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blanche du Val-sous-Meudon, au moment où le manufacturier, M. Mittenhoff, se préparait à convertir, par la cémentation, une molette de verre noir, en porcelaine de Réaumur, il voulut bien me permettre de placer à feu nu, dans son four, différentes espèces de verre; ce que j'exécutai, en plaçant sur le sommet d'une file de cazettes les pièces suivantes 10. deux culs de bouteille en verre noir; 2o. un morceau de verre à vitres ; 3°. un morceau de verre à glaces; 4°. enfin, un morceau de verre à gobletterie.

Avec l'agrément de M. Brongniart, dont on connaît le zèle pour seconder les recherches relatives aux sciences et aux arts, je vins répéter la même opération au globe d'un des fours de la Manufacture impériale de Sèvres.

La température moyenne du four à terre anglaise du Val-sous-Meudon, a été reconnue par M. Darcet fils, et depuis par moi-même, pour être d'environ 60°. J'appellerai place D, celle dont je fis usage dans le four où la cuisson dure soixante heures, dont douze seulement en grand feu.

La température moyenne du globe de la Manufacture impériale de Sèvres est d'environ 25°, ainsi que je m'en suis assuré. La cuisson y dure trente-six heures, dont douze en grand feu; ce globe sera désigné par le nom de place E.

Les culs de bouteilles employés dans ces deux places avaient été pris au hasard, et rien ne m'assurait qu'ils fussent de même composition; mais pour que les morceaux fussent identiques dans les trois autres espèces de verre, je les détachai dans les mêmes pièces.

Place D. 60°.

Place E. 25°.

14. Expérience. Températures ascendante et

descendante.

Affaissement; opacification; couleur grisroux au dehors, fleur de pêcher au dedans avec quelques taches grises; cassure Verre à bouteilles. striée; les stries disposées sur deux lames appliquées l'une sur l'autre dans les parties minces (1), et en asters dans les parties épaisses.

à vitres.

à glaces.
à gobletterie.

Ces trois espèces avaient formé ensemble un bain liquide de couleur purpurine, couvert d'un réseau formé de particules d'oxyde de manganèse, qui contenait en assez grande quantité le verre à goblet

terie.

Affaissement; opacification; l'une et l'autre variées suivant les pièces. Une variété a pris la couleur gris-foncé au dehors et gris-clair au dedans, avec cassure striée, et opacification presque complète. Verre à bouteilles. L'autre variété a pris une couleur moins foncée, l'opacification n'a eu lieu que dans les couches voisines des surfaces, lesquelles restaient séparées par une couche encore vitreuse et qui n'avait encore contracté qu'une teinte laiteuse. {Commencement de fusion; transparence

à vitres.

à glaces..

à gobletterie.

altérée.

Opacification complète dans les parties minces, interrompue dans les pièces épaisses par une lame vitreuse peu altérée; couleur blanc-verdâtre.

Transparence légèrement troublée par une couche pulverulente qui rend la surface rude; fusion faiblement commencée; tendance à la couleur purpurine.

(1) Cette disposition qu'on obtient ici par l'action lente d'une basse température, s'opère dans certaines pâtes céramiques par un moyen diamétralement opposé. Ayant une pièce de porcelaine à cassure grenue (hygiocérame), si après l'avoir portée à l'état d'incandescence par une température de 80 à 120° on la précipite subitement dans l'eau froide, les grains de la texture en seront changés en stries opposées les unes aux autres sur deux plans parallèles, comme dans beaucoup de verres opacifiés. Seulement les stries se

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14. Ces deux dernières expériences (13e. et 14o.) complètent ce que les précédentes ont pu laisser d'incertitude, et toutes ensemble démontrent que ce n'est ni le refroidissement en particulier, ni l'échauffement en particulier ni la lenteur de l'un ou de l'autre qui opèrent l'opacification, mais seulement une certaine température appliquée pendant un certain tems. Une température trop élevée entraîne la liquéfaction; une trop basse n'opacifie pas, ou presque pas ; il en est de même d'une convenable si elle n'agit pas assez long-tems: l'effet dépend donc du degré et de la durée de la température.

15. Si l'effet était dû à la lenteur du refroidissement, il serait d'autant plus prononcé que les causes de cette lenteur seraient plus puissantes. Ainsi, les masses les plus considérables étant celles qui se prêtent le plus lentement comme le plus difficilement aux changemens de température, seraient nécessairement les plus faciles à opacifier, et l'intérieur de ces masses étant la partie qui subit le plus tard et le plus lentement, l'effet du refroidissement acquerrait plus d'opacité que l'extérieur. Or, si l'on prend pour exemple du verre à l'état liquide, quelque soit le mode du refroidissement, on ne voit pas que les grosses masses s'opacifient mieux que les petites, ni que l'intérieur en soit plus affecté que l'extérieur, et si on prend pour exemple

ront un peu moins déliées et un peu moins régulières. La porcelaine ordinaire à texture lisse, soumise à la même épreuve, montre à peine une tendance vers un arrangement symétrique.

du verre à l'état solide, on trouve non-seulement que les masses s'opacifient d'autant plus difficilement qu'elles sont plus considérables, mais encore que l'effet gagnant toujours de l'extérieur à l'intérieur, c'est toujours celui-ci qui est le dernier affecté (1).

Quelques exemples pris dans les ateliers achèveront de prouver que l'opacification de la première espèce, celle dont il a été question jusqu'ici, ne doit rien au refroidissement lent.

16. Pour peu qu'on ait observé les fours et les cazettes à porcelaine, on sait qu'après un certain tems de service, la plupart ont leurs parois couvertes d'un enduit vitreux plus ou moins glacé, selon différentes circonstances étrangères à notre sujet. Quelques modifications que cet enduit éprouve par la lenteur ou par la rapidité du refroidissement, il subsiste toujours quand le coup de feu a été porté à un certain degré, et il se ternit quand la température à été inférieure à ce degré. Il disparaît complétement sur les cazettes qui, changées de destination, sont employées à la basse température du dégourdi, après avoir servi au grand feu.

17. Il se forme à certaines voûtes des fours

(1) Depuis que ce Mémoire a été présenté à la première classe de l'Institut pour y être lu, M. Guyton de Morveau a lu à la même classe un autre Mémoire sur le même sujet, et qui a été inséré dans le n°. 218 des Annales de Chimie. Parmi les observations de ce savant, qui coïncident avec les miennes, se trouve celle-ci (page 134): «Tous les produits de dévitrification dont j'ai fait jusqu'ici » mention, concourent à établir qu'elle commence toujours par les surfaces ».

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céramiques des stalactites vitreuses et limpides qui y restent fixées souvent très-long-tems, et qui, par conséquent, subisssent un grand nombre de fois le refroidisssement qui a eu lieu à toutes les fournées ; elles n'en conservent pas moins leur limpidité toutes les fois que le défaut de cuisson ne la leur a pas enlevée. Il en est même qui ne la perdent point dans ce dernier cas (1).

18. On voit journellement des pièces de porcelaine maculées par des substances qui s'y sont converties en verres plus ou moins limpides, selon la nature des principes constituans. Le refroidissement lent que ces verres ont subi, comme tout le contenu du four, n'en a pas moins altéré la limpidité.

19. Enfin, on fait journellement dans les fours céramiques des vitrifications qui y séjournent plus ou moins long-tems, en attendant le défournement; il ne semble pas qu'elles aient moins d'éclat et de limpidité que celles qui sont préparées en moins de tems, lorsque quelque circonstance particulière n'intervient pas en sens contraire. Il est néanmoins telles de ces vitrifications qui restent plusieurs jours dans un four qui se refroidit graduellement, pendant que douze à seize heures ont suffi, comme on l'a vu dans les première et treizième expériences, pour opacifier des pièces exposées

(1) Ce sont en général les plus limpides. Il serait facile d'en tirer des inductions plus ou moins probables; mais elles seraient d'autant plus incertaines, que la suite de ce Mémoire présentera plusieurs espèces de verres terreux qui ne se sont pas montrés susceptibles d'opacification.

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