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40. On verra ci-après (trente-unième expérience), que j'ai vitrifié des marnes (1) du Jura et des environs de Paris. On verra également (trente-cinquième expérience), que j'ai augmenté la fusibilité du verre à bouteilles opacifiés en y ajoutant du sulfate de chaux. J'ai pris des fragmens de laitier de haut fourneau d'origine inconnue et je les ai exposés au globe du four de la manufacture impériale de porcelaine de Sèvres (place E) pendant toute la durée de

la cuisson.

24. Expérience. Températures ascendante et
descendante. 20 à 3c°.

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Laitier de haut fourneau remis par l'Administration des Mi

nes.

Casure terreuse; couleur olivâtre. Cassure vitreuse; couleur changée; et de noire qu'elle était, devenue fauve au dehors, brun-violâtre au dedans.

Nulle tendance à l'état terreux; commencement de fusion.

Idem.

Idem.

(Masse, partie grise, partie olivâ-
tre; la première entièrement opa-
cifiée,
la seconde conservant le
lisse et la cassure du verre.

de haut four- (Masse d'un gris-bleuâtre, dont parpar tie restée vitreuse, et l'autre apM. Hassenfratz. prochant de l'état terreux.

neau remis

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41. Enfin, pour voir ce que pourraient opérer des températures un peu plus élevées, et seulement ascendantes, je mis au four de

(1) Argiles calcarifères.

M. Mittenhoff ci-dessus mentionné (13) trois seulement des substances employées dans l'expérience précédente, n'ayant pas une suffisante quantité des autres pour les y joindre. Ces trois substances furent tirées du four à deux époques différentes pendant la durée de la cuisson, l'une six heures, l'autre trois heures avant la cessation du grand feu dont la durée ordinaire est d'environ douze heures, après quarante huit heures de petit feu ; en tout soixante heures.

6 heures 30°.

9 heures 48°.

25e. Expérience. Température ascendante.

Verre de marnel

du Jura.

Surface dure et ridée; intérieur intact.

des environs Changement à peine sensible dans la couleur, nul dans la texture.

de Paris.

Laitier remis pars Opacification complète; tendance à la fu-
M. Hassenfratz.

Verre de marne
du Jura.

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des environs

de Paris.

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sion.

(Commencement de fusion; couleur olivâtre
et terreuse; textures remplies de très-
grosses bulles; opacification complète.
Amolissement; texture toujours très - vi-
treuse; couleur maron vif au dehors, rou-
ge brun au dedans.

Laitier remis par (Scorie d'un gris-blanchâtre extrêmement
M. Hassenfratz.boursoufflée.

Les résultats des cinq dernières expériences, joints à ceux des quinzième, seizième, dixseptième et dix-huitième, ne présentent aucun sujet de croire que les verres purement terreux, ou ceux dans la composition desquels il entre le plus de composans soient plus facile à opacifier que les autres; car si les laitiers et le verre de marne du Jura ont montré de la disposition à contracter l'aspect terreux, les verres que j'ai composés, soit avec des terres simples, soit avec la marne des environs de Paris, s'y sont absolument refusés. Le verre à bouteille ordinaire a perdu son aptitude à l'opacification par

une addition de sulfate de chaux; et le verre à bouteilles de la charbonnière en a montré beaucoup moins que ceux qui ne sont pas comme lui purement terreux.

42. Mon travail n'a porté que sur trois genres de verre, savoir: ceux qui admettent les alkalis dans leur composition; ceux qui admettent les alkalis et le plomb; enfin, ceux qui n'admettent aucune de ces substances, mais seulement des principes terreux. Bosc d'Antic, qui en a traité un quatrième, le verre animal de Rouelle, a trouvé qu'il était susceptible d'opacification (1).

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43. Les verres et les laitiers ne sont pas les seuls corps vitreux qui soient modifiés par une basse température; certaines variétés de porcelaines sont dans le même cas. Celles que leur composition chimique éloigne d'une certaine texture, celles qui étant composées pour acquérir cette texture, en sont éloignées par le défaut de cuisson, sont sujètes à éprouver, lorsqu'on les expose à la faible température qu'exige la cuisson de la dorure et des couleurs, divers accidens qui ne peuvent être détaillés ici, mais qui sont bien connus de ceux qui achètent des porcelaines unies pour les dé

corer.

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(1) « Ce que M. Rouelle, dit-il (tom. 1o, p. 235), a » donné pour du verre en est bien réellement. Il en a toutes les propriétés: fusion pâteuse, transparence, indissolubi» lité dans les acides minéraux, dureté, fragilité ; et » M. Proust, apothicaire major distingué, gagnant maî» trise à l'Hôpital général, l'a converti, à ma prière, » par la cémentation avec la chaux, en porcelaine de Réau

» mur ».

44. Une observation que j'ai répétée assez souvent pour pouvoir compter dessus, c'est que parmi les différentes espèces plus ou moins susceptibles d'opacification que j'ai traitées, il en est qui perdent toute leur ténacité, tels sont le verre à glaces et certains verres à gobletterie; le verre à vitres, au contraire, ainsi que le verre à bouteilles et certains laitiers, nonseulement conservent leur ténacité, mais encore en acquiert un surcroît très-sensible.

45. En rattachant cette observation à une infinité d'autres relatives aux composés céramiques, je crois pouvoir attribuer la perte de la ténacité dans les verres blancs, à ce qu'ils n'admettent que peu de terres autres que la silice qui imprime toujours aux corps vitreux une certaine rigidité. Cette opinion est aussi elle de M. d'Artigues; il serait trop long d'en développer ici les motifs, je le ferai dans un autre Mémoire, c'est-à-dire, quand je traiterai des poteries.

46. Si on suit la marche de l'opacification qui s'opère dans les verres à bouteilles et à vitres traités à l'état solide, on verra leur texture s'al térer par degré, et contracter diverses dispositions plus ou moins régulières et symétriques, espèces de cristallisations. A mesure que le phénomène augmente, augmente, soit par l'élévation, soit par la durée de la température, soit par ces deux causes réunies, la texture s'altère de plus en plus, et les apparences vitreuses disparaissent au point que le solide finit par ressembler à certaines pierres ; mais si on continue d'élever la température, la fusion survient et rétablit le verre dans son véritable état.

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47. Il est constant que le verre qui a subi l'o pacification de la première espèce est d'un fusion plus difficile que celui qui ne l'a pas subi, et même que celle du composé qui l'a produit (1). Aussi ceux qui fabriquent des verres susceptibles de cette espèce d'opacification, ne peuvent-ils faire entrer dans leurs composés qu'une certaine proportion de fragmens de verre vulgairement appelés calcin ou grezin (2). La raison en est que ces fragmens ne peuvent arriver à l'état de fusion convenable, qu'en passant par une température inférieure à celle qui opère cette fusion; d'où résulte nécessairement un certain degré d'opacification qui les rend d'autant plus difficiles à fondre, ce qui influe sur la fusibilité des composés dans lesquels ils sont admis; et la preuve que ce n'est point à l'action du refroidissement lent, mais à celle d'une basse température que le grezin doit cette propriété de retarder la fusion, c'est qu'il produit cet effet d'une manière plus marquée lorsqu'il a été calciné avec la fritte, que lorsqu'il ne l'a pas été (3). Or, dans la calcination qu'on lui fait subir avec la fritte comme dans les degrés d'échauffement par lesquels il arrive à la fusion, tout est opposé à l'idée d'un refroidissement lent.

(1) Sir James Hall a observé que les laves et les basaltes qui ont subi le refroidissement lent, après avoir été fondus, exigent, pour être refondus, une température plus élevée que celle qui avait opéré la première fusion.

(2) Voyez Bosc d'Antic, tom. 1, p. 213, en observant que sa note ne porte pas sur les verres plombeux dont la fabrication n'était pas introduite en France de son tems. (3) Voyez le même, ibid.

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