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à une température convenable, soit ascendante, soit descendante.

20. Loin de contester que la lenteur soit du refroidissement, soit de l'échauffement exerce une influence plus ou moins sensible sur certains corps vitreux, je ne suis même pas éloigné de croire que cette influence s'étend sur la plus grande partie des corps vitreux; mais ce n'est pas en tant que mode que cette lenteur agit, c'est en tant qu'elle est inhérente à une température basse et soutenue, et ce serait vainement qu'on soumettrait à un refroidissement ou à un échauffement lent le corps vitreux le plus opacifiable, si on ne l'exposait pas en même tems à la température requise pendant le tems requis. Or, rien ne dénote que cette double condition de laquelle dépend le phénomène, soit modifiée par la loi du mode d'application du calorique.

21. Je regarde comme superflu de démontrer que la cémentation est ici sans influence. Outre que Bosc d'Antin l'a déjà annoncé, et que M. d'Artigues l'a complétement établi, il n'est aucune des expériences précédentes qui ne le prouve.

22. Si le phénomène était uniquement dû à une cause générale quelconque, il se manifesterait dans tous les corps vitreux indistinctement. Or, on vient de voir que non-seulement différentes espèces de verre placées dans les mêmes circonstances ne se sont opacifiées ni de la même manière ni au même degré, mais même que toutes les espèces n'ont pas subi la loi de l'opacification : l'empire de cette loi est donc

subordonné à certaines circonstances.

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23. Quoique mes recherches céramiques m'aient souvent mis dans le cas de traiter des substances vitreuses, je ne m'étais jamais assez occupé de l'opacification pour me former une opinion sur ce qui peut la produire : je pensais bien, avec M. d'Artigues, et je l'ai dit dans mon Essai sur les Corps vitreux colorés par les métaux (note de la p. 14), que la composition chimique entre pour beaucoup dans la manière dont le verre soutient les diverses épreuves auxquelles il est soumis. Mais jusqu'à quel point et suivant quelles lois ? C'est sur quoi je n'avais aucune notion acquise ou communiquée.

24. M. d'Artigues dit bien (1) que, plus il entre de composans dans la nature d'un verre, plus il est susceptible de se dévitrifier promptementet facilement; il donne bien à entendre (2) qu'il croit les verres terreux dans ce cas, ce qui fait que les verres à bouteilles, qui se rapprochent beaucoup des verres entièrement terreux,se dévitrifient avec facilité; pendant que les verres blancs (3), qui sont moins terreux et qui sont composés d'un moindre nombre de substances, sont très-difficiles à faire cristalliser ou à dévitrifier (4). Mais comme il ne développe pas les motifs de ces divers jugemens, il m'a été permis de les regarder, moins comme le fruit de recherches expresses que comme le résultat, plus ou moins conjectural, de cette somme d'observations que ne manque jamais

(1) Mémoire précité, pages 6 et 7.
(2) Ibid, page 7.
(3) Ibid, page 8.
(4) Ibid, page 10.

de faire tout artiste qui joint autant de lumière à autant de zèle et de capacité; observations, d'un grand poids sans doute, lorsque, comme celles de M. d'Artigues, elles sont puisées dans des travaux en grand; mais qui néanmoins, vu leur généralité, n'offrent point cette certitude que donnent des expériences directes. J'ai donc pu regarder comme encore inconnue l'influence de la composition chimique sur l'opacification; et pour la découvrir, j'ai entrepris quelques tentatives dont je vais rendre compte.

25. Les expériences précédentes ont présenté le verre à bouteilles comme plus opacifiable de beaucoup que le verre à vitres; et comme je le supposais en même tems plus réfractaire, il me paraissait possible que l'aptitude à l'opacification suivît la raison inverse de la vitrescibilité. Afin de le vérifier, je pris six espèces de verre que je savais n'être pas fusibles au même degré, mais dont cependant les degrés respectifs de fusibité m'étaient inconnus, et pour constater ceux-ci, j'exposai les six espèces de verre à la place A. Je notai le moment auquel chacun arrivait au terme de fusion complète et voici l'ordre qu'ils suivirent en commençant par le plus fusible.

N. 1. Verres plombeux de Mont-Cénis, de Munsthal et de Vonêche.

No. 2.

No. 3.

N°. 4.

No. 5.

N°. 6.

à gobletterie, de fabrique inconnue.

à vitres, idem.

à glaces, de Saint-Gobain,

terreux, de ma composition.

à bouteilles, de fabrique inconnue,

Nota. Les trois variétés de verres plombeux ne sont pas fusibles au même degré; mais je ne crus pas

devoir cons

tater l'ordre de leur fusibilité respective, parce qu'il suffisait, pour mon objet, que les unes et les autres fussent plus fusibles que les cinq espèces suivantes; on observera également que l'ordre de fusibilité assigné ici aux troisième, quatrième et cinquième espèces n'a rien d'absolu, et ne porte que sur les fragmens qui figurent ici.

Ayant exposé à la place B ces six espèces pendant toute la durée de la cuisson et du refroidissement, je les retirai ainsi qu'il suit :

15. Expérience. Températures ascendante et
descendante.

(Peu ou point de différence entre les trois variétés; transparence légèremeut troublée

No. 1. Verre plombeux. par une couche poudreuse tapissant les deux surfaces de manière à leur donner l'apparence du girasol; intérieur intact. (Opacification. Division en lamelles mattes,

No. 2.-- -àgobletterie. opaques, peu adhérentes les unes aux au

No.3. - à vitres.

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à glaces..

tres et séparables au moindre effort.

Opacification commencée à l'extérieur seulement; intérieur intact.

Division en trois lames parallèles sur le sens de l'épaisseur, dont celle du milieu intacte, et les deux autres opacifiées et divisées en lamelles plus étendues que celles de la seconde espèce. Les deux lames extérieures également épaisses dans chaque morceau, et conservant, quoiqu'indépendantes les unes des autres, de l'adhérence avec la lame intermédiaire, comme on le voit dans l'émail travaillé des faïences qui, quoique partagé en lamelles, reste adhérent au biscuit.

terreux. . . Nulle altération.

à bouteilles. {Opacité presque complète dans les parties

minces seulement.

26. Afin de confirmer ces résultats, je plaçai une seconde fois dans les mêmes circonstances, celles des pièces qui n'avaient pas été complétement opacifiées, c'est-à-dire que je supprimai la seconde (le verre à gobletterie).

Si je n'avais eu égard qu'au degré d'opacification, j'aurais également supprimé la quacrième (le verre à glaces), dans lequel la partie opacifiée était plus considérable que toute la masse de la seconde; mais comme les deux morceaux de cette quatrième espèce conservaient dans leur milieu une lame intacte, je crus devoir les repasser.

16e. Expérience. Températures ascendante et

descendante.

Pièces soumises pour la seconde fois à la place B. de 5 à 10o.

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No. 5. No.6.

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Aucun progrès.

Opacité incomplète.

Le morceau mince réduit complétement en lamelles mattes et opaques, l'autre conservantencore une lame intermédiaire non altérée.

Apparence d'altération.

à bouteilles.. Opacification complète, cassure terreuse.

27. Enfin, pour plus de certitude, je repassai une troisième fois la première et la cinquième espèces qui n'avaient pas montré de disposition à s'opacifier, et j'y joignis celui des morceaux de verre à glaces qui avait conservé une lame

intacte.

17. Expérience. Températures ascendante et

descendante.

Pièces soumises pour la troisième fois à la place B. de 5 à 10..

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