M. Haüy.

Le fettstein analysé par M. Vauquelin, à donné sur cent parties:

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La sodalite, ainsi que nous l'avons déjà dit, se trouve dans des roches primitives en mélange avec la sahlite, l'augite (1), la hornblende et le grenat (2).

(1) Ce gisement de l'augite mérite d'être remarqué. Jusqu'ici on ne l'a trouvé, à un très-petit nombre d'exceptions près, que dans les roches trapéennes à couches ou secondaires.

(2) La couleur particulière et l'aspect extérieur de ces grenats, indiquent l'origine des roches qui les renferment, Ce n'est qu'en Groënland qu'on en a trouvé de semblables

On la trouve en masse et cristallisée en dodécaèdre rhomboïdal qui, venant à s'allonger dans quelques circonstances, forme un prisme hexaèdre, terminé par des pyramides trihèdres. Sa couleur est un vert qui tient le milieu entre le vert céladon et le vert de montagne, et qui varie en intensité dans différens échantillons. La sodalite paraît quelquefois mélangée intimement de particules de sahlite qui sans doute en modifient la couleur.

Eclat de l'extérieur; scintillante (tremblotante);

Eclat de l'intérieur; éclatante, ayant l'éclat du verre dans une direction, et celui de la résine dans une autre.

Structure lamelleuse avec un double clivage au moins.

Cassure transversale conchoïde.

Fragmens indéterminés à bords ordinairement aigus.

Lumière; translucide.

Dureté; égale à celle du feldspath, se laissant rayer difficilement par le fer.

Cassant.

Facile à briser.

Pesanteur spécifique 2,378, à la température de 60 degrés. L'échantillon qui a servi à l'expérience, n'était pas parfaitement pur et pouvait encore contenir de la sahlite.

2. Caractères chimiques.

Chauffée au rouge, là sodalite ne décrépite pas; elle n'effleurit point, c'est-à-dire, ne tombe pas en poussière, mais passe au gris

foncé et prend un aspect très-rapproché de celui sous lequel se présente la natrolite de Suède, qui est dans le cabinet de M. Allan, laquelle est, suivant moi, une variété de fettstein. Les particules de sahlite, lorsqu'il s'en trouve de mélangées à la sodalite, deviennent visibles en acquérant de l'opacité, et une couleur blanche qui leur donne l'aspect extérieur de la chaux. La perte a été de 2,1 pour 100. Dans cette expérience je n'ai pu réussir à fondre ce minéral au feu du chalumeau.

II. Analyse chimique.

1. Cent grains de sodalite réduits en poudre fine mis dans un creuset de platine avec 200 grains de soude pure bien mélangés, ont été exposés pendant une heure à une forte chaleur rouge; ce mélange fondu prit en se refroidissant une belle couleur vert d'herbe; après qu'on l'eut lavé avec de l'eau, la portion qui adhérait aux parois du creuset, prit une couleur jaune - brunâtre. L'acide nitrique versé dessus a dissous le tout complétement.

2. L'aspect extérieur qu'avait pris la masse fondue, m'ayant fait soupçonner la présence du chrôme, j'ai neutralisé la dissolution autant qu'il a été possible par l'ammoniaque et je versai ensuite dedans du nitrate de mercure récemment préparé; il y eut un précipité blanc qui, desséché et soumis à une chaleur inférieure au rouge, fut entièrement dissipé, excepté une petite portion d'une matière grise qui ne pesait pas tout-à-fait 0,1 grain. Cette matière était insoluble dans les acides; mais

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