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de clarté, je les ai rédigées, non pas dans l'ordre de leur exécution, mais dans celui qui m'a paru le plus propre à en faciliter l'intelligence.

Si je ne les ai pas publiées plutôt, c'est que, ne me dissimulant pas tout ce qu'elles laissent à désirer, j'aurais voulu les porter plus loin; mais, incertain si mes occupations me permettront de leur donner la suite dont je les crois susceptibles, je me suis décidé à les laisser paraître telles qu'elles sont, dans l'espoir qu'elles pourront épargner quelque travail à ceux qui se livrent à des recherches analogues.

Des expériences relatives à la pyrotechnie ne peuvent offrir de notions exactes qu'autant que les températures auxquelles elles ont été faites sont déterminées, et malheureusement, il n'existe aucun moyen de déterminer cellesci avec la précision désirable. Cependant, comme il était indispensable d'indiquer le moins vaguement possible les températures auxquelles j'ai opéré, j'ai cru devoir adopter, pour cette indication, l'instrument le plus connu, mètre de Wedgwood.

INTRODUCTION.

le

Pyro

Les arts chimiques offrent plus d'un phénomène dont la connaissance, renfermée dans les ateliers, non-seulement ne parvient pas aux savans, mais même fixe d'autant moins l'attention des fabricans, que leur réussite commerciale n'y est pas intéressée; telles sont dans l'art de la verrerie, diverses modifications que subit le verre dans certaines circonstances, et

spécialement celle qu'il éprouve lorsqu'il est soumis à de basses températures; modifications qui n'ont pu manquer d'être connues des manipulateurs dès l'origine des fabrications vi

treuses.

Dans le grand nombre d'essais entrepris par l'illustre Réaumur, au sujet de la cémentation du fer, ce savant fut conduit, par l'analogie, à éprouver les effets de cette opération sur le verre. Les produits opaques qu'il obtint lui parurent du verre dévitrifié (1) ̊, et même une véritable porcelaine à laquelle il donna les noms de porcelaine de verre, porcelaine par révification, par transformation, etc. (2). Depuis on a dit, porcelaine par dévitrification, porcelaine de Réaumur.

Je ne disputerai point si l'on est plus ou moins fondé à qualifier de dévitrification un changement d'état dans lequel la nature chimique du verre ne paraît point altérée, je me bornerai à représenter que si l'on soumet à la fusion du verre opacifié, il y reprend tous les caractères qu'il avait perdus, ainsi qu'on le verra par la suite de ce Mémoire.

Quant à la dénomination de porcelaine, elle manque certainement d'exactitude, puisque le verre, pour être privé de transparence, n'en diffère pas moins essentiellement de la

laine.

porce

Ne doutant pas que le phénomène signalé

(1) Mémoires de l'Académie royale des Sciences, année 1739, page 374.

(2) Mémoires de l'Académie royale des Sciences, année 1739, page 375.

par Réaumur fût dû à l'action calcaire, Macquer entreprit de l'expliquer dans cette hypothèse (1).

Pott regarda également la conversion du verre en porcelaine de Réaumur comme l'effet des particules les plus fines de la terre calcaire qui pénètrent le verre pendant la cuisson.

Bosc d'Antic rejeta cette opinion, se fondant sur ce que « le verre cémenté par le sable, » du genre des cailloux, se convertit aussi bien » et aussi promptement que celui cémenté avec » la chaux et le plâtre (2) ». A en juger par certains passages de ses Mémoires (3), on pourrait croire que, s'il nie l'influence du cément calcaire, il admet au moins celle de la cémentation; mais on voit, par d'autres passages de ces mêmes Mémoires, qu'il n'a pas ignoré l'inutilité de ce moyen (4).

Sir James Hall ayant observé que les laves et les whinstones (basaltes) donnent par la fusion un produit qui conserve l'apparence vitreuse lorsqu'il est refroidi lentement, a regardé le refroidissement lent (5) comme cause du dernier de ces résultats.

Une certaine analogie entre ces deux modifications et la conversion du verre en porcelaine de Réaumur, a fait supposer que celle-ci pouvait être aussi un effet du refroidissement. lent; mais les modifications que le calorique opère sur les corps vitreux à l'état solide, diffè

(1) Dictionnaire de Chimie, tom. 3, page 234. (2) Mémoires de Bosc d'Antic, tom. 2, page 78. (3) Ibid, tom. 1, page 242.

(4) OEuvres de Bosc d'Antic, tom. 1, page 177. (5) Biblioth. Britan., n°. 10, page 62.

rent essentiellement de celles qu'on remarque dans ces corps après la fusion.

Le caractère le plus prononcé des unes et des autres étant une perte plus ou moins complète de transparence, je les apellerai opacifications; celle qui a lieu dans le verre à l'état solide sera l'opacification de la première espèce; celle qui se montre dans le verre sortant de l'état liquide sera l'opacification de la seconde espèce : nous allons les examiner successivement.

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OPACIFICATION

de la première espèce.

Dans mon Essai sur les Corps vitreux colorés par les métaux, je me suis exprimé ainsi (1): Ni la nature du cément, ni la lenteur du re» froidissement ne sont des causes uniques et » décisives. Indépendamment de la composition chimique qui entre pour beaucoup dans la >> manière dont le verre soutient les diverses épreuves auxquelles il est soumis, plusieurs >> causes favorisent ou contrarient l'action du calorique dans les changemens qu'elle imprime aux corps vitreux, et les mêmes causes » opèrent des effets fout à fait différens » dans des circonstances différentes; aussi la » lenteur du refroidissement, de même que la » cémentation, n'agit-elle pas également sur >> tous les corps vitreux, et dans toutes les cir

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>> constances ».

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Cette opinion n'était pas alors chez moi le produit de recherches expresses, mais celui (1) Page 14, note première.

d'un simple aperçu résultant des nombreuses observations que j'avais été à portée de faire dans le cours des travaux plus ou moins liés à l'art de la verrerie, et quand d'autres faits ne me l'auraient pas suggéré, une simple réflexion de fabricant eût suffi pour me rapeler que la lenteur du refroidissement n'agit pas également sur tous les corps vitreux, puisque, dans la grande variété des produits manufacturiers qui se rattachent à la fabrication du verre, on voit des pièces entièrement vitreuses, et des pièces enduites de vernis vitreux, subir un refroidissement lent sans en éprouver d'altérations sensibles, à moins que quelques circonstances extraordinaires ne concourent, avec ce moyen, pour l'opérer. Néanmoins convaincu seulement que la cémentation et le refroidissement lent ne sont pas causes uniques et décisives, je n'avais eu ni besoin ni occasion d'approfondir jusqu'à quel point elles vent être nécessaires.

peu

M. d'Artigues a pousse l'examen plus loin que moi, et dans un savant Mémoire qu'il a lu à la classe des Sciences physiques et mathématiques de l'Institut, le 30 floréal an 12, il a fort bien remarqué que la cémentation n'est pas cause. nécessaire de la conversion du verre en porcelaine de Réaumur.

Je n'ai eu besoin que de revenir sur certains faits qui m'étaient connus depuis long-tems, et qui le sont également de ceux qui dirigent et fréquentent les verreries, pour reconnaître qu'en effet l'opacification du verre a lieu dans beaucoup de circonstances où il n'existe ni cémentation ni refroidissement lent.

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